[13,104] Τοῦ δ' ἔτους τούτου διελθόντος ᾿Αθήνησι μὲν ἦρχεν ᾿Αλεξίας, ἐν δὲ τῇ ῾Ρώμῃ ἀντὶ
τῶν ὑπάτων τρεῖς χιλίαρχοι κατεστάθησαν, Γάιος ᾿Ιούλιος, Πούπλιος Κορνήλιος,
Γάιος Σερουίλιος. Τούτων δὲ τὴν ἀρχὴν παραλαβόντων ᾿Αθηναῖοι μετὰ τὴν ἀναίρεσιν
τῶν στρατηγῶν ἐπὶ τὴν ἡγεμονίαν ἔταξαν Φιλοκλέα, καὶ τὸ ναυτικὸν αὐτῷ
παραδόντες ἐξέπεμψαν πρὸς Κόνωνα, προστάξαντες κοινῶς ἀφηγεῖσθαι τῶν
δυνάμεων. (2) Ὃς ἐπεὶ κατέπλευσε πρὸς Κόνωνα εἰς Σάμον, τὰς ναῦς ἁπάσας
ἐπλήρωσεν, οὔσας τρεῖς πρὸς ταῖς ἑκατὸν ἑβδομήκοντα. Τούτων εἴκοσι μὲν ἔδοξεν
αὐτοῦ καταλιπεῖν, ταῖς δ' ἄλλαις ἁπάσαις ἀνήχθησαν εἰς ῾Ελλήσποντον, ἡγουμένου
Κόνωνος καὶ Φιλοκλέους. (3) Λύσανδρος δ' ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος ἐκ
Πελοποννήσου παρὰ τῶν ἐγγὺς συμμάχων τριάκοντα πέντε ναῦς ἀθροίσας
κατέπλευσεν εἰς ῎Εφεσον. μεταπεμψάμενος δὲ καὶ τὸν ἐκ Χίου στόλον - - - ἐξήρτυεν·
ἀνέβη δὲ καὶ πρὸς Κῦρον τὸν Δαρείου τοῦ βασιλέως υἱόν, καὶ χρήματα πολλὰ
παρέλαβε πρὸς τὰς τῶν στρατιωτῶν διατροφάς. (4) Ὁ δὲ Κῦρος, μεταπεμπομένου τοῦ
πατρὸς αὐτὸν εἰς Πέρσας, τῷ Λυσάνδρῳ τῶν ὑφ' αὑτὸν πόλεων τὴν ἐπιστασίαν
παρέδωκε καὶ τοὺς φόρους τούτῳ τελεῖν συνέταξεν. Ὁ δὲ Λύσανδρος πάντων τῶν εἰς
πόλεμον εὐπορήσας εἰς ῎Εφεσον ἀνέστρεψεν. (5) Καθ' ὃν δὴ χρόνον ἐν τῇ Μιλήτῳ
τινὲς ὀλιγαρχίας ὀρεγόμενοι κατέλυσαν τὸν δῆμον, συμπραξάντων αὐτοῖς
Λακεδαιμονίων. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον Διονυσίων ὄντων ἐν ταῖς οἰκίαις τοὺς μάλιστα
ἀντιπράττοντας συνήρπασαν καὶ περὶ τεσσαράκοντα ὄντας ἀπέσφαξαν, μετὰ δέ, τῆς
ἀγορᾶς πληθούσης,τριακοσίους ἐπιλέξαντες τοὺς εὐπορωτάτους ἀνεῖλον. (6) Οἱ δὲ
χαριέστατοι τῶν τὰ τοῦ δήμου φρονούντων, ὄντες οὐκ ἐλάττους χιλίων, φοβηθέντες
τὴν περίστασιν ἔφυγον πρὸς Φαρνάβαζον τὸν σατράπην· οὗτος δὲ φιλοφρόνως
αὐτοὺς δεξάμενος, καὶ στατῆρα χρυσοῦν ἑκάστῳ δωρησάμενος, κατῴκισεν εἰς
Βλαῦδα, φρούριόν τι τῆς Λυδίας. (7) Λύσανδρος δὲ μετὰ τῶν πλείστων νεῶν ἐπὶ ῎Ιασον
τῆς Καρίας πλεύσας, κατὰ κράτος αὐτὴν εἷλεν ᾿Αθηναίοις συμμαχοῦσαν, καὶ τοὺς
μὲν ἡβῶντας ὀκτακοσίους ὄντας ἀπέσφαξε, παῖδας δὲ καὶ γυναῖκας λαφυροπωλήσας
κατέσκαψε τὴν πόλιν. (8) Μετὰ δὲ ταῦτ' ἐπὶ τὴν ᾿Αττικὴν καὶ πολλοὺς τόπους
πλεύσας μέγα μὲν οὐδὲν οὐδ' ἄξιον μνήμης ἔπραξε· διὸ καὶ ταῦτα μὲν οὐκ
ἀναγράφειν ἐσπουδάσαμεν· τὸ δὲ τελευταῖον Λάμψακον ἑλὼν τὴν μὲν ᾿Αθηναίων
φρουρὰν ἀφῆκεν ὑπόσπονδον, τὰς δὲ κτήσεις ἁρπάσας τοῖς Λαμψακηνοῖς ἀπέδωκε
τὴν πόλιν.
| [13,104] Au commencement de l'année suivante, Alexias fut archonte d'Athènes et
l'on fit à Rome au lieu de consuls trois tribuns militaires, C. Julius, P. Cornelius
et C. Servilius. Les Athéniens après l'exécution qu'ils avaient fait faire de leurs
généraux, donnèrent le commandement à Philoclès et en lui confiant leur
flotte, l'envoyèrent joindre Conon, avec ordre de s'entendre avec lui pour
l'usage qu'ils feraient l'un et l'autre de leurs forces. (2) Philoclès s'étant donc
rendu à Samos auprès de Conon, garnit de soldats tous ses vaisseaux, qui
étaient au nombre de soixante et treize. Ils jugèrent à propos d'en laisser vingt
à Samos et les deux chefs conduisirent tout le reste dans l'Hellespont. (3)
D'autre part Lysandre, général des Lacédémoniens empruntant trente-cinq
vaisseaux des alliés de Sparte vint à Éphèse. Il envoya de là prendre à Chio la
flotte d'Eteonicus, qui s'y était réfugiée, et qu'il fit radouber. Il se transporta lui-
même auprès de Cyrus, fils de Darius, et il obtint de lui de grosses sommes
d'argent, pour l'entretien de ses troupes. (4) Il arriva même que Cyrus, rappelé
par son père à la cour de Perse, laissa à Lysandre l'intendance des provinces
et des villes du gouvernement qu'il quittait, et lui remit le droit d'en recueillir les
impositions et les tributs. Lysandre s'étant fourni par ce moyen de tout l'argent
dont il avait besoin pour la guerre, revint à Éphèse. (5) Dans cet intervalle de
temps, quelques habitants de Milet, qui aspiraient à l'oligarchie, anéantirent le
pouvoir du peuple, soutenus qu'ils étaient dans cette entreprise par les
Lacédémoniens. Ces novateurs prirent l'occasion des fêtes de Bacchus que
l'on célébrait dans leur ville, pour piller les maisons des principaux d'entre les
particuliers qui s'opposaient à leur ambition, et ils en égorgèrent même environ
quarante. Ce carnage fut suivi d'un plus grand encore à la première assemblée
du peuple, où ils firent périr trois cents des plus riches. (6) À la vue de ce
désordre quelques-uns des partisans les plus considérables du gouvernement
populaire, au nombre de mille, craignant les suites funestes d'une émotion si
sanglante, se réfugièrent auprès du satrape Pharnabase. Celui-ci les reçut à
bras ouverts : il leur donna à chacun une pièce d'or et leur accorda pour
retraite la citadelle de Claude,dans la Claudie : (7) cependant Lysandre à la
tête de plusieurs vaisseaux, alla attaquer Thasas, ville de la Carie, attachée
aux Athéniens ; il l'emporta de force et y fit égorger jusqu'à huit cents jeunes
hommes ; après quoi il fit vendre à l'encan les femmes et les enfants, et finit
par raser la ville. (8) Revenant de là dans l'Attique, il parcourut différents lieux,
où il ne fit rien de remarquable, ni qui mérite d'entrer dans cette Histoire. Il
assiégea enfin Lampsaque, dont il renvoya la garnison sous certaines
conditions et sur son serment, et après avoir pillé la ville, il la rendit aux
citoyens.
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