HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur les salariés

Chapitre 30

  Chapitre 30

[30] Εἶτα ἀπελθὼν τοῦ δείπνου μικρόν τι κατέδαρθες· ὑπὸ δὲ ᾠδὴν ἀλεκτρυόνων ἀνεγρόμενος, " δείλαιος ἐγώ," φής, "καὶ ἄθλιος, οἵας τὰς πάλαι διατριβὰς ἀπολιπὼν καὶ ἑταίρους καὶ βίον ἀπράγμονα καὶ ὕπνον μετρούμενον τῇ ἐπιθυμίᾳ καὶ περιπάτους ἐλευθερίους εἰς οἷον βάραθρον φέρων ἐμαυτὸν ἐνσέσεικα. τίνος ἕνεκα, θεοί, τίς λαμπρὸς οὗτος μισθός ἐστιν; οὐ γὰρ καὶ ἄλλως μοι πλείω τούτων ἐκπορίζειν δυνατὸν ἦν καὶ προσῆν τὸ ἐλεύθερον καὶ τὸ πάντα ἐπ´ ἐξουσίας; νῦν δὲ τὸ τοῦ λόγου, λέων κρόκῃ δεθείς, ἄνω καὶ κάτω περισύρομαι, τὸ πάντων οἴκτιστον, οὐκ εὐδοκιμεῖν εἰδὼς οὐδὲ κεχαρισμένος εἶναι δυνάμενος. ἰδιώτης γὰρ ἔγωγε τῶν τοιούτων καὶ ἄτεχνος, καὶ μάλιστα παραβαλλόμενος ἀνδράσι τέχνην τὸ πρᾶγμα πεποιημένοις, ὥστε καὶ ἀχάριστός εἰμι καὶ ἥκιστα συμποτικός, οὐδ´ ὅσον γέλωτα ποιῆσαι δυνάμενος. συνίημι δὲ ὡς καὶ ἐνοχλῶ πολλάκις βλεπόμενος, καὶ μάλισθ´ ὅταν ἡδίων αὐτὸς αὑτοῦ εἶναι θέλῃ· σκυθρωπὸς γὰρ αὐτῷ δοκῶ. καὶ ὅλως οὐκ ἔχω ὅπως ἁρμόσωμαι πρὸς αὐτόν. ἢν μὲν γὰρ ἐπὶ τοῦ σεμνοῦ φυλάττω ἐμαυτόν, ἀηδὴς ἔδοξα καὶ μονονουχὶ φευκτέος· ἢν δὲ μειδιάσω καὶ ῥυθμίσω τὸ πρόσωπον εἰς τὸ ἥδιστον, κατεφρόνησεν εὐθὺς καὶ διέπτυσεν, καὶ τὸ πρᾶγμα ὅμοιον δοκεῖ ὥσπερ ἂν εἴ τις κωμῳδίαν ὑποκρίναιτο τραγικὸν προσωπεῖον περικείμενος. τὸ δ´ ὅλον, τίνα ἄλλον μάταιος ἐμαυτῷ βιώσομαι βίον τὸν παρόντα τοῦτον ἄλλῳ βεβιωκώς;" [30] Sorti du banquet, tu t'assoupis brièvement, avant d'être réveillé par les coqs chantant et de t'exclamer : « Malheureux, misérable que je suis, dans quel abîme me suis-je précipité, tête la première, après avoir délaissé ces belles occupations qui étaient les miennes, mes compagnons, mon existence insouciante, mon sommeil, qui n'avait pour borne que mon seul désir, et mes libres promenades ? Et le tout, pour quoi, grands dieux, pour quelle somptueuse rétribution ? N'avais-je donc pas la possibilité de gagner davantage, tout en conservant ma liberté et toute mon autonomie, au lieu qu'à présent, tenu en laisse d'une simple ficelle, tel le lion du proverbe, je me fais trimbaler dans tous les coins alors même, et c'est bien là le plus affligeant dans l'histoire, que je ne parviens pas à briller ni me faire valoir, car je suis novice et gauche en ces matières, surtout en comparaison de ces gens qui en ont fait leur métier, si bien que mon commerce n'a rien de plaisant, que je ne suis aucunement fait pour les banquets et que je n'arrive même pas à faire rire. Au contraire, je me rends compte que ma présence agace souvent mon patron, surtout lorsqu'il a décidé d'être plus badin qu'à l'accoutumée : dans ces moments-là, je lui fait l'effet d'un pisse-froid. D'une manière générale, je n'arrive pas à composer avec lui : si je ne me départis pas de mon sérieux, il me trouve rébarbatif et quasi infréquentable ; si je souris et que je m'efforce de lui afficher la trogne la plus réjouie, il ne tarde pas à me mépriser et à me cracher dessus et je vous ai tout l'air d'un acteur qui porterait un masque de tragédie tout en débitant des répliques de comédie. Bref, comment pourrais-je mener ma propre existence, moi l'insensé qui consume désormais toute sa vie au profit d'un autre ? »


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Dernière mise à jour : 30/04/2009