[6] Ταῦτα μὲν οὖν ἔστιν ἃ παραδεδώκασιν ἡμῖν οἱ τὸν βίον τοῦ ἀνδρὸς
ἀναγράψαντες. ἃ δὲ αὐτὸς ὁ φιλόσοφος ὑπὲρ ἑαυτοῦ γράφει, πᾶσαν
ἀφαιρούμενος ἐπιχείρησιν τῶν χαρίζεσθαι βουλομένων αὐτῷ τὰ μὴ προσήκοντα,
πρὸς πολλοῖς δ´ ἄλλοις ὧν οὐδὲν δέομαι μεμνῆσθαι κατὰ τὸ παρόν, ἃ τέθηκεν ἐν
τῇ πρώτῃ βύβλῳ ταύτης τῆς πραγματείας, ὡς οὐ μειράκιον ἦν, ὅτε τὰς ῥητορικὰς
συνετάττετο τέχνας, ἀλλ´ ἐν τῇ κρατίστῃ γεγονὼς ἀκμῇ καὶ προεκδεδωκὼς ἤδη
τάς τε τοπικὰς συντάξεις καὶ τὰς ἀναλυτικὰς καὶ τὰς μεθοδικάς, τεκμήρι´ ἐστὶν
ἰσχυρότατα. ἀρξάμενος γὰρ τὰς ὠφελείας ἐπιδεικνύειν, ἃς περιείληφεν ὁ
ῥητορικὸς λόγος, ταῦτα κατὰ λέξιν γράφει· ‘χρήσιμος δ´ ἐστὶν ἡ ῥητορικὴ διά γε
τὸ φύσει εἶναι κρείττω τἀληθῆ καὶ τὰ δίκαια τῶν ἐναντίων· ὥςτε ἐὰν μὴ κατὰ τὸ
προσῆκον αἱ κρίσεις γίνωνται, ἀνάγκη δι´ αὑτὸν ἡττᾶσθαι· τοῦτο δ´ ἐστὶν ἄξιον
ἐπιτιμήσεως. ἔτι δὲ πρὸς ἐνίους, οὐδ´ εἰ τὴν ἀκριβεστάτην ἔχοιμεν ἐπιστήμην,
ῥᾴδιον ἀπ´ ἐκείνης πεῖσαι λέγοντας· διδασκαλία γάρ ἐστιν ὁ κατὰ τὴν ἐπιστήμην
λόγος, τοῦτο δὲ ἀδύνατον· ἀλλ´ ἀνάγκη διὰ τῶν κοινῶν ποιεῖσθαι τὰς πίστεις καὶ
τοὺς λόγους, ὥςπερ καὶ ἐν τοῖς τοπικοῖς λέγομεν περὶ τῆς πρὸς τοὺς πολλοὺς
ἐντεύξεως.’
| [6] VI. Tels sont les détails que nous fournissent les auteurs qui ont écrit
la vie d'Aristote : ce qu'il dit lui-même ne doit laisser aucun doute à
ceux qui cherchent à lui attribuer une gloire qui ne lui appartient pas.
Je pourrais rapporter ici plusieurs passages; mais il suffit de citer le
commencement du premier livre de sa rhétorique. On verra que lorsqu'il
écrivit ce traité, il n'était plus dans sa jeunesse, mais dans l'âge mûr,
et qu'il avait déjà composé ses Topiques, ses Analytiques et ses livres
sur la Méthode. Cette preuve me paraît sans réplique. Aristote commence
par prouver l'utilité de la rhétorique, et s'exprime en ces termes : « La
rhétorique est utile, parce que la justice et la vérité sont, par
elles-mêmes, préférables à leurs contraires ; mais si l'on ne juge point
comme il convient, elles seront souvent sacrifiées ; ce qui mérite les
plus grands reproches. D'ailleurs, en empruntant les preuves d'une science
dont on a la plus parfaite connaissance, on ne parviendrait pas à
persuader certains auditeurs : les preuves déduites d'une science ne sont
intelligibles que pour ceux qui l'ont étudiée. L'orateur ne peut pas
toujours les faire valoir, et il doit nécessairement recourir à certains
lieux communs, ainsi que nous l'avons dit dans les Topiques, en traitant
de la manière de parler à la multitude. »
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