[2,17] Τί οὖν, ἂν ᾖ σφόδρα κόρη, φησί, καὶ βραχὺν ἀπολαύσασα
χρόνον τοῦ ἀνδρός; Πρὸς γὰρ τὰς κόρας μοι ταῦτα εἴρηται, οὐ
πρὸς τὰς γεγηρακυίας· πρὸς γὰρ ἐκείνας τοῦτο ποιούσας οὐδὲ
διαλεχθήσομαι· εἰ γὰρ ὁ πολὺς χρόνος καὶ ἡ ἡλικία καὶ τὰ ἄλλα
πάντα οὐκ ἔπεισαν αὐτὰς ἀποσχέσθαι δευτέρου γάμου, πάνυ
γε οὐδὲ ὁ παρ´ ἡμῶν πείσει λόγος· ἀλλ´ ἅπας μοι πρὸς ταύτας
ὁ λόγος ἐστί. Τί οὖν, ἂν ᾖ κόρη, φησί, καὶ μόνον ἐνιαυτὸν μετὰ
τοῦ προτέρου συνοικήσασα, δευτέρῳ γαμεῖται πάλιν; τίνος
ἕνεκεν τῆς εἰκοστὸν ἔτος καὶ τριακοστὸν ἀνηλωκυίας ἐν γάμῳ
προτιμήσεις αὐτήν; Οὐκ ἔγωγε, ἀλλ´ ὁ μακάριος Παῦλος·
ἐκεῖνος γάρ φησι· »Μακαριωτέρα δέ ἐστιν, ἐὰν οὕτως
μείνῃ.« Τί γάρ, εἰ καὶ πολὺν ἐκείνη χρόνον συνῴκησεν ἀνδρί,
ἀλλ´ ἑνὶ καὶ τῷ αὐτῷ καὶ μόνῳ καὶ ὃν ἐξ ἀρχῆς ἐκληρώθη;
αὕτη δὲ δυσὶν ἔδωκεν ἑαυτήν, καὶ ταῦτα ἐν βραχεῖ τῷ χρόνῳ.
Ἀλλ´ οὐχ ἑκοῦσα, φησίν· εἰ γὰρ ὁ πρῶτος ἔζη, οὐκ ἂν ἕτερον
ἠγάπησεν ἐπ´ ἐκείνῳ· ἐπειδὴ δὲ πρὸ ὥρας ἀπῆλθεν ἐκεῖνος,
ὑπὸ τῆς ἀνάγκης δευτέρῳ συνήφθη πάλιν. Ποίας ἀνάγκης;
Ἐγὼ γὰρ ταύτης ἧς λέγεις μείζονα ἑτέραν ἀνάγκην ὁρῶ ἱκανὴν
αὐτὴν κατασχεῖν ἐπὶ τῷ τετελευτηκότι, τὸ πικρῶν οὕτως
ἀπολαῦσαι τῶν πραγμάτων τοῦ κόσμου. Ἡ μὲν γὰρ πολὺν
αὐτοῖς συγγενομένη χρόνον καὶ ἐμπλησθεῖσα καλῶς, ὡς τῶν
αὐτῶν τευξομένη τῶν ἴσων ἅψεται πάλιν· ἡ δὲ προοιμίων
οὕτω χαλεπῶν πειραθεῖσα ποίᾳ προαιρέσει καὶ ἐλπίδι πρὸς
τὴν πεῖραν ἥξει τῶν χαλεπῶν; Οὐδὲ γὰρ εἴ τις βουλόμενος
ἐμπορεύσασθαι, πρὶν ἢ κερδάνῃ ἅμα τῷ τὸν λιμένα ἐξελθεῖν
ναυάγιον ὑπομείνοι, εὐκόλως ἅψεται τῆς πραγματείας λοιπόν.
Οὐδὲ ταύτην εἰκότως τὴν πολλὰ μὲν προσδοκήσασαν ἡδέα,
πρὶν ἢ δὲ ἐκείνων πεῖραν καλῶς λαβεῖν, τοσοῦτον πένθος
ἰδοῦσαν ἀγαπῆσαι τὰ τοῦ κόσμου πράγματα, εἰ μὴ σφόδρα
ἀκρατὴς οὖσα τύχοι· μᾶλλον δέ, εἰ καὶ σφόδρα πρὸς αὐτὰ
διακέοιτο, καὶ λίαν ἔχοι προσπαθῶς, ἱκανὴ τῆς ἀρχῆς ἡ ἀηδία
πᾶσαν σβέσαι τὴν ἐπιθυμίαν αὐτῆς.
| [2,17] Mais ce discours, direz-vous, s'adresse-t-il aux veuves jeunes encore, et à celles qui
n'ont vécu que peu de temps avec leur époux? — Certainement : ce sont ces veuves que je
veux instruire; et je regarde comme inutile de parler à celles qui, déjà âgées, songent à un
second mariage. Car ma parole les persuaderait-elle, lorsque ni le laps des années, ni l'âge, ni
l'expérience, n'ont pu les en détourner? Ainsi je m'adresse aux jeunes veuves; et vous me
demandez ce que je pense de celle qui, après un an de mariage, convole en de secondes noces,
et pourquoi je lui préfère la veuve qui a vécu vingt et trente années avec son mari ? Et d'abord
ce n'est pas moi qui vous répondrai, mais l'Apôtre qui a dit : Qu'elle sera plus heureuse si elle
demeure veuve. (I Cor. VII, 40.) Je vous observerai ensuite que de ces deux veuves, l'une,
pendant un grand nombre d'années, n'a jamais connu qu'un seul et même époux, tandis que
l'autre, dans très peu de temps, en a pris deux. Mais ce n'est point sa faute, objecterez-vous :
car si son premier époux vivait encore, elle n'en aimerait point d'autre; et aujourd'hui qu'il lui
a été trop tôt ravi, elle est forcée d'en chercher un second. — Et qui la force? Je découvre au
contraire une raison bien puissante qui devrait l'éloigner du mariage : l'expérience qu'elle a
acquise de toutes les amertumes de l'union conjugale. Je conçois en effet que la veuve qui a
vécu pendant de longues années au milieu de ces tribulations, soit comme blasée sur leurs
rigueurs, et puisse se remarier sans appréhender un avenir plus triste et plus sombre. Mais que
peut vouloir, et que peut espérer celle qui, malheureuse dès le début de son mariage, cherche à
se replonger dans les mêmes infortunes? Le marchand qui fait naufrage en sortant du port, et
qui débute par un sinistre, se dégoûte facilement du commerce; de même lorsqu'une jeune
veuve n'a recueilli de tous ses rêves de bonheur que les réalités du deuil et de la douleur, il est
logique qu'elle renonce à tout amour humain. Le contraire dénoterait une violence de passions
peu commune; et même alors ses premiers malheurs devraient étouffer en elle cet aveugle
enthousiasme et éteindre ces feux dévorants.
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