[7,24] Καιρὸς δ´ ὁ παρὼν οἷος οὐχ ἕτερος, εἴπερ
γ´ ἄρχεσθαι μέλλετε σωφρονεῖν, ἐν ᾧ κεκάκωται αὐτῶν
τὸ πλεῖστον μέρος ὑπὸ τοῦ λιμοῦ, καὶ τὸ λοιπὸν οὐκ
ἂν ἔτι δύναιτο πολὺν ἀντισχεῖν χρόνον ὑπ´ ἀχρηματίας, εἰ
σπανίους τε καὶ τιμίας ἔχοι τὰς ἀγοράς·
ἀναγκασθήσονται δ´ οἱ μὲν κάκιστοι καὶ οὐδέποτε τῇ
ἀριστοκρατίᾳ χαίροντες ἐκλιπεῖν τὴν πόλιν, οἱ δ´ ἐπιεικέστεροι
πολιτεύεσθαι κοσμίως μηθὲν ἔτι ἐνοχλοῦντες
ὑμῖν. τάς τ´ οὖν ἀγορὰς διὰ φυλακῆς ἔχετε, καὶ τῆς
τιμῆς τῶν ὠνίων μηθὲν ἀνίετε, ἀλλ´ ὅσου πλείστου
ποτὲ ἦν τὰ ὤνια, τοσούτου καὶ νῦν αὐτὰ πωλεῖν ψηφίσασθε
δικαίας ἀφορμὰς ἔχοντες καὶ προφάσεις εὐλόγους
τήν τ´ ἀχάριστον τοῦ δήμου καταβοήν, ὡς ὑφ´ ἡμῶν
κατασκευασθείσης τῆς σιτοδείας, ἣ διὰ τὴν ἀπόστασιν
τὴν ἐκείνων ἐγένετο καὶ τὴν καταφθοράν, ἣν ἐποιήσαντο, τῆς
γῆς, ἄγοντες αὐτὴν καὶ φέροντες ὥσπερ
πολεμίαν, καὶ τὰς ἐξαιρεθείσας ἐκ τοῦ δημοσίου δαπάνας εἰς
τοὺς ἀποσταλέντας ἐπὶ τὴν σιτωνίαν ἄνδρας,
καὶ ἄλλα πολλά τιν´, ἃ ἠδίκησθε ὑπ´ αὐτῶν· ἵνα καὶ
γνῶμεν ἤδη, τί ποτ´ ἐστὶν ἐκεῖνο τὸ δεινόν, ὃ διαθήσουσιν ἡμᾶς,
ἂν μὴ ποιῶμεν ἅπαντα τῷ δήμῳ τὰ
καθ´ ἡδονάς, ὡς οἱ δημαγωγοὶ αὐτῶν δεδιττόμενοι
ἔλεγον. εἰ δ´ ἀφήσετε καὶ τοῦτον ἐκ τῶν χειρῶν τὸν
καιρόν, πολλάκις εὔξεσθε τοιούτου τυχεῖν ἑτέρου· καὶ
εἰ γνοίη τοῦθ´ ὁ δῆμος, ὅτι βουληθέντες καταλύειν
αὐτοῦ τὴν ἰσχὺν ἀπετράπεσθε, πολὺ μᾶλλον ὑμῖν βαρὺς
ἐγκείσεται, πολέμιον μὲν τὸ βουλόμενον ὑμῶν ἡγούμενος, δειλὸν
δὲ τὸ μὴ δυνάμενον.
| [7,24] VI. L'OCCASION qui se présente aujourd'hui, est des plus
favorables, si vous voulez commencer à être sages et en profiter : jamais
vous n'en aurez une plus belle : car la plus grande partie des plébéiens
est accablée par la famine, et le reste n'ayant point d'argent, ne pourra
pas résister longtemps si la disette et la cherté continuent. Les plus
méchants d'entre eux qui n'ont jamais pu goûter le gouvernement
aristocratique, seront bientôt contraints de sortir de Rome, et les plus
modérés se comportant avec modestie, cesseront d'exciter des troubles.
Tenez donc vos greniers fermés, et sans rien rabattre du prix des vivres,
ordonnez qu'ils soient vendus aujourd'hui aussi cher qu'ils ont jamais valu
dans le plus fort de la disette. Les cris du peuple et son ingratitude vous
en fournissent une honnête occasion et un juste prétexte, puisqu'il vous
accuse d'être cause de la famine, qui ne vient certainement que de sa
révolte, pendant laquelle il a pillé et ravagé nos terres comme un pays
ennemi, et que d'ailleurs le trésor public a été épuisé pour acheter des
provisions dans les pays étrangers. Mais ce n'est pas là tout: les
plébéiens vous ont fait bien d'autres injustices que je passe sous silence.
Au reste, leur conduite passée nous doit faire connaître combien de maux
nous avons à craindre, et de quelle manière ils nous traiteront dans la
suite si nous ne faisons tout ce qui leur plaira : vous savez que leurs
harangueurs nous en menaçaient dernièrement pour nous intimider. Si
vous laissez encore échapper l'occasion qui se présente aujourd'hui, vous
souhaiterez souvent, mais en vain, d'en trouver une semblable : et si le
peuple vient à savoir que vous avez voulu affaiblir ses forces, mais que la
crainte vous a retenus, il deviendra encore plus insolent, il vous pressera
de plus près, et vous regardera comme les ennemis parce que vous aurez
voulu le détruire, mais comme des ennemis timides qui n'auront pu en
venir à bout. »
|