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[22] Τὰ μὲν γὰρ Διονυσιακὰ καὶ Βακχικὰ οἶμαί σε
μὴ περιμένειν ἐμοῦ ἀκοῦσαι, ὅτι ὄρχησις ἐκεῖνα
πάντα ἦν. τριῶν γοῦν οὐσῶν τῶν γενικωτάτων
ὀρχήσεων, κόρδακος καὶ σικιννίδος καὶ ἐμμελείας,
οἱ Διονύσου θεράποντες οἱ Σάτυροι ταύτας ἐφευρόντες
ἀφ´ αὑτῶν ἑκάστην ὠνόμασαν, καὶ ταύτῃ τῇ
τέχνῃ χρώμενος ὁ Διόνυσος, φασίν, Τυρρηνοὺς καὶ
Ἰνδοὺς καὶ Λυδοὺς ἐχειρώσατο καὶ φῦλον οὕτω
μάχιμον τοῖς αὑτοῦ θιάσοις κατωρχήσατο.
| [22] Tu n'attends pas à savoir de moi, je pense, que les Dionysiaques et les Bacchanales se
passaient toutes en danse. Il y en avait trois genres principaux : le Cordax, le Sicinnis et
l'Emmélie, inventés tous trois par les Satyres, ministres de Bacchus, qui leur ont donné leurs
propres noms. Ce fut en employant cet art que Bacchus dompta les Tyrrhéniens, les Indiens et
les Lydiens, et soumit, par des chœurs de danse, toutes ces tribus belliqueuses.
| [23] Ὥστε, ὦ θαυμάσιε, ὅρα μὴ ἀνόσιον ᾖ κατηγορεῖν
ἐπιτηδεύματος θείου τε ἅμα καὶ μυστικοῦ
καὶ τοσούτοις θεοῖς ἐσπουδασμένου καὶ ἐπὶ
τιμῇ αὐτῶν δρωμένου καὶ τοσαύτην τέρψιν ἅμα
καὶ παιδείαν ὠφέλιμον παρεχομένου.
Θαυμάζω δέ σου κἀκεῖνο, εἰδὼς Ὁμήρου
καὶ Ἡσιόδου μάλιστα ἐραστὴν ὄντα σε (αὖθις
γὰρ ἐπὶ τοὺς ποιητὰς ἐπάνειμι), πῶς ἀντιφθέγγεσθαι
ἐκείνοις τολμᾷς πρὸ τῶν πάντων ὄρχησιν
ἐπαινοῦσιν. ὁ μὲν γὰρ Ὅμηρος τὰ ἥδιστα καὶ
κάλλιστα καταλέγων, ὕπνον καὶ φιλότητα καὶ
μολπὴν καὶ ὄρχησιν, μόνην ταύτην ἀμύμονα
ὠνόμασεν, προσμαρτυρήσας νὴ Δία καὶ τὸ ἡδὺ
τῇ μολπῇ, ἅπερ ἀμφότερα τῇ ὀρχηστικῇ πρόσεστιν,
καὶ ᾠδὴ γλυκερὰ καὶ ὀρχησμὸς ἀμύμων, ὃν
σὺ νῦν μωμᾶσθαι ἐπινοεῖς. καὶ πάλιν ἐν ἑτέρῳ
μέρει τῆς ποιήσεως·
Ἄλλῳ μὲν γὰρ ἔδωκε θεὸς πολεμήϊα ἔργα,
ἄλλῳ δ´ ὀρχηστύν τε καὶ ἱμερόεσσαν ἀοιδήν.
ἱμερόεσσα γὰρ ὡς ἀληθῶς ἡ μετ´ ὀρχήσεως ᾠδὴ
καὶ δῶρον θεῶν τοῦτο κάλλιστον. καὶ ἔοικεν εἰς
δύο διῃρηκὼς ὁ Ὅμηρος τὰ πάντα πράγματα,
πόλεμον καὶ εἰρήνην, τοῖς τοῦ πολέμου μόνα ταῦτα
ὡς κάλλιστα ἀντιτεθεικέναι.
| [23] Ainsi prends garde, mon cher, qu'il n'y ait à toi de l'impiété à blâmer un art tout divin,
consacré aux mystères, cultivé par de tels dieux, institué en leur honneur, joignant un tel plaisir
à une instruction si utile. Je suis, d'ailleurs, surpris qu'amoureux, comme tu l'es, d'Homère et
surtout d'Hésiode, car j'en reviens toujours aux poètes, tu oses, lorsqu'ils ont loué la danse par-
dessus tout, tenir un langage contraire au leur. Homère, en effet, faisant l'énumération de ce
qu'il y a de plus agréable et de plus beau, nomme le sommeil, l'amour, le chant et la danse,
mais c'est la danse seule qu'il appelle irréprochable ; son témoignage, en outre, accorde la
douceur au chant; or, ce sont là les deux éléments essentiels de l'art de danser un chant suave
et une danse irréprochable; et c'est précisément à celle-ci que viennent s'adresser aujourd'hui
tes reproches. Dans une autre partie de ses poèmes il dit :
"Jupiter donne à l'un la vaillance guerrière,
L'art de danser à l'autre et le chant qui sait plaire".
Rien, en effet, n'est plus capable de plaire que le chant uni à la danse : c'est le plus beau
présent des dieux. Homère semble avoir voulu diviser en deux classes toutes les actions des
hommes : la guerre et la paix, et n'opposer au courage guerrier que ces deux talents, comme
ce qu'il y a de plus beau.
| [24] ὁ δὲ Ἡσίοδος,
οὐ παρ´ ἄλλου ἀκούσας ἀλλ´ ἰδὼν αὐτὸς ἕωθεν εὐθὺς
ὀρχουμένας τὰς Μούσας, ἐν ἀρχῇ τῶν ἐπῶν τοῦτο
περὶ αὐτῶν τὸ μέγιστον ἐγκώμιον διηγεῖται,
ὅτι "περὶ κρήνην ἰοειδέα πόσς´ ἁπαλοῖσιν ὀρχεῦνται,"
τοῦ πατρὸς τὸν βωμὸν περιχορεύουσαι.
Ἀλλὰ σὺ μέν, ὦ γενναῖε, μονονουχὶ θεομαχῶν
ὑβρίζεις εἰς τὴν ὀρχηστικήν·
| [24] Hésiode ne l'avait point appris d'un autre, mais il avait vu lui-même les Muses danser au
lever de l'aurore ; et le principal éloge qu'il leur donne au début de son poème, c'est que
leurs pieds délicats foulent en cadence les bords de la fontaine aux eaux violettes, et qu'elles
dansent en chœur autour de l'autel de leur père. Tu vois par là, mon cher, que tu es presque en
lutte avec les dieux, en disant du mal de la danse.
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