[1000] (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὃν πρῶτον ὑμῶν πρόγονον ἐξανῆκε γῆ;
1001 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τούτωι δίδωσι Παλλὰς ὄντι νεογόνωι
1002 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) τί χρῆμα; μέλλον γάρ τι προσφέρεις ἔπος.
1003 (ΚΡΕΟΥΣΑ) δισσοὺς σταλαγμοὺς αἵματος Γοργοῦς ἄπο.
1004 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἰσχὺν ἔχοντας τίνα πρὸς ἀνθρώπου φύσιν;
1005 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τὸν μὲν θανάσιμον, τὸν δ´ ἀκεσφόρον νόσων.
1006 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἐν τῶι καθάψας´ ἀμφὶ παιδὶ σώματος;
1007 (ΚΡΕΟΥΣΑ) χρυσέοισι δεσμοῖς· ὁ δὲ δίδως´ ἐμῶι πατρί.
1008 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) κείνου δὲ κατθανόντος ἐς ς´ ἀφίκετο;
1009 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ναί· κἀπὶ καρπῶι γ´ αὔτ´ ἐγὼ χερὸς φέρω.
1010 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) πῶς οὖν κέκρανται δίπτυχον δῶρον θεᾶς;
1011 (ΚΡΕΟΥΣΑ) κοίλης μὲν ὅστις φλεβὸς ἀπέσταξεν φόνος
1012 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) τί τῶιδε χρῆσθαι; δύναμιν ἐκφέρει τίνα;
1013 (ΚΡΕΟΥΣΑ) νόσους ἀπείργει καὶ τροφὰς ἔχει βίου.
1014 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὁ δεύτερος δ´ ἀριθμὸς ὧν λέγεις τί δρᾶι;
1015 (ΚΡΕΟΥΣΑ) κτείνει, δρακόντων ἰὸς ὢν τῶν Γοργόνος.
1016 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἐς ἓν δὲ κραθέντ´ αὐτὸν ἢ χωρὶς φορεῖς;
1017 (ΚΡΕΟΥΣΑ) χωρίς· κακῶι γὰρ ἐσθλὸν οὐ συμμείγνυται.
1018 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὦ φιλτάτη παῖ, πάντ´ ἔχεις ὅσων σε δεῖ.
1019 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τούτωι θανεῖται παῖς· σὺ δ´ ὁ κτείνων ἔσηι.
1020 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ποῦ καὶ τί δράσας; σὸν λέγειν, τολμᾶν δ´ ἐμόν.
1021 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἐν ταῖς Ἀθήναις, δῶμ´ ὅταν τοὐμὸν μόληι.
1022 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) οὐκ εὖ τόδ´ εἶπας· καὶ σὺ γὰρ τοὐμὸν ψέγεις.
1023 (ΚΡΕΟΥΣΑ) πῶς; ἆρ´ ὑπείδου τοῦθ´ ὃ κἄμ´ ἐσέρχεται;
1024 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) σὺ παῖδα δόξεις διολέσαι, κεἰ μὴ κτενεῖς.
1025 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὀρθῶς· φθονεῖν γάρ φασι μητρυιὰς τέκνοις.
1026 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) αὐτοῦ νυν αὐτὸν κτεῖν´, ἵν´ ἀρνήσηι φόνους.
1027 (ΚΡΕΟΥΣΑ) προλάζυμαι γοῦν τῶι χρόνωι τῆς ἡδονῆς.
1028 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) καὶ σόν γε λήσεις πόσιν ἅ σε σπεύδει λαθεῖν.
1029 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οἶσθ´ οὖν ὃ δρᾶσον· χειρὸς ἐξ ἐμῆς λαβὼν
1030 χρύσωμ´ Ἀθάνας τόδε, παλαιὸν ὄργανον,
1031 ἐλθὼν ἵν´ ἡμῖν βουθυτεῖ λάθραι πόσις,
1032 δείπνων ὅταν λήγωσι καὶ σπονδὰς θεοῖς
1033 μέλλωσι λείβειν, ἐν πέπλοις ἔχων τόδε
1034 κάθες βαλὼν ἐς πῶμα τῶι νεανίαι
1035 ἰδίαι γε, μή τι πᾶσι χωρίσας ποτόν,
1036 τῶι τῶν ἐμῶν μέλλοντι δεσπόζειν δόμων.
1037 κἄνπερ διέλθηι λαιμόν, οὔποθ´ ἵξεται
1038 κλεινὰς Ἀθήνας, κατθανὼν δ´ αὐτοῦ μενεῖ.
1039 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) σὺ μέν νυν εἴσω προξένων μέθες πόδα·
1040 ἡμεῖς δ´ ἐφ´ ὧι τετάγμεθ´ ἐκπονήσομεν.
1041 ἄγ´, ὦ γεραιὲ πούς, νεανίας γενοῦ
1042 ἔργοισι, κεἰ μὴ τῶι χρόνωι πάρεστί σοι.
1043 ἐχθρὸν δ´ ἐπ´ ἄνδρα στεῖχε δεσποτῶν μέτα
1044 καὶ συμφόνευε καὶ συνεξαίρει δόμων.
1045 τὴν δ´ εὐσέβειαν εὐτυχοῦσι μὲν καλὸν
1046 τιμᾶν· ὅταν δὲ πολεμίους δρᾶσαι κακῶς
1047 θέληι τις, οὐδεὶς ἐμποδὼν κεῖται νόμος.
1048 (ΧΟΡΟΣ) Εἰνοδία θύγατερ Δάματρος, ἃ τῶν
1049 νυκτιπόλων ἐφόδων ἀνάσσεις,
| [1000] LE VIEILLARD.
Le premier de tes ancêtres, sorti du sein de la Terre?
CRÉUSE.
A l'instant de sa naissance, il reçut de Pallas
LE VIEILLARD.
Quel don ? tu me fais bien attendre ce mot.
CRÉUSE.
Deux gouttes du sang de la Gorgone.
LE VIEILLARD.
Quelle en est la vertu sur l'homme ?
CRÉUSE.
L'une est un poison mortel, et l'autre un remède souverain.
LE VIEILLARD.
Par quel moyen le jeune Érichthonius put-il les conserver ?
CRÉUSE.
Dans un cercle d'or que la déesse attacha à son corps, et mon aïeul les transmit à mon père.
LE VIEILLARD.
Et après sa mort elles te sont parvenues?
CRÉUSE.
Oui ; et je les ai entre mes mains.
LE VIEILLARD.
Quelle est donc la nature de ce double présent de la déesse ?
CRÉUSE.
Celle des deux gouttes qui a coulé de la veine cave
LE VIEILLARD.
Quel en est l'usage? quelle est sa vertu?
CRÉUSE.
Chasse les maladies et entretient la vie.
LE VIEILLARD.
Et l'autre, quel est son effet ?
CRÉUSE.
1015 Elle donne la mort ; c'est le venin des serpents de la Gorgone.
LE VIEILLARD.
Les portes-tu ensemble, ou séparées?
CRÉUSE.
Séparées : le bon ne se mêle pas avec le mauvais.
LE VIEILLARD.
O fille chérie, tu as tout ce-qui t'est nécessaire.
CRÉUSE.
Ce poison tuera le fils; c'est à toi de le verser.
LE VIEILLARD.
Où? que faut-il faire? Parle, j'agirai.
CRÉUSE.
A Athènes, lorsqu'il sera dans mon palais.
LE VIEILLARD.
Ton avis n'est pas prudent, toi qui tout à l'heure blâmais le mien.
CRÉUSE
En quoi? Tu soupçonnes ce qui me vient aussi à l'esprit.
LE VIEILLARD.
Tu passeras pour avoir fait périr le fils, même sans l'avoir frappé;
CRÉUSE.
Il est vrai : on soupçonne aisément la haine dans le coeur d'une marâtre.
LE VIEILLARD.
C'est ici qu'il faut le faire périr, afin de pouvoir nier le meurtre.
CRÉUSE.
Ah ! je goûte d'avance le plaisir de la vengeance.
LE VIEILLARD.
Et ton époux ignorera que tu sais ce qu'il veut te cacher.
CRÉUSE.
1029 Sais-tu ce qu'il faut faire ? Reçois de ma main ce flacon en or, antique ouvrage de Minerve ; va dans le lieu où mon époux sacrifie en secret, et, sur la fin du festin, lorsqu'ils se disposeront à faire les libations aux dieux, verse ce poison dans la coupe du jeune homme, à lui seul, et non aux autres : réserve-le à celui qui prétend devenir maître de mon palais. S'il touche à ce breuvage, jamais il ne verra la célèbre Athènes ; mais il mourra ici.
LE VIEILLARD.
Rends-toi dans la maison des proxènes. Pour moi, j'exécuterai ce que tu m'as prescrit. Et vous, membres débiles, reprenez votre ancienne vigueur. Marchons contre l'ennemi de nos maîtres ; aidons-les à le faire périr, et à délivrer leur maison. Il est beau, dans la prospérité, d'être fidèle à la vertu ; mais, lorsqu'on veut frapper un ennemi, aucune loi ne doit arrêter notre bras.
LE CHOEUR, seul.
1048 Fille de Cérès, divine Hécate qui règnes sur les spectres nocturnes
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