[13,106] Ἐπεὶ δ' οἱ μὲν πολέμιοι ναυμαχεῖν οὐκ ἤθελον, τὸ δὲ στρατόπεδον σιτοδεία
κατεῖχε, Φιλοκλῆς ἐκείνην τὴν ἡμέραν ἀφηγούμενος τοῖς μὲν ἄλλοις τριηράρχοις
προσέταξε πληρώσαντας τὰς τριήρεις ἀκολουθεῖν, αὐτὸς δ' ἑτοίμας ἔχων ναῦς
τριάκοντα τάχιον ἐξέπλευσεν. (2) Ὁ δὲ Λύσανδρος παρά τινων αὐτομόλων ταῦτ'
ἀκούσας, μετὰ πασῶν τῶν νεῶν ἀναχθεὶς καὶ τὸν Φιλοκλέα τρεψάμενος πρὸς τὰς
ἄλλας ναῦς κατεδίωξεν. (3) Οὔπω δὲ τῶν τριήρων τοῖς ᾿Αθηναίοις πεπληρωμένων
θόρυβος κατεῖχεν ἅπαντας διὰ τὴν ἀπροσδόκητον ἐπιφάνειαν τῶν πολεμίων. (4) ὁ δὲ
Λύσανδρος συνιδὼν τὴν τῶν ἐναντίων ταραχήν, ᾿Ετεόνικον μὲν μετὰ τῶν εἰωθότων
πεζῇ μάχεσθαι ταχέως ἀπεβίβασεν· ὁ δὲ ὀξέως τῇ τοῦ καιροῦ ῥοπῇ χρησάμενος μέρος
κατελάβετο τῆς παρεμβολῆς· αὐτὸς δ' ὁ Λύσανδρος ἁπάσαις ταῖς τριήρεσιν
ἐξηρτυμέναις ἐπιπλεύσας, καὶ σιδηρᾶς ἐπιβαλὼν χεῖρας, ἀπέσπα τὰς ὁρμούσας ἐπὶ
τῇ γῇ ναῦς. (5) ᾿Αθηναῖοι δὲ τὸ παράδοξον ἐκπεπληγμένοι, καὶ μήτ' ἀναχθῆναι ταῖς
ναυσὶν ἀναστροφὴν ἔχοντες μήτε πεζῇ διαγωνίζεσθαι δυνάμενοι, βραχὺν
ἀντισχόντες χρόνον ἐτράπησαν, εὐθὺ δ' οἱ μὲν τὰς ναῦς, οἱ δὲ τὴν παρεμβολὴν
ἐκλιπόντες ἔφυγον, ὅπου ποθ' ἕκαστος ἤλπιζε σωθήσεσθαι. (6) Τῶν μὲν οὖν τριήρων
δέκα μόνον διεξέπεσον, ὧν μίαν ἔχων Κόνων ὁ στρατηγὸς τὴν μὲν εἰς ᾿Αθήνας
ἐπάνοδον ἀπέγνω φοβηθεὶς τὴν ὀργὴν τοῦ δήμου, πρὸς Εὐαγόραν δὲ τὸν
ἀφηγούμενον τῆς Κύπρου κατέφυγεν, ἔχων πρὸς αὐτὸν φιλίαν· τῶν δὲ στρατιωτῶν οἱ
πλεῖστοι μὲν κατὰ γῆν φυγόντες εἰς Σηστὸν διεσώθησαν. (7) Λύσανδρος δὲ τὰς
λοιπὰς ναῦς παραλαβὼν αἰχμαλώτους, καὶ ζωγρήσας Φιλοκλέα τὸν στρατηγόν,
ἀπαγαγὼν εἰς Λάμψακον ἀπέσφαξεν. Μετὰ δὲ ταῦτ' εἰς Λακεδαίμονα τοὺς τὴν νίκην
ἀπαγγελοῦντας ἀπέστειλεν ἐπὶ τῆς κρατίστης τριήρους, κοσμήσας τοῖς
πολυτελεστάτοις τὴν ναῦν ὅπλοις καὶ λαφύροις. (8) Ἐπὶ δὲ τοὺς εἰς Σηστὸν
καταφυγόντας ᾿Αθηναίους στρατεύσας τὴν μὲν πόλιν εἷλε, τοὺς δ' ᾿Αθηναίους
ὑποσπόνδους ἀφῆκεν. Εὐθὺς δὲ τῇ δυνάμει πλεύσας ἐπὶ Σάμον αὐτὸς μὲν ταύτην
ἐπολιόρκει, Γύλιππον δὲ τὸν εἰς Σικελίαν τοῖς Συρακοσίοις τῷ ναυτικῷ
συμπολεμήσαντα ἀπέστειλεν εἰς Σπάρτην τά τε λάφυρα κομίζοντα καὶ μετὰ τούτων
ἀργυρίου τάλαντα χίλια καὶ πεντακόσια. (9) Ὄντος δὲ τοῦ χρήματος ἐν σακίοις, καὶ
ταῦτ' ἔχοντος ἑκάστου σκυτάλην ἔχουσαν τὴν ἐπιγραφὴν τὸ πλῆθος τοῦ χρήματος
δηλοῦσαν, ταύτην ἀγνοήσας ὁ Γύλιππος τὰ μὲν σακία παρέλυσεν, ἐξελόμενος δὲ
τάλαντα τριακόσια, καὶ διὰ τῆς ἐπιγραφῆς γνωσθεὶς ὑπὸ τῶν ἐφόρων, ἔφυγε καὶ
κατεδικάσθη θανάτῳ. (10) Παραπλησίως δὲ καὶ τὸν πατέρα τοῦ Γυλίππου Κλέαρχον
συνέβη φυγεῖν ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις, ὅτι δόξας παρὰ Περικλέους λαβεῖν
χρήματα περὶ τοῦ τὴν εἰσβολὴν εἰς τὴν ᾿Αττικὴν μὴ ποιήσασθαι κατεδικάσθη
θανάτῳ, καὶ φυγὼν ἐν Θουρίοις τῆς ᾿Ιταλίας διέτριβεν. Οὗτοι μὲν οὖν, ἄνδρες ἱκανοὶ
τἄλλα δόξαντες εἶναι, ταῦτα πράξαντες τὸν ἄλλον βίον αὐτῶν κατῄσχυναν.
| [13,106] Or comme les ennemis persistaient à éviter le combat
et que la flotte commençait à manquer de vivres, Philoclès, qui était de
jour, ordonna à tous les capitaines de vaisseaux de mettre tout leur équipage
en ordre et de le suivre incessamment ; et prenant avec lui trente vaisseaux
déjà prêts, il partit à l'instant même. (2) Lysandre ayant appris ce mouvement
par des transfuges s'avança avec toute sa flotte ; il mit Philoclès en fuite et le
repoussa sur ses autres vaisseaux qui n'étaient pas encore partis et qui furent
extrêmement étonnés de voir l'ennemi si près d'eux. (4) Lysandre qui s'aperçut
de leur frayeur et de leur désordre, commanda au même instant à Eteonicus
d'aller faire débarquer tout ce qu'il y avait de soldats accoutumés aux combats
de terre. Celui-ci profitant de l'embarras où étaient tes ennemis à la vue de
Lysandre, alla se saisir par derrière d'une grande partie de leur camp. Pendant
ce temps-là Lysandre s'approchait toujours avec une flotte en bon ordre; et
dès qu'il fut à portée des vaisseaux ennemis, placés le long du rivage, il
employa les mains de fer pour les attirer à lui. (5) Les Athéniens furent alors
véritablement consternés, ne pouvant jouir de leurs vaisseaux et n'ayant pas le
temps de se ranger en bataille sur terre. Ainsi après s'être défendus peu de
temps, ils se mirent en fuite ; ceux des vaisseaux vers le camp et ceux du
camp vers les vaisseaux ; chacun espérant se sauver dans le lieu où il n'était
pas : (6) à peine échappa-t-il dix vaisseaux de toute la flotte. Le Général
Conon en prit un ; mais ce n'était pas pour retourner à Athènes, où il craignait
la fureur du peuple : il se retira chez Evagoras, prince de Chypre, dont il était
ami. La plupart des soldats firent leur retraite par terre et se réfugièrent à
Sestos. Lysandre emmena les autres vaisseaux et leur équipage en captivité ;
et ayant pris Philoclés vivant, il le conduisit à Lampsaque, où il le fit égorger.
Après quoi il choisit le plus beau vaisseau de la prise qu'il avait faite et l'ayant
orné des plus belles armes et autres dépouilles qu'il y avait trouvées, il
l'envoya à Lacédémone, pour y porter la nouvelle de sa victoire. Aussitôt après
il alla attaquer dans Sestos ceux que la fuite y avait conduits, il prit la ville et
renvoya les Athéniens sous leur serment. (8) Il passa de là à Samos avec
toutes ses forces : il se rendit maître de l'île, d'où il envoya à Lacédémone ce
même Gylippe, qui avait rendu à Syracuse tant de services en combattant
pour elle sur mer. Celui-ci pontait à Sparte, en cette occasion, les dépouilles
de la dernière bataille gagnée et dont quinze cens talents d'argent faisaient
partie. (9) Cet argent était enfermé dans des sacs, en chacun desquels était
une étiquette de cuir ou de parchemin, qui indiquait la somme contenue dans
chaque sac. Gylippe qui n'en savait rien ouvrit les sacs et en tira trois cents
talents : ce qui ayant été reconnu par les éphores à l'indice de l'étiquette, il
s'enfuit et l'on prononça contre lui une sentence de mort. (10) Son père
Clearque avait été autrefois obligé de s'enfuir de même, parce qu'il fut accusé
d'avoir reçu de l'argent de Periclès, pour ne pas entrer à la tête des
Lacédémoniens dans l'Attique : il avait été aussi condamné à mort et il se
retira à Thurium en Italie. Ainsi ces deux hommes, capables d'ailleurs de
grandes choses, ont terni leur vie et déshonoré leur mémoire par cette
bassesse.
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