[7,19] Ταῦτα δ´ ὁρῶσι τοῖς ὑπάτοις ἐδόκει τῆς
βουλῆς ἐπιτρεπούσης στρατοπέδου ποιεῖσθαι καταγραφὴν καὶ
ἐξάγειν ἔξω τὴν δύναμιν· εἰλήφεσαν δ´ ἀφορμὴν
τῷ ἐγχειρήματι πρέπουσαν ἐπιδρομάς τε καὶ λεηλασίας
κακουμένης τῆς χώρας ὑπὸ τῶν πολεμίων θαμινά, τά
τ´ ἄλλα, ὅσα ἐκ τοῦ πράγματος χρηστὰ ἦν, ἐπιλογιζομένοις,
ὑπερορίου στρατιᾶς ἐκπεμφθείσης ὡς εὐπορωτέρᾳ μὲν ἕξουσι τῇ
ἀγορᾷ χρῆσθαι οἱ ὑπολειφθέντες
ἐλάττους γενόμενοι, ἐν ἀφθονωτέροις δὲ διάξουσι τοῖς
ἐπιτηδείοις οἱ τὰ ὅπλα ἔχοντες ἐκ τῶν πολεμίων ἐπισιτιζόμενοι,
λωφήσει δ´ ἡ στάσις, ὅσον ἂν ἡ στρατεία
κατέχῃ χρόνον· μάλιστα δ´ ἐφαίνετο ἔργῳ βεβαιώσειν αὐτῶν τὰς
διαλλαγὰς συστρατευόντων ἀλλήλοις πατρικίων
καὶ δημοτῶν ἡ γενησομένη παρὰ τοὺς κινδύνους κακῶν
τε καὶ ἀγαθῶν ἰσομοιρία. ἀλλ´ οὐκ ἦν τὸ πλῆθος ὑπήκοον αὐτοῖς
οὐδ´ ὥσπερ πρότερον ἑκούσιον ὑπήντα
πρὸς τὴν καταγραφήν· ἀνάγκην δὲ προσφέρειν τοῖς μὴ
βουλομένοις οὐκ ἐδικαίουν τὴν ἐκ τῶν νόμων οἱ ὕπατοι·
ἀλλ´ ἐκ τῶν πατρικίων ἐθέλονταί τινες κατεγράφησαν
ἅμα τοῖς πελάταις, καὶ αὐτοῖς ἐξιοῦσιν ὀλίγον τι ἀπὸ
τοῦ δήμου μέρος συνεστράτευεν. ἡγεμὼν δὲ τῶν ἐξελθόντων ἦν
Γάιος Μάρκιος ὁ τὴν Κοριολάνων πόλιν
ἑλὼν κἂν τῇ πρὸς Ἀντιάτας ἀριστεύσας μάχῃ, καὶ οἱ
πλεῖστοι τῶν ἀραμένων τὰ ὅπλα δημοτῶν τοῦτον ἐξιόντα
ὁρῶντες ἐπερρώσθησαν, οἱ μὲν δι´ εὔνοιαν, οἱ δὲ τοῦ
κατορθώσειν ἐλπίδι· περιβόητος γὰρ ἦν ἤδη ὁ ἀνήρ,
καὶ δέος αὐτοῦ μέγα παρὰ τοῖς πολεμίοις ἐγεγόνει.
αὕτη προελθοῦσα ἡ στρατιὰ μέχρι πόλεως Ἀντίου δίχα
πόνου σίτου πολλοῦ καταληφθέντος ἐν τοῖς ἀγροῖς
καὶ ἀνδραπόδων καὶ βοσκημάτων συχνῶν ἐγκρατὴς ἐγένετο, καὶ
μετ´ οὐ πολὺ παρῆν εὐπορωτέρα γεγονυῖα
τοῖς κατὰ τὸν βίον, ὥστε τοῖς ὑπομείνασι πολλὴν κατήφειαν καὶ
κατάμεμψιν τῶν δημαγωγῶν ἐμπεσεῖν, δι´
οὓς ἀποστερεῖσθαι ἐδόκουν τῆς ὁμοίας εὐτυχίας. ὁ μὲν
δὴ Γεγάνιος καὶ Μηνύκιος οἱ τοῦτον τὸν ἐνιαυτὸν
ὑπατεύοντες ἐν μεγάλοις καὶ παντοδαποῖς χειμῶσι γενόμενοι καὶ
πολλάκις ἀνατρέψαι κινδυνεύσαντες τὴν πόλιν
οὐθὲν δεινὸν εἰργάσαντο, ἀλλὰ διέσωσαν τὰ κοινὰ
φρονιμώτερον μᾶλλον ἢ εὐτυχέστερον τοῖς συμβαίνουσι
χρησάμενοι.
| [7,19] II. Dans ces circonstances, les consuls résolurent du consentement
des sénateurs de lever des troupes et de mettre une armée en campagne.
Les fréquentes courses et les ravages que les ennemis faisaient sur leurs
terres, leur en fournissaient un prétexte honnête et plausible : d'ailleurs ils
prévoyaient que cette expédition produirait plusieurs grands avantages.
En prenant le parti d'envoyer l'armée hors du pays, le nombre des
citoyens diminuant considérablement à Rome, il fallait nécessairement
que la cherté diminuât aussi. Ceux qu'on destinait à porter les armes, ne
pouvaient pas manquer de provisions, le pays ennemi leur en fournissait
en abondance, sans qu'ils fussent à charge à leur patrie. D'un autre côté
on le flattait que les séditions se calmeraient de plus en plus tant que
durerait la guerre, et il y avait toute apparence que ce serait un moyen
très efficace pour affermir la réconciliation des patriciens avec les
plébéiens, s'ils faisaient la campagne ensemble pour partager les mêmes
dangers et les mêmes avantages dans les travaux de la guerre. Mais le
peuple n'écoutait pas toutes ces raisons : et refusait d'obéir aux consuls ;
il ne s'offrait point volontiers, comme autrefois, pour s'enrôler, et d'ailleurs
les consuls ne voulaient contraindre personne par la force des lois. Il n'y
eut que quelques patriciens qui donnèrent leur nom de bonne volonté
avec leurs clients, et une petite partie du peuple qui se joignit à eux
lorsqu'ils furent sur le point de commencer la campagne. Leur
commandant était Caius Marcius qui avait pris la ville de Coriole, et qui
s'était distingué par sa bravoure dans la bataille contre les Antiates. La
plupart des plébéiens qui avaient pris parti, étaient ravis de l'avoir pour
chef, les uns par affection pour lui, les autres par l'espérance de bien
réussir et de vaincre sous ses étendards : car sa réputation s'étendait
déjà fort loin, et il était devenu la terreur des ennemis. L'armée s'avança
jusqu'à la ville d'Antium. Elle prit un grand nombre d'esclaves et de
bestiaux, outre une grande quantité de blé qu'elle trouva dans les
campagnes, et elle revint en peu de temps toute chargée de provisions de
bouche, en sorte que ceux qui étaient restés à Rome furent très chagrins
de n'avoir pas fait la campagne, murmurant même ouvertement contre les
tribuns qui semblaient les avoir privés d'un si grand bonheur. C'est ainsi
que les consuls Geganius et Minucius achevèrent leur temps, après avoir
essuyé les plus rudes tempêtes, et avoir mis plusieurs fois la république à
deux doigts de sa perte. Au milieu des périls dont on était menacé, ils
surent garantir la ville de Rome des plus grands malheurs, et si la fortune
ne leur fut pas favorable, leur prudence répara dans toutes les occasions
ce qui manquait à leur bonheur.
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