[8,9] θʹ. Ταῦτ´ οὖν, εἰπέ μοι, φορητὰ ἢ ἀνεκτά; Εἰ γὰρ
μυρίους ἀποθανεῖν θανάτους ἔδει, εἰ γὰρ τὰ ἀνήκεστα
παθεῖν, οὐ πολλῷ βέλτιον ἦν ἅπαντα ὑπομεῖναι τὰ
χαλεπὰ, ἢ τῶν μιαρῶν ἐκείνων γενέσθαι γέλωτα καὶ
χλευασίαν, καὶ μετὰ συνειδότος ζῇν πονηροῦ; Ταῦτα
λέγω, οὐχ ἵνα αὐτοὶ ἀκούητε μόνον, ἀλλ´ ἵνα τοὺς τὰ
τοιαῦτα νοσοῦντας θεραπεύητε. Ὥσπερ γὰρ ἐκείνοις
ἐγκαλοῦμεν, ὅτι ἀσθενοῦσι περὶ τὴν πίστιν, οὕτως
ὑμῖν ἐγκαλοῦμεν, ὅτι τοὺς ἀσθενοῦντας διορθοῦν οὐ
βούλεσθε. Μὴ γὰρ τοῦτό ἐστι τὸ ζητούμενον, ἀγαπητὲ,
ἵνα ἐνταῦθα εἰσιὼν ἀκούσῃς τὰ λεγόμενα; τοῦτο
μὲν οὖν καὶ κρῖμά ἐστιν, ὅταν μὴ προσῇ τῇ τῶν λόγων
ἀκροάσει καὶ ἔργον. Διὰ τοῦτο Χριστιανὸς εἶ,
ἵνα τὸν Χριστὸν μιμῇ, καὶ τοῖς ἐκείνου πείθῃ νόμοις.
Τί δαὶ ἐκεῖνος ἐποίησεν; Οὐκ ἐν Ἱεροσολύμοις καθήμενος
ἐκάλει πρὸς ἑαυτὸν τοὺς ἀῤῥώστους, ἀλλὰ περιῄει πόλεις
καὶ κώμας, ἑκατέρων τὴν ἀῤῥωστίαν
θεραπεύων, καὶ τὴν τοῦ σώματος, καὶ τὴν τῆς ψυχῆς.
Καίτοι γε ἐδύνατο ἐν ἑνὶ καθήμενος τόπῳ πάντας
ἑλκύσαι πρὸς ἑαυτόν· ἀλλ´ οὐκ ἐποίησε τοῦτο, ἡμῖν
διδοὺς ὑπόδειγμα εἰς τὸ περιιέναι καὶ ζητεῖν τοὺς
ἀπολλυμένους. Πάλιν καὶ διὰ τῆς κατὰ τὸν ποιμένα
παραβολῆς τοῦτο ᾐνίξατο. Καὶ γὰρ οὐκ ἐκάθισε μετὰ
τῶν ἐνενηκονταεννέα προβάτων, καὶ ἀνέμεινε τὸ
πλανώμενον ἐλθεῖν πρὸς αὐτὸν, ἀλλ´ αὐτὸς ἀπῆλθε, καὶ
εὗρε, καὶ εὑρὼν καὶ ἐβάστασεν ἐπὶ τῶν ὤμων, καὶ
ἀπεκόμισεν. Οὐχ ὁρᾷς καὶ τοὺς ἰατροὺς αὐτὸ τοῦτο
ποιοῦντας; οὐκ ἀναγκάζουσι τοὺς ἀῤῥώστους ἐπὶ τῶν
κλινιδίων κατακειμένους εἰς τὰς οἰκίας αὐτῶν φέρεσθαι,
ἀλλ´ αὐτοὶ τρέχουσι πρὸς ἐκείνους. Τοῦτο καὶ
σὺ ποίησον, ἀγαπητὲ, εἰδὼς ὅτι βραχὺς ὁ παρὼν βίος,
κἂν μὴ ταῦτα κερδάνωμεν τὰ κέρδη, οὐδεμίαν ἕξομεν
ἐκεῖ σωτηρίαν. Δύναται πολλάκις μία
κερδηθεῖσα ψυχὴ μυρίων ὄγκον ἁμαρτημάτων ἀφανίσαι,
καὶ γενέσθαι ἡμῖν ἀντίψυχον ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ. Ἐννόησον
διὰ τί προφῆται, διὰ τί ἀπόστολοι, διὰ
τί δίκαιοι, διὰ τί ἄγγελοι πολλάκις ἐπέμφθησαν, διὰ
τί αὐτὸς ὁ μονογενὴς Υἱὸς τοῦ Θεοῦ παρεγένετο· οὐχ
ἵνα ἀνθρώπους διασώσῃ; οὐχ ἵνα πεπλανημένους
(p. 942) ἐπαναγάγῃ; Τοῦτο καὶ σὺ ποίησον κατὰ δύναμιν τὴν
σὴν, καὶ πᾶσαν σπουδὴν ἐπίδειξαι καὶ πρόνοιαν εἰς
τὴν τῶν πεπλανημένων ἐπάνοδον. Ταῦτα καθ´ ἑκάστην
ὑμῖν παραινῶν σύναξιν οὐ διαλιμπάνω, κἂν
προσέχητε, κἂν μὴ προσέχητε, ἐγὼ λέγων οὐ παύσομαι.
Τοῦτο γὰρ ἡμῖν παρὰ τοῦ Θεοῦ νόμος, ἄν τε
ἀκούσῃ τις, ἄν τε μὴ ἀκούσῃ, τὴν διακονίαν ταύτην
πληροῦν. Ἀλλ´ ἐὰν μὲν ἀκούσητε καὶ ποιήσητε τὰ
λεγόμενα, μετὰ πολλῆς αὐτὸ τοῦτο ἐργασόμεθα τῆς
ἡδονῆς· ἂν δὲ ἀμελήσητε καὶ ῥᾳθυμήσητε, μετὰ πολλῆς
τῆς ἀθυμίας. Ἡμῖν μὲν γὰρ ἐκ τῆς ὑμετέρας
παρακοῆς οὐδεὶς ἔσται λοιπὸν κίνδυνος· τὸ γὰρ ἡμέτερον
ἅπαν ἐπληρώσαμεν· πλὴν ἀλλὰ κἂν μὴ κινδυνεύωμεν τῷ πεπληρωκέναι τὰ παρ´ ἑαυτῶν ἅπαντα,
ἀλγοῦμεν ὑμῶν ἐγκαλουμένων κατὰ τὴν ἡμέραν ἐκείνην.
Οὐ γὰρ ἀκίνδυνος ὑμῖν ἔσται ἡ ἀκρόασις, ὅταν
ἡ διὰ τῶν ἔργων προσθήκη μὴ γένηται. Ἄκουσον γοῦν
πῶς τοῖς διδασκάλοις ἐγκαλῶν τοῖς ἀποκρύπτουσι τὸν
λόγον ὁ Χριστὸς, καὶ τοὺς μαθητευομένους ἐφόβησεν.
Εἰπὼν γὰρ, Ἔδει σε καταβαλεῖν τὸ ἀργύριόν μου
ἐπὶ τοὺς τραπεζίτας· καὶ ἐπαγαγὼν, ὅτι Κἀγὼ ἐλθὼν
μετὰ τόκου ἂν ἀπῄτησα αὐτὸ, ἔδειξεν, ὅτι
μετὰ τὴν ἀκρόασιν (τοῦτο γάρ ἐστιν ἡ τοῦ ἀργυρίου
καταβολὴ), τοὺς ὑποδεξαμένους τὴν διδασκαλίαν τόκον
ἐργάζεσθαι χρή. Τόκος δὲ διδασκαλίας οὐδὲν ἕτερόν
ἐστιν, ἀλλ´ ἢ ἡ διὰ τῶν ἔργων ἐπίδειξις. Ἐπεὶ οὖν
καὶ ἡμεῖς κατεβάλομεν τὸ ἀργύριον εἰς τὴν ἀκοὴν
τὴν ὑμετέραν, ἀνάγκη λοιπὸν, ὑμᾶς ἀποδοῦναι τὸν
τόκον τῷ δεσπότῃ, τουτέστι, τὴν σωτηρίαν τῶν ἀδελφῶν
τῶν ὑμετέρων. Ὥστε εἰ μένοιτε ταῦτα κατέχοντες τὰ
εἰρημένα μόνον, καὶ μηδὲν ἐν ἑαυτοῖς ἐργαζόμενοι,
δέδοικα μὴ τὴν αὐτὴν τῷ τὸ τάλαντον κατορύξαντι δῶτε
δίκην. Καὶ γὰρ ἐκεῖνος διὰ τοῦτο τοὺς
πόδας καὶ τὰς χεῖρας δεθεὶς, εἰς τὸ σκότος ἐξήγετο τὸ
ἐξώτερον, ὅτι οὐκ ἐξήνεγκεν εἰς ἑτέρους ἅπερ ἤκουσεν.
Ἵν´ οὖν μὴ καὶ ἡμεῖς τὰ αὐτὰ πάθωμεν, τὸν τὰ
πέντε δεξάμενον, καὶ τὸν τὰ δύο τάλαντα, μιμησώμεθα·
κἄν τε λόγον, κἄν τε χρήματα, κἄν τε σώματος
πόνον, κἂν εὐχὴν, κἂν ἄλλ´ ὁτιοῦν εἰς τὴν τοῦ πλησίον
σωτηρίαν ἀναλῶσαι δεήσῃ, μὴ ὀκνήσωμεν, ἵνα πανταχόθεν
τὸ παρὰ τοῦ Θεοῦ δοθὲν ἡμῖν τάλαντον ἀναλόγως ἕκαστοι πολυπλασιάσαντες δυνηθῶμεν τῆς
μακαρίας ἐκείνης ἀκοῦσαι φωνῆς, Εὖ, δοῦλε ἀγαθὲ καὶ
πιστὲ, ἐπὶ ὀλίγα ἦς πιστὸς, ἐπὶ πολλῶν σε καταστήσω·
εἴσελθε εἰς τὴν χαρὰν τοῦ Κυρίου σου.
Ἧς γένοιτο πάντας ἡμᾶς ἐπιτυχεῖν, χάριτι καὶ φιλανθρωπίᾳ
τοῦ Κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ, δι´ οὗ
καὶ μεθ´ οὗ τῷ Πατρὶ ἡ δόξα καὶ τὸ κράτος, ἅμα τῷ
ἁγίῳ Πνεύματι, εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.
| [8,9] Est-ce donc là, dites-moi, quelque chose qui se puisse tolérer et souffrir? Quand il
faudrait mourir mille fois, cela ne vaudrait-il pas mieux que de provoquer la risée et les
sarcasmes de ces misérables Juifs, et de s'exposer par surcroît aux reproches de sa
conscience? Je vous dis ces choses, non seulement pour que vous les entendiez vous-mêmes,
mais pour que vous en fassiez profiter vos frères, les chrétiens judaïsants. A ceux-ci nous
reprochons d'être faibles dans la foi ; à vous, de manquer de charité pour venir en aide à ceux
qui sont faibles. Croyez-vous, mes bien-aimés, que vous avez fait tout ce que l'on demande de
vous, lorsque vous êtes venus ici et que vous avez prêté l'oreille à la prédication? Ne vous y
trompez pas, ce sera certainement un sujet de condamnation d'entendre la parole et de n'y pas
répondre par les oeuvres ! Vous êtes chrétiens pour imiter Jésus-Christ et obéir à ses lois.
Voyez donc ce qu'a fait ce divin modèle ? Il ne restait pas assis à Jérusalem, appelant à lui
tous les malades; mais il parcourait les villes et les bourgades, guérissant les infirmités de
l'âme et du corps. Il pouvait cependant, sans se déranger, attirer à lui tout le monde; mais il ne
l'a pas fait, pour nous apprendre, par son exemple, à aller de tous côtés chercher ceux qui
périssent. C'est encore ce qu'il nous fait entendre par la parabole du bon pasteur. Le bon
pasteur, en effet, avec ses quatre-vingt-dix-neuf brebis, ne s'assied pas tranquillement pour
attendre que celle qui est égarée revienne d'elle-même à lui; il va la chercher, et l'ayant
trouvée il la prend sur ses épaules pour la rapporter au bercail. Ne voyez-vous pas les
médecins agir aussi de la sorte? Ils ne font pas apporter dans leurs maisons les malades
couchés dans des litières, mais ils vont eux-mêmes les trouver avec empressement.
Agissez de même, mes bien-aimés, n'oubliez pas que la vie présente est courte, et que
si nous négligeons de gagner des âmes à Dieu nous n'aurons pas de salut à espérer. Une seule
âme gagnée peut souvent effacer d'innombrables péchés, et devenir la rançon de notre âme au
jour du jugement. Pourquoi les prophètes, pourquoi les apôtres, pourquoi les anges ont-ils été
fréquemment envoyés ici-bas, pourquoi le Fils unique de Dieu lui-même est-il venu : n'est-ce
pas pour sauver les hommes? n'est-ce pas pour ramener les égarés? Faites de même, selon
votre pouvoir, et montrez toute espèce de soin et de sollicitude pour procurer le retour des
égarés.
Cette exhortation, je vous la répète à satiété dans chacune de nos réunions, et que vous
soyez attentifs ou non, je ne cesserai pas de vous tenir le même langage. Dieu nous fait une loi
de remplir ce ministère, soit que vous écoutiez, soit que vous n'écoutiez pas. Ce devoir, nous
l'accomplirons avec joie, si vous mettez en pratique les conseils qui vous sont donnés, avec
peine et découragement, si vous vous montrez indociles et négligents. A la vérité, votre refus
d'écouter ne nous fera encourir aucune responsabilité dangereuse, puisque nous aurons fait
tout ce qui dépendait de nous; toutefois, bien que le soin que nous avons pris d'accomplir
notre devoir dans toute son étendue nous mette hors de tout danger, nous sommes affligé de
l'accusation qui sera portée contre vous, au grand jour des justices. Il ne sera pas sans péril
pour vous, en effet, d'avoir entendu la parole si vous n'y répondez par les oeuvres. Jésus-Christ,
en accusant les docteurs qui tiennent la parole cachée, a aussi des menaces pour ceux
qui reçoivent mal l'enseignement. Ecoutez, après avoir dit : Tu devais déposer mon argent
chez des banquiers, il ajoute : Et moi, à mon arrivée, je l'aurais redemandé avec les intérêts.
(Matth. XXV, 27) Il fait voir par là, qu'après avoir entendu (c'est ce que signifie le dépôt de
l'argent), il faut que ceux qui ont reçu l'enseignement le fassent fructifier. Or, faire fructifier
l'enseignement, qu'est-ce autre chose, sinon y répondre par les oeuvres ? Puis donc que nous
avons déposé l'argent de la parole sainte dans vos oreilles, c'est une nécessité désormais que
vous en rendiez au Maître les fruits, en procurant le salut de vos frères. C'est pourquoi, si vous
vous contentez de retenir nos paroles sans leur faire rien produire, je crains que vous ne
subissiez la même peine que celui qui avait enfoui son talent. Celui-ci fut jeté, pieds et mains
liés, dans les ténèbres extérieures, parce qu'il n'avait pas rapporté aux autres ce qu'il avait
entendu. Si nous ne voulons pas éprouver le même malheur, imitons celui qui avait reçu les
cinq talents et celui qui en avait reçu deux; et quand il faudrait employer des discours, de
l'argent, des travaux corporels, des prières et faire n'importe quel sacrifice pour le salut du
prochain, n'hésitons pas un instant, afin que chacun de nous faisant fructifier, en proportion de
ce qu'il a reçu, le talent que Dieu lui a donné, nous puissions entendre cette bienheureuse
parole : Bien! serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en de petites choses, je t'en confierai de
grandes, entre dans la joie de ton Seigneur. (Matth. XXV, 21) Plaise à Dieu que nous ayons
tous le bonheur de nous entendre adresser cette parole par la grâce et la charité de Notre
Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui soient au Père gloire et puissance, ensemble avec le
Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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