[2,16] Μὴ γάρ μοι τὰ σπανιάκις καὶ μόλις ἅπαξ συμβαίνοντα
εἴπῃς, ἀλλὰ τὰ συνεχῶς ἐπὶ τῶν πραγμάτων δεικνύμενα. Οὐ
διὰ ταῦτα μόνον πλείονος ἐκείνη μεθέξει τῆς παρρησίας, ἀλλὰ
καὶ δι´ ἕτερα πολλά. Οὗτος μὲν γὰρ καὶ ὀνειδίσαι εὐκόλως
δύναιτ´ ἂν ὡς καταφρονούμενος παρ´ αὐτῆς, καὶ τεκμήριον τῆς
ὀλιγωρίας τὴν εἰς τὸν πρότερον αὐτῇ γεγενημένην ἀπιστίαν
προενεγκεῖν καὶ ἐπιστομίσαι καὶ ὑπὲρ τῶν γεγενημένων καὶ
ὑπὲρ τῶν μηδὲ συμβησομένων ἴσως. Ὁ γὰρ ἀπελθὼν καὶ
καταφρονηθεὶς καὶ τὸν ζῶντα ταῦτα ὑποπτεῦσαι πείσει περὶ
ἑαυτοῦ, κἂν μὴ γένηται. Οὐκ ἐκεῖνος δὲ μόνον ταῦτα προφέρων
αὐτῇ συνεχῶς ἔσται φορτικός, ἀλλὰ καὶ οἰκέται καὶ θεράπαιναι,
κἂν μὴ φανερῶς, λάθρα γοῦν διαγογγύζοντες μυρίοις
αὐτὴν βάλλουσι σκώμμασιν. Εἰ δὲ συμβῇ καὶ παῖδας τοῦ
τετελευτηκότος καταλειφθῆναι νέους, πῶς αὐτοὺς ἀναθρέψει,
πῶς δὲ προστήσεται; τίνων δὲ ὀρφανῶν οὐ χαλεπώτερον
ἐκεῖνοι βιώσονται τὰ τοῦ πατρὸς ὁρῶντες ἅπαντα ἕτερον
ἔχοντα, καὶ οἰκέτας καὶ οἰκίαν καὶ ἀγροὺς καὶ τὸ πάντων
κεφάλαιον τὴν γυναῖκα; πῶς δυνήσονται ὡς πρὸς μητέρα
διακεῖσθαι ἐκεῖνοι; πῶς δὲ αὕτη ὡς πρὸς παῖδας οὓς αἰσχύνεσθαι
καὶ ἐρυθριᾶν ἀναγκάζεται, καὶ οἷς πᾶσαν ἀπονεῖμαι τὴν
μητρικὴν οὐκ ἔχει φιλοστοργίαν, εἰς τοὺς ἐξ ἐκείνου παῖδας
σχιζομένης αὐτῇ τῆς διανοίας;
| [2,16] Tels sont les enseignements de l'expérience, et il serait inutile de m'opposer
quelques rares exceptions, car à ces premiers motifs qui expliquent la considération et l'estime
dont jouit la femme dans un premier mariage, il est facile d'en joindre un grand nombre
d'autres. Et d'abord la veuve qui se remarie s'expose à ce que son mari lui reproche son peu
d'amour pour lui, et qu'il lui en allègue comme preuve son infidélité envers un premier époux.
Sa parole amère ne rappelle donc le passé que pour en conjecturer un avenir qui peut-être ne
se réalisera pas. L'oubli de cette veuve pour un premier mari, peut bien éveiller dans le
second la crainte d'une semblable indifférence, s'il ne lui en donne pas la certitude. Au reste, il
n'est pas le seul à exprimer ces sanglants reproches; et vingt fois par jour les serviteurs et les
servantes les murmurent en secret. Observez de plus que si cette veuve a de son premier
mariage des enfants jeunes encore, elle ne peut se livrer tout entière aux soins de leur
éducation. Et quels orphelins plus infortunés que ceux-ci qui voient un étranger posséder tous
les biens de leur père, ses esclaves, sa maison, ses domaines, et jusqu'à sa femme? Pourront-ils eux-mêmes l'aimer et la respecter comme une mère? Et de son côté pourra-t-elle les chérir
comme ses enfants ? Leur présence seule la fait rougir de honte, et elle ne saurait concentrer
sur eux toute sa tendresse de mère, parce qu'elle est contrainte d'en réserver une grande partie
pour les enfants du second lit.
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