[20,31] ἡ δὲ τῶν Καρχηδονίων στρατιὰ μετὰ τὴν γενομένην
συμφορὰν μαθοῦσα τὴν αἰτίαν τῶν ἀτυχημάτων μόγις ἀπηλλάγη
τῶν φόβων. ἀναρχίας δ´ οὔσης διέστησαν οἱ βάρβαροι
πρὸς τοὺς Ἕλληνας. οἱ μὲν οὖν φυγάδες μετὰ τῶν
λοιπῶν Ἑλλήνων Δεινοκράτην στρατηγὸν ἀπέδειξαν,
οἱ δὲ Καρχηδόνιοι τοῖς δευτερεύουσι {τῇ} μετὰ τὸν
στρατηγὸν τιμῇ τὴν ἡγεμονίαν ἐνεχείρισαν.
Καθ´ ὃν δὴ χρόνον Ἀκραγαντῖνοι θεωροῦντες τὴν
ἐν Σικελίᾳ κατάστασιν εὐφυεστάτην οὖσαν πρὸς ἐπίθεσιν
ἠμφισβήτησαν τῆς κατὰ τὴν νῆσον ἡγεμονίας·
ὑπελάμβανον γὰρ Καρχηδονίους μὲν μόγις ἀνθέξειν
τῷ πρὸς Ἀγαθοκλέα πολέμῳ, Δεινοκράτην δ´ εὐκατα γώνιστον
εἶναι συνηθροικότα φυγαδικὴν στρατιάν,
τοὺς δ´ ἐν ταῖς Συρακούσσαις θλιβομένους τῇ σιτοδείᾳ
μηδ´ ἐγχειρήσειν ἀμφισβητεῖν τῶν πρωτείων, τὸ δὲ
μέγιστον, τὴν στρατείαν ἑαυτῶν ποιουμένων ἐπ´ ἐλευθερώσει
τῶν πόλεων ἀσμένως ἅπαντας ὑπακούσεσθαι
διά τε τὸ πρὸς τοὺς βαρβάρους μίσος καὶ διὰ τὴν
ἔμφυτον πᾶσιν ἐπιθυμίαν τῆς αὐτονομίας. οὗτοι μὲν
οὖν ἑλόμενοι στρατηγὸν Ξενόδικον καὶ τὴν ἁρμόζουσαν
δόντες δύναμιν ἐξέπεμψαν ἐπὶ τὸν πόλεμον· ὁ δὲ
παραχρῆμα ἐπὶ τὴν Γέλαν ὁρμήσας καὶ διά τινων
ἰδιοξένων νυκτὸς εἰσαχθεὶς ἐκυρίευσε τῆς πόλεως ἅμα
καὶ δυνάμεως ἁδρᾶς καὶ χρημάτων. ἐλευθερωθέντες
οὖν οἱ Γελῷοι προθυμότατα πανδημεὶ συστρατεύοντες
ἠλευθέρουν τὰς πόλεις. διαβοηθείσης δὲ τῆς τῶν Ἀκραγαντίνων
ἐπιβολῆς κατὰ πᾶσαν τὴν νῆσον ἐνέπεσεν
ὁρμὴ ταῖς πόλεσι πρὸς τὴν ἐλευθερίαν. καὶ πρῶτοι
μὲν Ἐνναῖοι πέμψαντες τὴν πόλιν τοῖς Ἀκραγαντίνοις
παρέδωκαν· οἱ δὲ ταύτην ἐλευθερώσαντες παρῆλθον
ἐπὶ τὸν Ἐρβησσόν, φρουρᾶς ἐν αὐτῷ παραφυλαττούσης τὴν
πόλιν. γενομένης δὲ μάχης ἰσχυρᾶς καὶ
τῶν πολιτικῶν συνεργησάντων συνέβη τὴν φρουρὰν
ἁλῶναι καὶ πολλοὺς μὲν πεσεῖν τῶν βαρβάρων, εἰς
πεντακοσίους δὲ θεμένους τὰ ὅπλα παραδοῦναι σφᾶς αὐτούς.
| [20,31] L'armée des Carthaginois eut beaucoup de peine
à se remettre de la terreur que venait de lui inspirer sa
défaite dont elle n'ignorait pas la cause. Étant sans chef,
les Barbares et les Grecs se divisèrent sur le choix d'un
général. Les exilés, réunis aux autres Grecs, nommèrent
Dinocrate; tandis que les Carthaginois désignèrent au
commandement ceux qui, après Amilcar, occupaient le
second rang. A cette époque les Agrigentins, attentifs aux
événements arrivés en Sicile, jugèrent l'occasion favorable
pour prétendre à la suprématie de l'île. En effet, ils se
flattaient que les Carthaginois ne pourraient guère continuer
à tenir tête à Agathocle; que d'un autre côté Dinocrate,
n'ayant qu'une faible armée, composée de bannis,
ne serait pas difficile à battre, et que les Syracusains,
pressés par la famine, ne pourraient faire aucune tentative
pour leur disputer le premier rang; enfin, ce qui était le
principal motif, les Agrigentins espéraient qu'en mettant
sur pied une armée destinée à proclamer l'indépendance
des villes, celles-ci s'empresseraient de se rallier à eux tant
en raison de la haine qu'on portait aux Barbares que par le
désir naturel de conquérir la liberté. Les Agrigentins
choisirent donc pour général Xenodicus et l'envoyèrent
faire la guerre à la tête d'une armée considérable. Xenodicus
marcha immédiatement sur Gela, où il fut introduit de nuit
par quelques-uns de ses amis ; il se rendit maître de la ville
ainsi que de la garnison et des richesses qui s'y trouvaient.
Les Geléens, déclarés libres, se réunirent aux Agrigentins
pour les aider à rendre aux autres villes leur indépendance.
A peine le bruit de l'entreprise des Agrigentins se
fut-il répandu que toutes les villes de la Sicile s'enthousiasmèrent
pour la liberté. Les habitants d'Enna furent les
premiers à envoyer des députés et à livrer leur ville aux
Agrigentins. Ceux-ci y établirent un gouvernement libre, et
se dirigèrent ensuite sur Erbessus, détendu par une forte
garnison. Il se livra un combat sanglant; mais les Agrigentins,
secondés par les habitants, soumirent la garnison; un
grand nombre de Barbares restèrent sur le champ de bataille;
environ cinq cents déposèrent les armes et se rendirent prisonniers.
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