[900] ἵνα μ´ ἐν λέχεσιν μελέαν μελέοις
901 ἐζεύξω τὰν δύστανον.
902 οἴμοι μοι· καὶ νῦν ἔρρει
903 πτανοῖς ἁρπασθεὶς θοίνα
904 παῖς μοι καὶ σοί.
905 τλᾶμον, σὺ δὲ καὶ κιθάραι κλάζεις
906 παιᾶνας μέλπων.
907 ὠή, τὸν Λατοῦς αὐδῶ,
908 ὅστ´ ὀμφὰν κληροῖς
909 πρὸς χρυσέους θάκους
910 καὶ γαίας μεσσήρεις ἕδρας.
911 ἐς φῶς αὐδὰν καρύξω·
912 Ἰὼ ἰὼ κακὸς εὐνάτωρ,
913 ὃς τῶι μὲν ἐμῶι νυμφεύται
914 χάριν οὐ προλαβὼν
915 παῖδ´ εἰς οἴκους οἰκίζεις·
916 ὁ δ´ ἐμὸς γενέτας καὶ σὸς ἀμαθὴς
917 οἰωνοῖς ἔρρει συλαθείς,
918 σπάργανα ματέρος ἐξαλλάξας.
919 μισεῖ ς´ ἁ Δᾶλος καὶ δάφνας
920 ἔρνεα φοίνικα παρ´ ἁβροκόμαν,
921 ἔνθα λοχεύματα σέμν´ ἐλοχεύσατο
922 Λατὼ Δίοισί σε κάποις.
923 (ΧΟΡΟΣ) οἴμοι, μέγας θησαυρὸς ὡς ἀνοίγνυται
924 κακῶν, ἐφ´ οἷσι πᾶς ἂν ἐκβάλοι δάκρυ.
925 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὦ θύγατερ, οἴκτου σὸν βλέπων ἐμπίμπλαμαι
926 πρόσωπον, ἔξω δ´ ἐγενόμην γνώμης ἐμῆς.
927 κακῶν γὰρ ἄρτι κῦμ´ ὑπεξαντλῶν φρενί,
928 πρύμνηθεν αἴρει μ´ ἄλλο σῶν λόγων ὕπο,
929 οὓς ἐκβαλοῦσα τῶν παρεστώτων κακῶν
930 μετῆλθες ἄλλων πημάτων κακὰς ὁδούς.
931 τί φήις; τίνα λόγον Λοξίου κατηγορεῖς;
932 ποῖον τεκεῖν φὴις παῖδα; ποῦ ´κθεῖναι πόλεως
933 θηρσὶν φίλον τύμβευμ´; ἄνελθέ μοι πάλιν.
934 (ΚΡΕΟΥΣΑ) αἰσχύνομαι μέν ς´, ὦ γέρον, λέξω δ´ ὅμως.
935 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὡς συστενάζειν γ´ οἶδα γενναίως φίλοις.
936 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἄκουε τοίνυν· οἶσθα Κεκροπίων πετρῶν
937 πρόσβορρον ἄντρον, ἃς Μακρὰς κικλήσκομεν;
938 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) οἶδ´, ἔνθα Πανὸς ἄδυτα καὶ βωμοὶ πέλας.
939 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἐνταῦθ´ ἀγῶνα δεινὸν ἠγωνίσμεθα.
940 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) τίν´; ὡς ἀπαντᾶι δάκρυά μοι τοῖς σοῖς λόγοις.
941 (ΚΡΕΟΥΣΑ) Φοίβωι ξυνῆψ´ ἄκουσα δύστηνον γάμον.
942 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὦ θύγατερ, ἆρ´ ἦν ταῦθ´ ἅ γ´ ἠισθόμην ἐγώ;
943 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὐκ οἶδ´· ἀληθῆ δ´ εἰ λέγεις φαίημεν ἄν.
944 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) νόσον κρυφαίαν ἡνίκ´ ἔστενες λάθραι.
945 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τότ´ ἦν ἃ νῦν σοι φανερὰ σημαίνω κακά.
946 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) κἆιτ´ ἐξέκλεψας πῶς Ἀπόλλωνος γάμους;
947 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἔτεκον· ἀνάσχου ταῦτ´ ἐμοῦ κλύων, γέρον.
948 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ποῦ; τίς λοχεύει ς´; ἢ μόνη μοχθεῖς τάδε;
949 (ΚΡΕΟΥΣΑ) μόνη κατ´ ἄντρον οὗπερ ἐζεύχθην γάμοις.
| [900] qui nous servit de couche nuptiale. Hélas ! mon fils et le tien est devenu la proie des bêtes sauvages. Et toi cependant, tu chantes des péans qu'accompagne le son de ta lyre.
Fils de Latone, qui du centre de la terre, assis sur ton trépied d'or, fais entendre aux mortels ta voix prophétique, mes cris parviendront jusqu'à ton oreille. Amant perfide, tu donnes un fils à mon époux, qui n'a pas mérité de toi cette faveur; et celui dont tu m'as rendue mère n'est sorti des langes dont je l'enveloppais que pour devenir la proie des vautours. Délos te déteste, ainsi que le laurier dont les rameaux se mêlèrent à la gracieuse chevelure du palmier, pour couronner le fruit des amours de Latone.
923 LE CHOEUR.
O dieux ! quelle mer de maux se découvre à nos yeux ! à ces plaintes touchantes, qui pourrait retenir ses larmes?
LE VIEILLARD.
925 Ma fille, je ne puis me lasser de te voir, je me sens transporté hors de moi. A peine mon âme avait-elle échappé à un orage de malheurs, que ton récit, comme une vague nouvelle, venait me replonger dans l'abîme : aux maux présents tu fais succéder de nouvelles calamités. Que dis-tu ? de quel crime accuses-tu Apollon? quel est cet enfant que tu dis avoir mis au monde ? en quels lieux l'as-tu exposé, s'il est devenu la proie des bêtes sauvages? Reviens sur cette triste aventure.
934 CRÉUSE.
J'ai honte de m'expliquer devant toi, vieillard; cependant je parlerai.
LE VIEILLARD.
Je sais compatir aux maux de mes amis.
CRÉUSE.
Écoute donc ; tu connais cet antre creusé dans le rocher de Cécrops, cet antre exposé au souffle de Borée, et que nous appelons Macra.
LE VIEILLARD.
Je connais cette grotte, où est le sanctuaire de Pan, non loin d'un autel.
CRÉUSE.
C'est là que j'ai soutenu une lutte déplorable.
LE VIEILLARD.
940 Laquelle ? à tes paroles les pleurs coulent de mes yeux.
CRÉUSE.
J'y formai malgré moi avec Apollon une union funeste.
LE VIEILLARD.
O ma fille, c'était donc là ce que j'avais pressenti ?
CRÉUSE.
Je ne sais : mais si tu dis vrai, je l'avouerai franchement.
LE VIEILLARD.
Ce mal secret dont tu gémissais en silence?....
CRÉUSE.
C'était celui que je te dévoile à présent.
LE VIEILLARD.
Comment as-tu caché ton commerce avec Apollon ?
CRÉUSE.
Je devins mère. Écoute-moi avec indulgence, vieillard.
LE VIEILLARD.
Où? qui t'assista dans les douleurs de l'enfantement? étais-tu seule à les supporter?
CRÉUSE.
J'étais seule dans la grotte où le dieu m'avait possédée.
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