HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, livre XX

Chapitre 14

  Chapitre 14

[20,14] διόπερ οἱ Καρχηδόνιοι, νομίσαντες ἐκ θεῶν αὐτοῖς γεγονέναι τὴν συμφοράν, ἐτράπησαν πρὸς παντοίαν ἱκεσίαν τοῦ δαιμονίου καὶ νομίσαντες μάλιστα μηνίειν αὐτοῖς τὸν Ἡρακλέα τὸν παρὰ τοῖς ἀποίκοις, χρημάτων πλῆθος καὶ τῶν πολυτελεστάτων ἀναθημάτων ἔπεμψαν εἰς τὴν Τύρον οὐκ ὀλίγα. ἀποικισθέντες γὰρ ἐκ ταύτης εἰώ θεισαν ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις δεκάτην ἀποστέλλειν τῷ θεῷ πάντων τῶν εἰς πρόσοδον πιπτόντων· ὕστερον δὲ μεγάλους κτησάμενοι πλούτους καὶ προσόδους ἀξιολογωτέρας λαμβάνοντες μικρὰ παντελῶς ἀπέστελλον, ὀλιγωροῦντες τοῦ δαιμονίου. διὰ δὲ τὴν συμφορὰν ταύτην εἰς μεταμέλειαν ἐλθόντες πάντων τῶν ἐν τῇ Τύρῳ θεῶν ἐμνημόνευον. ἔπεμψαν δὲ καὶ τοὺς ἐκ τῶν ἱερῶν χρυσοῦς ναοὺς αὐτοῖς τοῖς ἀφιδρύμασι πρὸς τὴν ἱκεσίαν, ἡγούμενοι μᾶλλον ἐξιλάσεσθαι τὴν τοῦ θεοῦ μῆνιν τῶν ἀναθημάτων πεμφθέντων ἐπὶ τὴν παραίτησιν. ᾐτιῶντο δὲ καὶ τὸν Κρόνον αὑτοῖς ἐναντιοῦσθαι, καθ´ ὅσον ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις θύοντες τούτῳ τῷ θεῷ τῶν υἱῶν τοὺς κρατίστους ὕστερον ὠνούμενοι λάθρᾳ παῖδας καὶ θρέψαντες ἔπεμπον ἐπὶ τὴν θυσίαν· καὶ ζητήσεως γενομένης εὑρέθησάν τινες τῶν καθιερουργημένων ὑποβολιμαῖοι γεγονότες. τούτων δὲ λαβόντες ἔννοιαν καὶ τοὺς πολεμίους πρὸς τοῖς τείχεσιν ὁρῶντες στρατοπεδεύοντας ἐδεισιδαιμόνουν ὡς καταλελυκότες τὰς πατρίους τῶν θεῶν τιμάς. διορθώσασθαι δὲ τὰς ἀγνοίας σπεύδοντες διακοσίους μὲν τῶν ἐπιφανεστάτων παίδων προκρίναντες ἔθυσαν δημοσίᾳ· ἄλλοι δ´ ἐν διαβολαῖς ὄντες ἑκουσίως ἑαυτοὺς ἔδοσαν, οὐκ ἐλάττους ὄντες τριακοσίων. ἦν δὲ παρ´αὐτοῖς ἀνδριὰς Κρόνου χαλκοῦς, ἐκτετακὼς τὰς χεῖρας ὑπτίας ἐγκεκλιμένας ἐπὶ τὴν γῆν, ὥστε τὸν ἐπιτεθέντα τῶν παίδων ἀποκυλίεσθαι καὶ πίπτειν εἴς τι χάσμα πλῆρες πυρός. εἰκὸς δὲ καὶ τὸν Εὐριπίδην ἐντεῦθεν εἰληφέναι τὰ μυθολογούμενα παρ´ αὐτῷ περὶ τὴν ἐν Ταύροις θυσίαν, ἐν οἷς εἰσάγει τὴν Ἰφιγένειαν ὑπὸ Ὀρέστου διερωτωμένην : «τάφος δὲ ποῖος δέξεταί μ´, ὅταν θάνω; πῦρ ἱερὸν ἔνδον χάσμα τ´ εὐρωπὸν χθονόςκαὶ παρὰ τοῖς Ἕλλησι δὲ μῦθος ἐκ παλαιᾶς φήμης παραδεδομένος ὅτι Κρόνος ἠφάνιζε τοὺς ἰδίους παῖδας, παρὰ Καρχηδονίοις φαίνεται διὰ τούτου τοῦ νομίμου τετηρημένος. [20,14] Attribuant au pouvoir des dieux la défaite qu'ils venaient d'essuyer, les Carthaginois eurent recours aux prières publiques, et croyant qu'Hercule, dont ils se disaient être une colonie, était particulièrement irrité, ils envoyèrent à Tyr une immense quantité de riches offrandes. Descendants de cette ville, les Carthaginois étaient jadis dans l'usage d'envoyer à ce dieu le dixième de tous leurs revenus; mais par la suite, devenus riches et opulents, ils n'envoyèrent presque plus rien, croyant pouvoir se dispenser de la protection du dieu. Leur désastre récent les ramena au repentir, et tous se souvinrent du dieu de Tyr. Parmi les offrandes qu'ils envoyèrent se trouvaient des chapelles d'or tirées de leurs propres temples, pensant que par ce genre de consécration ils parviendraient plus facilement à apaiser le courroux de la divinité. Ils se reprochèrent aussi de s'être aliéné Saturne, parce qu'ils lui avaient autrefois offert en sacrifice les enfants des plus puissants citoyens, qu'ils avaient plus tard renoncé à cet usage en achetant des enfants secrètement et en les élevant pour être immolés à ce dieu. Des recherches établirent que plusieurs de ces enfants sacrifiés étaient des enfants supposés. En considérant toutes ces choses et en voyant, de plus, les ennemis campés sous les murs de leur ville, ils furent saisis d'une crainte superstitieuse, et ils se reprochèrent d'avoir négligé les coutumes de leurs pères à l'égard du culte des dieux. Ils décrétèrent donc une grande solennité dans laquelle devaient être sacrifiés deux cents enfants, choisis dans les familles les illustres; quelques citoyens, en butte à des accusations, offrirent volontairement leurs propres enfants, qui n'étaient pas moins de trois cents. Voici quelques détails concernant ce sacrifice. Il y avait une statue d'airain représentant Saturne, les mains étendues et inclinées vers la terre, de manière que l'enfant, qui y était placé, roulait et allait tomber dans un gouffre rempli de feu. C'est probablement à cette coutume qu'Euripide fait allusion lorsqu'il parle des cérémonies du sacrifice accompli en Tauride; le poète met dans la bouche d'Oreste, la question suivante : "Quel sera le tombeau qui me recevra lorsque je mourrai? - Un feu sacré allumé dans un vaste gouffre de la terre." Il paraît aussi que l'ancien mythe des Grecs, d'après lequel Saturne dévora ses propres enfants, trouve son explication dans cette coutume des Carthaginois.


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Dernière mise à jour : 16/11/2006