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[10] Πότ' οὖν, ὦ ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, πόθ' ἃ χρὴ πράξετε ; Ἐπειδὰν τί γένηται ;
Ἐπειδὰν νὴ Δί' ἀνάγκη τις ᾖ. Νῦν δὲ τί χρὴ τὰ γιγνόμεν' ἡγεῖσθαι ; Ἐγὼ μὲν γὰρ
οἴομαι τοῖς ἐλευθέροις μεγίστην ἀνάγκην τὴν ὑπὲρ τῶν πραγμάτων αἰσχύνην
εἶναι. ἢ βούλεσθ', εἰπέ μοι, περιιόντες αὑτῶν πυνθάνεσθαι, 'Λέγεταί τι καινόν ;'
Γένοιτο γὰρ ἄν τι καινότερον ἢ Μακεδὼν ἀνὴρ ᾿Αθηναίους καταπολεμῶν καὶ τὰ
τῶν ῾Ελλήνων διοικῶν ; 'Τέθνηκε Φίλιππος ; ' 'Οὐ μὰ Δί', ἀλλ' ἀσθενεῖ.'
| [10] Quand donc vous porterez-vous à votre devoir ? Attendez-vous quelque événement ? Voulez-vous
que la nécessité vous y force ? Mais, ATHÉNIENS, quelle autre idée vous faites-vous de ce qui
se passe ? Pour des hommes libres, je ne connais point de plus pressante nécessité, que celle
d'effacer l'ignominie, dont eux-mêmes ils se sont couverts. Tout ce que vous avez à faire, est-ce,
dites-moi, de vous demander l'un a l'autre, en vous promenant sur une place publique : Qu'y a-t-il de
nouveau ? Hé qu'y aurait-il de plus nouveau, que de voir qu'un Macédonien subjugue les Athéniens,
et fait la loi à toute la Grèce. Philippe est-il mort ? Non, mais il est malade.
| [11] Τί δ' ὑμῖν διαφέρει ; Καὶ γὰρ ἂν οὗτός τι πάθῃ, ταχέως ὑμεῖς ἕτερον Φίλιππον
ποιήσετε, ἄνπερ οὕτω προσέχητε τοῖς πράγμασι τὸν νοῦν· οὐδὲ γὰρ οὗτος παρὰ
τὴν αὑτοῦ ῥώμην τοσοῦτον ἐπηύξηται ὅσον παρὰ τὴν ἡμετέραν ἀμέλειαν
| [11] Hé qu'il meure; ou qu'il vive, que vous importe ? Quand vous ne l'auriez plus, bientôt,
ATHÉNIENS, vous vous seriez fait un autre Philippe, si vous ne changiez pas de conduite. Car il est
devenu, ce qu'il est, non pas tant par ses propres forces, que par votre négligence.
| [12] Καίτοι καὶ τοῦτο· εἴ τι πάθοι καὶ τὰ τῆς τύχης ἡμῖν, ἥπερ ἀεὶ βέλτιον ἢ ἡμεῖς
ἡμῶν αὐτῶν ἐπιμελούμεθα, καὶ τοῦτ' ἐξεργάσαιτο, ἴσθ' ὅτι πλησίον μὲν ὄντες,
ἅπασιν ἂν τοῖς πράγμασιν τεταραγμένοις ἐπιστάντες ὅπως βούλεσθε
διοικήσαισθε, ὡς δὲ νῦν ἔχετε, οὐδὲ διδόντων τῶν καιρῶν ᾿Αμφίπολιν δέξασθαι
δύναισθ' ἄν, ἀπηρτημένοι καὶ ταῖς παρασκευαῖς καὶ ταῖς γνώμαις.
| [12] A la vérité, s'il arrivait de certains accidents, et que la fortune qui veille toujours plus que nous-
mêmes sur nos intérêts, voulût, ainsi que je le souhaite, achever son ouvrage, vous pourriez tout dans
le trouble d'une révolution subite, pourvu que vous fussiez à portée de vous en prévaloir. Mais n' ayant
rien d'arrêté ni dans vos préparatifs, ni dans vos projets ; quand même d'heureuses conjonctures vous
ouvriraient actuellement les portes d'Amphipolis, vous n'y entreriez pas.
| [13] Ὡς μὲν οὖν δεῖ τὰ προσήκοντα ποιεῖν ἐθέλοντας ὑπάρχειν ἅπαντας ἑτοίμως,
ὡς ἐγνωκότων ὑμῶν καὶ πεπεισμένων, παύομαι λέγων· τὸν δὲ τρόπον τῆς
παρασκευῆς ἣν ἀπαλλάξαι ἂν τῶν τοιούτων πραγμάτων ὑμᾶς οἴομαι, καὶ τὸ
πλῆθος ὅσον, καὶ πόρους οὕστινας χρημάτων, καὶ τἄλλ' ὡς ἄν μοι βέλτιστα καὶ
τάχιστα δοκεῖ παρασκευασθῆναι, καὶ δὴ πειράσομαι λέγειν, δεηθεὶς ὑμῶν, ὦ
ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τοσοῦτον.
| [13] Je n'insiste donc pas davantage sur la nécessité où nous sommes tous, et dont je vous crois
pleinement convaincus, de nous tenir prêts à bien faire dans l'occasion. Mais, quels doivent être nos
préparatifs ? Que nous faut-il de troupes ? Quels subsides pour les faire subsister ? Quels moyens, en
un mot, avons-nous à prendre, et les plus prompts, et les plus sûrs ? J'entrerai dans ce détail, après
vous avoir demandé une grâce, qui est, ATHÉNIENS,
| [14] Ἐπειδὰν ἅπαντ' ἀκούσητε κρίνατε, μὴ πρότερον προλαμβάνετε· μηδ' ἂν ἐξ
ἀρχῆς δοκῶ τινι καινὴν παρασκευὴν λέγειν, ἀναβάλλειν με τὰ πράγμαθ'
ἡγείσθω. Οὐ γὰρ οἱ ταχὺ καὶ τήμερον εἰπόντες μάλιστ' εἰς δέον λέγουσιν (οὐ γὰρ
ἂν τά γ' ἤδη γεγενημένα τῇ νυνὶ βοηθείᾳ κωλῦσαι δυνηθεῖμεν),
| [14] que pour vous déterminer sur ce que j'ai à dire, vous attendiez que j'aie tout dit. Jusque-là
suspendez votre jugement, et si je vous parais d'abord exiger de nouveaux apprêts, ne croyez point
que par là j'éloigne la décision des affaires. Je n'approuve pas, il est vrai, la précipitation de ceux qui
veulent que promptement, à l'instant même, on marche à l'ennemi. Car nos forces, dans l'état où elles
sont, ne nous le permettent pas.
| [15] ἀλλ' ὃς ἂν δείξῃ τίς πορισθεῖσα παρασκευὴ καὶ πόση καὶ πόθεν διαμεῖναι
δυνήσεται, ἕως ἂν ἢ διαλυσώμεθα πεισθέντες τὸν πόλεμον ἢ περιγενώμεθα τῶν
ἐχθρῶν· οὕτω γὰρ οὐκέτι τοῦ λοιποῦ πάσχοιμεν ἂν κακῶς. Οἶμαι τοίνυν ἐγὼ
ταῦτα λέγειν ἔχειν, μὴ κωλύων εἴ τις ἄλλος ἐπαγγέλλεταί τι. Ἡ μὲν οὖν
ὑπόσχεσις οὕτω μεγάλη, τὸ δὲ πρᾶγμ' ἤδη τὸν ἔλεγχον δώσει· κριταὶ δ' ὑμεῖς
ἔσεσθε.
| [15] Mais à quoi présentement un orateur doit s'attacher, c'est à vous faire entendre ce qu'il vous faut
de troupes, la qualité dont il vous les faut, et les moyens de fournir à leur entretien, jusqu'à ce que
nous ayons, ou fait une paix avantageuse, ou remporté une pleine victoire, et mis d'une ou d'autre
façon Athènes en sûreté pour jamais. Or voilà ce que porte mon avis. Permis à qui voudra, d'en ouvrir
un autre. Pour moi, je promets beaucoup : le détail va faire voir si c'est sans fondement : vous en
serez juges.
| [16] Πρῶτον μὲν τοίνυν, ὦ ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τριήρεις πεντήκοντα
παρασκευάσασθαι φημὶ δεῖν, εἶτ' αὐτοὺς οὕτω τὰς γνώμας ἔχειν ὡς, ἐάν τι δέῃ,
πλευστέον εἰς ταύτας αὐτοῖς ἐμβᾶσιν. Πρὸς δὲ τούτοις τοῖς ἡμίσεσιν τῶν ἱππέων
ἱππαγωγοὺς τριήρεις καὶ πλοῖ' ἱκανὰ εὐτρεπίσαι κελεύω.
| [16] Premièrement je dis, ATHÉNIENS, qu'il faut armer cinquante galères, et vous résoudre à les
monter en personne, quand il sera temps. Que de plus il faut pour la moitié de votre cavalerie, un
nombre suffisant d'autres navires :
| [17] Ταῦτα μὲν οἶμαι δεῖν ὑπάρχειν ἐπὶ τὰς ἐξαίφνης ταύτας ἀπὸ τῆς οἰκείας
χώρας αὐτοῦ στρατείας εἰς Πύλας καὶ Χερρόνησον καὶ ῎Ολυνθον καὶ ὅποι
βούλεται· δεῖ γὰρ ἐκείνῳ τοῦτ' ἐν τῇ γνώμῃ παραστῆσαι, ὡς ὑμεῖς ἐκ τῆς
ἀμελείας ταύτης τῆς ἄγαν, ὥσπερ εἰς Εὔβοιαν καὶ πρότερόν ποτέ φασιν εἰς
῾Αλίαρτον καὶ τὰ τελευταῖα πρώην εἰς Πύλας, ἴσως ἂν ὁρμήσαιτε.
| [17] et que tout cela soit toujours à portée de s'opposer aux irruptions soudaines que Philippe a
coutume de faire aux Thermopyles, dans la Chersonèse,à Olynthe, partout où il veut. Car mettons-lui
bien cette idée dans l'esprit, que nous sortons de notre assoupissement ; et que, comme autrefois
dans l'Eubée, à Haliarte, et depuis peu encore aux Thermopyles, il va, peut-être, nous voir foudre sur lui.
| [18] Οὔτοι παντελῶς, οὐδ' εἰ μὴ ποιήσαιτ' ἂν τοῦτο, ὡς ἔγωγέ φημι δεῖν,
εὐκαταφρόνητόν ἐστιν ἵν' ἢ διὰ τὸν φόβον εἰδὼς εὐτρεπεῖς ὑμᾶς - εἴσεται γὰρ
ἀκριβῶς· εἰσὶ γάρ, εἰσὶν οἱ πάντ' ἐξαγγέλλοντες ἐκείνῳ παρ' ἡμῶν αὐτῶν πλείους
τοῦ δέοντος - ἡσυχίαν ἔχῃ, ἢ παριδὼν ταῦτ' ἀφύλακτος ληφθῇ, μηδενὸς ὄντος
ἐμποδὼν πλεῖν ἐπὶ τὴν ἐκείνου χώραν ὑμῖν, ἂν ἐνδῷ καιρόν.
| [18] Quand même vous en feriez moins que je ne dis, votre appareil de guerre ne laissera pas d'avoir
son utilité, en ce que l'ennemi venant à l'apprendre (et il l'apprendra exactement, car il n'a parmi nous,
il n'a que trop d'émissaires), venant, dis-je, à l'apprendre, ou il en aura une peur capable de le tenir
dans le devoir ; ou, s'il n'en fait nul cas, vous irez par mer à la première occasion, sans qu'aucun
obstacle vous arrête, le surprendre en Macédoine.
| [19] Ταῦτα μέν ἐστιν ἃ πᾶσι δεδόχθαι φημὶ δεῖν καὶ παρεσκευάσθαι προσήκειν
οἴομαι· πρὸ δὲ τούτων δύναμίν τιν', ὦ ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, φημὶ προχειρίσασθαι
δεῖν ὑμᾶς, ἣ συνεχῶς πολεμήσει καὶ κακῶς ἐκεῖνον ποιήσει. Μή μοι μυρίους μηδὲ
δισμυρίους ξένους, μηδὲ τὰς ἐπιστολιμαίους ταύτας δυνάμεις, ἀλλ' ἣ τῆς πόλεως
ἔσται, κἂν ὑμεῖς ἕνα κἂν πλείους κἂν τὸν δεῖνα κἂν ὁντινοῦν χειροτονήσητε
στρατηγόν, τούτῳ πείσεται καὶ ἀκολουθήσει.
| [19] Outre les préparatifs dont je viens de parler, et dont il faut que vous approuviez le plan : vous avez
besoin de troupes, que vous puissiez avoir toujours à la main, pour harceler l'ennemi sans relâche. Je
ne veux pour cela, ni dix mille, ni vingt mille étrangers. Point de ces grandes armées de papier. Je
demande des troupes composées d'Athéniens qui dépendent absolument, ou d'un seul chef, ou de
plusieurs, à votre choix ; et que vous ayez soin de fournir à leur subsistance.
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