HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre II

Chapitre 4

  Chapitre 4

[2,4] ἐπεὶ δὲ διεφοίτησεν φήμη τῶν τε λεχθέντων ὑπ´ αὐτοῦ ἐν τῇ συγκλήτῳ καὶ τῶν πρὸς τὸν δῆμον γραφέντων, ὑπερήδοντο πάντες, σεμνὸν καὶ ἤπιον ἄρχοντα καὶ πατέρα, οὐ βασιλέα ἕξειν ἐλπίζοντες. τούς τε γὰρ στρατιώτας ἐκέλευσε παύσασθαι τῆς πρὸς τοὺς δημότας ὕβρεως καὶ μήτε πελέκεις φέρειν μετὰ χεῖρας μήτε παίειν τινὰ τῶν παριόντων, ἔς τε τὸ κόσμιον καὶ εὔτακτον μετάγειν πάντα ἐπειρᾶτο, ἔν τε ταῖς προόδοις καὶ τοῖς δικαστηρίοις πρᾶον καὶ ἥμερον ἦθος ἐπεδείκνυτο. καὶ τῆς Μάρκου ἀρχῆς ζήλῳ τε καὶ μιμήσει τοὺς μὲν πρεσβυτέρους ὑπομιμνήσκων εὔφραινε, τοὺς δ´ ἄλλους πάντας ἐξ ὠμῆς καὶ ἐφυβρίστου τυραννίδος ἐς σώφρονα καὶ ἀμέριμνον βίον μεταχθέντας ῥᾷστα ἐς εὔνοιαν ᾠκειώσατο. τῆς τε ἡμέρου ἀρχῆς φήμη διαθέουσα πάντα ἔθνη, ὅσα τε Ῥωμαίοις ὑπήκοα καὶ ὅσα φίλα, καὶ πάντα στρατόπεδα, ἐκθειάζειν αὐτοῦ τὴν ἀρχὴν ἔπειθεν. ἀλλὰ μὴν καὶ τῶν βαρβάρων, ὅσοι πρότερον ἀφηνίαζον ἐστασίαζον, φόβῳ τε καὶ μνήμῃ τῆς ἐν ταῖς προτέραις αὐτοῦ στρατείαις ἀρετῆς, πίστει τε γνώμης ὅτι μηδένα ἑκὼν ἀδικήσει ποτὲ ἑκάστῳ τὸ κατ´ ἀξίαν ἀπονέμων, χάριτος ἀπρεποῦς καὶ βίας ὠμῆς ἀλλότριος, ἑκόντες αὐτῷ προσεχώρουν. πρεσβεῖαί τε πανταχόθεν ἀφικνοῦντο συνηδομένων ἁπάντων τῇ Ῥωμαίων ὑπὸ Περτίνακι ἀρχῇ. οἱ μὲν οὖν ἄλλοι πάντες ἄνθρωποι καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ τῷ εὐτάκτῳ καὶ ἡμέρῳ τῆς βασιλείας ἔχαιρον. δὲ πάντας εὔφραινε, τοῦτο μόνους ἐλύπει τοὺς ἐν τῇ Ῥώμῃ στρατιώτας, οἳ δορυφορεῖν εἰώθασι τοὺς βασιλέας. κωλυόμενοι γὰρ ἁρπάζειν τε καὶ ὑβρίζειν ἔς τε τὸ εὔτακτον καὶ κόσμιον ἀνακαλούμενοι, τὸ πρᾶον καὶ ἥμερον τῆς ἀρχῆς ὕβριν αὑτῶν καὶ ἀτιμίαν καθαίρεσίν τε τῆς ἀνέτου ἐξουσίας νομίζοντες τὴν τῆς ἀρχῆς οὐκ ἔφερον εὐταξίαν. ἀλλὰ τὰ μὲν πρῶτα κατ´ ὀλίγον ὀκνηρούς τε καὶ ἀπειθεῖς αὑτοὺς τοῖς κελευομένοις παρεῖχον. τὸ δὲ τελευταῖον, οὐδ´ ὅλων μηνῶν δύο τῆς βασιλείας αὐτῷ προκεχωρηκυίας, ἐπιδειξαμένου τε ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ πολλὰ σώφρονα καὶ χρηστὰ ἔργα ἐλπίδων τε ἀγαθῶν τοῖς ἀρχομένοις ὑποφαινομένων ἐβάσκηνε πάντα καὶ ἀνέτρεψε πονηρὰ τύχη ἐκώλυσέ τε θαυμαστὰ καὶ ἐπωφελῆ τοῖς ὑπηκόοις ἔργα ἐς τέλος ἀχθῆναι. πρῶτον μὲν γὰρ πᾶσαν τὴν κατ´ Ἰταλίαν καὶ ἐν τοῖς λοιποῖς ἔθνεσιν ἀγεώργητόν τε καὶ παντάπασιν οὖσαν ἀργὸν ἐπέτρεψεν, ὁπόσην τις βούλεται καὶ δύναται, εἰ καὶ βασιλέως κτῆμα εἴη, καταλαμβάνειν, ἐπιμεληθέντι τε καὶ γεωργήσαντι δεσπότῃ εἶναι. ἔδωκέ τε γεωργοῦσιν ἀτέλειαν πάντων ἐς δέκα ἔτη καὶ διὰ παντὸς δεσποτείας ἀμεριμνίαν. τοῖς τε βασιλικοῖς κτήμασιν ἐκώλυσεν αὑτοῦ τοὔνομα ἐπιγράφεσθαι, εἰπὼν αὐτὰ οὐκ ἴδια τοῦ βασιλεύοντος εἶναι, ἀλλὰ κοινὰ καὶ δημόσια τῆς Ῥωμαίων ἀρχῆς. τέλη τε πάντα τὰ πρότερον ἐπὶ τῆς τυραννίδος ἐς εὐπορίαν χρημάτων ἐπινοηθέντα ἐπί τε ὄχθαις ποταμῶν καὶ λιμέσι πόλεων ἔν τε ὁδῶν πορείαις καταλύσας ἐς τὸ ἀρχαῖον καὶ ἐλεύθερον ἀφῆκεν. ἐμέλλησε δ´ ἂν ἔτι καὶ πλείονα, ὥς γε τὰ τῆς προαιρέσεως ἐνεδείκνυτο, εὐεργετήσειν τοὺς ὑπηκόους, ἐπεὶ καὶ τοὺς συκοφάντας τῆς πόλεως ἦν διώξας καὶ τοὺς πανταχόθεν κολασθῆναι κελεύσας, τοῦ μηδένα ἐπηρεάζεσθαι μηδὲ ματαίοις ἐγκλήμασι περιπίπτειν προνοούμενος. ἐν ἀδείᾳ τε καὶ μακαρίῳ βίῳ τε σύγκλητος μάλιστα καὶ οἱ λοιποὶ πάντες βιώσεσθαι προσεδόκων. οὕτω γὰρ μέτριος καὶ ἰσότιμος ἦν ὡς καὶ τὸν υἱὸν αὐτοῦ ἤδη μειράκιον ὄντα μηδὲ ἐς τὴν βασίλειον αὐλὴν ἀναγαγεῖν, ἀλλ´ ἔν τε τῇ πατρῴᾳ μένειν οἰκίᾳ, καὶ ἐς τὰ συνήθη προϊόντα διδασκαλεῖα καὶ γυμνάσια ἰδιωτεύοντα ὁμοίως τοῖς λοιποῖς παιδεύεσθαί τε καὶ πάντα πράττειν, οὐδαμοῦ τῦφον πομπὴν παρεχόμενον βασιλικήν. [2,4] Quand on connut le discours qu'il avait tenu dans le sénat et les lettres qu'il adressa au peuple, tous les citoyens espérèrent une domination sage et clémente, et crurent qu'ils avaient dans Pertinax trouvé un père plutôt qu'un empereur. Il commença par défendre aux soldats d'injurier et de maltraiter les citoyens. Il tâcha de rétablir partout l'ordre et la justice. XIII. Lorsqu'il paraissait en public, ou qu'il siégeait à son tribunal, il montrait beaucoup d'affabilité et de douceur. Il s'était proposé pour exemple Marc-Aurèle, et charmait tous les vieillards à qui il rappelait les vertus de ce bon prince. Rome avait passé tout à coup d'une tyrannie cruelle et violente à un règne sage et paisible ; aussi Pertinax n'eut-il point de peine à se concilier l'amour des citoyens ; lorsque la renommée eut publié les bienfaits de ce gouvernement paternel, on vit toutes les provinces, toutes les armées et tous les peuples alliés de l'empire romain, décerner au nom de Pertinax des honneurs divins. Les barbares mêmes qui avaient secoué le joug, ou qui méditaient de s'y soustraire, furent retenus par le seul souvenir de ses anciens triomphes. Pleins de confiance, d'ailleurs, dans son équité, et persuadés que jamais il ne se plairait sans motif à les traiter en ennemis, mais qu'à la fois éloigné de la faiblesse et de la cruauté, il rendrait à chacun la justice qui lui serait due, ils se soumirent volontairement à sa puissance. XIV. On vit en même temps arriver de toutes parts des ambassadeurs chargés de féliciter Rome sur son nouvel empereur. Mais ce gouvernement sage et modéré, qui, satisfaisant à la fois l'intérêt général et celui des particuliers, était chéri de tous les citoyens, fit cependant des mécontents : les cohortes prétoriennes, chargées de la garde des empereurs, habituées de tout temps au pillage et à la violence, et rappelées tout à coup à la discipline et à l'ordre, ne virent dans l'administration douce et paisible du nouveau prince, qu'une insulte, une preuve de mépris, et la perte de cette liberté dont ils avaient tant abusé. Cet état de choses leur devint insupportable. Ils commencèrent à montrer des dispositions à la désobéissance et à la révolte, et ne les firent éclater que trop tôt. Pertinax ne régnait que depuis deux mois ; dans ce court espace de temps, sa sagesse avait produit les plus grands biens, et tous les citoyens avaient conçu de ce règne le plus doux espoir, quand la fortune jalouse vint tout renverser, et empêcher le malheureux prince d'accomplir les admirables projets qu'il avait formés pour la félicité de son peuple. XV. D'abord il avait ordonné que toute terre inculte, située soit en Italie, soit dans les autres parties de l'empire, quand même elle serait du domaine de la couronne, deviendrait la propriété de tous ceux qui viendraient s'y établir pour la faire valoir; il les exemptait de toute contribution pendant dix ans, et leur promettait une entière sécurité pendant tout le temps de leur possession. Il défendit qu'on inscrivît sous son nom les terres du domaine impérial, disant que ces biens n'appartenaient pas à l'empereur, mais à l'empire et au peuple romain. Enfin il supprima tous les impôts que l'ingénieuse cupidité des tyrans avait établis sur le passage des fleuves, sur les ports, sur les grandes routes, et il replaça tout sur le pied de l'ancienne liberté. Ces heureux commencements faisaient présager d'autres bienfaits, non moins importants pour le bonheur public. XVI. Il avait chassé de Rome les délateurs, et ordonné qu'on les punit partout où on les découvrirait. Il voulait empêcher par cette mesure que les citoyens ne fussent exposés à la calomnie et poursuivis pour des accusations sans fondement. Aussi les sénateurs et tout le peuple se promettaient-ils de longues années de bonheur et de paix. Telle était la retenue de Pertinax et le soin avec lequel il évitait toute apparence de supériorité, qu'il éloigna toujours du palais son fils, déjà dans l'adolescence. Il le fit demeurer dans la maison paternelle, continua de l'envoyer dans les lycées pour y partager, comme l'enfant d'un simple particulier, l'éducation des jeunes Romains, sans permettre qu'aucune espèce de distinction, qu'aucune suite fastueuse leur fit reconnaître dans un condisciple le fils de l'empereur.


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Dernière mise à jour : 26/04/2007