[13,55] Οἱ δὲ Σελινούντιοι ἐκ πολλῶν ὄντες ἄπειροι πολιορκίας, καὶ Καρχηδονίοις ἐν τῷ
πρὸς Γέλωνα πολέμῳ συνηγωνισμένοι μόνοι τῶν Σικελιωτῶν, οὔποτ' ἤλπιζον ὑπὸ
τῶν εὐεργετηθέντων εἰς τοιούτους φόβους συγκλεισθήσεσθαι. (2) Θεωροῦντες δὲ τὰ
μεγέθη τῶν μηχανημάτων καὶ τὰ πλήθη τῶν πολεμίων, περιδεεῖς ἦσαν καὶ
κατεπλήττοντο τὸ μέγεθος τοῦ περιεστῶτος κινδύνου. (3) Οὐ μὴν κατὰ πᾶν γε τὴν
σωτηρίαν ἀπεγίνωσκον, ἀλλὰ προσδοκῶντες συντόμως ἥξειν τοὺς Συρακοσίους καὶ
τοὺς ἄλλους συμμάχους, πανδημεὶ τοὺς πολεμίους ἀπὸ τῶν τειχῶν ἠμύνοντο. (4) Οἱ
μὲν γὰρ ἀκμάζοντες ταῖς ἡλικίαις ἐν τοῖς ὅπλοις ὄντες διεκινδύνευον, οἱ δὲ
πρεσβύτεροι περί τε τὰς παρασκευὰς ἦσαν καὶ περιπορευόμενοι τὸ τεῖχος ἐδέοντο
τῶν νέων μὴ περιιδεῖν αὐτοὺς ὑποχειρίους τοῖς πολεμίοις γινομένους· γυναῖκες δὲ καὶ
παῖδες τάς τε τροφὰς καὶ (τὰ ) βέλη τοῖς ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἀγωνιζομένοις
παρεκόμιζον, τὴν αἰδῶ καὶ τὴν ἐπὶ τῆς εἰρήνης αἰσχύνην παρ' οὐδὲν ἡγούμεναι. (5)
Τοσαύτη κατάπληξις καθειστήκει, ὥστε τὸ μέγεθος τῆς περιστάσεως δεῖσθαι καὶ τῆς
παρὰ τῶν γυναικῶν βοηθείας. Ὁ δ' ᾿Αννίβας ἐπαγγειλάμενος τοῖς στρατιώταις εἰς
διαρπαγὴν δώσειν τὴν πόλιν, τάς τε μηχανὰς προσήρεισε καὶ τοῖς κρατίστοις
στρατιώταις ἐκ διαδοχῆς προσέβαλλε τοῖς τείχεσιν. (6) Ὁμοῦ δὲ αἵ τε σάλπιγγες τὸ
πολεμικὸν ἐσήμαινον καὶ πρὸς ἓν παράγγελμα πᾶν ἐπηλάλαξε τὸ τῶν Καρχηδονίων
στράτευμα, καὶ τῇ βίᾳ μὲν τῶν κριῶν ἐσαλεύετο τὰ τείχη, τῷ δ' ὕψει τῶν πύργων οἱ
μαχόμενοι πολλοὺς τῶν Σελινουντίων ἀνῄρουν· (7) ἐν πολυχρονίῳ γὰρ εἰρήνῃ
γεγονότες καὶ τῶν τειχῶν οὐδ' ἡντινοῦν ἐπιμέλειαν πεποιημένοι ῥᾳδίως
κατεπονοῦντο, τῶν ξυλίνων πύργων πολὺ τοῖς ὕψεσιν ὑπερεχόντων. Πεσόντος δὲ τοῦ
τείχους οἱ μὲν Καμπανοὶ σπεύδοντες ἐπιφανές τι πρᾶξαι, ταχέως εἰσέπεσον εἰς τὴν
πόλιν. (8) Τὸ μὲν οὖν πρῶτον κατεπλήξαντο τοὺς ὑποστάντας, ὀλίγους ὄντας· μετὰ δὲ
ταῦτα πολλῶν συνδραμόντων ἐπὶ τὴν βοήθειαν ἐξεώσθησαν καὶ συχνοὺς ἑαυτῶν
ἀπέβαλον· οὔπω γὰρ τελέως ἀνακεκαθαρμένου τοῦ τείχους βιασάμενοι καὶ κατὰ τὴν
ἔφοδον εἰς δυσχωρίας ἐμπίπτοντες ῥᾳδίως ἠλαττοῦντο. νυκτὸς δ' ἐπιγενομένης οἱ μὲν
Καρχηδόνιοι τὴν πολιορκίαν ἔλυσαν.
| [13,55] Les Selinuntins qui n'avaient point soutenu de siège depuis longtemps et
qui d'ailleurs avaient favorisé seuls entre tous les Siciliens les Carthaginois
dans la guerre que ceux-ci avaient faite à Gélon, ne s'étaient point attendus
aux alarmes et aux détresses qu'ils éprouvaient dans des attaques si
violentes. (2) L'énormité des machines et le nombre des assiégeants les
jetaient dans une terreur égale au péril dans lequel ils se trouvaient. (3) Ils
n'abandonnaient pourtant pas toute espérance de salut, et se rassurant sur le
secours qu'ils attendaient incessamment de Syracuse et de leurs autres alliés,
il leur restait encore assez de courage pour résister à leurs ennemis. (4) Les
jeunes gens toujours sous les armes faisaient face aux assiégeants sur le
rempart pendant que les vieillards préparaient au dedans des murailles tout ce
qui était nécessaire pour la défense ou qu'ils allaient exhorter toute cette
jeunesse à ne pas souffrir qu'ils tombassent entre les mains de ces barbares.
Les femmes suivies de leurs enfants portaient la nourriture et des flèches à
ceux qui combattaient, en oubliant la réserve et la retraite que la pudeur et la
coutume leur faisait garder en d'autres temps : (5) la terreur était si grande que
les citoyens croyaient avoir besoin du secours des femmes. Enfin, Hannibal
ayant promis à ses troupes le pillage de la ville, plaça ses machines encore
plus près des murailles et disposa un assaut où les plus braves soldats
devaient monter tour à tour. (6) Au premier son de trompette, l'armée
carthaginoise se mit en mouvement comme si elle n'avait fait toute entière
qu'un corps unique ; les machines partant ensemble, firent tomber en un seul
moment une étendue considérable de murailles et les soldats posés sur le
haut des tours suffirent seuls pour nettoyer le rempart à force de traits du plus
grand nombre de ses défenseurs. (7) Les assiégés qui avaient vécu dans une
longue paix n'avaient pris dans cet intervalle aucun soin de leurs murailles, qui
n'égalaient pas, à beaucoup près, la hauteur des tours d'où les traits
pleuvaient sur eux. D'autre part, les Campaniens qui cherchaient l'occasion de
se distinguer, profitèrent du premier instant où la muraille fut abattue et
passèrent en dedans. (8) Ils surprirent par leur présence les premiers citoyens
qui les virent et qui n'étaient pas là en grand nombre. Mais plusieurs autres
étant accourus à ce tumulte, les Campaniens furent repoussés avec une
grande perte des leurs. Car le passage n'étant point frayé, les décombres de la
muraille les faisaient tomber à chaque pas et ils furent bientôt mis hors de
combat. La nuit arrivant là-dessus termina l'assaut.
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