[20,54] Ἀγαθοκλῆς γὰρ πυθόμενος τοὺς προειρημένους
δυνάστας ἀνῃρημένους διάδημα καὶ νομίζων μήτε
δυνάμεσι μήτε χώρᾳ μήτε τοῖς πραχθεῖσι λείπεσθαι
τούτων ἑαυτὸν ἀνηγόρευσε βασιλέα. καὶ διάδημα μὲν
οὐκ ἔκρινεν ἔχειν· ἐφόρει γὰρ αἰεὶ στέφανον, ὃν κατὰ
τὴν ἐπίθεσιν τῆς τυραννίδος ἔκ τινος ἱερωσύνης περικείμενος
οὐκ ἀπέθετο περὶ τῆς δυναστείας ἀγωνιζόμε νος· ἔνιοι δέ φασιν
αὐτὸν ἐπιτετηδεῦσθαι τοῦτον ἐξ
ἀρχῆς φορεῖν ἐπὶ τῷ μὴ λίαν αὐτὸν εὐχαίτην εἶναι.
οὐ μὴν ἀλλὰ τῆς προσηγορίας ταύτης ἄξιόν τι σπεύδων πρᾶξαι
ἐπὶ μὲν Ἰτυκαίους ἐστράτευσεν ἀφεστηκό τας· ἄφνω δ´ αὐτῶν τῇ
πόλει προσπεσὼν καὶ τῶν ἐπὶ
τῆς χώρας ἀπειλημμένων πολιτικῶν ζωγρήσας εἰς τριακοσίους
τὸ μὲν πρῶτον διδοὺς ἄφεσιν τῶν ἐγκλημάτων
ἠξίου παραδιδόναι τὴν πόλιν· οὐ προσεχόντων δὲ τῶν
ἔνδον συνεπήγνυε μηχανὴν καὶ κρεμάσας ἐπ´ αὐτῇ
τοὺς αἰχμαλώτους προσήγαγε τοῖς τείχεσιν. οἱ δ´ Ἰτυκαῖοι τοὺς
μὲν ἠτυχηκότας ἠλέουν, πλείονα δὲ λόγον
τῆς τῶν ἁπάντων ἐλευθερίας ἢ τῆς ἐκείνων σωτηρίας
ποιούμενοι διέλαβον τὰ τείχη τοῖς στρατιώταις καὶ τὴν
πολιορκίαν εὐγενῶς ὑπέμενον. εἶθ´ ὁ μὲν Ἀγαθοκλῆς
ἐπιστήσας τῇ μηχανῇ τούς τε ὀξυβελεῖς καὶ σφενδονήτας
καὶ τοξότας ἀπὸ ταύτης ἀγωνιζόμενος ἤρχετο τῆς
πολιορκίας καὶ ταῖς ψυχαῖς τῶν ἔνδον ὥσπερ καυτήριά
τινα προσῆγεν· οἱ δ´ ἐπὶ τῶν τειχῶν ἑστῶτες τὸ μὲν
πρῶτον ὤκνουν τοῖς βέλεσι χρήσασθαι, προκειμένων
αὐτοῖς σκοπῶν πολιτικῶν ἀνδρῶν, ὧν ἦσάν τινες καὶ
τῶν ἐπιφανεστάτων· ἐπικειμένων δὲ τῶν πολεμίων
βαρύτερον ἠναγκάζοντο τοὺς ἐπὶ τῆς μηχανῆς ὄντας
ἀμύνεσθαι. ἔνθα δὴ συνέβαινε γίνεσθαι παράλογα
πάθη τοῖς Ἰτυκαίοις καὶ τύχης ἐπηρεασμὸν ἐν ἀνάγκαις
κειμένοις ἀνεκφεύκτοις· προβεβλημένων γὰρ τῶν
Ἑλλήνων τοὺς ἡλωκότας τῶν ἐξ Ἰτύκης ἀναγκαῖον ἦν
ἢ τούτων φειδομένους περιορᾶν ὑποχείριον τοῖς πολεμίοις
γινομένην τὴν πατρίδα ἢ τῇ πόλει βοηθοῦντας
ἀνηλεῶς φονεῦσαι πλῆθος πολιτῶν ἠτυχηκότων. ὅπερ
καὶ συνέβη γενέσθαι· ἀμυνόμενοι γὰρ τοὺς πολεμίους
καὶ παντοίοις βέλεσι χρώμενοι καὶ τὰ τῶν ἐφεστηκότων τῇ
μηχανῇ σώματα κατῃκίσαντο καὶ τινὰς μὲν
τῶν κρεμαμένων πολιτῶν κατηκόντισαν, τινὰς δὲ τοῖς
ὀξυβελέσι πρὸς τῇ μηχανῇ προσκαθήλωσαν καθ´ οὕς
ποτε τύχοι τοῦ σώματος τόπους, ὥστε σταυρῷ παραπλησίαν
εἶναι τὴν ὕβριν ἅμα καὶ τὴν τιμωρίαν. καὶ ταῦτ´ ἐγίνετό
τισιν ὑπὸ συγγενῶν ἢ φίλων, εἰ τύχοι, τῆς ἀνάγκης
οὐ πολυπραγμονούσης τι τῶν παρ´ ἀνθρώποις ὁσίων.
| [20,54] Lorsque Agathocle apprit que les souverains que
nous venons de nommer, avaient pris le diadème, il prit
également le titre de roi, car il ne se croyait point inférieur
aux autres, ni par l'étendue de ses États ni par l'éclat
de ses actions. Cependant il ne se ceignit point du diadème,
car il portait toujours, depuis son avénement à la
tyrannie, une couronne sur la tête, emblème d'une dignité
sacerdotale, et il ne l'avait jamais quittée depuis qu'il
avait combattu pour le maintien de son autorité. Quelques-uns
prétendent que c'était à dessein qu'il portait
cette couronne afin de cacher sa calvitie. Quoi qu'il en
soit, pour justifier l'éclat du titre qu'il venait de prendre,
il entreprit une expédition contre les habitants d'Utique
qui s'étaient révoltés ; il attaqua soudain leur ville, fit environ
trois cents prisonniers parmi les citoyens qui étaient
restés à la campagne, puis il promit une amnistie dans le
cas où on lui livrerait la ville. Cette offre ayant été refusée,
Agathocle construisit une machine à laquelle il
suspendit tous les prisonniers, et la fit approcher des murs
de la ville. Les habitants d'Utique furent touchés de
commisération à la vue de leurs malheureux concitoyens ;
mais, préférant la liberté de tous à la conservation de
quelques-uns, ils mirent les murs en état de défense, et
soutinrent vaillamment le siége. Agathocle établit alors
sur cette machine des frondeurs et des archers, d'où ils
lancèrent des projectiles contre les assiégés qu'ils rem-
plirent des plus cruelles angoisses. Les défenseurs postés
sur les murs hésitèrent d'abord à se servir de leurs armes
qui auraient frappé leurs concitoyens, parmi lesquels s'en
trouvaient quelques-uns de la plus grande distinction ;
mais, de plus en plus vivement pressés par l'ennemi, ils
se virent forcés de se défendre contre les assaillants. Cette
nécessité causa aux habitants d'Utique la plus profonde
affliction, d'autant plus qu'elle était irrémédiable. En effet,
les Grecs s'étant placés derrière les prisonniers d'Utique,
il fallait ou, en épargnant des concitoyens, laisser tomber
la patrie au pouvoir de l'ennemi, ou, en secourant la
ville, tuer impitoyablement un grand nombre d'infortunés.
C'est ce dernier événement qui eut lieu. Les assiégés se
servirent donc de leurs armes contre les ennemis, et, en
frappant ceux-ci, ils frappèrent en même temps leurs concitoyens
suspendus à la machine; quelques-uns de ces
derniers y furent cloués par des flèches, et subirent en
quelque sorte le supplice de la croix; et ce supplice cruel
leur était infligé par les mains de leurs parents ou de leurs
amis! La nécessité ne leur permettait pas même de respecter
ce qu'il y a de plus sacré parmi les hommes.
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