[13,102]Τούτων δὲ κυρωθέντων, καὶ μελλόντων αὐτῶν ὑπὸ τῶν δημοσίων ἐπὶ τὸν
θάνατον ἄγεσθαι, Διομέδων εἷς τῶν στρατηγῶν παρῆλθεν εἰς τὸ μέσον, ἀνὴρ καὶ τὰ
περὶ τὸν πόλεμον ἔμπρακτος καὶ δικαιοσύνῃ τε καὶ ταῖς ἄλλαις ἀρεταῖς δοκῶν
διαφέρειν. (2) Σιωπησάντων δὲ πάντων εἶπεν· ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τὰ μὲν περὶ ἡμῶν
κυρωθέντα συνενέγκαι τῇ πόλει· τὰς δὲ ὑπὲρ τῆς νίκης εὐχὰς ἐπειδήπερ ἡ τύχη
κεκώλυκεν ἡμᾶς ἀποδοῦναι, καλῶς ἔχον ὑμᾶς φροντίσαι, καὶ τῷ Διὶ τῷ σωτῆρι καὶ
᾿Απόλλωνι καὶ ταῖς σεμναῖς θεαῖς ἀπόδοτε· τούτοις γὰρ εὐξάμενοι τοὺς πολεμίους
κατεναυμαχήσαμεν. (3) Ὁ μὲν οὖν Διομέδων ταῦτα διαλεχθεὶς ἐπὶ τὸν κυρωθέντα
θάνατον ἀπήγετο μετὰ τῶν ἄλλων στρατηγῶν, τοῖς ἀγαθοῖς τῶν πολιτῶν πολὺν
οἶκτον παραστήσας καὶ δάκρυα· τὸν γὰρ ἀδίκως τελευτᾶν μέλλοντα τοῦ μὲν καθ'
αὑτὸν πάθους μηδ' ἡντινοῦν ποιεῖσθαι μνείαν, ὑπὲρδὲ τῆς ἀδικούσης πόλεως ἀξιοῦν
τὰς εὐχὰς ἀποδιδόναι τοῖς θεοῖς, ἐφαίνετ' ἀνδρὸς εὐσεβοῦς ἔργον καὶ μεγαλοψύχου
καὶ τῆς περὶ αὐτὸν τύχης ἀναξίου. (4) Τούτους μὲν οὖν οἱ ταχθέντες ὑπὸ τῶν νόμων
ἕνδεκα ἄρχοντες ἀπέκτειναν, οὐχ οἷον ἠδικηκότας τι τὴν πόλιν, ἀλλὰ ναυμαχίαν
μεγίστην τῶν ῞Ελλησι πρὸς ῞Ελληνας γεγενημένων νενικηκότας καὶ ἐν ἄλλαις μάχαις
λαμπρῶς ἠγωνισμένους, καὶ διὰ τὰς ἰδίας ἀρετὰς τρόπαια κατὰ τῶν πολεμίων
ἑστακότας. (5) Οὕτως δ' ὁ δῆμος τότε παρεφρόνησε, καὶ παροξυνθεὶς ἀδίκως ὑπὸ τῶν
δημαγωγῶν τὴν ὀργὴν ἀπέσκηψεν εἰς ἄνδρας οὐ τιμωρίας, ἀλλὰ πολλῶν ἐπαίνων καὶ
στεφάνων ἀξίους.
| [13,102] Pendant qu'on se préparait l'exécutions, Diomédon, l'un des condamnés,
s'avança au milieu de l'assemblée. C'était un homme expert dans la guerre et
distingué par son équité et par toutes sortes de vertus. (2) Quand on eut fait silence,
il dit : Athéniens, je souhaite que l'arrêt que vous avez prononcé contre nous, tourne
à votre avantage. Mais puisque la fortune nous empêche de rendre nous-mêmes
aux dieux les actions de grâces que nous leur devons pour la victoire
que nous avons remportée, il est juste que vous vous en chargiez. Ainsi ne
manquez pas de vous acquitter de ce devoir envers Jupiter Sauveur, le dieu
Apollon et les augustes Déesses. Car c'est un voeu auquel nous nous
sommes engagés avant la bataille. (3) Diamédon ayant ainsi parlé, fut conduit
avec les autres chefs au lieu du supplice, laissant à tous les honnêtes gens de
la ville, un grand sujet de regrets et de larmes, sur ce qu'allant subir une mort
injuste, il n'avait fait aucune mention de ses propres intérêts. C'était sans
doute la marque d'une grande âme et d'un homme véritablement religieux et
très supérieur son infortune, qu'étant la victime de la fougue d'un peuple
insensé, il l'avertissait encore de ce qu'il devait aux Dieux. (4) Les onze
magistrats créés par les lois pour connaître des matières criminelles, firent
mourir ainsi des hommes, qui, au lieu d'être coupables envers leur patrie,
venaient de remporter la plus grande victoire navale entre des Grecs, dont on
ait jamais parlé ; qui s'étaient comporté en braves gens en plusieurs autres
rencontres et qui avaient dressé plusieurs trophées à l'honneur de la
République. (5) Mais ce malheureux peuple était alors dans un accès de
frénésie, allumé par ses harangueurs, et qui lui fit exercer sa vengeance
contre des hommes auxquels il ne devait que des éloges et des couronnes.
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