HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, discours I

Paragraphes 1-9

  Paragraphes 1-9

[0] Première PHILIPPIQUE [0] Première PHILIPPIQUE
[1] Εἰ μὲν περὶ καινοῦ τινος πράγματος προυτίθετ', ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, λέγειν, ἐπισχὼν ἂν ἕως οἱ πλεῖστοι τῶν εἰωθότων γνώμην ἀπεφήναντο, εἰ μὲν ἤρεσκέ τί μοι τῶν ὑπὸ τούτων ῥηθέντων, ἡσυχίαν ἂν ἦγον, εἰ δὲ μή, τότ' ἂν καὐτὸς ἐπειρώμην γιγνώσκω λέγειν· ἐπειδὴ δ' ὑπὲρ ὧν πολλάκις εἰρήκασιν οὗτοι πρότερον συμβαίνει καὶ νυνὶ σκοπεῖν, ἡγοῦμαι καὶ πρῶτος ἀναστὰς εἰκότως ἂν συγγνώμης τυγχάνειν. εἰ γὰρ ἐκ τοῦ παρεληλυθότος χρόνου τὰ δέονθ' οὗτοι συνεβούλευσαν, οὐδὲν ἂν ὑμᾶς νῦν ἔδει βουλεύεσθαι. [1] ATHÉNIENS, si I'objet de cette délibération était quelque chose de nouveau, j'aurais attendu que plusieurs de mes anciens eussent parlé : et alors, s'ils m'avaient paru ouvrir un bon avis, j’aurais souscrit par mon silence : ou, pensant autrement qu'eux, j'aurais cherché à vous faire entendre mes raisons. Mais puisqu'il s'agit d'une affaire déjà rebattue tant de fois, vous serez, je m'en flatte assez équitables, pour me pardonner d'avoir saisi la parole. Car enfin, si jusqu'ici l'on vous avait bien conseillés, vous n'en seriez pas réduits à consulter encore.
[2] Πρῶτον μὲν οὖν οὐκ ἀθυμητέον, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τοῖς παροῦσι πράγμασιν, οὐδ' εἰ πάνυ φαύλως ἔχειν δοκεῖ. γάρ ἐστι χείριστον αὐτῶν ἐκ τοῦ παρεληλυθότος χρόνου, τοῦτο πρὸς τὰ μέλλοντα βέλτιστον ὑπάρχει. Τί οὖν ἐστι τοῦτο ; Ὅτι οὐδέν, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τῶν δεόντων ποιούντων ὑμῶν κακῶς τὰ πράγματ' ἔχει· ἐπεί τοι, εἰ πάνθ' προσῆκε πραττόντων οὕτως εἶχεν, οὐδ' ἂν ἐλπὶς ἦν αὐτὰ βελτίω γενέσθαι. [2] Premièrement donc, ATHÉNIENS, ne vous découragez point quelque mauvais que vous paraisse votre état présent. Car de la même cause qui vous a perdus, on doit en tirer des motifs d'espérance. Que veux-je dire ? Que si vous êtes dans une situation fâcheuse, c'est uniquement parce que vous n'avez pas fait ce que vous deviez. Vous auriez sujet de ne rien espérer; s'il était bien vrai que, pour prévenir vos disgrâces, vous eussiez fait en vain tous vos efforts.
[3] Ἔπειτ' ἐνθυμητέον καὶ παρ' ἄλλων ἀκούουσι καὶ τοῖς εἰδόσιν αὐτοῖς ἀναμιμνῃσκομένοις, ἡλίκην ποτ' ἐχόντων δύναμιν Λακεδαιμονίων, ἐξ οὗ χρόνος οὐ πολύς, ὡς καλῶς καὶ προσηκόντως οὐδὲν ἀνάξιον ὑμεῖς ἐπράξατε τῆς πόλεως, ἀλλ' ὑπεμείναθ' ὑπὲρ τῶν δικαίων τὸν πρὸς ἐκείνους πόλεμον. Τίνος οὖν εἵνεκα ταῦτα λέγω ; Ἳν' εἰδῆτ', ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, καὶ θεάσησθε, ὅτι οὐδὲν οὔτε φυλαττομένοις ὑμῖν ἐστιν φοβερόν, οὔτ', ἂν ὀλιγωρῆτε, τοιοῦτον οἷον ἂν ὑμεῖς βούλοισθε, παραδείγμασι χρώμενοι τῇ τότε ῥώμῃ τῶν Λακεδαιμονίων, ἧς ἐκρατεῖτ' ἐκ τοῦ προσέχειν τοῖς πράγμασι τὸν νοῦν, καὶ τῇ νῦν ὕβρει τούτου, δι' ἣν ταραττόμεθ' ἐκ τοῦ μηδὲν φροντίζειν ὧν ἐχρῆν. [3] Aujourd'hui, et vous qui l'avez entendu conter, et vous qui l'avez vu de vos yeux, ressouvenez-vous de ce haut degré où Lacédémone avait porté sa puissance, il n'y a pas longtemps, et avec quel courage, avec quel soin de votre honneur, vous sûtes, les armes à la main, la contenir dans les bornes de la justice. Pourquoi en rappeler la mémoire ? Pour vous montrer, ATHÉNIENS, pour vous faire bien sentir que la vigilance peut vous mettre au-dessus de tout danger mais que l'inaction vous perdra toujours. Vous avez ici un exemple de l'un et de l'autre : de ce que fait la vigilance, puisque alors elle vous rendit supérieurs, aux plus grandes forces des Lacédémoniens : de ce que fait l'inaction, puisque aujourd'hui elle donne lieu à d'insolents procédés, qui vous causent de vives alarmes.
[4] Εἰ δέ τις ὑμῶν, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, δυσπολέμητον οἴεται τὸν Φίλιππον εἶναι, σκοπῶν τό τε πλῆθος τῆς ὑπαρχούσης αὐτῷ δυνάμεως καὶ τὸ τὰ χωρία πάντ' ἀπολωλέναι τῇ πόλει, ὀρθῶς μὲν οἴεται, λογισάσθω μέντοι τοῦθ', ὅτι εἴχομέν ποθ' ἡμεῖς, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, Πύδναν καὶ Ποτείδαιαν καὶ Μεθώνην καὶ πάντα τὸν τόπον τοῦτον οἰκεῖον κύκλῳ, καὶ πολλὰ τῶν μετ' ἐκείνου νῦν ὄντων ἐθνῶν αὐτονομούμενα κἀλεύθερ' ὑπῆρχε, καὶ μᾶλλον ἡμῖν ἐβούλετ' ἔχειν οἰκείως 'κείνῳ. [4] Philippe, dira-t-on, à la tête d'une armée nombreuse, et après nous avoir enlevé tant de places, n'est pas facile à vaincre. Je le sais, ATHÉNIENS, mais aussi n'oublions pas que nous fûmes autrefois les maîtres, et de Pydna, et de Potidée, et de Méthone, et de toutes les contrées voisines. Il a été un temps, ne l'oublions point, que la plupart des peuples qui sont présentement livrés à Philippe, et qui étaient autrefois indépendants, furent moins jaloux de son amitié que de la nôtre.
[5] Εἰ τοίνυν Φίλιππος τότε ταύτην ἔσχε τὴν γνώμην, ὡς χαλεπὸν πολεμεῖν ἐστιν ᾿Αθηναίοις ἔχουσι τοσαῦτ' ἐπιτειχίσματα τῆς αὑτοῦ χώρας ἔρημον ὄντα συμμάχων, οὐδὲν ἂν ὧν νυνὶ πεποίηκεν ἔπραξεν οὐδὲ τοσαύτην ἐκτήσατο δύναμιν. Ἀλλ' εἶδεν, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τοῦτο καλῶς ἐκεῖνος, ὅτι ταῦτα μέν ἐστιν ἅπαντα τὰ χωρί' ἆθλα τοῦ πολέμου κείμεν' ἐν μέσῳ, φύσει δ' ὑπάρχει τοῖς παροῦσι τὰ τῶν ἀπόντων, καὶ τοῖς ἐθέλουσι πονεῖν καὶ κινδυνεύειν τὰ τῶν ἀμελούντων. [5] Dans ce temps-là s'il eût craint, se voyant sans alliés, de se commettre avec une république maîtresse alors des places qui commandent ses frontières, il n'eût tenté aucune des entreprises qu'il a finies, et certainement sa puissance ne fût pas allée où nous la voyons. Mais toutes ces places, il les regarda comme autant de prix exposés à la vue des combattants, et destinés au vainqueur. Il savait que, selon le cours ordinaire de la nature, les absent sont dépouillés par les présents ; et ceux qui manquent d'attention, par ceux qui ne craignent ni travaux ni périls.
[6] Καὶ γάρ τοι ταύτῃ χρησάμενος τῇ γνώμῃ πάντα κατέστραπται καὶ ἔχει, τὰ μὲν ὡς ἂν ἑλών τις ἔχοι πολέμῳ, τὰ δὲ σύμμαχα καὶ φίλα ποιησάμενος· καὶ γὰρ συμμαχεῖν καὶ προσέχειν τὸν νοῦν τούτοις ἐθέλουσιν ἅπαντες, οὓς ἂν ὁρῶσι παρεσκευασμένους καὶ πράττειν ἐθέλοντας χρή. [6] De-là ses grands progrès. Il a tout conquis, ou ce qu'il n'a point conquis, il l'a eu à titre d'alliance ; car on embrasse toujours le parti où l'on voit le plus de force, et le plus d'activité.
[7] Ἂν τοίνυν, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, καὶ ὑμεῖς ἐπὶ τῆς τοιαύτης ἐθελήσητε γενέσθαι γνώμης νῦν, ἐπειδήπερ οὐ πρότερον, καὶ ἕκαστος ὑμῶν, οὗ δεῖ καὶ δύναιτ' ἂν παρασχεῖν αὑτὸν χρήσιμον τῇ πόλει, πᾶσαν ἀφεὶς τὴν εἰρωνείαν ἕτοιμος πράττειν ὑπάρξῃ, μὲν χρήματ' ἔχων εἰσφέρειν, δ' ἐν ἡλικίᾳ στρατεύεσθαι, -- συνελόντι δ' ἁπλῶς ἂν ὑμῶν αὐτῶν ἐθελήσητε γενέσθαι, καὶ παύσησθ' αὐτὸς μὲν οὐδὲν ἕκαστος ποιήσειν ἐλπίζων, τὸν δὲ πλησίον πάνθ' ὑπὲρ αὐτοῦ πράξειν, καὶ τὰ ὑμέτερ' αὐτῶν κομιεῖσθε, ἂν θεὸς θέλῃ, καὶ τὰ κατερρᾳθυμημένα πάλιν ἀναλήψεσθε, κἀκεῖνον τιμωρήσεσθε. [7] Vous donc, ATHÉNIENS, si dès aujourd'hui, puisque vous ne l'avez pas fait plus tôt, vous raisonnez de même que Philippe ; si chacun de vous, dans le besoin présent, veut concourir au bien public de bonne foi, et autant qu'il le peut, les riches en contribuant de leurs deniers, les jeunes en prenant les armes ; et pour tout dire en un mot, si chacun veut agir comme pour soi, et ne plus espérer que, pendant qu'il se tiendra oisif, d'autres agiront : bientôt avec l'aide des Dieux, et vous réparerez des pertes qui ne sauraient être imputées qu'à votre négligence, et vous serez vengés de Philippe.
[8] Μὴ γὰρ ὡς θεῷ νομίζετ' ἐκείνῳ τὰ παρόντα πεπηγέναι πράγματ' ἀθάνατα, ἀλλὰ καὶ μισεῖ τις ἐκεῖνον καὶ δέδιεν, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, καὶ φθονεῖ, καὶ τῶν πάνυ νῦν δοκούντων οἰκείως ἔχειν· καὶ ἅπανθ' ὅσα περ κἀν ἄλλοις τισὶν ἀνθρώποις ἔνι, ταῦτα κἀν τοῖς μετ' ἐκείνου χρὴ νομίζειν ἐνεῖναι. Κατέπτηχε μέντοι πάντα ταῦτα νῦν, οὐκ ἔχοντ' ἀποστροφὴν διὰ τὴν ὑμετέραν βραδυτῆτα καὶ ῥᾳθυμίαν· ἣν ἀποθέσθαι φημὶ δεῖν ἤδη. [8] Car ne vous figurez pas que sa félicité soit immuable, comme celle d’un dieu. Il y a des gens qui le haïssent, il y en a qui le craignent, il y en a qui lui portent envie, même parmi ceux qui lui paraissent le plus dévoués. En effet, vous ne devez pas supposer que ceux qui l'environnent, soient exempts de passions humaines. Mais, parce qu'ils ne se sentent pas soutenus, ils n'éclatent point, et l'on ne doit s'en prendre qu'à cette lenteur, qu'à cette mollesse, dont je vous dis qu'il faut aujourd'hui même vous corriger.
[9] Ὁρᾶτε γάρ, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τὸ πρᾶγμα, οἷ προελήλυθ' ἀσελγείας ἅνθρωπος, ὃς οὐδ' αἵρεσιν ὑμῖν δίδωσι τοῦ πράττειν ἄγειν ἡσυχίαν, ἀλλ' ἀπειλεῖ καὶ λόγους ὑπερηφάνους, ὥς φασι, λέγει, καὶ οὐχ οἷός ἐστιν ἔχων κατέστραπται μένειν ἐπὶ τούτων, ἀλλ' ἀεί τι προσπεριβάλλεται καὶ κύκλῳ πανταχῇ μέλλοντας ἡμᾶς καὶ καθημένους περιστοιχίζεται. [9] Voyez, ATHÉNIENS, où est montée l'arrogance de Philippe. Cet homme ne vous donne point à choisir entre la paix ou la guerre ; il vous menace, et même, dit -on, avec une hauteur outrageante ; son avidité n'est point encore assouvie de tout ce qu'il a conquis : il avance toujours, et pendant que vous temporisez nonchalamment, il vous enveloppe de tous côtés.


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Dernière mise à jour : 15/07/2005