HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Contre Héraclius

Chapitre 9

  Chapitre 9

[9] Ἀλλ´ εἰ μὲν νῦν μοι προύκειτο περὶ κυνισμοῦ γράφειν, εἶπον ἂν ὑπὲρ τούτων ἔτι τὰ παριστάμενά μοι τῶν εἰρημένων ἴσως οὐκ ἐλάττω· νῦν δὲ, ἀποδιδόντες τὸ συνεχὲς τῇ προαιρέσει, περὶ τοῦ ποδαποὺς εἶναι χρὴ τοὺς πλαττομένους τὸν μῦθον ἐφεξῆς σκοπῶμεν. Ἴσως δὲ ἡγεῖται καὶ ταύτης τῆς ἐγχειρήσεως ἐκείνη, ὁποίᾳ τινὶ φιλοσοφίᾳ προσήκει μυθογραφία· φαίνονται γὰρ πολλοὶ καὶ τῶν φιλοσόφων αὐτὸ καὶ τῶν θεολόγων ποιήσαντες, ὥσπερ Ὀρφεὺς μὲν παλαιότατος ἐνθέως φιλοσοφήσας, οὐκ ὀλίγοι δὲ καὶ τῶν μετ´ ἐκεῖνον. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ Ξενοφῶν φαίνεται καὶ Ἀντισθένης καὶ Πλάτων προσχρησάμενοι πολλαχοῦ τοῖς μύθοις, ὥσθ´ ἡμῖν πέφηνεν, καὶ εἰ μὴ τῷ κυνικῷ, φιλοσόφῳ γοῦν τινι προσήκειν μυθογραφία· μικρὰ οὖν ὑπὲρ τῶν τῆς φιλοσοφίας εἴτε μορίων εἴτε ὀργάνων ῥητέον. Ἔστι γὰρ οὐ μέγα τὸ διαφέρον ὁποτέρως ἄν τις τῷ {τε} πρακτικῷ τῷ φυσικῷ τὸ λογικὸν προσαριθμῇ· ἀναγκαῖον γὰρ ὁμοίως φαίνεται κατ´ ἀμφότερα. Τῶν τριῶν δὴ τούτων αὖθις ἕκαστον εἰς τρία τέμνεται, τὸ μὲν φυσικὸν εἰς τὸ θεολογικὸν καὶ τὸ περὶ τὰ μαθήματα καὶ τρίτον τὸ περὶ τὴν τῶν γινομένων καὶ ἀπολλυμένων καὶ τῶν ἀιδίων μὲν σωμάτων δὲ ὅμως θεωρίαν, τί τὸ εἶναι αὐτοῖς καὶ τίς οὐσία ἑκάστου· τοῦ πρακτικοῦ δὲ τὸ μὲν πρὸς ἕνα ἄνδρα, ἠθικόν, οἰκονομικὸν δὲ τὸ περὶ μίαν οἰκίαν, πολιτικὸν δὲ τὸ περὶ πόλιν· ἔτι μέντοι τοῦ λογικοῦ τὸ μὲν ἀποδεικτικὸν διὰ τῶν ἀληθῶν, τὸ δὲ διὰ τῶν ἐνδόξων βιαστικόν, τὸ δὲ διὰ τῶν φαινομένων ἐνδόξων παραλογιστικόν. Ὄντων δὴ τοσούτων τῶν τῆς φιλοσοφίας μερῶν, εἰ μή τί με λέληθε· καὶ οὐδὲν θαυμαστὸν ἄνδρα στρατιώτην μὴ λίαν ἐξακριβοῦν μηδ´ ἐξονυχίζειν τὰ τοιαῦτα, ἅτε οὐκ ἐκ βιβλίων ἀσκήσεως, ἀπὸ δὲ τῆς προστυχούσης αὐτὰ ἕξεως ἀποφθεγγόμενον· ἔσεσθε γοῦν μοι καὶ ὑμεῖς μάρτυρες, εἰ τὰς ἡμέρας λογίσεσθε πόσαι καὶ τινές εἰσιν αἱ μεταξὺ ταύτης τε καὶ τῆς ἔναγχος ἡμῖν γενομένης ἀκροάσεως ὅσων τε ἡμῖν ἀσχολιῶν πλήρεις· ἀλλ´, ὅπερ ἔφην, εἰ καί τι παραλέλειπται παρ´ ἐμοῦ, καίτοι νομίζω γε μηδὲν ἐνδεῖν, πλὴν προστιθεὶς «οὐκ ἐχθρός, ἀλλὰ φίλος ἔσται». Τούτων δὴ τῶν μερῶν οὔτε τῷ λογικῷ προσήκει τῆς μυθογραφίας οὔτε τῷ φυσικῷ οὔτε τῷ μαθηματικῷ, μόνον δέ, εἴπερ ἄρα, τοῦ πρακτικοῦ τῷ πρὸς ἕνα γινομένῳ καὶ τοῦ θεολογικοῦ τῷ τελεστικῷ καὶ μυστικῷ· «φιλεῖ γὰρ φύσις κρύπτεσθαι», καὶ τὸ ἀποκεκρυμμένον τῆς τῶν θεῶν οὐσίας οὐκ ἀνέχεται γυμνοῖς εἰς ἀκαθάρτους ἀκοὰς ῥίπτεσθαι ῥήμασιν. Ὅπερ δὲ δὴ τῶν χαρακτήρων ἀπόρρητος φύσις ὠφελεῖν πέφυκε καὶ ἀγνοουμένη· θεραπεύει γοῦν οὐ ψυχὰς μόνον, ἀλλὰ καὶ σώματα, καὶ θεῶν ποιεῖ παρουσίας. Τοῦτ´ οἶμαι πολλάκις γίγνεσθαι καὶ διὰ τῶν μύθων, ὅταν εἰς τὰς τῶν πολλῶν ἀκοὰς οὐ δυναμένας τὰ θεῖα καθαρῶς δέξασθαι δι´ αἰνιγμάτων αὐτοῖς μετὰ τῆς μύθων σκηνοποιίας ἐγχέηται. Φανεροῦ δὲ ἤδη γενομένου τίνι καὶ ποίῳ φιλοσοφίας εἴδει καὶ μυθογραφεῖν ἔσθ´ ὅτε προσήκει, πρὸς γὰρ τῷ λόγῳ μαρτυρεῖ τούτοις τῶν προλαβόντων ἀνδρῶν προαίρεσις, ἐπεὶ καὶ Πλάτωνι πολλὰ μεμυθολόγηται περὶ τῶν ἐν Ἅιδου πραγμάτων θεολογοῦντι καὶ πρό γε τούτου τῷ τῆς Καλλιόπης, Ἀντισθένει δὲ καὶ Ξενοφῶντι καὶ αὐτῷ Πλάτωνι πραγματευομένοις ἠθικάς τινας ὑποθέσεις οὐ παρέργως ἀλλὰ μετά τινος ἐμμελείας τῶν μύθων ἐγκαταμέμικται γραφή, οὓς ς´ ἐχρῆν, εἶπερ ἐβούλου μιμούμενος, ἀντὶ μὲν Ἡρακλέος μεταλαμβάνειν Περσέως Θησέως τινὸς ὄνομα καὶ τὸν ἀντισθένειον τύπον ἐγχαράττειν, ἀντὶ δὲ τῆς Προδίκου σκηνοποιίας ἀμφὶ τοῖν ἀμφοῖν θεοῖν ἑτέραν ὁμοίαν εἰσάγειν εἰς τὸ θέατρον. [9] Si je me proposais ici de traiter spécialement du cynisme, j'aurais à en dire tout autant que ce que j'en ai déjà dit. Mais, pour ne point m'écarter de mon sujet, examinons immédiatement quels doivent être les écrivains qui composent des fables. Peut-être cette recherche doit-elle être précédée de la question de savoir à quelle branche de la philosophie se rattache la mythographie. Car je la vois employée et par des théologiens et par des philosophes. Tel fut Orphée, le plus ancien des philosophes inspirés, et quelques autres après lui. Xénophon cependant, Antisthène et Platon font un assez fréquent usage de fables. Nous voyons donc que, si la mythographie ne convient point au cynique, elle peut convenir à un autre philosophe. Disons un mot, à ce propos, des parties et des organes de la philosophie. Il n'y a pas grand inconvénient à encadrer la logique avec la physique et la morale, car elle entre nécessairement dans l'une et dans l'autre. Mais chacune de ces divisions peut se subdiviser, à son tour, en trois parties. La physique comprend la théologie, les mathématiques et une troisième étude qui a pour objet les êtres qui naissent et qui périssent, les êtres éternels et la théorie des corps, relativement à l'essence et à la nature de chacun d'eux. La philosophie pratique, bornée à l'individu, prend le nom de morale; étendue à une famille, c'est l'économie; à une cité, c'est la politique. La logique est démonstrative, quand elle se fonde sur l'évidence; contentieuse, quand elle use de raisons probables; paralogistique, quand elle recourt à des raisons qui n'ont que l'apparence de la probabilité. Telles sont, si je ne me trompe, les parties intégrantes de la philosophie : et il ne serait pas étonnant qu'un soldat, comme moi, ne les sût pas exactement, et qu'il ne connût pas sur le bout du doigt des matières dont je parle moins par la pratique des livres que d'après ce que m'en a montré l'usage. Vous pouvez être là-dessus mes témoins, si vous voulez calculer d'une part les jours qui se sont écoulés depuis la dernière séance à laquelle j'ai assisté, et d'autre part le nombre des occupations qui ont rempli cet intervalle. Par conséquent, s'il se trouve une lacune dans ce que j'ai dit, et je crois qu'il n'y en a point, on sera mon ami et non pas mon ennemi en me la signalant. Ces divisions établies, la mythographie n'est du ressort ni de la logique, ni de la physique, ni des mathématiques, mais plutôt de la morale bornée à l'individu ou de la partie de la théologie qui traite des initiations et des mystères. Car la nature aime les secrets ; et elle ne souffre pas qu'on transmette, en termes nus, aux oreilles profanes, l'essence cachée des dieux. Or, si la nature mystérieuse et inconnue des symboles peut-être utile non seulement aux âmes, mais aux corps et nous faire jouir de la présence des dieux, il me semble que souvent aussi le même effet peut être produit par les fables, attendu que les choses divines, que ne pourraient recevoir purement et simplement les oreilles du vulgaire, s'y coulent au moyen d'une mise en scène mythique. On voit nettement par là quelle est la branche philosophique à laquelle se rattache la mythographie, et mon dire s'appuie du choix qu'en ont fait les hommes qui l'ont employée. Ainsi Platon a mêlé un grand nombre de mythes à sa théologie sur les enfers : avant lui le fils de Calliope en avait fait autant. A leur tour, Antisthène, Xénophon et Platon lui-même, chaque fois qu'ils ont eu à traiter des sujets de morale, y ont introduit des mythes, non pas comme accessoires, mais avec un soin très réel. Si tu voulais les imiter, il fallait au nom d'Hercule substituer celui de Persée ou de Thésée, et reproduire la manière d'Antisthène ; au lieu de la mise en scène de Prodicus, il fallait faire paraître sur ton théâtre une troisième divinité semblable aux deux autres.


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Dernière mise à jour : 15/03/2006