[7,17] Οὐθενὸς δὲ πρὸς ταῦτ´ ἀντιλέξαντος ἀπῄεσαν
ἐκ τῆς ἐκκλησίας οὐ τὰς ὁμοίας ὑπολήψεις ἔχοντες
ἑκάτεροι· ἀλλ´ οἱ μὲν ἄποροι δοκοῦντές τι περιττὸν
ἐξευρηκέναι τὸν Βροῦτον καὶ οὐκ εἰκῆ ὑποσχέσθαι
πρᾶγμα τηλικοῦτον, οἱ δὲ πατρίκιοι περιφρονοῦντες
τὴν κουφότητα τοῦ ἀνθρώπου καὶ τῶν ὑποσχέσεων τὴν
τόλμαν ἕως λόγου χωρήσειν οἰόμενοι· μηθὲν γὰρ ὑπὸ
τῆς βουλῆς συγκεχωρῆσθαι τοῖς δημάρχοις ἔξω τοῦ
βοηθεῖν τοῖς ἀδικουμένοις τῶν δημοτικῶν. οὐ μὴν
ἅπασί γ´ εἰσῄει καὶ μάλιστα τοῖς πρεσβυτέροις ὀλιγωρία
τοῦ πράγματος, ἀλλὰ προσέχειν, μή τι ἀνήκεστον ἡ τοῦ
ἀνδρὸς ἐξεργάσηται μανία. τῇ δ´ ἑξῆς νυκτὶ κοινωσάμενος τοῖς
δημάρχοις ὁ Βροῦτος τὴν ἑαυτοῦ γνώμην
καὶ παρασκευασάμενος χεῖρα οὐκ ὀλίγην δημοτῶν κατέβαινε
μετ´ αὐτῶν εἰς τὴν ἀγοράν· καὶ πρὶν ἡμέραν
λαμπρὰν γενέσθαι καταλαβόμενοι τὸ Ἡφαιστεῖον, ἔνθα
ἦν ἔθος αὐτοῖς ἐκκλησιάζειν, ἐκάλουν μὲν εἰς ἐκκλησίαν τὸν
δῆμον. πληρωθείσης δὲ τῆς ἀγορᾶς· ὄχλος
γὰρ ὅσος οὔπω πρότερον συνῆλθε· παρελθὼν Σικίνιος
ὁ δήμαρχος πολὺν μὲν ἐποιήσατο κατὰ τῶν πατρικίων
λόγον, ἅπανθ´ ὑπομιμνήσκων ὅσα κατὰ τῶν δημοτικῶν αὐτοῖς
ἐπράχθη· ἔπειθ´ ὑπὲρ τῆς παρελθούσης
ἡμέρας ἐδίδασκεν, ὡς κεκωλυμένος ὑπ´ αὐτῶν εἴη λόγου
τυχεῖν καὶ τὴν ἐξουσίαν τῆς ἀρχῆς ἀφῃρημένος. Τίνος
γὰρ ἂν ἔτι γενοίμεθ´, ἔφη, κύριοι τῶν ἄλλων, εἰ μηδὲ
τοῦ λέγειν ἐσόμεθα; πῶς δ´ ἄν τινι ὑμῶν ἀδικουμένῳ
πρὸς αὐτῶν βοηθεῖν δυναίμεθα, εἰ τὴν ἐξουσίαν τοῦ
συνάγειν ὑμᾶς ἀφαιρεθείημεν; ἄρχουσι γὰρ δήπου
παντὸς ἔργου λόγοι, καὶ οὐκ ἄδηλον, ὅτι οἷς εἰπεῖν ἃ
φρονοῦσιν οὐκ ἔξεστιν, οὐδὲ πρᾶξαι ἂν ἐξείη, ἃ βούλονται. ἢ
κομίζεσθ´ οὖν, ἔφη, τὴν ἐξουσίαν, ἣν δεδώκατε ἡμῖν, εἰ μὴ
μέλλετε βεβαιοῦν αὐτῇ τἀσφαλές, ἢ
νόμῳ γραφέντι κωλύσατε τοὺς ἐμποδὼν ἡμῖν τὸ λοιπὸν
ἐσομένους. τοιαῦτα διαλεχθείς, ἐπικελεύσαντος αὐτῷ
τοῦ δήμου μεγάλῃ βοῇ τὸν νόμον εἰσφέρειν, ἔχων αὐτὸν
ἤδη γεγραμμένον ἀνεγίνωσκε καὶ ψῆφον δίδωσι τῷ
πλήθει περὶ αὐτοῦ παραχρῆμα ἐπενεγκεῖν. οὐ γὰρ ἐδόκει
τὸ πρᾶγμα δεῖσθαι ἀναβολῆς οὐδὲ μελλησμοῦ, μή τι
ἄλλο κώλυμα γένηται πρὸς τῶν ὑπάτων. ἦν δὲ τοιόσδε
ὁ νόμος· Δημάρχου γνώμην ἀγορεύοντος ἐν δήμῳ μηδεὶς λεγέτω
μηδὲν ἐναντίον μηδὲ μεσολαβείτω τὸν
λόγον. ἐὰν δέ τις παρὰ ταῦτα ποιήσῃ, διδότω τοῖς
δημάρχοις ἐγγυητὰς αἰτηθεὶς εἰς ἔκτισιν ἧς ἂν ἐπιθῶσιν αὐτῷ
ζημίας. ὁ δὲ μὴ διδοὺς ἐγγυητὴν θανάτῳ
ζημιούσθω, καὶ τὰ χρήματ´ αὐτοῦ ἱερὰ ἔστω. τῶν δ´
ἀμφισβητούντων πρὸς ταύτας τὰς ζημίας αἱ κρίσεις
ἔστωσαν ἐπὶ τοῦ δήμου. τοῦτον τὸν νόμον ἐπιψηφίσαντες οἱ
δήμαρχοι διέλυσαν τὴν ἐκκλησίαν· καὶ ὁ δῆμος
ἀπῄει πολλῆς γεγονὼς μεστὸς εὐθυμίας, τῷ δὲ Βρούτῳ
μεγάλην χάριν εἰδώς, ἐκείνου δοκῶν εἶναι τὸ ἐνθύμημα τοῦ
νόμου.
| [7,17] Personne ne s'étant présenté pour répondre aux discours de Brutus,
l'assemblée le sépara, et les deux partis se retirèrent, mais avec des
pensées bien différentes. Les pauvres se persuadaient que Brutus avait
trouvé des moyens efficaces, et que ce n'était pas en vain qu'il promettait
de si grandes choses. Les patriciens au contraire méprisaient sa légèreté
: ils comptaient bien que des promesses si hardies n'auraient aucun effet,
d'autant que le sénat n'avait rien accorde aux tribuns que le pouvoir de
secourir les plébéiens quand on leur ferait des injustices. Mais tous n'en
pensaient pas de même. Les plus âgés surtout, étaient d'avis qu'il ne
fallait pas négliger cette affaire, et qu'on devait prendre garde que la
fureur de Brutus ne produisît quelque mauvais effet.
VI. La nuit suivante Brutus communique son dessein aux tribuns, il
ramasse une bonne escorte de plébéiens; il descend avec eux à la place
publique ; dès le point du jour il s'empare du temple de Vulcain, où se
tenaient ordinairement les assemblées, et il convoque le peuple. En peu
de temps la place publique se remplit de citoyens : il ne s'y était jamais
trouvé tant de monde. Alors le tribun Sicinius s'avance au milieu de
l'assemblée : il fait un long discours contre les patriciens, et après avoir
rapporté toutes les rigueurs qu'ils avaient autrefois exercées sur le
peuple, il se plaint avec aigreur de ce que le jour précèdent ils l'ont
empêche de parler, le dépouillant par ce moyen des pouvoirs attachés à
sa dignité.
« Quelle autorité aurons-nous désormais, ajouta-t-il, si on ne nous
laisse pas même la liberté de parler ? Comment pourrons-nous protéger
le peuple contre les injustices des patriciens, si on nous ôte le pouvoir de
vous assembler ? C'est par la parole qu'on commence toutes les affaires :
et n'est-il pas évident que ceux à qui on ne permet point de dire ce qu'ils
pensent, ne peuvent pas non plus exécuter ce qu'ils veulent ? Reprenez
donc, dit-il, les pouvoirs que vous nous avez donnés, si vous ne voulez
pas nous en faire jouir en toute sûreté : ou bien, faites une loi qui défende
à qui que ce soit de nous inquiéter dans la suite. »
Après ce discours, le peuple lui cria à haute voix qu'il n'avait qu'à
faire lui même cette loi. Sicinius l'avait déjà écrite d'avance il en fit la lecture,
et pria l'assemblée de donner ses suffrages pour la confirmer sur le
champ, parce que l'affaire ne pouvait souffrir aucun retardement, et qu'il y
avait à craindre que les consuls n'y formassent quelque opposition. La loi
était conçue en ces termes.
« Quand le tribun dira son avis et qu'il parlera dans les assemblées
du peuple, que personne ne le contredise ni ne l'interrompe dans ses
discours. Si quelqu'un va contre cette loi, qu'il donne caution aux tribuns
comme il promet de payer l'amende à laquelle ils le condamneront. Que
celui qui ne donnera pas caution, soit puni de mort et que ses biens soient
confisqués. S'il arrive quelque différend au sujet des amendes imposées
aux contrevenant, que le peuple en soit le juge. »
Les tribuns ayant fait confirmer la loi, renvoyèrent l'assemblée. Le
peuple s'en retourna plein de joie et de reconnaissance envers Brutus,
persuadé qu'il était le seul inventeur de cette loi et que toute la gloire lui
en était due.
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