[17,68] Ἐντεῦθεν δ' ἀναζεύξας προῆγεν ἐπὶ τὴν Περσίδα καὶ
πεμπταῖος ἧκεν ἐπὶ τὰς Σουσιάδας καλουμένας πέτρας.
ταύτας δὲ προκατειληφὼς ἦν ὁ ᾿Αριοβαρζάνης μετὰ
στρατιωτῶν πεζῶν μὲν δισμυρίων καὶ πεντακισχιλίων,
ἱππέων δὲ τριακοσίων. (2) Ὁ δὲ βασιλεὺς δόξας τῇ βίᾳ
κρατήσειν τῆς πύλης προῆγε διὰ τόπων στενῶν καὶ
τραχέων οὐδενὸς παρενοχλοῦντος. Οἱ δὲ βάρβαροι μέχρι
μέν τινος εἴων αὐτὸν διαπορεύεσθαι τὰς παρόδους, ἐπεὶ
δὲ εἰς μέσας τὰς δυσχωρίας ἧκον, ἄφνω τὴν ἐπίθεσιν
ἐποιοῦντο καὶ πολλοὺς μὲν ἁμαξιαίους λίθους
ἐπεκύλιον, οἳ προσπίπτοντες ἄφνω τοῖς Μακεδόσιν
ἀθρόοις πολλοὺς διέφθειρον, οὐκ ὀλίγοι δ' ἀπὸ τῶν
κρημνῶν ἀκοντίζοντες εἰς πεπυκνωμένους οὐκ
ἀπετύγχανον τῶν σκοπῶν· ἄλλοι δ' ἐκ χειρὸς τοῖς λίθοις
βάλλοντες τοὺς βιαζομένους τῶν Μακεδόνων
ἀνέστελλον. Πολλὰ δ' αὐτοῖς τῆς δυσχωρίας
συνεργούσης ἐπλεονέκτουν καὶ συχνοὺς μὲν
ἀπέκτεννον, οὐκ ὀλίγους δὲ κατετίτρωσκον. (3) Ὁ δ'
᾿Αλέξανδρος τῇ δεινότητι τοῦ πάθους ἀδυνατῶν
βοηθεῖν καὶ θεωρῶν μηδένα τῶν πολεμίων μήτε
τεθνηκότα μήτε ὅλως τετρωμένον, τῶν δὲ ἰδίων
ἀπολωλότας μὲν πολλούς, κατατετρωμένους δὲ σχεδὸν
ἅπαντας τοὺς προσβάλλοντας ἀνεκαλέσατο τῇ
σάλπιγγι τοὺς στρατιώτας ἀπὸ τῆς μάχης. (4)
Ἀναχωρήσας δὲ ἀπὸ τῶν παρόδων σταδίους
τριακοσίους κατεστρατοπέδευσε καὶ παρὰ τῶν
ἐγχωρίων ἐπυνθάνετο μή τις ἑτέρα ἐστὶ διεκβολή.
Πάντων δ' ἀποφαινομένων δίοδον μὲν μηδεμίαν ἄλλην
ὑπάρχειν, περίοδον δὲ εἶναι πολλῶν ἡμερῶν αἰσχρὸν
εἶναι νομίσας ἀτάφους ἀπολιπεῖν τοὺς τετελευτηκότας
καὶ τὴν αἴτησιν τῶν νεκρῶν οὖσαν ὁρῶν ἀσχήμονα καὶ
περιέχουσαν ἥττης ὁμολόγησιν προσέταξεν ἀναγαγεῖν
ἅπαντας τοὺς αἰχμαλώτους. (5) Ἐν δὲ τούτοις ἧκεν
ὑπαγόμενος ἀνὴρ δίγλωττος, εἰδὼς τὴν Περσικὴν
διάλεκτον· οὗτος δὲ ἑαυτὸν ἀπεφαίνετο Λύκιον μὲν εἶναι
τὸ γένος, αἰχμάλωτον δὲ γενόμενον ποιμαίνειν κατὰ τὴν
ὑποκειμένην ὀρεινὴν ἔτη πλείω· δι' ἣν αἰτίαν ἔμπειρον
γενέσθαι τῆς χώρας καὶ δύνασθαι τὴν δύναμιν ἀγαγεῖν
διὰ τῆς καταδένδρου καὶ κατόπιν ποιῆσαι τῶν
τηρούντων τὰς παρόδους. (6) Ὁ δὲ βασιλεὺς μεγάλαις
δωρεαῖς τιμήσειν ἐπαγγειλάμενος τὸν ἄνδρα τούτου
καθηγουμένου διῆλθεν ἐπιπόνως τὴν ὀρεινὴν νυκτὸς
πολλὴν μὲν πατήσας χιόνα, πᾶσαν δὲ κρημνώδη χώραν
περάσας, χαράδραις βαθείαις καὶ πολλαῖς φάραγξι
διειλημμένην. (7) Ἐπιφανεὶς δὲ ταῖς προφυλακαῖς τῶν
πολεμίων τοὺς μὲν πρώτους κατέκοψε, τοὺς δ' ἐπὶ τῆς
δευτέρας φυλακῆς τεταγμένους ἐζώγρησε, τοὺς δὲ
τρίτους τρεψάμενος ἐκράτησε τῶν παρόδων καὶ τοὺς
πλείστους τῶν περὶ τὸν ᾿Αριοβαρζάνην ἀπέκτεινε.
| [17,68] De là il se rendit incessamment dans la Perse proprement dite, et dès le
cinquième jour il se vit à l'endroit appelé le pas de Suse. Ariobarsan s'en était déjà
saisi à la tête d'une armée de vingt-cinq mille hommes d'infanterie et de trois cents
cavaliers. (2) Le roi qui espérait de l'emporter de force, s'y rendit par des chemins
extrêmement étroits et difficiles, mais où il ne rencontra d'abord personne
qui s'opposât a sa marche. Les barbares l'avaient laissé avancer
tranquillement; mais quand il fut dans le milieu du plus mauvais chemin, ils
commencèrent leur attaque : elle consista à faire rouler sur lui des pierres
d'une grosseur énorme, qui écrasèrent un grand nombre de Macédoniens,
qui n'eurent pas le temps ou l'espace nécessaire pour les éviter. D'autres
lançaient d'un lieu avantageux une multitude de traits, qui ne manquaient
point des hommes confusément assemblés. Des pierres jetées seulement
avec la main en blessaient un grand nombre. La seule difficulté du chemin
ôtait aux soldats la liberté des mouvements nécessaires pour s'en garantir
: ainsi il y en eut un grand nombre de tués ou dé blessés. (3) Alexandre qui
ne pouvait remédier à cet inconvénient et qui était désolé de voir qu'on ne
pouvait ni tuer, ni même blesser un seul d'entre cette espèce d'ennemis,
pendant que ses soldats tombaient à tous moments et de tous côtés, fit
cesser le combat et ordonner la retraite à son de trompette ; (4) et reculant
de plus de trois cents stades de ce fâcheux passage, il posa son camp. De
là il s'informa de tous les habitants des environs, s'il n'y avait point
quelqu'autre route praticable, on lui redit qu'il n'y en avait aucune autre en
droite ligne, mais que pourtant il pourrait arriver à son but par un circuit de
plusieurs journées.
Le roi jugea d'abord que ce serait une tâche pour lui de laisser sans
sépulture ses soldats morts, ce qui serait même l'indice d'une bataille
perdue et d'une déroute complète ; ainsi il leur rendit ce dernier devoir ;
après quoi il se fit amener ses prisonniers de guerre. (5) Il s'en trouva un
parmi eux qui savait parfaitement les deux langues et surtout celle des
Perses. Cet homme lui déclara qu'il était Lycien de naissance ; qu'ayant
été pris à la guerre, on l'avait fait gardien de troupeaux et qu'il en avait
exercé longtemps la profession autour de ces montagnes. Que cet emploi
lui avait donné une grande connaissance du pays ; et qu'ainsi il était en
état de conduire l'armée du roi par des chemins couverts d'arbres épais,
jusqu'à un poste où elle se trouverait derrière les ennemis qui gardaient
actuellement le passage. (6) Le roi après avoir promis à cet homme les
plus grandes récompenses, le prit pour guide et suivi de ses gens il
parcourut de nuit sur ses pas et à travers beaucoup de neiges des pointes
de montagnes fort élevées et séparées les unes des autres par des
précipices et par des fondrières. (7) Arrivé enfin jusqu'aux gardes
ennemies, il surprit la première qu'il tailla en pièce, il fit toute la seconde
prisonnière et ayant mis la troisième ensuite il se rendit maître du passage
et fit périr en cette expédition une partie des troupes d'Ariobazane.
|