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[59,14] ταῦτά τε ἅμα ὡς καὶ πάνυ πενόμενος ἐφόνευε, καί τινα καὶ
ἕτερον τοιόνδε χρηματισμὸν ἐπεξεῦρε. τοὺς γὰρ περιγενομένους
τῶν μονομάχων τοῖς τε ὑπάτοις καὶ τοῖς στρατηγοῖς τοῖς τε ἄλλοις,
οὐχ ὅτι τοῖς ἐθέλουσιν, ἀλλὰ καὶ {τοὺς} πάνυ ἄκοντάς τινας βιαζόμενος
ἐν ταῖς ἱπποδρομίαις καὶ τὰ τοιαῦτα ποιεῖν, καὶ δὴ καὶ
τοῖς ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο κληρουμένοις ὅτι μάλιστα (δύο γὰρ στρατηγοὺς
ἐς τοὺς ὁπλομαχικοὺς ἀγῶνας, ὥσπερ ποτὲ ἐγίγνετο, λαγχάνειν
ἐκέλευσε) πάντως ἐπιτιμῶν ἀπεδίδοτο, αὐτός τε ἐπὶ τοῦ
πρατηρίου καθεζόμενος καὶ αὐτὸς ὑπερβάλλων. πολλοὶ δὲ καὶ
ἄλλοθεν ἀφικνούμενοι ἀντωνοῦντο αὐτούς, καὶ μάλισθ´ ὅτι ἐπέτρεψε
τοῖς βουλομένοις καὶ ὑπὲρ τὸν νόμον τῷ ἀριθμῷ τῶν μονομαχούντων
χρῆσθαι, καὶ πολλάκις καὶ αὐτὸς ἐπεφοίτα σφίσιν,
ὥσθ´ οἱ μὲν καὶ δεόμενοι τῶν ἀνθρώπων, οἱ δὲ χαριεῖσθαι αὐτῷ
νομίζοντες, καὶ οἵ γε πλείους, ὅσοι ἐν δόξῃ περιουσίας ἦσαν, ἀναλῶσαί
τι τῶν ὑπαρχόντων ἐπὶ τῇ προφάσει ταύτῃ, ὅπως πενέστεροι
γενόμενοι περισωθῶσιν, ἐθέλοντες, μεγάλων αὐτοὺς χρημάτων
ἠγόρασαν. καίτοι τοῦτο ποιήσας ἔπειτα τούς τε ἀρίστους
καὶ τοὺς ἐνδοξοτάτους σφῶν φαρμάκῳ διέφθειρε. τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο
καὶ ἐπὶ τῶν ἵππων τῶν τε ἡνιόχων τῶν ἀντιστασιωτῶν ἐποίει.
ἰσχυρῶς γὰρ τῷ τὴν βατραχίδα ἐνδύνοντι καὶ διὰ τοῦτ´ ἀπὸ τοῦ
χρώματος τοῦ πρασίνου καλουμένῳ προσέκειτο, ὥστε καὶ νῦν ἔτι
Γαϊανὸν ἐπ´ αὐτοῦ τὸ χωρίον ἐν ᾧ τὰ ἅρματα ἤσκει καλεῖσθαι.
καὶ ἕνα γε τῶν ἵππων, ὃν Ἰγκιτᾶτον ὠνόμαζε, καὶ ἐπὶ δεῖπνον
ἐκάλει, χρυσᾶς τε αὐτῷ κριθὰς παρέβαλλε, καὶ οἶνον ἐν χρυσοῖς
ἐκπώμασι προύπινε, τήν τε σωτηρίαν αὐτοῦ καὶ τὴν τύχην ὤμνυε,
καὶ προσυπισχνεῖτο καὶ ὕπατον αὐτὸν ἀποδείξειν. καὶ πάντως
ἂν καὶ τοῦτ´ ἐπεποιήκει, εἰ πλείω χρόνον ἐζήκει.
| [59,14] Il commit tous ces meurtres à la fois, comme
réduit à la dernière pauvreté, et imagina un autre moyen
que voici de se procurer de l'argent. Il vendait à un prix
tout à fait exorbitant les gladiateurs qui survivaient aux
consuls, aux préteurs et aux autres citoyens, non seulement
lorqu'ils y étaient consentants, mais même en
imposant, dans les jeux du cirque, à quelques-uns, qui
s'y refusaient absolument, l'obligation de ce marché,
surtout à ceux que le sort se trouvait avoir désignés pour
cela (deux préteurs, d'après son ordre, tirèrent, comme
cela se pratiquait autrefois, à qui donnerait les combats
de gladiateurs), se tenant lui-même assis devant la haste,
poussant lui-même les enchères. Une foule de personnes
arrivant d'autres lieux achetaient ces gladiateurs,
attendu surtout que Caius permit à qui voulait d'en
avoir un plus grand nombre que ne l'autorisait la loi, et
que souvent lui-même il se rendait au milieu d'eux ; en
sorte que les uns, par besoin de gladiateurs, les autres
dans la pensée d'être agréables au prince, la plupart de
ceux qui passaient pour riches dans le désir de dépenser
sous ce prétexte une partie de ce qu'ils possédaient, afin
de mettre leur vie en sûreté en devenant plus pauvres,
achetèrent à grand prix. Malgré cela, il n'en fit pas moins,
dans la suite, périr par le poison ceux de ces gladiateurs
qui avaient le plus d'habileté et le plus de renommée. Il
fit la même chose pour les chevaux et pour les cochers
de ses adversaires. Il était, en effet, si grand partisan de
la faction qui portait le costume grenouille et que, pour
cette raison, on appelait les Verts de la couleur de leur
costume, qu'aujourd'hui encore on appelle, du nom de
ce prince, Champ de Caius le lieu où cette faction exerçait
ses attelages. ll allait même jusqu'à prier à souper un
de ses chevaux, nommé "Incitatus", à lui servir de l'orge
dorée, et à lui donner à boire du vin dans des coupes d'or;
de plus, il jurait par le salut et la fortune de ce cheval,
et promettait même de le créer consul, chose qu'il n'aurait
pas manqué de faire, s'il avait vécu plus longtemps.
| [59,15] ἐς δ´ οὖν τοὺς πόρους τῶν χρημάτων πρότερον μὲν ἐψήφιστο
ὅπως ὅσοι τινὰ τῷ Τιβερίῳ καταλιπεῖν ἐθελήσαντες περιῆσαν, τῷ
Γαΐῳ αὐτὰ τελευτῶντες χαρίσωνται· ἵνα γὰρ δὴ καὶ παρὰ τοὺς
νόμους καὶ κληρονομεῖν καὶ δωρήματα τοιαῦτα λαμβάνειν, ὅτι
μήτε γυναῖκα τότε γε μήτε παῖδας εἶχε, δύνασθαι δοκῇ, δόγμα τι
προέθετο. ἐν δὲ τῷ παρόντι πάσας ἁπλῶς τὰς τῶν ἐν τοῖς ἑκατοντάρχοις
ἐστρατευμένων οὐσίας, ὅσοι μετὰ τὰ ἐπινίκια ἃ ὁ πατὴρ
αὐτοῦ ἔπεμψεν ἄλλῳ τινὶ αὐτὰς καὶ μὴ τῷ αὐτοκράτορι κατελελοίπεσαν,
αὐτὸς ἑαυτῷ καὶ ἄνευ ψηφίσματος ἐσέπραξε. καὶ ἐπειδὴ
μηδὲ ταῦτα ἐξικνεῖτο, τρίτην τοιαύτην ἀφορμὴν ἀργυρισμοῦ ἐπενόησε.
Γναῖος Δομίτιος Κορβούλων βουλευτής, κακῶς ἐπὶ τοῦ
Τιβερίου τὰς ὁδοὺς ἐχούσας ὁρῶν, τοῖς τε ἐπιμεληταῖς αὐτῶν ἀεί
ποτε ἐνέκειτο, καὶ προσέτι καὶ τῇ γερουσίᾳ ὀχληρὸς ὑπὲρ αὐτῶν
ἐγίγνετο. τοῦτον οὖν παραλαβὼν ἐπέθετο δι´ αὐτοῦ πᾶσιν οὐχ ὅτι
τοῖς ζῶσιν ἀλλὰ καὶ τοῖς τεθνηκόσιν, ὅσοι ποτὲ ἐπιστάται τῶν
ὁδῶν ἐγεγόνεσαν καὶ χρήματα ἐς τὰς ἐπισκευὰς αὐτῶν εἰλήφεσαν,
καὶ ἐκείνους τε καὶ τοὺς ἐργολαβήσαντάς τι παρ´ αὐτῶν ὡς οὐδὲν
δὴ δαπανήσαντας ἐζημίου. ἐφ´ οὗ δὴ ὁ Κορβούλων τότε μὲν ὑπάτευσεν,
ὕστερον δὲ ἐπὶ Κλαυδίου αἰτίαν τε ἔσχε καὶ εὐθύνθη· ὁ
γὰρ Κλαύδιος οὔτε τὰ ἐποφειληθέντα ἀπῄτησε, καὶ τὰ δεδομένα,
τὰ μὲν ἐκ τοῦ δημοσίου τὰ δὲ καὶ παρ´ αὐτοῦ τοῦ Κορβούλωνος
ἐσπράξας, ἀπέδωκε τοῖς ζημιωθεῖσι. τοῦτο μὲν ὕστερον ἐγένετο·
τότε δ´ οὗτοί τε ὡς ἕκαστοι καὶ οἱ ἄλλοι πάντες ὡς εἰπεῖν οἱ ἐν
τῇ πόλει τρόπον τινὰ ἀπεσυλῶντο, καὶ ἀζήμιος τῶν γέ τι ἐχόντων
οὐδείς, οὐκ ἀνὴρ οὐ γυνή, ἦν. καὶ γὰρ εἴ τινα τῶν ἀφηλικεστέρων
ζῆν εἴα, ἀλλὰ πατέρας τε καὶ πάππους μητέρας τε καὶ τήθας σφᾶς
ὀνομάζων ζῶντάς τε ἐξεκαρποῦτο καὶ τελευτῶντας τῶν οὐσιῶν
ἐκληρονόμει.
| [59,15] On avait décrété, afin de se procurer de l'argent,
que tous ceux qui survivaient des citoyens ayant eu
l'intention de léguer quelque chose à Tibère, le donneraient
en mourant à Caius; c'est lui qui proposa un
sénatus-consulte à ce sujet, pour pouvoir paraître ne pas
contrevenir aux lois en recevant des héritages et des legs
de cette nature, vu qu'il n'avait alors ni femme ni enfants.
Pour le moment, il s'appropria purement et simplement,
de sa propre autorité et sans aucun décret, tous les legs
faits par des centurions, depuis le triomphe de son père,
à d'autres qu'à l'empereur. Comme ces moyens étaient
encore insuffisants, il imagina une troisième manière de
se procurer de l'argent. Un sénateur, Cn. Domitius Corbulon,
voyant que, sous Tibère, les routes avaient été
mal entretenues, ne cessait d'en poursuivre les curateurs,
et s'était même, par ces instances, rendu odieux au
sénat. Caius se servit de lui pour chercher querelle à
tous ceux qui avaient pris soin des routes et avaient
reçu de l'argent pour les réparer, et, vivants ou morts,
il leur infligea une amende, à eux et à ceux qui avaient
été chargés de cette entreprise sous leurs ordres, comme
n'ayant rien dépensé. Corbulon, en raison de cette conduite,
obtint alors le consulat, mais, plus tard, sous
Claude, il fut mis en accusation et il eut à rendre ses
comptes. Claude, en effet, non seulement ne réclama pas
les sommes dues, mais, de plus, il restitua, partie aux
dépens du trésor public, partie aux dépens de Corbulon
lui-même, les sommes payées par ceux qui avaient encouru
l'amende. Mais cela n'eut lieu que plus tard ; pour
le moment, chacun d'eux, et, pour ainsi dire, tous
les autres habitants de Rome furent en quelque sorte
dépouillés, et aucun, du moins de ceux qui possédaient
quelque fortune, ne fut à l'abri de ces exactions, homme
ou femme. Car, s'il laissait la vie à quelques gens d'un
âge avancé, Caius, en leur donnant les noms de pères,
de mères et d'aïeuls, prélevait, de leur vivant, le revenu
de leurs biens, et, après leur mort, s'emparait de leur héritage.
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