HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ISOCRATE, Panégyrique d'Athènes (discours complet)

Paragraphes 160-169

  Paragraphes 160-169

[160] Ὥστε μοι δοκεῖ πολλὰ λίαν εἶναι τὰ παρακελευόμενα πολεμεῖν αὐτοῖς, μάλιστα δ' παρὼν καιρὸς, οὗ σαφέστερον οὐδέν. Ὃν οὐκ ἀφετέον· καὶ γὰρ αἰσχρὸν παρόντι μὲν μὴ χρῆσθαι, παρελθόντος δ' αὐτοῦ μεμνῆσθαι. Τί γὰρ ἂν καὶ βουληθεῖμεν ἡμῖν προσγενέσθαι, μέλλοντες βασιλεῖ πολεμεῖν, ἔξω τῶν νῦν ὑπαρχόντων; [160] Tous ces motifs, assurément, sont bien capables de nous déterminer à faire la guerre aux Perses; mais le plus important de tous est la circonstance présente. Il est évident que nous ne devons pas la négliger, puisqu’il est honteux de laisser échapper l’occasion lorsqu’elle s’offre, et de la regretter lorsqu’elle est passée. Or, je le demande, quelles conjonctures plus heureuses pourrions-nous attendre pour déclarer la guerre au monarque barbare?
[161] Οὐκ Αἴγυπτος μὲν αὐτοῦ καὶ Κύπρος ἀφέστηκεν, Φοινίκη δὲ καὶ Συρία διὰ τὸν πόλεμον ἀνάστατοι γεγόνασιν, Τύρος δ' ἐφ' μέγ' ἐφρόνησεν, ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν τῶν ἐκείνου κατείληπται; Τῶν δ' ἐν Κιλικίᾳ πόλεων τὰς μὲν πλείστας οἱ μεθ' ἡμῶν ὄντες ἔχουσιν, τὰς δ' οὐ χαλεπόν ἐστιν κτήσασθαι. Λυκίας δ' οὐδ' εἷς πώποτε Περσῶν ἐκράτησεν. [161] L’Égypte et l’île de Chypre ne se sont-elles pas soustraites à sa domination? La Phénicie et la Syrie ne sont-elles pas ravagées et dévastées? Tyr, qui le rendait si fier, n’est-elle pas entre les mains de ses ennemis? La plupart des villes de la Cilicie sont au pouvoir des amis de la Grèce, et il n’est pas difficile d’emporter les autres: les Perses ne furent jamais maîtres de la Syrie:
[162] Ἑκατόμνως δ' Καρίας ἐπίσταθμος τῇ μὲν ἀληθείᾳ πολὺν ἤδη χρόνον ἀφέστηκεν, ὁμολογήσει δ' ὅταν ἡμεῖς βουληθῶμεν. Ἀπὸ δὲ Κνίδου μέχρι Σινώπης Ἕλληνες τὴν Ἀσίαν παροικοῦσιν, οὓς οὐ δεῖ πείθειν, ἀλλὰ μὴ κωλύειν πολεμεῖν. Καίτοι τοιούτων ὁρμητηρίων ὑπαρξάντων καὶ τοσούτου πολέμου τὴν Ἀσίαν περιστάντος τί δεῖ τὰ συμβησόμενα λίαν ἀκριβῶς ἐξετάζειν; Ὅπου γὰρ μικρῶν μερῶν ἥττους εἰσὶν, οὐκ ἄδηλον, ὡς ἂν διατεθεῖεν εἰ πᾶσιν ἡμῖν πολεμεῖν ἀναγκασθεῖεν. [162] Hécatomnos, gouverneur de Carie, depuis longtemps ne tient plus qu’en apparence au parti des Barbares; il se déclarera dès que nous le voudrons. Depuis Cnide jusqu’à Sinope, ce sont des Grecs qui occupent l’Asie: ils n’ont pas besoin d’être excités à faire la guerre, il suffit de ne pas les en détourner.
[163] Ἔχει δ' οὕτως. Ἂν μὲν βάρβαρος ἐρρωμενεστέρως κατάσχῃ τὰς πόλεις τὰς ἐπὶ θαλάττῃ, φρουρὰς μείζους ἐν αὐταῖς νῦν ἐγκαταστήσας, τάχ' ἂν καὶ τῶν νήσων αἱ περὶ τὴν ἤπειρον, οἷον Ῥόδος καὶ Σάμος καὶ Χίος, ἐπὶ τὰς ἐκείνου τύχας ἀποκλίνειαν· ἢν δ' ἡμεῖς αὐτὰς πρότεροι καταλάβωμεν, εἰκὸς τοὺς τὴν Λυδίαν καὶ Φρυγίαν καὶ τὴν ἄλλην τὴν ὑπερκειμένην χώραν οἰκοῦντας ἐπὶ τοῖς ἐντεῦθεν ὁρμωμένοις εἶναι. [163] Mais, puisque nous serons aidés de tant de secours, et l’Asie attaquée de tant de côtés, pourquoi entrer dans le détail de ce qui arrivera infailliblement? Les Barbares ne peuvent résister à quelques parties de la Grèce; tiendront-ils contre ses forces réunies? Si le prince, en doublant les garnisons, se fût assuré des villes maritimes, peut-être les îles voisines de son royaume, Rhodes, Samos, Chios, seraient-elles disposées à suivre sa fortune. Mais, si nous nous emparons les premiers de ces îles, il est certain que nous serons bientôt maîtres de la Lydie, de la Phrygie, et de toutes les réglons supérieures.
[164] Διὸ δεῖ σπεύδειν καὶ μηδεμίαν ποιεῖσθαι διατριβὴν, ἵνα μὴ πάθωμεν ὅπερ οἱ πατέρες ἡμῶν. Ἐκεῖνοι γὰρ ὑστερίσαντες τῶν βαρβάρων καὶ προέμενοί τινας τῶν συμμάχων ἠναγκάσθησαν ὀλίγοι πρὸς πολλοὺς κινδυνεύειν, ἐξὸν αὐτοῖς προτέροις διαβᾶσιν εἰς τὴν ἤπειρον μετὰ πάσης τῆς τῶν Ἑλλήνων δυνάμεως ἐν μέρει τῶν ἐθνῶν ἕκαστον χειροῦσθαι. [164] Hâtons-nous donc, de peur que, par nos délais, nous ne tombions dans le même inconvénient que nos pères. S’étant laissés prévenir par les Barbares, et ayant négligé de secourir quelques-uns de leurs alliés, ils furent obligés de combattre en petit nombre contre une multitude d’ennemis, tandis qu’ils auraient pu passer les premiers en Asie avec toutes les forces de la Grèce, et soumettre successivement les divers peuples qu’elle renferme.
[165] Δέδεικται γὰρ, ὅταν τις πολεμῇ πρὸς ἀνθρώπους ἐκ πολλῶν τόπων συλλεγομένους, ὅτι δεῖ μὴ περιμένειν ἕως ἂν ἐπιστῶσιν, ἀλλ' ἔτι διεσπαρμένοις αὐτοῖς ἐπιχειρεῖν. Ἐκεῖνοι μὲν οὖν προεξαμαρτόντες ἅπαντα ταῦτ' ἐπηνωρθώσαντο καταστάντες εἰς τοὺς μεγίστους ἀγῶνας· ἡμεῖς δ' ἂν σωφρονῶμεν, ἐξ ἀρχῆς φυλαξόμεθα καὶ πειρασόμεθα φθῆναι περὶ τὴν Λυδίαν καὶ τὴν Ἰωνίαν στρατόπεδον ἐγκαταστήσαντες [165] C’est un principe que, lorsqu’on fait la guerre à des ennemis qui se rassemblent de différents lieux, il ne faut pas attendre, pour les attaquer, qu’ils se soient réunis. La faute qu’avaient commise nos pères, ils la réparèrent glorieusement par les combats célèbres qu’ils soutinrent. Si nous sommes sages, nous prendrons de loin nos mesures, et nous préviendrons nos ennemis en nous hâtant d’envoyer des troupes dans l’Ionie et dans la Lydie;
[166] εἰδότες ὅτι καὶ βασιλεὺς οὐχ ἑκόντων ἄρχει τῶν ἠπειρωτῶν, ἀλλὰ μείζω δύναμιν περὶ αὑτὸν ἑκάστων αὐτῶν ποιησάμενος· ἧς ἡμεῖς ὅταν κρείττω διαβιβάσωμεν, βουληθέντες ῥᾳδίως ἂν ποιήσαιμεν, ἀσφαλῶς ἅπασαν τὴν Ἀσίαν καρπωσόμεθα. Πολὺ δὲ κάλλιον ἐκείνῳ περὶ τῆς βασιλείας πολεμεῖν πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς περὶ τῆς ἡγεμονίας ἀμφισβητεῖν. [166] assurés que les peuples asiatiques n’obéissent au roi de Perse qu’à regret, et parce qu’il est plus fort que chacun d’eux. Si donc nous allons attaquer ce prince avec des troupes supérieures aux siennes, avec les forces de la Grèce que nous réunirons sans peine lorsqu’il sera nécessaire, nous nous rendrons facilement les maîtres de toute l’Asie et combien n’est-il pas plus beau d’en disputer l’empire au monarque, que de combattre entre nous pour la primauté?
[167] Ἄξιον δ' ἐπὶ τῆς νῦν ἡλικίας ποιήσασθαι τὴν στρατείαν, ἵν' οἱ τῶν συμφορῶν κοινωνήσαντες οὗτοι καὶ τῶν ἀγαθῶν ἀπολαύσωσιν καὶ μὴ πάντα τὸν χρόνον δυστυχοῦντες διαγάγωσιν. Ἱκανὸς γὰρ παρεληλυθὼς, ἐν τί τῶν δεινῶν οὐ γέγονεν; Πολλῶν γὰρ κακῶν τῇ φύσει τῇ τῶν ἀνθρώπων ὑπαρχόντων αὐτοὶ πλείω τῶν ἀναγκαίων προσεξευρήκαμεν, πολέμους καὶ στάσεις ἡμῖν αὐτοῖς ἐμποιήσαντες, [167] Commençons dès à présent cette expédition, afin que ceux qui ont eu part aux malheurs, participent aussi à la prospérité, et ne meurent pas dans leur infortune. Il n’y a que trop longtemps que nous souffrons: eh! quelles calamités n’avons-nous pas essuyées? Comme si les maux attachés à la nature humaine ne suffisaient pas, nous avons travaillé nous-mêmes à en augmenter le nombre par nos divisions et nos guerres intestines;
[168] ὥστε τοὺς μὲν ἐν ταῖς αὑτῶν ἀνόμως ἀπόλλυσθαι, τοὺς δ' ἐπὶ ξένης μετὰ παίδων καὶ γυναικῶν ἀλᾶσθαι, πολλοὺς δὲ δι' ἔνδειαν τῶν καθ' ἡμέραν ἐπικουρεῖν ἀναγκαζομένους ὑπὲρ τῶν ἐχθρῶν τοῖς φίλοις μαχομένους ἀποθνῄσκειν. Ὑπὲρ ὧν οὐδεὶς πώποτ' ἠγανάκτησεν, ἀλλ' ἐπὶ μὲν ταῖς συμφοραῖς ταῖς ὑπὸ τῶν ποιητῶν συγκειμέναις δακρύειν ἀξιοῦσιν, ἀληθινὰ δὲ πάθη πολλὰ καὶ δεινὰ γιγνόμενα διὰ τὸν πόλεμον ἐφορῶντες τοσούτου δέουσιν ἐλεεῖν ὥστε καὶ μᾶλλον χαίρουσιν ἐπὶ τοῖς ἀλλήλων κακοῖς τοῖς αὑτῶν ἰδίοις ἀγαθοῖς. [168] guerres malheureuses qui ont fait périr indignement les uns dans le sein de leur patrie, fait errer les autres avec leurs femmes et leurs enfants dans une terre étrangère, en contraignant plusieurs, par la plus extrême indigence, de vendre leur sang à des ennemis pour combattre leurs propres amis; et l’on n’est pas touché à la vue de ces tristes événements! On s’attendrit jusqu’aux larmes sur des malheurs chimériques, imaginés par les poètes; et ces maux trop réels, ces maux affreux et multipliés, suites de nos divisions, loin d’y être sensibles, nous ne les voyons qu’avec indifférence, au point de jouir du mal que nous nous faisons mutuellement, plus que du bien qui nous arrive!
[169] Ἴσως δ' ἂν καὶ τῆς ἐμῆς εὐηθείας πολλοὶ καταγελάσειαν, εἰ δυστυχίας ἀνδρῶν ὀδυροίμην ἐν τοῖς τοιούτοις καιροῖς, ἐν οἷς Ἰταλία μὲν ἀνάστατος γέγονεν, Σικελία δὲ καταδεδούλωται, τοσαῦται δὲ πόλεις τοῖς βαρβάροις ἐκδέδονται, τὰ δὲ λοιπὰ μέρη τῶν Ἑλλήνων ἐν τοῖς μεγίστοις κινδύνοις ἐστίν. [169] On insultera peut-être à ma simplicité, et l’on sera surpris que j’use le temps à déplorer les malheurs de quelques particuliers, pendant que l’Italie est dévastée, la Sicile asservie, tant de villes livrées aux Barbares, toute la Grèce enfin exposée aux plus grands dangers.


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Dernière mise à jour : 1/03/2007