[7,18] Μετὰ τοῦτο πολλαὶ καὶ περὶ πολλῶν ἐγίνοντο
τοῖς δημάρχοις πρὸς τοὺς ὑπάτους ἀντιλογίαι,
καὶ οὔθ´ ὁ δῆμος ὁπόσα ἡ βουλὴ ψηφίσαιτο κύρια
ἡγεῖτο, οὔθ´ ὧν ὁ δῆμος γνοίη τῇ βουλῇ φίλον τι ἦν·
ἀντιπαρατεταγμένοι δὲ καὶ δι´ ὑποψίας ἔχοντες ἀλλήλους
διετέλουν. οὐ μὴν τό γε μῖσος αὐτῶν εἰς ἔργον
τι ἀνήκεστον ἐχώρησεν, οἷα ἐν ταῖς τοιαύταις φιλεῖ
γίνεσθαι ταραχαῖς. οὔτε γὰρ οἱ πένητες ἐπὶ τὰς οἰκίας
ὥρμησαν τῶν πλουσίων, ἔνθα ὑπελάμβανόν τινας εὑρήσειν
ἀποκειμένας τροφάς, ἢ τὴν ἐν τῷ φανερῷ ἀγορὰν
ἁρπάζειν ἐπεβάλοντο, ἀλλ´ ὑπομένοντες ὠνεῖσθαι πολλοῦ
διαφόρου μικρά, καὶ ὁπότ´ ἐξαπορηθεῖεν ἀργυρίου τὰς
ἐκ γῆς ῥίζας τε καὶ βοτάνας σιτούμενοι ἠνείχοντο·
οὔθ´ οἱ πλούσιοι βιασάμενοι τοὺς ἀσθενεστέρους τῇ τ´
οἰκείᾳ δυνάμει καὶ τῇ παρὰ τῶν πελατῶν πολλῇ οὔσῃ
κατασχεῖν αὐτοὶ τὴν πόλιν ἠξίωσαν τοὺς μὲν ἐξελάσαντες ἐξ
αὐτῆς, τοὺς δ´ ἀποκτείναντες, ἀλλὰ διέμενον
ὥσπερ οἱ σωφρονέστατα πολιτευόμενοι πρὸς τοὺς υἱοὺς
πατέρες εὐνοούσῃ καὶ κηδομένῃ τῇ ὀργῇ πρὸς τὰς
ἁμαρτάδας αὐτῶν χρώμενοι. τοιαύτης δὲ καταστάσεως
οὔσης περὶ τὴν Ῥώμην αἱ πλησιόχωροι πόλεις ἐκάλουν
τοὺς βουλομένους οἰκεῖν παρὰ σφίσι Ῥωμαίων πολιτείας τε
μεταδόσει καὶ ἄλλων φιλανθρώπων ἐλπίσιν
ὑπαγόμεναι, αἱ μὲν ἀπὸ τοῦ βελτίστου δι´ εὔνοιάν τε
καὶ ἔλεον τῆς συμφορᾶς, αἱ δὲ πλείους διὰ φθόνον
τῆς πάλαι ποτὲ εὐτυχίας. καὶ ἦσαν οἱ ἀπαναστάντες
πανοικεσίᾳ καὶ μεταθέμενοι τὰς οἰκήσεις ἑτέρωσε πολλοὶ
πάνυ· ὧν οἱ μὲν ἀνέστησαν αὖθις, ἐπειδὴ κατέστη τὰ
πράγματα τῆς πόλεως, οἱ δὲ καὶ διέμειναν.
| [7,18] VIII. CE nouvel établissement fut suivi de grandes disputes entre les
tribuns et les consuls sur différentes affaires. Le peuple ne voulait point
confirmer les arrêts du sénat, et le sénat refusait d'approuver les
plébiscites ou ordonnances du peuple qui ne lui plaisaient-pas. Parmi ces
contestations qui durèrent quelque temps, on était continuellement en
garde, et les deux partis ne vivaient que dans les soupçons et dans la
défiance. Leur haine néanmoins ne causa aucun de ces malheurs
terribles qui arrivent ordinairement pendant les troubles. Les pauvres ne
forcèrent point les maisons des riches où ils auraient pu espérer de
trouver quelques provisions cachées : et même ils ne firent pas la moindre
tentative pour piller les vivres qu'on vendait publiquement dans les
marchés. Ils portaient leur mal avec patience : ils vivaient d'un peu de
nourriture qu'ils achetaient fort cher, et quand l'argent leur manquait, ils
cherchaient des herbes et des racines dont ils se contentaient, pour
apaiser leur faim. Les riches de leur côté ne se servirent point de leurs
forces domestiques ni de celles de leurs clients, quoique fort grandes,
pour égorger une partie des pauvres et chasser le reste par violence, afin
de rester les seuls maitres de la ville : mais comme de bons pères usent
de modération envers leurs enfants qui ont manqué en quelque chose, ils
se comportaient avec tant de politique et de sagesse à l'égard du peuple,
qu'ils lui faisaient sentir les effets de leur colère sans la pousser trop loin.
CHAPITRE CINQUIEME
I. PENDANT que les affaires de Rome étaient dans un si triste état,
les habitants des villes voisines invitaient les Romains à s'établir chez eux
s'ils voulaient, leur promettant le droit de bourgeoisie et toutes sortes de
bons offices pour les attirer. Quelques-unes de ces villes le faisaient de
bon cœur, par amitié pour le peuple Romain et par compassion de ses
malheurs. Mais dans la plupart ces offres n'étaient que l'effet de la
jalousie qu'elles avaient de sa félicité passée. Il y eut néanmoins un grand
nombre de citoyens qui sortirent de Rome avec toutes leurs familles pour
aller s'établir ailleurs. Les uns en revinrent après que les troubles furent
pacifiés, les autres restèrent pour toujours dans leur nouvel établissement.
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