[7,26] Ἠγριωμένης δὲ τῆς βουλῆς, ὡς ἔμαθον οἱ
δήμαρχοι πλείους ὄντας τοὺς βουλομένους ἀφελέσθαι
τὴν δοθεῖσαν ἐξουσίαν τῷ δήμῳ τῶν ἐμμένειν ταῖς
ὁμολογίαις ἀξιούντων, ἐξέδραμον ἐκ τοῦ βουλευτηρίου
κεκραγότες καὶ θεοὺς τοὺς ὁρκίους ἐπικαλούμενοι. καὶ
μετὰ τοῦτο συναγαγόντες εἰς ἐκκλησίαν τὸν δῆμον ἐδήλωσαν
αὐτῷ τοὺς ἐν τῇ βουλῇ ῥηθέντας λόγους ὑπὸ
τοῦ Μαρκίου, καὶ τὸν ἄνδρα εἰς ἀπολογίαν ἐκάλουν.
ὡς δ´ οὐ προσεῖχεν αὐτοῖς, ἀλλὰ καὶ τοὺς ὑπηρέτας,
ὑφ´ ὧν ἐκαλεῖτο, προπηλακίζων τοῖς λόγοις ἀνεῖρξεν,
ἀγανακτήσαντες ἔτι μᾶλλον οἱ δήμαρχοι παραλαβόντες
τούς τ´ ἀγορανόμους καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν συχνοὺς
ὥρμησαν ἐπ´ αὐτόν· ὁ δ´ ἔτυχεν ἔτι διατρίβων πρὸ τοῦ
βουλευτηρίου τῶν τε πατρικίων πολλοὺς ἐπαγόμενος
καὶ τὴν ἄλλην ἑταιρίαν περὶ αὑτὸν ἔχων. ὡς δὲ συνεῖδον αὐτὸν οἱ
δήμαρχοι, προσέταξαν τοῖς ἀγορανόμοις
ἐπιλαβέσθαι τοῦ σώματος καί, εἰ μὴ ἑκὼν βούλεται
ἀκολουθεῖν, βίᾳ ἄγειν· εἶχον δὲ τότε τὴν ἀγορανομικὴν ἐξουσίαν
Τῖτος Ἰούνιος Βροῦτος καὶ Γάιος Οὐισέλλιος Ῥοῦγας. οἱ μὲν δὴ
προσῄεσαν ὡς ἐπιληψόμενοι
τοῦ ἀνδρός, οἱ δὲ πατρίκιοι δεινὸν ἡγησάμενοι τοὖργον ὑπὸ τῶν
δημάρχων πρὸ δίκης ἄγεσθαί τινα σφῶν
βίᾳ προὔστησαν τοῦ Μαρκίου καὶ τύπτοντες τοὺς ὁμόσε
χωροῦντας ἀπήλασαν. διαβοηθέντος δὲ τοῦ πάθους
ἀνὰ τὴν πόλιν ὅλην ἐξεπήδων ἅπαντες ἐκ τῶν οἰκιῶν·
οἱ μὲν ἐν τοῖς ἀξιώμασιν ὄντες καὶ χρημάτων ἔχοντες
εὖ τὸν Μάρκιον ὑπερασπιοῦντες ἅμα τοῖς πατρικίοις
καὶ τὴν ἀρχαίαν ἀνακτησόμενοι πολιτείαν, οἱ δὲ ταπεινοὶ ταῖς
τύχαις καὶ βίου σπανίζοντες ἀμύνειν παρεσκευασμένοι τοῖς
δημάρχοις καὶ ποιεῖν, ὅ τι ἂν ἐκεῖνοι
κελεύσωσιν· ἥ τ´ αἰδώς, ὑφ´ ἧς κρατούμενοι τέως οὐδὲν ἐτόλμων
εἰς ἀλλήλους παρανομεῖν, τότ´ ἀνῄρητο
ὑπ´ αὐτῶν. οὐ μὴν ἔδρασάν γ´ οὐδὲν ἀνήκεστον τὴν
ἡμέραν ἐκείνην, ἀλλ´ εἰς τὴν ἐπιοῦσαν ἀνεβάλοντο,
γνώμῃ τε καὶ παρακλήσει τῶν ὑπάτων εἴξαντες.
| [7,26] Le sénat entre dans les sentiments de Marcius, et s'irrite contre la
populace. Les tribuns voyant que ceux qui voulaient ôter au peuple la
puissance qu'on lui avait une fois accordée, se trouvaient en plus grand
nombre que les autres qui étaient d'avis d'observer les articles du traité,
sortent de l'assemblée tout en colère : ils crient à haute voix, ils invoquent
les dieux témoins des serments et garant des traités. De ce pas ils se
rendent dans la place publique: ils assemblent le peuple, ils lui font le
rapport du discours que Marcius avait prononcé en plein sénat, et
somment ce patricien de comparaître à leur tribunal pour être ouï et
entendu.
IX. MARCIUS refuse d'obéir : il repousse même avec des paroles
injurieuses les huissiers qui lui font la sommation. Les tribuns encore plus
irrités par sa désobéissance, viennent eux-mêmes et fondent sur lui avec
leurs édiles et plusieurs autres citoyens, tandis qu'il était devant le palais
au milieu des patriciens qu'il tâchait de gagner à son parti. Sitôt qu'ils
l'aperçoivent, ils commandent aux édiles de se saisir de sa personne, et
de l'emmener ou de force ou de gré : (C'était Titus Junius Brutus et
Caius Visellius Ruga qui avaient alors la charge d'édiles.) Comme ils
s'approchaient pour se saisir de lui, les patriciens qui trouvaient fort
étrange que les tribuns entreprissent de faire violence à un homme de
leur corps sans que son procès eut été instruit, se mettent au devant de
Marcius et repoussent à coups de poing ceux qui veulent mettre la main
sur lui. Le bruit de cette action se répand par toute la ville : chacun sort de
chez soi, les plus riches et les plus distingués, pour défendre Marcius
avec les patriciens, afin de rétablir le gouvernement sur l'ancien pied, les
pauvres et la populace, pour soutenir les tribuns et pour exécuter leurs
ordres. Ils perdirent en cette occasion le respect et la retenue qui les avait
empêché jusqu'à lors de s'insulter les uns les autres. Ce jour-la
néanmoins on ne commit aucun désordre qui pût avoir des suites
fâcheuses : les uns et les autres cédèrent aux remontrances des consuls
et remirent l'affaire au lendemain.
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