HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre II

Chapitre 8

  Chapitre 8

[2,8] ἅπερ εἰδώς, καλέσας τούς τε πανταχόθεν στρατιώτας ἐς ῥητὴν ἡμέραν, τοῦ τε λοιποῦ πλήθους συνελθόντος, βήματος αὐτῷ κατασκευασθέντος ἔλεξε τοιάδε ἀνελθών· „τῆς μὲν ἐμῆς γνώμης τὸ πρᾶον καὶ πρὸς τὰ μεγάλα τῶν τετολμημένων εὐλαβὲς ἴσως ἐστὶν ὑμῖν πάλαι γνώριμον· οὐδ´ ἂν νῦν ἐς ὑμᾶς παρῆλθον ταῦτα δημηγορήσων, εἰ ἐκ μόνης προαιρέσεως ἰδιωτικῆς καὶ ἀλόγου ἐλπίδος μείζονος {ἐλπίδος} ἐπιθυμίᾳ ἀνεπειθόμην. ἀλλ´ ἐμὲ καλοῦσι Ῥωμαῖοι, καὶ συνεχῶς βοῶντες ἐπείγουσιν ὀρέξαι τε χεῖρα σωτήριον καὶ οὕτω τὴν ἔνδοξον καὶ ἐνάρετον ἀπὸ προγόνων ἄνωθεν ἀρχὴν μὴ περιιδεῖν αἰσχρῶς ἐρριμμένην. ὥσπερ δὲ τὸ τοῖς τηλικούτοις ἐπιτολμᾶν οὐκ οὔσης εὐλόγου προφάσεως προπετὲς καὶ θρασύ, οὕτως καὶ τὸ πρὸς καλοῦντας καὶ δεομένους ὀκνηρὸν ἀνανδρίας ἅμα καὶ προδοσίας φέρει διαβολήν. διὸ παρῆλθον πευσόμενος ὑμῶν τίνα γνώμην ἔχοιτε καὶ τί πρακτέον ἡγοῖσθε, συμβούλοις τε ὑμῖν καὶ κοινωνοῖς χρησόμενος περὶ τῶν καθεστώτων· τὸ γὰρ ἀποβησόμενον εἰ εὐτυχηθείη, κοινὴν ἐμοί τε καὶ ὑμῖν τὴν ἀπόλαυσιν παρέξει. οὐ φαῦλαι δὲ οὐδὲ κοῦφαι καλοῦσιν ἐλπίδες, ἀλλ´ τε Ῥωμαίων δῆμος, τὴν δεσποτείαν τῶν ἁπάντων ἔνειμαν θεοὶ καὶ τὴν βασιλείαν, τε ἀρχὴ σαλεύουσα καὶ παρὰ μηδενί πω βεβαίως ἱδρυμένη. ὅθεν ἡμῖν καὶ τὸ τῆς ἐπιχειρήσεως ἀσφαλές, ἔκ τε τῆς τῶν καλούντων γνώμης καὶ ἐκ τοῦ μηδένα εἶναι τὸν ἀνθεστῶτα μηδὲ κωλύοντα, ὑπάρξει· καὶ γὰρ οἱ τὰ ἐκεῖθεν ἀγγέλλοντές φασι μηδὲ τοὺς στρατιώτας, οἳ τὴν ἀρχὴν αὐτῷ χρημάτων ἀπέδοντο, πιστοὺς εἶναι {φρουροὺς} ὑπηρέτας, μηδὲ πληρώσαντος ἐκείνου ὑπέσχετο. τίνα τοίνυν ἔχετε γνώμην, δηλώσατε.“ τοιαῦτά τινα εἰπόντος αὐτοῦ, εὐθέως τὸ στρατιωτικὸν πᾶν καὶ τὸ συνειλεγμένον πλῆθος αὐτοκράτορά τε ἀνεῖπε καὶ σεβαστὸν προσηγόρευσε· τήν τε βασίλειον πορφύραν ἐπιβαλόντες, καὶ τὰ λοιπὰ τῆς σεβασμίου τιμῆς ἐξ αὐτοσχεδίου παρασκευῆς ἀθροίσαντες, καὶ προπομπεύοντος τοῦ πυρός, ἔς τε τὰ ἱερὰ τῆς Ἀντιοχείας τὸν Νίγρον ἄγουσι καὶ ἐς τὴν αὐτοῦ οἰκίαν καθιστᾶσιν, οὐκέτι αὐτὴν ἰδιωτικὴν ἀλλὰ βασίλειον αὐλὴν νομίζοντες, πᾶσι κοσμήσαντες ἔξωθεν βασιλικοῖς συμβόλοις. ἐπὶ τούτοις δὴ Νίγρος πάνυ τὴν ψυχὴν ηὐφραίνετο, ὠχυρῶσθαί τε αὑτῷ τὰ τῆς ἀρχῆς ἡγεῖτο διά τε τὴν τῶν Ῥωμαίων γνώμην καὶ τὴν περὶ αὐτὸν σπουδὴν τῶν ἀνθρώπων. ὡς γὰρ διιπταμένη φήμη πάντα ἐπῆλθεν ἔθνη ὅσα τὴν ἀντικειμένην ἤπειρον τῇ Εὐρώπῃ κατοικεῖ, οὐδείς τε ἦν ὅστις οὐχ ἑκὼν ἐς τὸ ὑπακούειν αὐτῷ ἠπείγετο, πρεσβεῖαί τε ἀπ´ ἐκείνων τῶν ἐθνῶν ἐς τὴν Ἀντιόχειαν ὡς πρὸς βασιλέα ὁμολογούμενον ἐστέλλοντο. οἵ τ´ ἐπέκεινα Τίγριδος καὶ Εὐφράτου σατράπαι καὶ βασιλεῖς ἐπέστελλον συνηδόμενοι αὐτῷ, καὶ εἰ δέοιτο, βοηθείας ὑπισχνοῦντο. δὲ δώροις τε αὐτοὺς μεγαλοπρεπῶς ἠμείβετο, καὶ ἐπὶ τῇ σπουδῇ καὶ ταῖς ὑποσχέσεσι χάριν γινώσκων ἔλεγε μὴ δεῖσθαι συμμάχων· τὴν γὰρ ἀρχὴν αὑτῷ βεβαίως ὠχυρῶσθαι, ἀναιμωτί τε ἄρξειν. ταύταις ἐπαιρόμενος ταῖς ἐλπίσιν ὑπτίαζέ τε πρὸς τὴν τῶν πραγμάτων ἐπιμέλειαν, καὶ ἐς τὸ ἁβροδίαιτον ἀνειμένος τοῖς Ἀντιοχεῦσι συνευφραίνετο, ἑορταῖς {τε} καὶ θέαις ἐπιδιδοὺς ἑαυτόν. τῆς τε ἐς τὴν Ῥώμην ἀφόδου, ἐφ´ ἣν μάλιστα ἐχρῆν σπεύδειν, ἠμέλει. τοῖς τε Ἰλλυρικοῖς στρατεύμασι δέον ἐπιφοιτῆσαι τὴν ταχίστην καὶ φθάσαι οἰκειωσάμενον αὐτά, δὲ οὐδὲ τῶν πραττομένων τι αὐτοῖς ἐδήλου, ἐλπίζων τοὺς ἐκεῖ στρατιώτας, εἴ ποτε καὶ μάθοιεν, ὁμογνώμονας ἔσεσθαι τῇ τε Ῥωμαίων εὐχῇ καὶ τῇ τῶν κατὰ τὴν ἀνατολὴν στρατοπέδων γνώμῃ. [2,8] Quand il fut certain des sentiments favorables de la multitude, il convoqua à un jour fixé tous les soldats : le peuple se réunit en même temps. Niger monta sur un tribunal élevé, et prononça ces paroles : XXIX. « Ma modération, j'ose le croire, vous est connue ; vous savez que je ne me jette point légèrement dans des entreprises périlleuses et hasardées. Ce qui m'engage à la démarche que je fais en ce moment auprès de vous, ce ne sont donc pas des vues particulières d'ambition, ni un espoir frivole, ni de simples désirs, à défaut d'espoir. Mais les Romains m'appellent ; ils me crient sans cesse de leur tendre une main secourable et de ne point laisser dans un honteux abaissement cet empire illustre et glorieux que nous ont transmis nos ancêtres. Sans doute, si les circonstances n'étaient point favorables, il y aurait de l'audace et de la témérité à entreprendre un si grand dessein; mais lorsqu'un peuple entier m'appelle, il y aurait de la lâcheté, de la trahison à repousser des voeux si unanimes. Je vous ai donc assemblés pour consulter vos avis, pour vous demander ce que je dois faire, pour n'agir que d'après vos conseils et dans notre intérêt commun ; car si le succès couronne mes efforts, vous le partagerez avec moi. Non, je ne cède pas à de légères et à de trompeuses espérances. Ce qui m'appelle, c'est le peuple romain, ce peuple à qui les dieux ont donné l'empire absolu du monde; c'est l'empire lui-même qui flotte sans pilote et sans appui. Tout nous répond du succès, puisque la multitude est pour nous, et que nous ne pouvons trouver ni obstacle ni résistance. D'après les rapports qui nous viennent de l'Italie, Julien ne peut compter sur les soldats qui lui ont vendu l'empire : ils lui reprochent de lui avoir manqué de parole. C'est à vous maintenant de me déclarer vos sentiments. » XXX. Dès qu'il eut achevé de parler, tous les soldats et le peuple le proclamèrent empereur et auguste. Ils le couvrent de la pourpre impériale, rassemblent à la hâte tous les autres insignes de la royauté, l'en décorent et le conduisent en faisant porter le feu devant lui, d'abord dans tous les temples d'Antioche, ensuite dans sa maison, qu'ils avaient ornée au dehors de tous les emblèmes de la puissance, ne la considérant déjà plus comme le séjour d'un particulier. XXXI. Niger était au comble de l'espérance et de la joie ; les dispositions du peuple romain, les témoignages d'affection qu'on lui prodiguait en Syrie, tout semblait lui assurer la possession du trône. Dès que le bruit des événements dont Antioche avait été le théâtre se fut répandu parmi les nations de l'Orient, elles s'empressèrent toutes de venir lui rendre hommage ; et de ces contrées diverses arrivaient à Antioche des ambassadeurs, comme vers un roi déjà reconnu. On vit même les satrapes et les princes des pays situés au delà de l'Euphrate et du Tigre lui adresser, par des envoyés, des félicitations et des offres de secours ; Niger combla ces députés de présents magnifiques; il les chargea de remercier leurs maîtres du zèle qu'ils lui témoignaient et de leur dire qu'il n'avait pas besoin d'auxiliaires, que son empire était assuré, et qu'il régnerait sans verser du sang. XXXII. La confiance que lui inspirèrent ces premiers succès le fit tomber dans une molle nonchalance ; au lieu d'agir, il se livra à des plaisirs frivoles ; il donna au peuple d'Antioche des spectacles et des fêtes. Il ne se hâta pas de marcher sur Rome, ce qui était son premier devoir. Il aurait dû se rendre auprès des troupes d'Illyrie, pour les attacher à sa cause, et il négligea même de leur faire annoncer ce qui s'était passé à Antioche, espérant sans doute qu'à la première nouvelle de ces événements, ils partageraient les voeux de Rome, et suivraient le parti des armées d'Orient.


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Dernière mise à jour : 26/04/2007