[6] CHAPITRE VI.
1 Περὶ μὲν οὖν ψυχῆς, εἴτε κινεῖται εἴτε μή, καὶ εἰ κινεῖται, πῶς κινεῖται, πρότερον εἴρηται ἐν τοῖς διωρισμένοις περὶ αὐτῆς. 2 Ἐπεὶ δὲ τὰ ἄψυχα πάντα κινεῖται ὑφ´ ἑτέρου, περὶ δὲ τοῦ πρώτου κινουμένου καὶ ἀεὶ κινουμένου, τίνα τρόπον κινεῖται, καὶ πῶς κινεῖ τὸ πρῶτον κινοῦν, διώρισται πρότερον ἐν τοῖς περὶ τῆς πρώτης φιλοσοφίας, 3 λοιπόν ἐστι θεωρῆσαι πῶς ἡ ψυχὴ κινεῖ τὸ σῶμα, καὶ τίς ἡ ἀρχὴ τῆς τοῦ ζῴου κινήσεως. Τῶν γὰρ ἄλλων παρὰ τὴν τοῦ ὅλου κίνησιν τὰ ἔμψυχα αἴτια τῆς κινήσεως, ὅσα μὴ κινεῖται ὑπ´ ἀλλήλων διὰ τὸ προσκόπτειν ἀλλήλοις. Διὸ καὶ πέρας ἔχουσιν αὐτῶν πᾶσαι αἱ κινήσεις· καὶ γὰρ καὶ αἱ τῶν ἐμψύχων. Πάντα γὰρ τὰ ζῷα καὶ κινεῖ καὶ κινεῖται ἕνεκά τινος, ὥστε τοῦτ´ ἔστιν αὐτοῖς πάσης τῆς κινήσεως πέρας, τὸ οὗ ἕνεκα. 4 Ὁρῶμεν δὲ τὰ κινοῦντα τὸ ζῷον διάνοιαν καὶ φαντασίαν καὶ προαίρεσιν καὶ βούλησιν καὶ ἐπιθυμίαν. 5 Ταῦτα δὲ πάντα ἀνάγεται εἰς νοῦν καὶ ὄρεξιν. Καὶ γὰρ ἡ φαντασία καὶ ἡ αἴσθησις τὴν αὐτὴν τῷ νῷ χώραν ἔχουσιν· κριτικὰ γὰρ πάντα, διαφέρουσι δὲ κατὰ τὰς εἰρημένας ἐν ἄλλοις διαφοράς. Βούλησις δὲ καὶ θυμὸς καὶ ἐπιθυμία πάντα ὄρεξις, ἡ δὲ προαίρεσις κοινὸν διανοίας καὶ ὀρέξεως· ὥστε κινεῖ πρῶτον τὸ ὀρεκτὸν καὶ τὸ διανοητόν. Οὐ πᾶν δὲ τὸ διανοητόν, ἀλλὰ τὸ τῶν πρακτῶν τέλος. Διὸ τὸ τοιοῦτόν ἐστι τῶν ἀγαθῶν τὸ κινοῦν, ἀλλ´ οὐ πᾶν τὸ καλόν· ᾗ γὰρ ἕνεκα τούτου ἄλλο, καὶ ᾗ τέλος ἐστὶ τῶν ἄλλου τινὸς ἕνεκα ὄντων, ταύτῃ κινεῖ. 6 Δεῖ δὲ τιθέναι καὶ τὸ φαινόμενον ἀγαθὸν ἀγαθοῦ χώραν ἔχειν, καὶ τὸ ἡδύ· φαινόμενον γάρ ἐστιν ἀγαθόν. 7 Ὥστε δῆλον ὅτι ἔστι μὲν ᾗ ὁμοίως κινεῖται τὸ ἀεὶ κινούμενον ὑπὸ τοῦ ἀεὶ κινοῦντος καὶ τῶν ζῴων ἕκαστον, ἔστι δ´ ᾗ ἄλλως, διὸ καὶ τὰ μὲν ἀεὶ κινεῖται, ἡ δὲ τῶν ζῴων κίνησις ἔχει πέρας. Τὸ δὲ ἀΐδιον καλόν, καὶ τὸ ἀληθῶς καὶ τὸ πρώτως ἀγαθὸν καὶ μὴ ποτὲ μὲν ποτὲ δὲ μή, θειότερον καὶ τιμιώτερον ἢ ὥστ´ εἶναι πρότερόν 〈τι〉. Τὸ μὲν οὖν πρῶτον οὐ κινούμενον κινεῖ, 8 ἡ δ´ ὄρεξις καὶ τὸ ὀρεκτικὸν κινούμενον κινεῖ. (701a) Τὸ δὲ τελευταῖον τῶν κινουμένων οὐκ ἀνάγκη κινεῖν οὐδέν. Φανερὸν δ´ ἐκ τούτων καὶ ὅτι εὐλόγως ἡ φορὰ τελευταία τῶν γινομένων ἐν τοῖς κινουμένοις· κινεῖται γὰρ καὶ πορεύεται τὸ ζῷον ὀρέξει ἢ προαιρέσει, ἀλλοιωθέντος τινὸς κατὰ τὴν αἴσθησιν ἢ τὴν φαντασίαν.
| [6] CHAPITRE VI.
§ 1. Quant à l'âme, nous avons étudié, dans les ouvrages qui lui ont été spécialement consacrés, la question de savoir si elle se meut ou ne se meut pas; et en admettant qu'elle se meuve, comment elle se meut.
§ 2. D'autre part, comme les êtres inanimés sont tous mus par une cause autre qu'eux-mêmes, nous avons fait voir dans les ouvrages qui traitent de la Philosophie Première ce que c'est que le premier mobile, le mobile éternel; et nous avons montré comment il est mû, et de quelle façon le premier moteur meut tout le reste.
§ 3. Il nous reste à rechercher comment l'âme meut le corps, et quel est le principe du mouvement dans l'animal. En effet, si l'on en excepte le mouvement de l'univers, ce sont les êtres animés qui sont causes du mouvement, pour toutes les autres choses qui ne se meuvent pas mutuellement en agissant les unes sur les autres. Aussi, tous les mouvements des êtres inanimés ont-ils un terme, parce que ceux des êtres animés en ont un également. Tous les animaux communiquent donc le mouvement à d'autres êtres, ou ils se meuvent eux-mêmes en vue de quelque fin; et ce but qui les fait agir est le terme de tout le mouvement qu'ils se donnent.
§ 4. Les principes qui mettent l'animal en mouvement sont, ainsi qu'on peut l'observer, la pensée, l'imagination, la préférence, la volonté et le désir.
§ 5. On peut du reste, rapporter tous ces motifs d'action à l'intelligence et à l'instinct. Ainsi, la sensibilité et l'imagination ont le même rôle que l'intelligence; car toutes ces facultés sont des facultés de connaître, bien qu'elles aient entre elles toutes les différences que l'on a signalées ailleurs. La volonté, le désir, la passion peuvent être rapportées en général à l'instinct. Quant à la préférence, elle appartient en commun à l'intelligence et à l'instinct. Par conséquent, c'est l'objet désiré par l'instinct et l'objet qui est conçu par l'intelligence, qui sont les premiers moteurs. Mais ce n'est pas tout objet quelconque conçu par l'intelligence; c'est seulement la fin des choses que nous devons faire. Voilà pourquoi tout ce qui provoque un mouvement de ce genre est un bien; mais dans toute sa généralité, le bien n'est pas capable de produire le mouvement; il le produit seulement en tant qu'il est le but d'une autre chose, et qu'il est la fin de toutes les choses qui n'existent qu'en vue d'une autre.
§ 6. On doit, en outre, admettre que le bien apparent et le plaisir peuvent remplacer le bien réel ; car le bien peut n'être qu'apparent.
§ 7. Par suite, il est évident que chaque animal éprouve bien, en partie, quelque chose de semblable à ce qu'éprouve le mobile éternel de la part de l'éternel moteur; et qu'en partie aussi, il y a une différence. Le mobile éternel est éternellement mû; le mouvement des animaux au contraire a une limite. Mais le beau et le bien véritable et primitif, ce bien qui ne peut point tantôt être et tantôt n'être pas, est trop divin et trop supérieur pour qu'il se rapporte à un autre que lui-même. Ainsi donc, le premier moteur meut sans être mû.
§ 8. Le désir, au contraire, et la partie qui le ressent, ne meuvent qu'après avoir été déjà mus eux-mêmes. Mais le dernier des mobiles qui sont mus peut ne pas transmettre le mouvement à quoi que ce soit. Ceci fait bien voir aussi que le mouvement de déplacement est le dernier à se produire, parmi tous ceux qui se produisent (dans l'animal); et, en effet, les animaux ne sont mis en mouvement et ne provoqués par l'instinct ou la volonté, qu'à la suite de quelque modification, soit dans leur sensibilité, soit dans leur imagination.
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