[1,5] Ἦν γάρ τι, ὡς ἔοικεν, καὶ πρὸ τοῦ κόσμου τούτου, ὃ τῇ μὲν διανοίᾳ
ἡμῶν ἐστὶ θεωρητὸν, ἀνιστόρητον δὲ κατελείφθη, διὰ τὸ τοῖς εἰσαγομένοις
ἔτι καὶ νηπίοις κατὰ τὴν γνῶσιν ἀνεπιτήδειον. Ἦν τις πρεσβυτέρα τῆς τοῦ
κόσμου γενέσεως κατάστασις ταῖς ὑπερκοσμίοις δυνάμεσι πρέπουσα, ἡ
ὑπέρχρονος, ἡ αἰωνία, ἡ ἀΐδιος. Δημιουργήματα δὲ ἐν αὐτῇ ὁ τῶν ὅλων
κτίστης καὶ δημιουργὸς ἀπετέλεσε, φῶς νοητὸν πρέπον τῇ μακαριότητι τῶν
φιλούντων τὸν Κύριον, τὰς λογικὰς καὶ ἀοράτους φύσεις, καὶ πᾶσαν τὴν
τῶν νοητῶν διακόσμησιν, ὅσα τὴν ἡμετέραν διάνοιαν ὑπερβαίνει, ὧν οὐδὲ
τὰς ὀνομασίας ἐξευρεῖν δυνατόν. Ταῦτα τοῦ ἀοράτου κόσμου συμπληροῖ
τὴν οὐσίαν, ὡς διδάσκει ἡμᾶς ὁ Παῦλος, λέγων, Ὅτι ἐν αὐτῷ ἐκτίσθη τὰ
πάντα, εἴτε ὁρατὰ, εἴτε ἀόρατα, εἴτε θρόνοι, εἴτε κυριότητες, εἴτε ἀρχαὶ, εἴτε
ἐξουσίαι, εἴτε δυνάμεις, εἴτε ἀγγέλων στρατιαὶ, εἴτε ἀρχαγγέλων ἐπιστασίαι·
ὅτε δὲ ἔδει λοιπὸν καὶ τὸν κόσμον τοῦτον ἐπεισαχθῆναι τοῖς οὖσι,
προηγουμένως μὲν διδασκαλεῖον καὶ παιδευτήριον τῶν ἀνθρωπίνων
ψυχῶν· ἔπειτα μέντοι καὶ ἁπαξαπλῶς πάντων τῶν ἐν γενέσει καὶ φθορᾷ
ἐπιτήδειον ἐνδιαίτημα. Συμφυὴς ἄρα τῷ κόσμῳ, καὶ τοῖς ἐν αὐτῷ ζῴοις τε
καὶ φυτοῖς, ἡ τοῦ χρόνου διέξοδος ὑπέστη, ἐπειγομένη ἀεὶ καὶ
παραρρέουσα, καὶ μηδαμοῦ παυομένη τοῦ δρόμου. Ἢ οὐχὶ τοιοῦτος ὁ
χρόνος, οὗ τὸ μὲν παρελθὸν ἠφανίσθη, τὸ δὲ μέλλον οὔπω πάρεστι, τὸ δὲ
παρὸν πρὶν γνωσθῆναι διαδιδράσκει τὴν αἴσθησιν;
Τοιαύτη δέ τις καὶ τῶν γινομένων ἡ φύσις, ἢ αὐξανομένη πάντως, ἢ
φθίνουσα, τὸ δὲ ἱδρυμένον καὶ στάσιμον οὐκ ἐπίδηλον ἔχουσα. Ἔπρεπεν
οὖν τοῖς ζῴων τε καὶ φυτῶν σώμασιν, οἱονεὶ ῥεύματί τινι πρὸς ἀνάγκην
ἐνδεδεμένοις, καὶ τῇ πρὸς γένεσιν ἢ φθορὰν ἀγούσῃ κινήσει συνεχομένοις,
ὑπὸ τῆς τοῦ χρόνου φύσεως περιέχεσθαι, συγγενῆ τοῖς ἀλλοιουμένοις
κεκτημένου τὴν ἰδιότητα. Ἐντεῦθεν οἰκείως ἐπέβαλε τῷ περὶ αὐτὸν λόγῳ ὁ
σοφῶς ἡμᾶς τοῦ κόσμου τὴν γένεσιν ἐκδιδάσκων, εἰπὼν, Ἐν ἀρχῇ
ἐποίησεν· τουτέστιν, ἐν ἀρχῇ ταύτῃ τῇ κατὰ χρόνον. Οὐ γὰρ δὴ κατὰ
πρεσβυγένειαν πάντων τῶν γενομένων προέχειν αὐτὸν μαρτυρῶν λέγει ἐν
ἀρχῇ γεγονέναι, ἀλλὰ μετὰ τὰ ἀόρατα καὶ νοούμενα τῶν ὁρατῶν τούτων
καὶ αἰσθήσει ληπτῶν τὴν ἀρχὴν τῆς ὑπάρξεως διηγεῖται.
Λέγεται μὲν οὖν ἀρχὴ καὶ ἡ πρώτη κίνησις· ὡς, Ἀρχὴ ὁδοῦ ἀγαθῆς τὸ
ποιεῖν δίκαια. Ἀπὸ γὰρ τῶν δικαίων πράξεων πρῶτον κινούμεθα πρὸς τὸν
μακάριον βίον. Λέγεται δὲ ἀρχὴ καὶ ὅθεν γίνεταί τι, τοῦ ἐνυπάρχοντος αὐτῷ
ὡς ἐπὶ οἰκίας θεμέλιος, καὶ ἐπὶ πλοίου ἡ τρόπις, καθὸ εἴρηται, Ἀρχὴ
σοφίας, φόβος Κυρίου. Οἷον γὰρ κρηπὶς καὶ βάθρον πρὸς τὴν τελείωσιν ἡ
εὐλάβεια. Ἀρχὴ δὲ καὶ τῶν τεχνικῶν ἔργων ἡ τέχνη· ὡς ἡ σοφία Βεσελεὴλ,
τοῦ περὶ τὴν σκηνὴν κόσμου. Ἀρχὴ δὲ πράξεων πολλάκις καὶ τὸ
εὔχρηστον τέλος τῶν γινομένων· ὡς τῆς ἐλεημοσύνης ἡ παρὰ Θεοῦ
ἀποδοχὴ, καὶ πάσης τῆς κατ´ ἀρετὴν ἐνεργείας τὸ ἐν ἐπαγγελίαις
ἀποκείμενον τέλος.
| [1,5] Il est probable qu'avant ce monde il existait quelque chose que notre esprit peut imaginer, mais que l'Ecriture supprime dans son récit, parce qu'il ne convenait pas d’en parler à des hommes qu'on
instruit encore, et qui sont enfants pour les connaissances. Oui, sans doute, avant que ce monde
fût créé, il existait une constitution plus ancienne, convenable à des puissances célestes, une
constitution qui a précédé les temps visibles, une constitution qui a commencé, mais qui ne doit
jamais finir. Les ouvrages qu'y a formés l'Ouvrier suprême, le Créateur de l'univers, sont une
lumière spirituelle, qui convient à l'état bienheureux d'êtres qui aiment le Seigneur, des natures
raisonnables et invisibles, en un mot tout cet ordre de créatures spirituelles, auxquelles notre
pensée ne peut atteindre, et dont nous ne pouvons même trouver les noms. C'est là ce qui
compose la nature du monde invisible, comme nous l’apprend le divin Paul ; Tout a été créé en lui,
dit-il, les choses visibles et invisibles, les trônes, les dominations, les principautés, les puissances
(Col. I, 16) ; c'est-à-dire, les armées des anges commandées par les archanges. Dieu devait ajouter à ce qui existait déjà, ce monde, d’abord et principalement comme une école où l'esprit des hommes pût
s'instruire : c'était ensuite un séjour parfaitement propre à des êtres qui s'engendrent et se
dissolvent. Rien aussi de plus analogue au monde, aux animaux et aux plantes qu'il renferme, que
la succession du temps, lequel se presse toujours, et fuit perpétuellement sans jamais s'arrêter
dans sa course. N'est-ce pas là ce qu'est le temps, dont le passé n'existe plus, dont l'avenir n'existe
pas encore, dont le présent nous échappe avant que nous le connaissions? Telle est encore la
nature des êtres qui prennent naissance ; on les voit croître ou décroître, on ne les voit jamais
dans un état fixe et stable. Or, des animaux et des plantes, dont les corps comme enchaînés à un
cours qu'ils suivent malgré eux, sont emportés par un mouvement qui les entraîne vers la
génération ou la dissolution, doivent être soumis au temps dont la nature particulière est
conforme à des êtres changeants et variables. De là l'écrivain profond qui nous apprend la
création du monde, emploie les paroles qui lui conviennent davantage : Au commencement, dit-il,
Dieu créa, c'est-à-dire, lorsque le temps commença à couler. Car lorsqu'il a dit que le monde a été
fait au commencement, il ne veut pas assurer qu'il est plus ancien que tout ce qui existe ; mais il
annonce que les choses visibles et sensibles n'ont commencé à exister qu'après les invisibles et les
spirituelles. On appelle commencement ou principe, le premier mouvement vers une chose ; par
exemple, le commencement de la bonne voie est de faire la justice (Prov. 16. 5). Car les actions justes sont un premier mouvement vers la vie bienheureuse. On appelle encore commencement ou principe,
lorsqu'une chose est sous une autre qui la porte, comme le fondement dans une maison et la
carène dans un vaisseau. C'est d'après cela qu’il est dit : Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur (Prov. 1. 7); car la piété est comme la base et le fondement de la perfection. Le principe
des ouvrages qui proviennent de l'art est l'art lui-même. Ainsi l'habileté de Béséléel était le
principe des ornements du tabernacle. Le principe des actions est souvent encore la fin utile et
honnête qu'on s'y propose. Ainsi les bonnes grâces de Dieu sont le principe de l'aumône; les
promesses contenues dans l'Evangile sont le principe de toutes les actions vertueuses.
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