[7,63] Τοῦτο καταμαθὼν ὁ Δέκιος ἐκεῖνος, ὁ καὶ
τοὺς ἐν τῇ βουλῇ ποιησάμενος λόγους καὶ τὸ προβούλευμα περὶ
τῆς δίκης γραφῆναι παρασκευάσας, ἀνέστη
καὶ σιωπὴν γενέσθαι κελεύσας ἔλεξεν· Ἐπειδή, ὦ δημόται, τῶν ἐν
τῇ βουλῇ λεχθέντων ὑπὸ Μαρκίου λόγων, καὶ τῶν διὰ τούτους
ἀκολουθησάντων ἔργων
βιαίων τε καὶ ὑπερηφάνων ἀπολύουσιν αὐτὸν οἱ πατρίκιοι καὶ
οὐδ´ ἡμῖν ἐπιτρέπουσι κατηγορεῖν, ἀκούσατε,
οἷον ὑμῖν ἔργον ἕτερον ἔξω τῶν λόγων ὁ γενναῖος
οὗτος ἀνὴρ τυγχάνει διαπεπραγμένος, ὡς αὔθαδες καὶ
τυραννικόν, καὶ οἷον ὑμῶν κατέλυσε νόμον αὐτὸς ἰδιώτης ὢν
μάθετε. ἴστε δήπου πάντες, ὅτι τὰ ἐκ τῶν
πολέμων λάφυρα, ὅσων ἂν ἡμῖν ὑπάρχῃ τυχεῖν δι´
ἀρετήν, δημόσια εἶναι κελεύει ὁ νόμος, καὶ τούτων οὐχ
ὅπως τις ἰδιώτης γίνεται κύριος, ἀλλ´ οὐδ´ αὐτὸς ὁ τῆς
δυνάμεως ἡγεμών· ὁ δὲ ταμίας αὐτὰ παραλαβὼν ἀπεμπολᾷ καὶ
εἰς τὸ δημόσιον ἀναφέρει τὰ χρήματα· καὶ
τοῦτον τὸν νόμον, ἐξ οὗ τήνδε οἰκοῦμεν τὴν πόλιν, οὐχ
ὅπως κατέλυσέ τις, ἀλλ´ οὐδ´ ᾐτιάσατο μὴ οὐχὶ καλῶς
ἔχειν· ἀλλ´ οὗτος ὁ Μάρκιος πρῶτος καὶ μόνος ὑπεριδὼν αὐτοῦ
κειμένου καὶ κυρίου ὄντος ἠξίωσε σφετερίσασθαι τὰ κοινὰ ἡμῶν,
ὦ δημόται, λάφυρα, πέρυσι
καὶ οὐ πάλαι. ποιησαμένων γὰρ ὑμῶν καταδρομὴν
τῆς Ἀντιατῶν γῆς καὶ πολλὰ μὲν σώματα, πολλὰ δὲ
βοσκήματα, πολὺν δὲ σῖτον, πολλὰ δ´ ἄλλα χρήματα
περιβαλομένων οὔτε τῷ ταμίᾳ ταῦτ´ ἀπέδειξεν οὔτ´
αὐτὸς ἀποδόμενος εἰς τὸ δημόσιον ἀνήνεγκε τὸ ἀργύριον, ἀλλὰ
διένειμε καὶ κατεχαρίσατο τοῖς ἑαυτοῦ φίλοις ἅπασαν τὴν λείαν·
τοῦτο δὴ τυραννίδος τεκμήριον
εἶναι φημὶ τὸ ἔργον· πῶς γὰρ οὔ; ὃς τοὺς ἑαυτοῦ κόλακάς τε καὶ
σωματοφύλακας καὶ τῆς μελλούσης τυραννίδος συνεργοὺς ἐκ τῶν
δημοσίων εὐηργέτει χρημάτων·
καὶ νόμου κατάλυσιν εἶναι φανερὰν ταύτην λέγω. δυεῖν
δὴ θάτερον ἀποφηνάτω παρελθὼν Μάρκιος, ἢ ὡς οὐ
διένειμε τὰ λάφυρα τοῖς ἑαυτοῦ φίλοις, ἃ ἔλαβεν ἐκ
τῆς πολεμίας, ἢ ὡς ταῦτα ποιῶν οὐ καταλύει τοὺς
νόμους· ὧν οὐδέτερον ἕξει πρὸς ὑμᾶς εἰπεῖν. αὐτοὶ
γὰρ ἀμφότερα ἴστε, καὶ τὸν νόμον καὶ τὸ ἔργον, καὶ
οὐκ ἔνεσθ´ ὑμῖν ἀποψηφισαμένοις αὐτοῦ τὰ δίκαια καὶ
τὰ εὔορκα δοκεῖν ἐγνωκέναι. ἐάσας δὴ τοὺς στεφάνους
καὶ τὰ ἀριστεῖα καὶ τὰ τραύματα καὶ τὴν ἄλλην τερατείαν πρὸς
ταῦτα λέγε, ὦ Μάρκιε· παραδίδωμι γὰρ
ἤδη σοὶ τὸν λόγον.
| [7,63] IV. LUCIUS qui avait parlé dans l'assemblée du sénat et qui avait fait
écrire le sénatus-consulte, s'aperçut de l'embarras où l'on était : il se lève
dans le moment, et ayant fait faire silence, il parle en ces termes:
« Romains, puisque les patriciens absolvent Marcius, non seulement
des discours séditieux qu'il a tenus dans le sénat, mais encore des
actions de violence et de fierté qui s'en sont ensuivies, et qu'ils ne nous
permettent pas même de l'accuser : écoutez ce que ce brave homme a
fait contre vous, apprenez jusqu'à quel point il a porté sa fierté et sa
tyrannie, et avec quelle arrogance il a osé violer une de nos lois
fondamentales quoiqu'il ne fût qu'homme privé, car sans parler davantage
des discours insolents, je veux vous faire voir par d'autres preuves
combien il est coupable. Vous savez tous qu'il y a une loi, par laquelle les
dépouilles que nous remportons sur les ennemis par notre valeur,
appartiennent de droit à la république, et qu'aucun particulier n'en peut
disposer, pas même le général d'armée, mais qu'on les doit livrer au
questeur afin qu'il les vende et qu'il en mette l'argent dans le trésor public.
Depuis que la ville de Rome est habitée, on n'a jamais violé cette loi, et
personne ne l'a blâmée. Marcius est le seul qui la méprise cette loi
inviolable de nos pères. Il est le seul, Romains, qui ait osé l'année
dernière nous ôter les dépouilles qui appartenaient au public. Lorsque
vous eûtes fait vos courses sur les terres des Antiates, où vous enlevâtes
beaucoup de prisonniers, de troupeaux, de blé et d'autres effets, et au lieu
de présenter ce butin au questeur, ou de le vendre pour en mettre le
produit dans le trésor, il le distribua tout entier à ses amis à qui il en fit
présent. Voila ce que j'appelle une preuve de sa tyrannie. En effet peut-on
en juger autrement, puisqu'il a employé l'argent du public à gagner ses
flatteurs, à se faire des gardes, des créatures, et des défenseurs de la
tyrannie où il aspire ? Voila, dis-je ce que j'appelle un violement manifeste
de la loi. Que Marcius paraisse donc, et qu'il nous prouve qu'il n'a pas
distribué à ses confidents le butin qu'il a fait sur les ennemis, ou que s'il
leur a partagé, il n'a pas en cela violé les lois. Je suis bien sûr qu'il ne
saurait vous prouver ni l'un ni l'autre. Vous savez la loi, et vous
connaissez ce qu'il a fait : il ne vous est donc pas possible de l'absoudre
sans violer la justice et sans aller directement contre vos serments. Ainsi,
Marcius, laissez-là les couronnes, les prix de valeur, les blessures, les
cicatrices, et tous vos autres prestiges. Répondez à ce que je dis : car
c'est là sur quoi je vous ordonne de parler maintenant,
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