[2,1271b] ὅπερ καὶ Πλάτων ἐν τοῖς Νόμοις ἐπιτετίμηκεν· πρὸς γὰρ μέρος
ἀρετῆς ἡ πᾶσα σύνταξις τῶν νόμων ἐστί, τὴν πολεμικήν· αὕτη γὰρ χρησίμη
πρὸς τὸ κρατεῖν. Τοιγαροῦν ἐσῴζοντο μὲν πολεμοῦντες, ἀπώλλυντο δὲ
ἄρξαντες διὰ τὸ μὴ ἐπίστασθαι σχολάζειν μηδὲ ἠσκηκέναι μηδεμίαν
ἄσκησιν ἑτέραν κυριωτέραν τῆς πολεμικῆς. Τούτου δὲ ἁμάρτημα οὐκ
ἔλαττον· νομίζουσι μὲν γὰρ γίνεσθαι τἀγαθὰ τὰ περιμάχητα δι' ἀρετῆς
μᾶλλον ἢ κακίας, καὶ τοῦτο μὲν καλῶς, ὅτι μέντοι ταῦτα κρείττω τῆς
ἀρετῆς ὑπολαμβάνουσιν, οὐ καλῶς.
§ 24. Φαύλως δ' ἔχει καὶ περὶ τὰ κοινὰ χρήματα τοῖς Σπαρτιάταις. Οὔτε
γὰρ ἐν τῷ κοινῷ τῆς πόλεως ἔστιν οὐδὲν πολέμους μεγάλους
ἀναγκαζομένοις πολεμεῖν, εἰσφέρουσί τε κακῶς· διὰ γὰρ τὸ τῶν
Σπαρτιατῶν εἶναι τὴν πλείστην γῆν οὐκ ἐξετάζουσιν ἀλλήλων τὰς
εἰσφοράς. Ἀποβέβηκέ τε τοὐναντίον τῷ νομοθέτῃ τοῦ συμφέροντος· τὴν
μὲν γὰρ πόλιν πεποίηκεν ἀχρήματον, τοὺς δ' ἰδιώτας φιλοχρημάτους.
§ 25. Περὶ μὲν οὖν τῆς Λακεδαιμονίων πολιτείας ἐπὶ τοσοῦτον εἰρήσθω·
ταῦτα γάρ ἐστιν ἃ μάλιστ' ἄν τις ἐπιτιμήσειεν.
CHAPITRE VII.
§ 1. Ἡ δὲ Κρητικὴ πολιτεία πάρεγγυς μέν ἐστι ταύτης, ἔχει δὲ μικρὰ μὲν
οὐ χεῖρον, τὸ δὲ πλεῖον ἧττον γλαφυρῶς. Καὶ γὰρ ἔοικε καὶ λέγεταί γε τὰ
πλεῖστα μεμιμῆσθαι τὴν Κρητικὴν πολιτείαν ἡ τῶν Λακώνων· τὰ δὲ
πλεῖστα τῶν ἀρχαίων ἧττον διήρθρωται τῶν νεωτέρων. Φασὶ γὰρ τὸν
Λυκοῦργον, ὅτε τὴν ἐπιτροπείαν τὴν Χαριλάου τοῦ βασιλέως καταλιπὼν
ἀπεδήμησεν, τότε τὸν πλεῖστον διατρῖψαι χρόνον περὶ Κρήτην διὰ τὴν
συγγένειαν· ἄποικοι γὰρ οἱ Λύκτιοι τῶν Λακώνων ἦσαν, κατέλαβον δ' οἱ
πρὸς τὴν ἀποικίαν ἐλθόντες τὴν τάξιν τῶν νόμων ὑπάρχουσαν ἐν τοῖς
τότε κατοικοῦσιν. Διὸ καὶ νῦν οἱ περίοικοι τὸν αὐτὸν τρόπον χρῶνται
αὐτοῖς, ὡς κατασκευάσαντος Μίνω πρώτου τὴν τάξιν τῶν νόμων.
§ 2. Δοκεῖ δ' ἡ νῆσος καὶ πρὸς τὴν ἀρχὴν τὴν Ἑλληνικὴν πεφυκέναι καὶ
κεῖσθαι καλῶς· πάσῃ γὰρ ἐπίκειται τῇ θαλάττῃ, σχεδὸν τῶν Ἑλλήνων
ἱδρυμένων περὶ τὴν θάλατταν πάντων· ἀπέχει γὰρ τῇ μὲν τῆς
Πελοποννήσου μικρόν, τῇ δὲ τῆς Ἀσίας τοῦ περὶ Τριόπιον τόπου καὶ
Ῥόδου. Διὸ καὶ τὴν τῆς θαλάττης ἀρχὴν κατέσχεν ὁ Μίνως, καὶ τὰς
νήσους τὰς μὲν ἐχειρώσατο τὰς δ' ᾤκισεν, τέλος δὲ ἐπιθέμενος τῇ
Σικελίᾳ τὸν βίον ἐτελεύτησεν ἐκεῖ περὶ Καμικόν.
§ 3. Ἔχει δ' ἀνάλογον ἡ Κρητικὴ τάξις πρὸς τὴν Λακωνικήν. Γεωργοῦσί
τε γὰρ τοῖς μὲν οἱ εἵλωτες τοῖς δὲ Κρησὶν οἱ περίοικοι,
| [2,1271b] que Platon lui a déjà fait dans ses Lois ; il tend exclusivement à
développer une seule vertu, la valeur guerrière.
Je ne conteste pas l'utilité de la valeur pour arriver à la domination ;
mais Lacédémone s'est maintenue tout le temps qu'elle a fait
la guerre ; et le triomphe l'a perdue, parce qu'elle ne savait pas jouir de la
paix, et qu'elle ne s'était point livrée à des exercices plus relevés que ceux des
combats. Une faute non moins grave, c'est que, tout en reconnaissant que les
conquêtes doivent être le prix de la vertu et non de la lâcheté, idée
certainement fort juste, les Spartiates en sont venus à placer les conquêtes fort
au-dessus de la vertu même ; ce qui est beaucoup moins louable.
§ 24. Tout ce qui concerne les finances publiques est très défectueux dans le
gouvernement de Sparte. Quoique exposé à soutenir des guerres fort
dispendieuses, l'État n'a pas de trésor ; et de plus, les contributions publiques
sont à peu près nulles ; comme le sol presque entier appartient aux Spartiates,
ils mettent entre eux peu d'empressement à faire rentrer les impôts. Le
législateur s'est ici complètement mépris sur l'intérêt général ; il a rendu l'État
fort pauvre, et les particuliers démesurément avides.
§ 25. Voilà les critiques principales qu'on pourrait adresser à la constitution
de Lacédémone. Je termine ici mes observations.
CHAPITRE VII.
§ 1. La constitution Crétoise a beaucoup de rapports avec la constitution de
Sparte. Elle la vaut en quelques points peu importants ; mais elle est dans son
ensemble beaucoup moins avancée. La raison en est simple : on assure, et le
fait est très probable, que Lacédémone a emprunté de la Crète presque toutes
ses lois ; et l'on sait que les choses anciennes sont ordinairement moins
parfaites que celles qui les ont suivies. Lorsque Lycurgue, après la tutelle de
Charilaüs, se mit à voyager, il résida, dit-on, fort longtemps en Crète, où il
retrouvait un peuple de même race que le sien. Les Lydiens étaient une
colonie de Lacédémone ; arrivés en Crète, ils avaient adopté les institutions
des premiers occupants, et tous les serfs de l'île se régissent encore par les lois
mêmes de Minos, qui passe pour leur premier législateur.
§ 2. Par sa position naturelle, la Crète semble appelée à dominer tous les
peuples grecs, établis pour la plupart sur les rivages des mers où s'étend cette
grande île. D'une part, elle touche presqu'au Péloponnèse ; de l'autre, à l'Asie,
vers Triope et l'île de Rhodes. Aussi Minos posséda-t-il l'empire de la mer et
de toutes les îles environnantes, qu'il conquit ou colonisa ; enfin il porta ses
armes jusque clans la Sicile, où il mourut près de Camique.
§ 3. Voici quelques analogies de la constitution des Crétois avec celle des
Lacédémoniens. Ceux-ci font cultiver leurs terres par des hilotes,
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