[1,20] XX.
(1)<386> Μεταλαμβάνει δὲ αὐτὸν εὐθέως ἡ περὶ τῶν
ὅλων πραγμάτων φροντὶς διὰ τὴν πρὸς Ἀντώνιον
φιλίαν Καίσαρος περὶ Ἄκτιον νενικηκότος. Παρεῖχεν
μέντοι δέους πλέον ἢ ἔπασχεν· οὔπω γὰρ ἑαλωκέναι
Καῖσαρ Ἀντώνιον ἔκρινεν Ἡρώδου συμμένοντος.
<387> Ὅ γε μὴν βασιλεὺς ὁμόσε χωρῆσαι τῷ κινδύνῳ
διέγνω, καὶ πλεύσας εἰς Ῥόδον, ἔνθα διέτριβεν
Καῖσαρ, πρόσεισιν αὐτῷ δίχα διαδήματος, τὴν μὲν
ἐσθῆτα καὶ τὸ σχῆμα ἰδιώτης, τὸ δὲ φρόνημα
βασιλεύς· μηδὲν γοῦν τῆς ἀληθείας ὑποστειλάμενος
ἄντικρυς εἶπεν· <388> “ἐγώ, Καῖσαρ, ὑπὸ Ἀντωνίου
βασιλεὺς γενόμενος ἐν πᾶσιν ὁμολογῶ γεγονέναι
χρήσιμος Ἀντωνίῳ. Καὶ οὐδὲ τοῦτ' ἂν ὑποστειλαίμην
εἰπεῖν, ὅτι πάντως ἄν με μετὰ τῶν ὅπλων ἐπείρασας
εὐχάριστον, εἰ μὴ διεκώλυσαν Ἄραβες. Καὶ συμμαχίαν
μέντοι γε αὐτῷ κατὰ τὸ δυνατὸν καὶ σίτου πολλὰς
ἔπεμψα μυριάδας, ἀλλ' οὐδὲ μετὰ τὴν ἐν Ἀκτίῳ
πληγὴν κατέλιπον τὸν εὐεργέτην, <389> ἐγενόμην δὲ
σύμβουλος ἄριστος, ὡς οὐκέτι χρήσιμος ἤμην
σύμμαχος, μίαν εἶναι λέγων τῶν πταισθέντων
διόρθωσιν τὸν Κλεοπάτρας θάνατον· ἣν ἀνελόντι καὶ
χρήματα καὶ τείχη πρὸς ἀσφάλειαν καὶ στρατιὰν καὶ
ἐμαυτὸν ὑπισχνούμην κοινωνὸν τοῦ πρὸς σὲ πολέμου.
<390> Τοῦ δ' ἄρα τὰς ἀκοὰς ἀπέφραξαν οἱ Κλεοπάτρας
ἵμεροι καὶ θεὸς ὁ σοὶ τὸ κρατεῖν χαριζόμενος.
Συνήττημαι δ' Ἀντωνίῳ καὶ τέθεικα μετὰ τῆς ἐκείνου
τύχης τὸ διάδημα. Πρὸς σὲ δὲ ἦλθον ἔχων τὴν ἀρετὴν
τῆς σωτηρίας ἐλπίδα καὶ προλαβὼν ἐξετασθήσεσθαι,
ποταπὸς φίλος, οὐ τίνος, ἐγενόμην.”
(2)<391> Πρὸς ταῦτα Καῖσαρ “ἀλλὰ σώζου γε, ἔφη, καὶ
βασίλευε νῦν βεβαιότερον· ἄξιος γὰρ εἶ πολλῶν
ἄρχειν οὕτω φιλίας προιστάμενος. Πειρῶ δὲ καὶ τοῖς
εὐτυχεστέροις διαμένειν πιστός, ὡς ἔγωγε
λαμπροτάτας ὑπὲρ τοῦ σοῦ φρονήματος ἐλπίδας ἔχω.
Καλῶς μέντοι γε ἐποίησεν Ἀντώνιος Κλεοπάτρᾳ
πεισθεὶς μᾶλλον ἢ σοί· καὶ γὰρ σὲ κεκερδήκαμεν ἐκ
τῆς ἀνοίας αὐτοῦ. <392> Κατάρχεις δ', ὡς ἔοικεν,
εὐποιίας δι' ὧν μοι γράφει καὶ Βεντίδιος συμμαχίαν σε
πεπομφέναι πρὸς τοὺς μονομάχους αὐτῷ. Νῦν μὲν
οὖν δόγματι τὸ βέβαιόν σοι τῆς βασιλείας ἐξαγγέλλω.
Πειράσομαι δὲ καὶ αὖθις ἀγαθόν τί σε ποιεῖν, ὡς μὴ
ζητοίης Ἀντώνιον.”
(3)<393> Τούτοις φιλοφρονησάμενος τὸν βασιλέα καὶ
περιθεὶς αὐτῷ τὸ διάδημα δόγματι διεσήμαινεν τὴν
δωρεάν, ἐν ᾧ πολλὰ μεγαλοφρόνως εἰς ἔπαινον
τἀνδρὸς ἐφθέγξατο. Ὁ δὲ δώροις ἐπιμειλιξάμενος
αὐτὸν ἐξῃτεῖτό τινα τῶν Ἀντωνίου φίλων Ἀλεξᾶν
ἱκέτην γενόμενον· ἐνίκα δὲ ἡ Καίσαρος ὀργὴ πολλὰ
καὶ χαλεπὰ μεμφομένου τὸν ἐξαιτούμενον οἷς
διεκρούσατο τὴν δέησιν. <394> Μετὰ δὲ ταῦτα
πορευόμενον ἐπ' Αἴγυπτον διὰ Συρίας Καίσαρα παντὶ
τῷ βασιλικῷ πλούτῳ δεξάμενος Ἡρώδης τότε πρῶτον
καὶ συνιππάσατο ποιουμένου περὶ Πτολεμαίδα τῆς
δυνάμεως ἐξέτασιν εἱστίασέν τε σὺν ἅπασιν τοῖς
φίλοις· μεθ' οὓς καὶ τῇ λοιπῇ στρατιᾷ πρὸς εὐωχίαν
πάντα διέδωκεν. <395> Προυνόησεν δὲ καὶ διὰ τῆς
ἀνύδρου πορευομένοις μέχρι Πηλουσίου παρασχεῖν
ὕδωρ ἄφθονον ἐπανιοῦσί τε ὁμοίως, οὐδὲ ἔστιν ὅ τι
τῶν ἐπιτηδείων ἐνεδέησεν τῇ δυνάμει. Δόξα γοῦν
αὐτῷ τε Καίσαρι καὶ τοῖς στρατιώταις παρέστη πολλῷ
βραχυτέραν περιεῖναι Ἡρώδῃ βασιλείαν πρὸς ἃ
παρέσχεν. <396> Διὰ τοῦτο, ὡς ἧκεν εἰς Αἴγυπτον ἤδη
Κλεοπάτρας καὶ Ἀντωνίου τεθνεώτων, οὐ μόνον
αὐτοῦ ταῖς ἄλλαις τιμαῖς, ἀλλὰ καὶ τῇ βασιλείᾳ
προσέθηκεν τήν τε ὑπὸ Κλεοπάτρας ἀποτμηθεῖσαν
χώραν καὶ ἔξωθεν Γάδαρα καὶ Ἵππον καὶ Σαμάρειαν,
πρὸς δὲ τούτοις τῶν παραλίων Γάζαν καὶ Ἀνθηδόνα
καὶ Ἰόππην καὶ Στράτωνος πύργον· <397> ἐδωρήσατο δ'
αὐτῷ καὶ πρὸς φυλακὴν τοῦ σώματος τετρακοσίους
Γαλάτας, οἳ πρότερον ἐδορυφόρουν Κλεοπάτραν.
Οὐδὲν δὲ οὕτως ἐνῆγεν αὐτὸν εἰς τὰς δωρεὰς ὡς τὸ
μεγαλόφρον τοῦ λαμβάνοντος.
(4)<398> Μετὰ δὲ τὴν πρώτην ἀκτιάδα προστίθησιν
αὐτοῦ τῇ βασιλείᾳ τόν τε Τράχωνα καλούμενον καὶ
τὴν προσεχῆ Βαταναίαν τε καὶ τὴν Αὐρανῖτιν χώραν
ἐξ αἰτίας τοιᾶσδε· Ζηνόδωρος ὁ τὸν Λυσανίου
μεμισθωμένος οἶκον οὐ διέλειπεν ἐπαφεὶς τοὺς ἐκ τοῦ
Τράχωνος λῃστὰς Δαμασκηνοῖς. Οἱ δ' ἐπὶ Οὐάρρωνα
τὸν ἡγεμόνα τῆς Συρίας καταφυγόντες ἐδεήθησαν
δηλῶσαι τὴν συμφορὰν αὐτῶν Καίσαρι· Καῖσαρ δὲ
γνοὺς ἀντεπέστελλεν ἐξαιρεθῆναι τὸ λῃστήριον.
<399> Στρατεύσας οὖν Οὐάρρων καθαίρει τε τῶν
ἀνδρῶν τὴν γῆν καὶ ἀφαιρεῖται Ζηνόδωρον· ἣν
ὕστερον Καῖσαρ, ὡς μὴ γένοιτο πάλιν ὁρμητήριον τοῖς
λῃσταῖς ἐπὶ τὴν Δαμασκόν, Ἡρώδῃ δίδωσιν.
Κατέστησεν δὲ αὐτὸν καὶ Συρίας ὅλης ἐπίτροπον ἔτι
δεκάτῳ πάλιν ἐλθὼν εἰς τὴν ἐπαρχίαν, ὡς μηδὲν
ἐξεῖναι δίχα τῆς ἐκείνου συμβουλίας τοῖς ἐπιτρόποις
διοικεῖν. <400> Ἐπεὶ δὲ ἐτελεύτα Ζηνόδωρος,
προσένειμεν αὐτῷ καὶ τὴν μεταξὺ Τράχωνος καὶ τῆς
Γαλιλαίας γῆν ἅπασαν. Ὃ δὲ τούτων Ἡρώδῃ μεῖζον
ἦν, ὑπὸ μὲν Καίσαρος ἐφιλεῖτο μετ' Ἀγρίππαν, ὑπ'
Ἀγρίππα δὲ μετὰ Καίσαρα. Ἔνθεν ἐπὶ πλεῖστον μὲν
εὐδαιμονίας προύκοψεν, εἰς μεῖζον δ' ἐξήρθη φρόνημα
καὶ τὸ πλέον τῆς μεγαλονοίας ἐπέτεινεν εἰς
εὐσέβειαν.
| [1,20] XX.
1 <386> A peine ce danger disparu, il
trembla bientôt pour son existence même ; et cela
à cause de son amitié pour Antoine, que César
venait de vaincre à Actium. Il eut
cependant plus de crainte que de mal ; car tant
qu'Hérode restait fidèle à Antoine, César ne
jugeait pas celui-ci à sa merci. Cependant
le roi résolut d'aller au devant du péril ; il se rendit
à Rhodes, où séjournait César, et se présenta
devant lui sans diadème, dans le vêtement et
l'attitude d'un simple particulier, mais gardant la
fierté d’un roi ; car, sans rien altérer de la vérité, il
lui dit en face : « Fait roi par Antoine, César,
j'avoue qu’en toute occasion j'ai cherché à le
servir : je ne te cacherai même pas, que ma
reconnaissance l'aurait suivi jusque sur les
champs de bataille, si les Arabes ne m'en avaient
empêché ; cependant je lui ai envoyé des troupes
dans la mesure de mes forces et des milliers de
boisseaux de blé. Même après sa délaite
d'Actium, je n'ai pas abandonné mon bienfaiteur ;
ne pouvant plus être un allié utile, je fus pour lui le
meilleur des conseillers. Je lui représentai qu'il n'y
avait qu'un seul remède à ses désastres : la mort
de Cléopâtre ; elle tuée, je lui promettais mes
richesses, mes remparts pour sa sûreté, mes
troupes et moi-même, pour l'aider dans la guerre
qu'il te faisait. Mais les charmes de Cléopâtre et
Dieu qui t'accorde l'empire ont bouché ses
oreilles. J'ai été vaincu avec Antoine, et quand
tomba sa fortune, j'ai déposé le diadème. Je suis
venu vers toi, mettant dans mon innocence
l'espérance de mon salut, et présumant qu'on
examinera quel ami je fus et non pas de qui je l'ai été. »
2. <391> A cela César répondit : « Eh bien ! sois
donc pardonné, et règne désormais plus sûrement
qu'autrefois. Car tu es digne de régner sur
beaucoup d’hommes, toi qui respectes l'amitié à
ce point. Tâche de garder la même fidélité à ceux
qui sont plus heureux ; de mon côté, la grandeur
d'âme me fait concevoir les plus brillantes
espérances. Antoine a bien fait d'écouter les
conseils de Cléopâtre plutôt que les tiens : c’est à
sa folie que je dois le gain de ton alliance. Tu
inaugures déjà tes services, puisque si j'en crois
une lettre de Q. Didius, tu lui as envoyé
des secours contre les gladiateurs. Maintenant je
veux par un décret public confirmer ta royauté et
je m'efforcerai à l'avenir de te faire encore du bien,
pour que tu ne regrettes pas Antoine. »
3 <393> Ayant ainsi témoigné sa
bienveillance au roi et placé le diadème sur sa
tête, il confirma ce don par un décret où il faisait
longuement son éloge en termes magnifiques.
Hérode, après l'avoir adouci par des présents,
chercha à obtenir la grâce d'Alexas, un des amis
d'Antoine, venu en suppliant ; mais le
ressentiment de César fut le plus fort ; les
nombreux et graves griefs qu'il avait contre Alexas
firent repousser cette supplique. Quand ensuite
César se dirigea vers l'Égypte à travers la Syrie,
Hérode le reçut en déployant pour la première fois
un faste royal : il l'accompagna à cheval dans la
revue que César passa de ses troupes, près de
Ptolémaïs ; il lui offrit un festin à lui et à tous ses
amis ; au reste de l'armée il fit faire bonne chaire
de toute façon. Puis, quand les troupes
s'avancèrent jusqu'à Péluse à travers une région
aride, il prit soin de leur fournir l'eau en
abondance, et de même au retour ; par lui, en un
mot, l'armée ne manqua jamais du nécessaire.
César lui-même et les soldats estimaient que le
royaume d'Hérode était bien étroit, en proportion
des sacrifices qu’il faisait pour eux. Aussi, lorsque
César parvint en Égypte après la mort de
Cléopâtre et d'Antoine, non seulement il augmenta
tous les honneurs d'Hérode, mais il agrandit
encore son royaume en lui rendant le territoire que
Cléopâtre s'était approprié ; il y ajouta Gadara,
Hippos et Samarie ; en outre, sur le littoral, Gaza,
Anthédon, Joppé et la Tour de Straton. Il lui
donna, enfin, pour la garde de sa personne,
quatre cents Gaulois qui avaient d'abord été les
satellites de Cléopâtre. Rien n'excita d'ailleurs
cette générosité comme la fierté de celui qui en était l'objet.
4 <398> Après la première période
Actiaque, l’empereur ajouta au royaume
d'Hérode la contrée appelée Trachonitide et ses
voisines, la Batanée et l'Auranitide. En voici
l'occasion, Zénodore, qui avait loué le domaine de
Lysanias, ne cessait d'envoyer les brigands de la
Trachonitide contre les habitants de Damas.
Ceux-ci vinrent se plaindre auprès de Varron,
gouverneur de Syrie, et le prièrent d’exposer à
César leurs souffrances quand l'empereur les
apprit, il répondit par l'ordre d'exterminer ce nid de
brigands. Varron se mit donc en campagne,
nettoya le territoire de ces bandits et en
déposséda Zénodore : c'est ce territoire que
César donna ensuite à Hérode, pour empêcher
que les brigands n'en fissent de nouveau leur
place d'armes contre Damas. Il le nomma aussi
procurateur de toute la Syrie, quand, dix ans après
son premier voyage, il revint dans cette
province ; car il défendit que les
procurateurs pussent prendre aucune décision
sans son conseil. Quand enfin mourut Zénodore, il
donna encore à Hérode tout le territoire situé entre
la Trachonitide et la Galilée. Mais ce qu'Hérode
appréciait au-dessus de ces avantages, c'est qu'il
venait immédiatement après Agrippa dans
l'affection de César, après César dans celle
d'Agrippa. Grâce à cette faveur, sa prospérité
s'éleva au plus haut degré : son esprit croissait
dans la même mesure et presque toute son
ambition se tourna vers des œuvres de piété.
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