[7,49] Πρῶτον μὲν οὖν τοῦθ´ ὑμᾶς ἤδη
ποτὲ ἀξιῶ βεβαίως μαθεῖν, ὅτι δυσμενῆ καὶ πολέμιον
ἔχετε τῇ καθεστώσῃ πολιτείᾳ τὸν δημοτικὸν ὄχλον, καὶ
πάνθ´ ὅσα μαλακισθέντες αὐτῷ συνεχωρήσατε μάτην
θ´ ὑμῖν ἀνήλωται καὶ καταφρονήσεως αἴτια γέγονεν,
ὡς διὰ τὴν ἀνάγκην συγχωρηθέντα ὑφ´ ὑμῶν, ἀλλ´
οὐκ ἀπ´ εὐνοίας οὐδὲ κατὰ κρίσιν. σκοπεῖτε γὰρ οὕτως.
ὅτ´ ἀπέστη λαβὼν τὰ ὅπλα ὁ δῆμος ἀφ´ ὑμῶν καὶ
πολέμιος ὑμῖν ἐτόλμησεν ἐκ τοῦ φανεροῦ γενέσθαι,
ἀδικηθεὶς μὲν οὐδέν, τὸ μὴ δύνασθαι δὲ τὰ χρέα τοῖς
συμβεβληκόσι διαλῦσαι σκηπτόμενος, καὶ εἰ ψηφίσαισθε
ὑμεῖς χρεῶν τ´ ἀποκοπὰς καὶ ἄδειαν ὧν ἥμαρτε κατὰ
τὴν ἀπόστασιν οὐθενὸς ἔτι δεήσεσθαι ἔφησεν, ἔγνωσαν
οἱ πλείους ὑμῶν, οὐ γὰρ δὴ πάντες γε, παρακρουσθέντες ὑπὸ τῶν
συμβούλων, ὡς μή ποτε ὤφελον,
ἀκυρῶσαι τοὺς ἐπὶ τῇ πίστει τεθέντας νόμους καὶ μηθενὸς τῶν
τότε γεγενημένων μνησικακεῖν ἀδικημάτων.
οὐκ ἠγάπησε ταύτης τυχὼν τῆς χάριτος, ἧς μόνης
μεμνημένος ἔφη πεποιῆσθαι τὴν ἀπόστασιν, ἀλλ´ εὐθὺς
ἑτέραν ἔτι ταύτης ᾔτει μείζω καὶ παρανομωτέραν δωρεάν,
ἐξουσίαν αὐτῷ δοθῆναι δημάρχους ἐξ αὐτοῦ καθ´
ἕκαστον ἔτος ἀποδεικνύναι, πρόφασιν μὲν ποιούμενος
τὴν ἡμετέραν ἰσχύν, ἵνα δὴ τοῖς ἀδικουμένοις καὶ κατισχυομένοις
τῶν πενήτων ἐπικουρία τις ὑπάρχῃ καὶ
καταφυγή· ὡς δὲ τἀληθὲς εἶχεν, ἐπιβουλεύων τῷ κόσμῳ
τῆς πολιτείας καὶ εἰς δημοκρατίαν περιστῆσαι τὰ πράγματα
βουλόμενος. καὶ τοῦτ´ ἔπεισαν ἡμᾶς οἱ σύμβουλοι
τὸ ἀρχεῖον ἐᾶσαι παρελθεῖν εἰς τὴν πόλιν ἐπὶ τῷ κοινῷ
παραγινόμενον κακῷ, καὶ μάλιστ´ ἐπὶ τῷ κατὰ τῆς
βουλῆς φθόνῳ, πολλά, εἴπερ ἄρα μέμνησθε, κεκραγότος
ἐμοῦ καὶ μαρτυρομένου θεούς τε καὶ ἀνθρώπους, ὅτι
πόλεμον ἐμφύλιον ἄπαυστον εἰς τὴν πόλιν εἰσάξετε,
καὶ πάνθ´ ὅσα ὑμῖν προβέβηκε λέγοντος.
| [7,49] II. PREMIEREMENT il faut que vous sachiez une fois pour tout que
le peuple est fort mécontent du gouvernement présent, que l'aristocratie
n'a point d'ennemi plus dangereux, que tout ce que vous lui avez accordé
avec trop de facilité, est absolument perdu pour vous ; et que tous les
ménagements que vous avez eus pour lui, n'ont fait qu'augmenter le
mépris qu'il avait pour vous, convaincu qu'il est, que la nécessité seule
vous a fait condescendre à tout ce qu'il exigeait de vous, sans que
l'amitié, la prudence ou la volonté y aient eu aucune part. En effet, lorsqu'il
prit les armes pour se séparer de vous, et qu'il osa se déclarer
ouvertement {notre} ennemi, sans autre sujet de plainte et sans autre
prétexte que l'impossibilité où il se trouvait de payer ses créanciers ;
lorsque vous lui accordâtes l'abolition de ses dettes et l'amnistie de sa
révolte, ne vous dît- il pas qu'il ne demanderait rien de plus ? Mais ne
poussa-t-il pas plus loin ses injustes prétentions ? Souvenez-vous en,
Messieurs : lorsque par un excès de complaisance, vous lui eûtes
accordé ces deux choses, contre le sentiment de plusieurs d'entre vous,
qui ne s'étant pas laissé tromper par de mauvais conseils étaient d'avis
de ne jamais infirmer les lois qui concernaient la foi publique, ni oublier
entièrement les injustices du peuple ; il ne se contenta pas d'avoir obtenu
cette grâce, quoiqu'il protestât qu'il ne s'était révolté que pour obtenir
celle-là seule. Mais aussitôt après il vous en demanda une seconde plus
grande et plus contraire aux lois. II vous extorqua la permission de créer
tous les ans des tribuns du corps des plébéiens, sous le spécieux prétexte
de procurer quelque secours et un asile aux pauvres citoyens opprimés
par notre puissance, qu'il disait être montée à un trop haut point : mais
dans le fond, sa véritable intention était de renverser par ce moyen l'ordre
du gouvernement, et de le changer en démocratie. Dans la suite, les
principaux conseillers du sénat, vous ont engagés à admettre dans vos
assemblées et délibérations, le collège des tribuns qui semble n'être établi
que pour la ruine de la république, et surtout pour rendre le sénat plus
odieux. Vous les y avez admis, quoique je m'y sois opposé de toutes mes
forces. Vous vous en souvenez : j'ai eu beau crier et prendre à témoins et
les dieux et les hommes, que c'était introduire dans Rome des semences
éternelles de guerres intestines ; en un mot, j'ai eu beau vous prédire tout
ce qui vous est arrivé, vous n'avez tenu compte de mes remontrances.
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