[7,25] Τοιαῦτ´ εἰπόντος τοῦ Μαρκίου διέστησαν αἱ
γνῶμαι τῶν συνέδρων, καὶ θόρυβος ἐν αὐτοῖς ἐγίνετο
πολύς. οἱ μὲν γὰρ ἐξ ἀρχῆς ἐναντίοι τοῖς δημοτικοῖς
καὶ τὰς διαλλαγὰς παρὰ γνώμην ὑπομείναντες, ἐν οἷς
ἥ τε νεότης ὀλίγου δεῖν πᾶσα ἦν καὶ τῶν πρεσβυτέρων
οἱ πλουσιώτατοί τε καὶ φιλοτιμότατοι, βαρέως φέροντες
οἱ μὲν ἐπὶ ταῖς περὶ τὰ συμβόλαια βλάβαις, οἱ δ´ ἐπὶ
τῇ περὶ τὰς τιμὰς ἐλαττώσει ἐπῄνουν τὸν ἄνδρα ὡς
γενναῖον καὶ φιλόπολιν καὶ τὰ κράτιστα τῷ κοινῷ
λέγοντα· οἱ δὲ δημοτικὰς ἔχοντες τὰς προαιρέσεις τῶν
τρόπων καὶ τὸν πλοῦτον οὐ πέρα τοῦ δέοντος ἐκτετιμηκότες τῆς
τ´ εἰρήνης οὐδὲν ἀναγκαιότερον ὑπολαμβάνοντες ἤχθοντο τοῖς
λεγομένοις ὑπ´ αὐτοῦ καὶ τὴν
γνώμην οὐ προσίεντο· ἠξίουν τε μὴ τοῖς βιαίοις, ἀλλὰ
τοῖς εὐγνώμοσι περιεῖναι τῶν ταπεινοτέρων, μηδ´ ἀπρεπές, ἀλλ´
ἀναγκαῖον ἡγεῖσθαι τὸ ἐπιεικές, ἄλλως τε καὶ
πρὸς τοὺς συμπολιτευομένους ἐπ´ εὐνοίᾳ γινόμενον·
μανίαν τ´ ἀπέφαινον αὐτοῦ τὴν συμβουλήν, οὐ παρρησίαν οὐδὲ
ἐλευθερίαν. βραχὺ μὲν οὖν τοῦτο τὸ
μέρος καὶ ἀσθενὲς ὂν περιεωθεῖτο ὑπὸ τοῦ βιαιοτέρου.
ταῦτα δ´ ὁρῶντες οἱ δήμαρχοι· παρῆσαν γὰρ τῷ συνεδρίῳ
παρακληθέντες ὑπὸ τῶν ὑπάτων· ἐβόων τε καὶ
ἤσπαιρον καὶ τὸν Μάρκιον λυμεῶνα καὶ ὄλεθρον τῆς
πόλεως ἀπεκάλουν πονηροὺς διεξιόντα κατὰ τοῦ δήμου
λόγους, καὶ εἰ μὴ κωλύσειαν αὐτὸν οἱ πατρίκιοι πόλεμον
ἐμφύλιον εἰς τὴν πόλιν εἰσάγοντα θανάτῳ ζημιώσαντες ἢ φυγῇ,
αὐτοὶ ποιήσειν τοῦτ´ ἔλεγον. θορύβου
δ´ ἔτι πλείονος ἐπὶ τοῖς λόγοις τῶν δημάρχων γενομένου, καὶ
μάλιστ´ ἐκ τῶν νεωτέρων τὰς ἀπειλὰς δυσανασχετούντων
ἐπαρθεὶς τούτοις ὁ Μάρκιος αὐθαδέστερον ἤδη καθήπτετο τῶν
δημάρχων καὶ θρασύτερον·
Εἰ μὴ παύσεσθε μέντοι, λέγων, ταράττοντες τὴν πόλιν
ὑμεῖς καὶ ἐκδημαγωγοῦντες τοὺς ἀπόρους, οὐκέτι λόγῳ
διοίσομαι πρὸς ὑμᾶς, ἀλλ´ ἔργῳ.
| [7,25] VII. APRES ce discours de Marcius, les sentiments des sénateurs se
partagèrent, et il s'éleva un grand tumulte dans l'assemblée. Ceux qui dès
le commencement s'étaient opposés aux plébéiens et qui n'avaient
consenti que malgré eux au traité de réconciliation, du nombre desquels
étaient presque tous les jeunes sénateurs avec quelques anciens des
plus ambitieux et des plus riches, conçurent alors plus d'indignation
qu'auparavant. {Irrités} contre la populace impudente, {les uns parce
qu'on avait violé la foi des contrats, les autres parce qu'ils voyaient leur
propre autorité extrêmement affaiblie,} ils applaudirent au discours de
Marcius, louèrent le zèle qu'il avait pour la patrie, et entrant dans les
mêmes sentiments, ils jugèrent que les avis qu'il venait de proposer, ne
pouvaient être que très salutaires à la république. Mais ceux qui étaient
portés pour le peuple, et qui moins sensibles aux applaudissements du
sénat et aux attraits des richesses, ne croyaient pas qu'il y eût rien de
plus nécessaire que la paix, furent offensés du discours de Marcius et ne
purent entrer dans ses sentiments. Ils représentèrent qu'un supérieur
devait plutôt se distinguer de ses inférieurs par la prudence que par la
force : qu'il ne fallait pas regarder la modération et la justice comme peu
convenables et hors de saison, mais comme des vertus nécessaires, surtout
lorsqu'il s'agissait de vivre en bonne intelligence avec ses citoyens, et
que les conseils de Marcius étaient plutôt l'effet d'une véritable fureur, que
des marques de confiance et d'une généreuse liberté. Mais ce dernier
parti, comme le moins nombreux et le plus faible était obligé de céder au
plus fort.
VIII. ALORS les tribuns qui avaient été invités à cette délibération par
les consuls, frémissent de dépit et de colère : toute l'assemblée retentit de
leurs plaintes. Ils s'emportent contre Marcius : ils l'accusent d'être la peste
de la république, et de chercher par ses mauvais discours contre le
peuple à rallumer dans Rome le flambeau d'une guerre civile, ils
menacent enfin que si les patriciens n'arrêtent ses emportements et s'ils
ne le punissent de mort ou d'exil, ils le feront eux-mêmes. Ce discours ne
fait qu'augmenter le désordre et le tumulte. Les jeunes sénateurs indignés
des menaces des tribuns, s'emportent de plus en plus. Marcius devenu
plus hardi, pousse plus loin ses invectives : il s'adresse nommément aux
tribuns : il les menace à haute voix.
« Si vous ne cessez, dit-il, de troubler la république et de soulever le
peuple par vos discours séditieux, je prendrai des moyens plus efficaces
que les paroles pour réprimer votre insolence. »
|