[1,11] Ἀναχθεῖσα δὲ ἡ ναῦς ἐφέρετο λαμπρῶς. οὐδὲ γὰρ ἐβιάζοντο
πρὸς κῦμα καὶ πνεῦμα τῷ μὴ προκεῖσθαί τινα πλοῦν ἴδιον αὐτοῖς,
ἀλλ´ ἅπας ἄνεμος οὔριος αὐτοῖς ἐδόκει καὶ κατὰ πρύμναν εἱστήκει.
Καλλιρόην δὲ παρεμυθεῖτο Θήρων, ποικίλαις ἐπινοίαις πειρώμενος
ἀπατᾶν. ἐκείνη δὲ ᾐσθάνετο τὰ καθ´ ἑαυτῆς καὶ ὅτι ἄλλως ἐσώθη·
προσεποιεῖτο δὲ μὴ νοεῖν, ἀλλὰ πιστεύειν, δεδοικυῖα μὴ ἄρα καὶ
ἀνέλωσιν αὐτὴν ὡς ὀργιζομένην. εἰποῦσα δὲ μὴ φέρειν τὴν θάλασσαν,
ἐγκαλυψαμένη καὶ δακρύσασα "σὺ μὲν" ἔφη, "πάτερ, ἐν
ταύτῃ τῇ θαλάσσῃ τριακοσίας ναῦς Ἀθηναίων κατεναυμάχησας,
ἥρπασε δέ σου τὴν θυγατέρα κέλης μικρὸς καὶ οὐδέν μοι βοηθεῖς.
ἐπὶ ξένην ἄγομαι γῆν καὶ δουλεύειν με δεῖ τὴν εὐγενῆ· τάχα δὲ
ἀγοράσει τις τὴν Ἑρμοκράτους θυγατέρα δεσπότης Ἀθηναῖος. πόσῳ
μοι κρεῖττον ἦν ἐν τάφῳ κεῖσθαι νεκράν· πάντως ἂν μετ´ ἐμοῦ
Χαιρέας ἐκηδεύθη· νῦν δὲ καὶ ζῶντες καὶ ἀποθανόντες διεζεύχθημεν."
Ἡ μὲν οὖν ἐν τοιούτοις ἦν ὀδυρμοῖς, οἱ δὲ λῃσταὶ νήσους μικρὰς
καὶ πόλεις παρέπλεον· οὐ γὰρ ἦν τὰ φορτία πενήτων, ἐζήτουν δὲ
πλουσίους ἄνδρας. ὡρμίσαντο δὴ καταντικρὺ τῆς Ἀττικῆς ὑπό τινα
χηλήν· πηγὴ δὲ ἦν αὐτόθι πολλοῦ καὶ καθαροῦ νάματος καὶ λειμὼν
εὐφυής. ἔνθα τὴν Καλλιρόην προαγαγόντες φαιδρύνεσθαι καὶ
ἀναπαύσασθαι κατὰ μικρὸν ἀπὸ τῆς θαλάσσης ἠξίωσαν, διασώζειν
θέλοντες αὐτῆς τὸ κάλλος· μόνοι δὲ ἐβουλεύοντο ὅποι χρὴ τὸν
στόλον ὁρμῆσαι. καί τις εἶπεν "Ἀθῆναι πλησίον, μεγάλη καὶ
εὐδαίμων πόλις. ἐκεῖ πλῆθος μὲν ἐμπόρων εὑρήσομεν, πλῆθος δὲ
πλουσίων. ὥσπερ γὰρ ἐν ἀγορᾷ τοὺς ἄνδρας οὕτως ἐν Ἀθήναις τὰς
πόλεις ἔστιν ἰδεῖν." ἐδόκει δὴ πᾶσι καταπλεῖν εἰς Ἀθήνας, οὐκ
ἤρεσκε δὲ Θήρωνι τῆς πόλεως ἡ περιεργία· "μόνοι γὰρ ὑμεῖς οὐκ
ἀκούετε τὴν πολυπραγμοσύνην τῶν Ἀθηναίων; δῆμός ἐστι λάλος
καὶ φιλόδικος, ἐν δὲ τῷ λιμένι μυρίοι συκοφάνται πεύσονται τίνες
ἐσμὲν καὶ πόθεν ταῦτα φέρομεν τὰ φορτία. ὑποψία καταλήψεται
πονηρὰ τοὺς κακοήθεις. Ἄρειος πάγος εὐθὺς ἐκεῖ καὶ ἄρχοντες
τυράννων βαρύτεροι. μᾶλλον Συρακουσίων Ἀθηναίους φοβηθῶμεν.
χωρίον ἡμῖν ἐπιτήδειόν ἐστιν Ἰωνία, καὶ γὰρ πλοῦτος ἐκεῖ βασιλικὸς
ἐκ τῆς μεγάλης Ἀσίας ἄνωθεν ἐπιρρέων καὶ ἄνθρωποι τρυφῶντες
καὶ ἀπράγμονες· ἐλπίζω δέ τινας αὐτόθεν εὑρήσειν καὶ γνωρίμους."
ὑδρευσάμενοι δὴ καὶ λαβόντες ἀπὸ τῶν παρουσῶν ὁλκάδων ἐπισιτισμὸν
ἔπλεον εὐθὺ Μιλήτου, τριταῖοι δὲ κατήχθησαν εἰς ὅρμον ἀπέχοντα
τῆς πόλεως σταδίους ὀγδοήκοντα, εὐφυέστατον εἰς ὑποδοχήν.
| [1,11] L'ancre levée, le bateau voguait magnifiquement;
car ils ne cherchaient à lutter ni contre les vagues ni
contre le vent, puisqu'ils ne s'étaient pas fait à l'avance
une idée de la route à suivre et que toute brise leur semblait
favorable et soufflait à leur poupe. Théron cherchait
à rassurer Callirhoé et s'efforçait de la tromper avec mille
inventions. Elle, de son côté, avait compris sa position
et savait que son salut n'était qu'un leurre, mais elle
faisait semblant de ne pas le comprendre et d'avoir
confiance, car elle craignait qu'ils ne la missent à mort si
elle montrait de la colère. Prétendant ne pas pouvoir
supporter la mer, elle restait voilée et pleurait « Toi,
mon père, disait-elle, sur ces mêmes eaux tu as vaincu
trois cents navires athéniens et voici que ta fille est enlevée
sur une petite barque et que tu ne viens pas à son secours.
on m'entraîne vers une terre étrangère et il me faudra
être esclave, moi, une fille noble. Peut-être sera-ce un
maître athénien qui achètera la fille d'Hermocrate!
Comme il valait mieux pour moi demeurer couchée
morte dans la tombe! Certainement, Chéréas aurait été
enseveli près de moi; et maintenant, vivants comme
morts, nous voici séparés ! »
Elle était plongée dans ces tristes pensées et, cependant,
les pirates longeaient petites îles et cités; leur butin
n'était pas marchandise pour petites gens; ils cherchaient
des hommes riches. Ils jetèrent l'ancre, finalement, en
face de l'Attique, à l'abri d'un promontoire; il y avait là
une source d'où coulait une eau abondante et claire et
une prairie luxuriante. Ils firent débarquer Callirhoé et
lui permirent de faire sa toilette et de se remettre, pendant
quelque temps, des fatigues de la mer, car ils voulaient
qu'elle ne perdît pas sa beauté. Restés seuls, ils
délibéraient pour savoir où ils devaient maintenant se
diriger. L'un dit : « Athènes est près d'ici, c'est une ville
grande et prospère. Là, nous trouverons force marchands
et force gens riches. Comme, sur une place, se rencontrent
les hommes, à Athènes, se rencontrent les cités. » Tous
étaient d'avis de se rendre à Athènes, mais Théron
redoutait la curiosité des Athéniens. « Vous êtes les
seuls à ne pas avoir entendu parler de l'indiscrétion des
Athéniens. Le peuple est bavard et aime les procès, et,
dans le port, mille sycophantes s'informeront de qui
nous sommes et d'où viennent les marchandises que nous
apportons. De mauvais soupçons viendront à l'esprit
de ces gens malintentionnés. Et c'est tout de suite,
là-bas, l'Aréopage et des magistrats plus sévères que les
tyrans. Plus encore que les Syracusains, redoutons les
Athéniens. Le pays qu'il nous faut est l'Ionie; là-bas,
des richesses royales affluent, venant de la Grande Asie,
les gens y vivent somptueusement et n'aiment pas les
histoires; et j'espère aussi rencontrer dans le pays des
personnes de connaissance. »
Donc, après avoir fait de l'eau et embarqué des provisions
achetées à des cargos qui se trouvaient là, ils
firent route droit sur Milet et, le troisième jour, jetèrent
l'ancre à un mouillage éloigné de la ville de 8o stades
et admirablement préparé par la nature pour accueillit
les navires.
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