[13,35] Διόπερ οἱ Συρακόσιοι τοὺς φρονήσει διαφέροντας τῶν πολιτῶν εἵλοντο νομοθέτας,
ὧν ἦν ἐπιφανέστατος Διοκλῆς. Τοσοῦτο γὰρ τῶν ἄλλων διήνεγκε συνέσει καὶ δόξῃ,
ὥστε τῆς νομοθεσίας ὑπὸ πάντων κοινῇ γραφείσης ὀνομασθῆναι τοὺς νόμους
Διοκλέους. (2) Οὐ μόνον δὲ τὸν ἄνδρα τοῦτον ζῶντα ἐθαύμασαν οἱ Συρακόσιοι, ἀλλὰ
καὶ τελευτήσαντα τιμαῖς ἡρωικαῖς ἐτίμησαν καὶ νεὼν ᾠκοδόμησαν δημοσίᾳ τὸν
ὕστερον ὑπὸ Διονυσίου κατὰ τὴν τειχοποιίαν καθαιρεθέντα. Ἐθαυμάσθη δὲ ὁ ἀνὴρ
οὗτος καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις Σικελιώταις· (3) πολλαὶ γοῦν τῶν κατὰ τὴν νῆσον πόλεων
χρώμεναι διετέλεσαν τοῖς τούτου νόμοις, μέχρι ὅτου πάντες οἱ Σικελιῶται τῆς
῾Ρωμαίων πολιτείας ἠξιώθησαν. Οἱ δ' οὖν Συρακόσιοι κατὰ τοὺς νεωτέρους χρόνους
κατὰ μὲν Τιμολέοντα νομοθετήσαντος αὐτοῖς Κεφάλου, κατὰ δὲ τὸν ῾Ιέρωνα τὸν
βασιλέα Πολυδώρου, οὐδέτερον αὐτῶν ὠνόμασαν νομοθέτην, ἀλλ' ἢ ἐξηγητὴν τοῦ
νομοθέτου, διὰ τὸ τοὺς νόμους γεγραμμένους ἀρχαίᾳ διαλέκτῳ δοκεῖν εἶναι
δυσκατανοήτους. (4) Μεγάλης δὲ οὔσης κατὰ τὴν νομοθεσίαν ἀναθεωρήσεως,
μισοπόνηρος μὲν φαίνεται διὰ τὸ πάντων τῶν νομοθετῶν πικρότατα πρόστιμα θεῖναι
κατὰ πάντων τῶν ἀδικούντων, δίκαιος δ' ἐκ τοῦ περιττότερον τῶν πρὸ αὐτοῦ κατ'
ἀξίαν ἑκάστῳ τὸ ἐπιτίμιον ὑπάρξαι, πραγματικὸς δὲ καὶ πολύπειρος ἐκ τοῦ πᾶν
ἔγκλημα καὶ πρᾶγμα δημόσιόν τε καὶ ἰδιωτικὸν ἀμφισβητούμενον ὡρισμένης ἀξιῶσαι
τιμωρίας· ἔστι δὲ καὶ κατὰ τὴν λέξιν σύντομος καὶ πολλὴν τοῖς ἀναγινώσκουσιν
ἀπολείπων ἀναθεώρησιν. (5) Ἐμαρτύρησε δ' αὐτοῦ τὴν ἀρετὴν καὶ τὴν σκληρότητα
τῆς ψυχῆς ἡ περὶ τὴν τελευτὴν περιπέτεια. Ταῦτα μὲν οὖν ἀκριβέστερον εἰπεῖν
προήχθην διὰ τὸ τοὺς πλείους τῶν συγγραφέων ὀλιγωρότερον περὶ αὐτοῦ διειλέχθαι.
| [13,35] Sur cet avis, ils nommèrent ceux d'entre eux qui passaient pour les plus
sages et les chargèrent de cette fonction. Dioclès se distingua bientôt entre
tous les autres par sa capacité en cette matière : de telle sorte que le corps de
ces lois auxquelles ses associés ne laissaient pas d'avoir eu part, n'a jamais
néanmoins porté d'autre nom que celui de Dioclès. (2) Il fut l'objet de
l'admiration de ses concitoyens pendant sa vie qu'il termina par une mort
encore plus extraordinaire. Les Syracusains lui décernèrent après sa mort les
honneurs héroïques et ils lui bâtirent aux dépens du public un temple qui fut
détruit dans la suite par Denys, à l'occasion d'une forteresse qu'il faisait
construire. Dioclès ne fut pas moins estimé de tous les autres habitants de la
Sicile, (3) et plusieurs villes adoptèrent ces mêmes lois et les conservèrent
jusqu'au temps où ces villes furent admises au rang et aux droits des villes
romaines. Et quoique dans la suite Céphalus sous le gouvernement de
Timoléon, et Polydore sous le règne d'Hiéron, aient écrit des lois, les
Syracusains, au lieu de leur donner le titre de législateurs, ne les ont nommés
qu'interprètes du législateur parce qu'en effet ces lois nouvelles en apparence,
n'étaient qu'une version ou un commentaire de celles de Dioclès, qui par le
changement arrivé dans le langage ne s'entendaient plus que difficilement. (4)
On aperçoit dans leur auteur une grande haine pour le vice, en ce qu'aucun
législateur n'a établi de plus graves peines contre l'injustice ; et en même
temps une grande équité par les récompenses inusitées avant lui et qu'il
assigne avec une juste proportion aux différentes actions de vertus. Il paraît
homme d'intelligence et d'expérience par le jugement qu'il porte en détail de
tout fait public ou particulier digne de louange ou de blâme, de récompense ou
de châtiment. Il est concis dans ses termes et en plusieurs endroits le lecteur a
besoin de pénétration pour prendre son sens : mais il laisse beaucoup penser.
(5) Enfin, la manière dont il est mort est un témoignage de la fermeté de son
âme. J'ai crû devoir un peu m'étendre sur son sujet parce que ceux qui ont
parlé de lui avant moi, n'en n'avaient pas assez dit.
|