[13,112] Ἐφ' οἷς ἐξεκάετο τὸ κατὰ τοῦ Διονυσίου μῖσος· καὶ γὰρ ὑπελάμβανον αὐτὸν ἐκ
συνθέσεως τοῦτο πεποιηκέναι πρὸς τὸ τῷ Καρχηδονίων φόβῳ τῶν ἄλλων πόλεων
ἀσφαλῶς δυναστεύειν. (2) Ἀνελογίζοντο γὰρ τὴν βραδυτῆτα τῆς βοηθείας, τὸ μηδένα
πεπτωκέναι τῶν μισθοφόρων, τὸ μηδενὸς ἁδροῦ πταίσματος γεγενημένου φυγεῖν
ἀλόγως, τὸ δὲ μέγιστον, τὸ μηδένα τῶν πολεμίων ἐπηκολουθηκέναι· ὥστε τοῖς
πρότερον ἐπιθυμοῦσι καιρὸν λαβεῖν τῆς ἀποστάσεως καθάπερ θεῶν προνοίᾳ πάντα
ὑπουργεῖν πρὸς τὴν κατάλυσιν τῆς δυναστείας. (3) Οἱ μὲν οὖν ᾿Ιταλιῶται
καταλιπόντες αὐτὸν ἐπ' οἴκου διὰ τῆς μεσογείου τὴν πορείαν ἐποιήσαντο, οἱ δὲ τῶν
Συρακοσίων ἱππεῖς τὸ μὲν πρῶτον ἐπετήρουν, εἰ δύναιντο κατὰ τὴν ὁδὸν ἀνελεῖν τὸν
τύραννον· ὡς δὲ ἑώρων οὐκ ἀπολείποντας αὐτὸν τοὺς μισθοφόρους, ὁμοθυμαδὸν
ἀφίππευσαν εἰς τὰς Συρακούσας. (4) Καταλαβόντες δὲ τοὺς ἐν τοῖς νεωρίοις
ἀγνοοῦντας τὰ περὶ τὴν Γέλαν, εἰσῆλθον οὐδενὸς κωλύσαντος, καὶ τὴν μὲν οἰκίαν τοῦ
Διονυσίου διήρπασαν γέμουσαν ἀργύρου τε καὶ χρυσοῦ καὶ τῆς ἄλλης πολυτελείας
ἁπάσης, τὴν δὲ γυναῖκα συλλαβόντες οὕτω διέθεσαν κακῶς, ὥστε καὶ τὸν τύραννον
βαρέως ἐνέχειν τὴν ὀργήν, νομίζοντες τὴν ταύτης τιμωρίαν μεγίστην εἶναι πίστιν τῆς
πρὸς ἀλλήλους κοινωνίας κατὰ τὴν ἐπίθεσιν. (5) Ὁ δὲ Διονύσιος κατὰ τὴν ὁδοιπορίαν
τὸ γεγονὸς καταστοχαζόμενος, ἐπέλεξε τῶν ἱππέων καὶ τῶν πεζῶν τοὺς πιστοτάτους,
μεθ' ὧν ἠπείγετο πρὸς τὴν πόλιν σπουδῆς οὐδὲν ἐλλείπων· ἐλογίζετο γὰρ οὐκ ἂν
ἄλλως δυνατὸν ἐπικρατῆσαι τῶν ἱππέων, εἰ μὴ σπεύδοι· ὅπερ ἐποίησεν. Εἰ γὰρ
παραδοξότερον ἐκείνων ποιήσαιτο τὴν ἄφιξιν, ἤλπιζε ῥᾳδίως κρατήσειν τῆς
ἐπιβολῆς· ὅπερ καὶ συνέπεσεν. (6) Οἱ γὰρ ἱππεῖς οὔτ' ἂν ἔτ' ἀπελθεῖν οὔτε μεῖναι κατὰ
τὸ στρατόπεδον τὸν Διονύσιον ὑπελάμβανον· διόπερ κεκρατηκέναι τῆς ἐπιβολῆς
νομίσαντες, ἔφασαν αὐτὸν ἐκ μὲν Γέλας προσποιηθῆναι τοὺς Φοίνικας
ἀποδιδράσκειν, νυνὶ δὲ ὡς ἀληθῶς ἀποδεδρακέναι τοὺς Συρακοσίους.
| [13,112] Ce spectacle les enflammait de colère et d'indignation contre leur chef, et
ils soupçonnaient Denys d'avoir laissé venir tout exprès les choses à cette
extrémité et de vouloir profiter de la terreur qu'imprimaient les Carthaginois,
pour se rendre maître sans aucun effort de sa part, de toutes les villes de la
Sicile. (2) Ils remarquaient combien l'assistance qu'il avait fait semblant
d'apporter aux habitants de Géla avait été faible et imparfaite, avec qu'elle
attention il avait épargné ses soudoyés, et de quel léger désavantage il avait
fait le prétexte d'une retraite prématurée. Ils faisaient même observer que les
Carthaginois ne s'étaient point mis en peine de le poursuivre : indice de son
intelligence avec eux. En un mot, ils donnaient à entendre, que les dieux
semblaient avoir préparé à ceux qui songeaient depuis longtemps à secouer le
joug de la tyrannie, le moment le plus favorable pour l'exécution de leur
dessein. (3) Les Italiens l'abandonnèrent les premiers en se retirant à travers
les terres de la Sicile, dans leur patrie. La cavalerie de Syracuse chercha
d'abord si elle ne pourrait point venir à bout d'égorger le tyran. Mais voyant
que ses soudoyés ne s'écartaient jamais de sa personne, ils se hâtèrent
d'arriver avant lui à Syracuse, (4) où les sentinelles de la marine ne sachant
point encore ce qui s'était passé à Géla, les reçurent sans aucune difficulté ;
les cavaliers allèrent de ce pas à la maison de Denys, qui était pleine d'or et
d'argent, et de beaucoup d'autres richesses, dont ils ne laissèrent rien. Mais
de plus s'étant saisis de sa femme, ils lui firent de si sanglants outrages que
Denys extraordinairement indigné, jugea que la vengeance qu'on avait prise
sur elle était le signe d'une conspiration générale faite contre son
gouvernement et contre lui. (5) Denys était encore en chemin quand il apprit
ces fâcheuses nouvelles ; aussitôt il choisit ce qu'il avait de plus fidèle entre
ses gens de pied ou de cheval et se hâta d'arriver à Syracuse, persuadé qu'il
ne viendrait à bout de son dessein que par une extrême diligence, et qu'il ne
pourrait opprimer les cavaliers révoltés, qu'en tombant tout d'un coup sur eux.
C'est ce qui arriva en effet. (6) Ceux-ci pensaient bien que Denys ne
demeurerait point dans un camp, mais ils ne s'imaginaient pas non plus qu'il
put être si tôt à Syracuse. S'assurant ainsi du succès de leur entreprise, ils
publièrent qu'il avait paru sortir de Géla par la crainte qu'il avait des
Carthaginois, mais qu'au fond il craignait encore plus les habitants de
Syracuse.
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