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[110] Τοιούτων τοίνυν ἡμῶν γεγενημένων καὶ τοσαύτην πίστιν δεδωκότων ὑπὲρ
τοῦ μὴ τῶν ἀλλοτρίων ἐπιθυμεῖν τολμῶσι κατηγορεῖν οἱ τῶν δεκαρχιῶν
κοινωνήσαντες καὶ τὰς αὑτῶν πατρίδας διαλυμηνάμενοι καὶ μικρὰς μὲν
ποιήσαντες δοκεῖν εἶναι τὰς τῶν προγεγενημένων ἀδικίας, οὐδεμίαν δὲ
λιπόντες ὑπερβολὴν τοῖς αὖθις βουλομένοις γενέσθαι πονηροῖς, ἀλλὰ
φάσκοντες μὲν λακωνίζειν, τἀναντία δ' ἐκείνοις ἐπιτηδεύοντες, καὶ τὰς μὲν
Μηλίων ὀδυρόμενοι συμφορὰς, περὶ δὲ τοὺς αὑτῶν πολίτας ἀνήκεστα
τολμήσαντες ἐξαμαρτεῖν. Ποῖον γὰρ αὐτοὺς ἀδίκημα διέφυγεν; | [110] Après de tels procédés et de pareilles preuves de désintéressement,
on ose encore nous accuser de vouloir envahir les possessions d’autrui! Et
quels sont ceux qui nous accusent ? des hommes qui ont partagé les excès
des Dix, qui ont bouleversé leur patrie, qui ont fait regretter le
gouvernement de leurs prédécesseurs, tout tyrannique qu’il était, et n’ont
laissé aux méchants qui pourront venir après eux aucun genre de violences
à imaginer. Ils vantent la sévérité lacédémonienne, et leurs mœurs
démentent les vertus qu’ils louent. Ils déplorent le triste sort des
Méliens, et ils ont accablé de maux leurs compatriotes. A quels excès
d’injustice ne se sont-ils pas livrés? | [111] Ἢ τί τῶν
αἰσχρῶν ἢ δεινῶν οὐ διεξῆλθον; Οἳ τοὺς μὲν ἀνομωτάτους πιστοτάτους
ἐνόμιζον, τοὺς δὲ προδότας ὥσπερ εὐεργέτας ἐθεράπευον, ᾑροῦντο δὲ τῶν
Εἱλώτων ἑνὶ δουλεύειν ὥστ' εἰς τὰς αὑτῶν πατρίδας ὑβρίζειν, μᾶλλον δ'
ἐτίμων τοὺς αὐτόχειρας καὶ φονέας τῶν πολιτῶν ἢ τοὺς γονέας τοὺς αὑτῶν,
| [111] quelles infamies, quelles
cruautés ne se sont-ils pas permises? Ils associaient à leurs desseins les
hommes les plus dépourvus de jugement, comme ceux sur lesquels on peut le
plus compter, ménageaient des traîtres comme des bienfaiteurs, rampaient
devant des esclaves afin de pouvoir outrager leur patrie, et respectaient
les meurtriers de leurs concitoyens plus que les auteurs de leurs jours.
| [112] εἰς τοῦτο δ' ὠμότητος ἅπαντας ἡμᾶς κατέστησαν ὥστε πρὸ τοῦ μὲν διὰ
τὴν παροῦσαν εὐδαιμονίαν καὶ ταῖς μικραῖς ἀτυχίαις πολλοὺς ἕκαστον ἡμῶν
ἔχειν τοὺς συμπενθήσοντας, ἐπὶ δὲ τῆς τούτων ἀρχῆς διὰ τὸ πλῆθος τῶν
οἰκείων κακῶν ἐπαυσάμεθ' ἀλλήλους ἐλεοῦντες· οὐδενὶ γὰρ τοσαύτην σχολὴν
παρέλιπον ὥσθ' ἑτέρῳ συναχθεσθῆναι.
| [112] Ils nous ont tous rendus cruels. Avant eux, dans l’état de sécurité
où était la Grèce, chacun de nous trouvait presque partout de la
commisération et de la sensibilité pour ses moindres infortunes; sous leur
domination, le poids des maux qui accable chacun en particulier rend
insensible aux maux des autres. En persécutant tout le monde, ils n’ont
laissé à personne le loisir de s’occuper des peines d’autrui. | [113] Τίνος γὰρ οὐκ ἐφίκοντο; Ἢ τίς οὕτω πόρρω τῶν πολιτικῶν ἦν πραγμάτων,
ὅστις οὐκ ἐγγὺς ἠναγκάσθη γενέσθαι τῶν συμφορῶν, εἰς ἃς αἱ τοιαῦται φύσεις
ἡμᾶς κατέστησαν; Εἶτ' οὐκ αἰσχύνονται τὰς αὑτῶν πόλεις οὕτως ἀνόμως
διαθέντες καὶ τῆς ἡμετέρας ἀδίκως κατηγοροῦντες, ἀλλὰ πρὸς τοῖς ἄλλοις καὶ
περὶ τῶν δικῶν καὶ τῶν γραφῶν τῶν ποτε παρ' ἡμῖν γενομένων λέγειν
τολμῶσιν, αὐτοὶ πλείους ἐν τρισὶ –῎μησὶν ἀκρίτους ἀποκτείναντες ὧν ἡ πόλις
ἐπὶ τῆς ἀρχῆς ἁπάσης ἔκρινεν. | [113] En
effet, qui est-ce qui s’est vu à l’abri de leurs violences? Qui a été
assez éloigné des affaires pour ne pas se trouver enveloppé dans les
malheurs où nous ont plongés ces génies funestes? Et après avoir traité
indignement leurs villes, ils ne rougissaient pas d’accuser injustement la
nôtre! et ils ont le front de rappeler les jugements que nous avons rendus
dans les affaires publiques et particulières, eux qui, dans l’espace de
trois mois, ont fait mourir, sans forme juridique, plus de citoyens que
notre république n’en a jugés pendant tout le temps où elle a possédé
l’empire! Qui pourrait décrire tous les maux dont ils ont été les auteurs?
| [114] Φυγὰς δὲ καὶ στάσεις καὶ νόμων
συγχύσεις καὶ πολιτειῶν μεταβολὰς, ἔτι δὲ παίδων ὕβρεις καὶ γυναικῶν
αἰσχύνας καὶ χρημάτων ἁρπαγὰς τίς ἂν δύναιτο διεξελθεῖν; Πλὴν τοσοῦτον
εἰπεῖν ἔχω καθ' ἁπάντων, ὅτι τὰ μὲν ἐφ' ἡμῶν δεινὰ ῥᾳδίως ἄν τις ἑνὶ
ψηφίσματι διέλυσεν, τὰς δὲ σφαγὰς καὶ τὰς ἀνομίας τὰς ἐπὶ τούτων γενομένας
οὐδεὶς ἂν ἰάσασθαι δύναιτο. | [114] les exils, les séditions, les lois renversées, les constitutions de
gouvernement changées, les biens pillés, les femmes déshonorées, les
jeunes enfants exposés aux plus indignes outrages? Le mal qu’a pu faire un
excès de rigueur de notre part pourrait sans peine être corrigé par un
simple décret; mais les meurtres, mais les désordres causés par leur
perversité, serait-il possible d’y apporter remède? | [115] Καὶ μὴν οὐδὲ τὴν παροῦσαν εἰρήνην, οὐδὲ
τὴν αὐτονομίαν τὴν ἐν ταῖς πολιτείαις μὲν οὐκ ἐνοῦσαν, ἐν δὲ ταῖς
συνθήκαις ἀναγεγραμμένην, ἄξιον ἑλέσθαι μᾶλλον ἢ τὴν ἀρχὴν τὴν ἡμετέραν.
Τίς γὰρ ἂν τοιαύτης καταστάσεως ἐπιθυμήσειεν, ἐν ᾗ καταποντισταὶ μὲν τὴν
θάλατταν κατέχουσιν, πελτασταὶ δὲ τὰς πόλεις καταλαμβάνουσιν, | [115] Cette paix
fausse et simulée, cette indépendance consignée dans les traités, bannie
des républiques, doit-on la préférer aux avantages dont jouissait la Grèce
sous notre gouvernement? Doit-on chérir une constitution où des pirates
dominent sur les mers, où des soldats règnent dans les villes, | [116] ἀντὶ
δὲ τοῦ πρὸς ἑτέρους περὶ τῆς χώρας πολεμεῖν ἐντὸς τείχους οἱ πολῖται πρὸς
ἀλλήλους μάχονται, πλείους δὲ πόλεις αἰχμάλωτοι γεγόνασιν ἢ πρὶν τὴν
εἰρήνην ἡμᾶς ποιήσασθαι, διὰ δὲ τὴν πυκνότητα τῶν μεταβολῶν ἀθυμοτέρως
διάγουσιν οἱ τὰς πόλεις οἰκοῦντες τῶν ταῖς φυγαῖς ἐζημιωμένων· οἱ μὲν γὰρ
τὸ μέλλον δεδίασιν, οἱ δ' ἀεὶ κατιέναι προσδοκῶσιν. | [116] où
les citoyens, au lieu de défendre leur pays contre des ennemis étrangers,
se font une guerre cruelle dans leurs propres murs; où l’on voit plus de
villes prises et réduites en servitude qu’il n’y en eut jamais avant la
paix; où les révolutions sont si fréquentes, que le citoyen resté dans sa
patrie est plus à plaindre que l’exilé, puisque le premier cesse de
trembler pour l’avenir, tandis que l’autre vit du moins dans l’espérance
du retour? | [117] Τοσοῦτον δ'
ἀπέχουσιν τῆς ἐλευθερίας καὶ τῆς αὐτονομίας, ὥσθ' αἱ μὲν ὑπὸ τυράννοις
εἰσὶν, τὰς δ' ἁρμοσταὶ κατέχουσιν, ἔνιαι δ' ἀνάστατοι γεγόνασιν, τῶν δ' οἱ
βάρβαροι δεσπόται καθεστήκασιν· οὓς ἡμεῖς διαβῆναι τολμήσαντας εἰς τὴν
Εὐρώπην καὶ μεῖζον ἢ προσῆκεν αὐτοῖς φρονήσαντας οὕτω διέθεμεν | [117] Oh! que les villes de la Grèce sont loin d’un état
véritable de liberté et d’indépendance! Les unes sont assujetties à des
tyrans, les autres obéissent à des gouverneurs lacédémoniens,
quelques-unes ont été ruinées de fond en comble, d’autres sont opprimées
par les Barbares: ces Barbares qui, remplis de projets vastes, avaient osé
passer en Europe; mais qui, réprimés par la force de nos armes, | [118] ὥστε
μὴ μόνον παύσασθαι στρατείας ἐφ' ἡμᾶς ποιουμένους, ἀλλὰ καὶ τὴν αὑτῶν
χώραν ἀνέχεσθαι πορθουμένην, καὶ διακοσίαις καὶ χιλίαις ναυσὶν
περιπλέοντας εἰς τοσαύτην ταπεινότητα κατεστήσαμεν ὥστε μακρὸν πλοῖον ἐπὶ
τάδε Φασήλιδος μὴ καθέλκειν, ἀλλ' ἡσυχίαν ἄγειν, καὶ τοὺς καιροὺς
περιμένειν, ἀλλὰ μὴ τῇ παρούσῃ δυνάμει πιστεύειν.
| [118]
renoncèrent pour lors à de pareilles expéditions, et nous virent malgré
eux ravager leur propre pays; ces Barbares qui parcouraient nos côtes avec
douze cents voiles, mais que notre valeur humilia tellement qu’il ne leur
fut plus permis de passer le Phasélis avec un grand vaisseau, et que,
restant dans l’inaction, n’augurant plus si avantageusement de leurs
forces, ils se virent obligés d’ajourner leurs desseins à des temps plus favorables.
| [119] Καὶ ταῦθ' ὅτι διὰ τὴν τῶν προγόνων τῶν ἡμετέρων ἀρετὴν οὕτως εἶχεν,
αἱ τῆς πόλεως συμφοραὶ σαφῶς ἐπέδειξαν· ἅμα γὰρ ἡμεῖς τε τῆς ἀρχῆς
ἀπεστερούμεθα καὶ τοῖς Ἕλλησιν ἀρχὴ τῶν κακῶν ἐγίγνετο. Μετὰ γὰρ τὴν ἐν
Ἑλλησπόντῳ γενομένην ἀτυχίαν ἑτέρων ἡγεμόνων καταστάντων ἐνίκησαν μὲν οἱ
βάρβαροι ναυμαχοῦντες, ἦρξαν δὲ τῆς θαλάττης, κατέσχον δὲ τὰς πλείστας τῶν
νήσων, ἀπέβησαν δ' εἰς τὴν Λακωνικὴν, Κύθηρα δὲ κατὰ κράτος εἷλον, ἅπασαν
δὲ τὴν Πελοπόννησον κακῶς ποιοῦντες περιέπλευσαν.
| [119] Ces heureux succès étaient dus à nos ancêtres; nos malheurs en ont
été la preuve. Du moment où nous cessâmes de commander dans la Grèce, les
Grecs commencèrent à déchoir. Oui, aussitôt que nous eûmes essuyé une
défaite sur l’Hellespont, et que d’autres furent revêtus de l’empire dont
nous étions dépouillés, les Barbares remportèrent une victoire navale, ils
devinrent les maîtres de la mer, s’emparèrent de la plupart des îles, et,
faisant une descente dans la Laconie, ils prirent de force l’île de
Cythère, firent le tour du Péloponnèse, et le ravagèrent en entier.
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