[13,105] Οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγοὶ πυθόμενοι τοὺς Λακεδαιμονίους πάσῃ τῇ δυνάμει
πολιορκεῖν Λάμψακον, συνήγαγόν τε πανταχόθεν τριήρεις καὶ κατὰ σπουδὴν
ἀνήχθησαν ἐπ' αὐτοὺς ναυσὶν ἑκατὸν ὀγδοήκοντα. (2) Εὑρόντες δὲ τὴν πόλιν
ἡλωκυῖαν, τότε μὲν ἐν Αἰγὸς ποταμοῖς καθώρμισαν τὰς ναῦς, μετὰ δὲ ταῦτ'
ἐπιπλέοντες τοῖς πολεμίοις καθ' ἡμέραν εἰς ναυμαχίαν προεκαλοῦντο. Οὐκ
ἀνταναγομένων δὲ τῶν Πελοποννησίων, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι διηπόρουν ὅ,τι χρήσωνται
τοῖς πράγμασιν, οὐ δυνάμενοι τὸν πλείω χρόνον ἐκεῖ διατρέφειν τὰς δυνάμεις. (3)
᾿Αλκιβιάδου δὲ πρὸς αὐτοὺς ἐλθόντος καὶ λέγοντος, ὅτι Μήδοκος καὶ Σεύθης οἱ τῶν
Θρᾳκῶν βασιλεῖς εἰσιν αὐτῷ φίλοι, καὶ δύναμιν πολλὴν ὡμολόγησαν δώσειν, ἐὰν
βούληται διαπολεμεῖν τοῖς Λακεδαιμονίοις· διόπερ αὐτοὺς ἠξίου μεταδοῦναι τῆς
ἡγεμονίας, ἐπαγγελλόμενος αὐτοῖς δυεῖν θάτερον, ἢ ναυμαχεῖν τοὺς πολεμίους
ἀναγκάσειν ἢ πεζῇ μετὰ Θρᾳκῶν πρὸς αὐτοὺς διαγωνιεῖσθαι. (4) Ταῦτα δὲ ὁ
᾿Αλκιβιάδης ἔπραττεν ἐπιθυμῶν δι' ἑαυτοῦ τῇ πατρίδι μέγα τι κατεργάσασθαι καὶ διὰ
τῶν εὐεργεσιῶν τὸν δῆμον ἀποκαταστῆσαι εἰς τὴν ἀρχαίαν εὔνοιαν. Οἱ δὲ τῶν
᾿Αθηναίων στρατηγοί, νομίσαντες τῶν μὲν ἐλαττωμάτων ἑαυτοῖς τὴν μέμψιν
ἀκολουθήσειν, τὰ δ' ἐπιτεύγματα προσάψειν ἅπαντας ᾿Αλκιβιάδῃ, ταχέως αὐτὸν
ἐκέλευσαν ἀπιέναι καὶ μηκέτι προσεγγίζειν τῷ στρατοπέδῳ.
| [13,105] Du moment que les Athéniens avaient appris le siège de cette
place et les grandes forces que Lysandre y avait conduites, ils avaient
rassemblé, avec toute la diligence possible, jusqu'à cent-quatre-vingt
vaisseaux pour courir à sa défense : (2) mais la trouvant prise, ils jetèrent
l'ancre aux embouchures de ces fleuves qu'on appelle Ægées. Ensuite
voguant sans cesse autour des ennemis, ils faisaient toutes sortes de
tentatives pour les attirer au combat ; mais comme les Spartiates ne
répondaient point, les Athéniens pensèrent qu'ils perdaient là leur temps,
d'autant plus que leurs provisions ne leur permettaient pas de s'arrêter
davantage le long de ces côtes. (3) Sur ces entrefaites Alcibiade se présenta à
eux et leur dit que Medocus et Seuthès rois de Thrace étaient leurs amis et
s'engageraient à leur fournir de très grands secours s'ils voulaient faire la
guerre aux Lacédémoniens. Là-dessus il les invita à lui faire part du
commandement, leur promettant de deux choses l'une, ou qu'il obligerait les
ennemis d'en venir à un combat naval, ou que lui-même, à la tête d'une armée
de Thraces, les amènerait à un combat sur terre. (4) Le dessein d'Alcibiade en
cette rencontre était de faire pour sa patrie quelque action assez éclatante
pour engager le peuple à lui rendre cette ancienne affection dont on lui avait
donné autrefois tant de marques. Mais les généraux athéniens faisant réflexion
que s'il arrivait quelque malheur de la liaison et de l'entreprise qu'on leur
proposait, on en rejetterait toute la faute sur eux et que les bons succès au
contraire tourneraient tous à l'avantage et à la gloire d'Alcibiade, l'avertirent
pour toute réponse de se retirer au plus vite et de n'approcher jamais de leur
flotte ni de leur camp.
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