[4,12] § 1. Ἐπεὶ δὲ περὶ τούτων διώρισται, καθ' ἕκαστον λέγωμεν τί σὰρξ ἢ ὀστοῦν ἢ τῶν
ἄλλων τῶν ὁμοιομερῶν· ἔχομεν γὰρ ἐξ ὧν ἡ τῶν ὁμοιομερῶν φύσις συνέστηκεν,
τὰ γένη αὐτῶν, τίνος ἕκαστον γένους, διὰ τῆς γενέσεως·
§ 2. ἐκ μὲν γὰρ τῶν στοιχείων τὰ ὁμοιομερῆ, ἐκ δὲ τούτων ὡς ὕλης τὰ ὅλα ἔργα
τῆς φύσεως. Ἔστιν δ' ἅπαντα ὡς μὲν ἐξ ὕλης ἐκ τῶν εἰρημένων, ὡς δὲ κατ'
οὐσίαν τῷ λόγῳ.
§ 3. Ἀεὶ δὲ μᾶλλον δῆλον ἐπὶ τῶν ὑστέρων καὶ ὅλως ὅσα οἷον ὄργανα καὶ ἕνεκά
του. Μᾶλλον γὰρ δῆλον ὅτι ὁ νεκρὸς ἄνθρωπος ὁμωνύμως. Οὕτω τοίνυν καὶ χεὶρ
τελευτήσαντος ὁμωνύμως, καθάπερ καὶ αὐ(390a) λοὶ λίθινοι λεχθείησαν· οἷον
γὰρ καὶ ταῦτα ὄργανα ἄττα ἔοικεν εἶναι.
§ 4. Ἧττον δ' ἐπὶ σαρκὸς καὶ ὀστοῦ τὰ τοιαῦτα δῆλα. Ἔτι δ' ἐπὶ πυρὸς καὶ ὕδατος
ἧττον· τὸ γὰρ οὗ ἕνεκα ἥκιστα ἐνταῦθα δῆλον, ὅπου δὴ πλεῖστον τῆς ὕλης· ὥσπερ
γὰρ εἰ καὶ τὰ ἔσχατα ληφθείη, ἡ μὲν ὕλη οὐδὲν ἄλλο παρ' αὐτήν, ἡ δ' οὐσία οὐδὲν
ἄλλο ἢ λόγος, τὰ δὲ μεταξὺ ἀνάλογον τῷ ἐγγὺς εἶναι ἕκαστον, ἐπεὶ καὶ τούτων
ὁτιοῦν ἐστιν ἕνεκά του, καὶ οὐ πάντως ἔχον ὕδωρ ἢ πῦρ, ὥσπερ οὐδὲ σὰρξ οὐδὲ
σπλάγχνον. Τούτων δ' ἔτι μᾶλλον πρόσωπον καὶ χείρ.
§ 5. Ἅπαντα δ' ἐστὶν ὡρισμένα τῷ ἔργῳ· τὰ μὲν γὰρ δυνάμενα ποιεῖν τὸ αὑτῶν
ἔργον ἀληθῶς ἐστιν ἕκαστον, οἷον ὀφθαλμὸς εἰ ὁρᾷ, τὸ δὲ μὴ δυνάμενον
ὁμωνύμως, οἷον ὁ τεθνεὼς ἢ ὁ λίθινος· οὐδὲ γὰρ πρίων ὁ ξύλινος, ἀλλ' ἢ ὡς
εἰκών.
§ 6. Οὕτω τοίνυν καὶ σάρξ· ἀλλὰ τὸ ἔργον αὐτῆς ἧττον δῆλον ἢ τὸ τῆς γλώττης.
Ὁμοίως δὲ καὶ πῦρ· ἀλλ' ἔτι ἧττον ἴσως δῆλον φυσικῶς ἢ τὸ τῆς σαρκὸς ἔργον.
§ 7. Ὁμοίως δὲ καὶ τὰ ἐν τοῖς φυτοῖς καὶ τὰ ἄψυχα, οἷον χαλκὸς καὶ ἄργυρος·
πάντα γὰρ δυνάμει τινί ἐστιν ἢ τοῦ ποιεῖν ἢ τοῦ πάσχειν, ὥσπερ σὰρξ καὶ νεῦρον·
ἀλλ' οἱ λόγοι αὐτῶν οὐκ ἀκριβεῖς.
§ 8. Ὥστε πότε ὑπάρχει καὶ πότε οὔ, οὐ ῥᾴδιον διιδεῖν, ἂν μὴ σφόδρα ἐξίτηλον ᾖ
καὶ τὰ σχήματα μόνα ᾖ λοιπά, οἷον καὶ τὰ τῶν παλαιουμένων νεκρῶν σώματα
ἐξαίφνης τέφρα γίγνεται ἐν ταῖς θήκαις· καὶ καρποὶ μόνον τῷ (390b) σχήματι,
τὴν δ' αἴσθησιν οὐ φαίνονται, παλαιούμενοι σφόδρα· καὶ τὰ ἐκ τοῦ γάλακτος
πηγνύμενα.
§ 9. Τὰ μὲν οὖν τοιαῦτα μόρια θερμότητι καὶ ψυχρότητι καὶ ταῖς ὑπὸ τούτων
κινήσεσιν ἐνδέχεται γίγνεσθαι, πηγνύμενα τῷ θερμῷ καὶ τῷ ψυχρῷ· λέγω δ' ὅσα
ὁμοιομερῆ, οἷον σάρκα, ὀστοῦν, τρίχας, νεῦρον, καὶ ὅσα τοιαῦτα·
§ 10. πάντα γὰρ διαφέρει ταῖς πρότερον εἰρημέναις διαφοραῖς, τάσει, ἕλξει,
θραύσει, σκληρότητι, μαλακότητι καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς τοιούτοις· ταῦτα δὲ ὑπὸ
θερμοῦ καὶ ψυχροῦ καὶ τῶν κινήσεων γίγνεται μειγνυμένων.
§ 11. Τὰ δ' ἐκ τούτων συνεστῶτα οὐδενὶ ἂν ἔτι δόξειεν τὰ ἀνομοιομερῆ, οἷον
κεφαλὴ ἢ χεὶρ ἢ πούς, ἀλλ' ὥσπερ καὶ τοῦ χαλκὸν μὲν ἢ ἄργυρον γενέσθαι αἰτία
ψυχρότης καὶ θερμότης καὶ κίνησις, τοῦ δὲ πρίονα ἢ φιάλην ἢ κιβωτὸν οὐκέτι,
ἀλλ' ἐνταῦθα μὲν τέχνη, ἐκεῖ δὲ φύσις ἢ ἄλλη τις αἰτία.
§ 12. Εἰ οὖν ἔχομεν τίνος γένους ἕκαστον τῶν ὁμοιομερῶν, ληπτέον καθ' ἕκαστον
τί ἐστιν, οἷον τί αἷμα ἢ σὰρξ ἢ σπέρμα καὶ τῶν ἄλλων ἕκαστον· οὕτω γὰρ ἴσμεν
ἕκαστον διὰ τί καὶ τί ἐστιν, ἐὰν ἢ τὴν ὕλην ἢ τὸν λόγον ἔχωμεν, μάλιστα δ' ὅταν
ἄμφω τῆς τε γενέσεως καὶ φθορᾶς, καὶ πόθεν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως.
§ 13. Δηλωθέντων δὲ τούτων ὁμοίως τὰ ἀνομοιομερῆ θεωρητέον, καὶ τέλος τὰ ἐκ
τούτων συνεστῶτα, οἷον ἄνθρωπον, φυτόν, καὶ τἆλλα τὰ τοιαῦτα.
| [4,12] CHAPITRE XII.
§ 1. Après ces développements généraux, il faut en venir aux détails, et expliquer en
particulier ce que sont la chair, l'os, et tous les autres corps à parties homogènes ; car
nous connaissons maintenant de quels éléments se compose la nature de ces corps
homogènes, quelles sont leurs espèces, et à quelle espèce se rapporte chacun d'eux,
selon son origine.
§ 2. Les corps à parties homogènes viennent donc des éléments, et c'est d'eux, comme
matière, que sortent toutes les oeuvres de la nature. Ainsi, tous les êtres naturels
viennent des éléments qu'on a indiqués, comme de leur matière ; mais, quant à leur
essence, elle découle de leur définition.
§ 3. C'est ce qu'on voit de plus en plus évidemment à mesure qu'on s'élève dans
l'ordre des choses, et, en général, quand on observe celles qui sont des instruments, et
qui sont employées en vue de quelque fin. Si, en effet, il est évident, par exemple, que
le cadavre ne peut être appelé un homme que par simple homonymie, il ne l'est plus
autant tout à fait que la main de ce mort n'est une main que par une homonymie
pareille, de même que des flûtes de pierre ne seraient flûtes que de nom. En effet, il y
a des choses dans la nature qui, comme celles-là, ne sont que des instruments.
§ 4. Mais ceci devient un peu moins évident pour la chair et pour l'os, et moins
encore pour le feu, pour l'eau, pour la terre. Le but poursuivi est de moins en moins
sensible dans ces cas, en proportion que la matière domine davantage. De même, en
effet, que si l'on prend les choses dernières, la matière n'y est plus rien absolument
qu'elle-même, et que l'essence y est tout à fait réduite à la définition, de même les
intermédiaires ne sont ce qu'ils sont que dans la proportion où chacun d'eux se
rapproche ; car chacun d'eux n'existe qu'en vue d'une fin ; et il n'est pas simplement
de l'eau ou du feu, de même qu'il n'est pas non plus simplement, soit chair, soit
intestin. Mais on peut le dire bien plus évidemment encore de la main ou du visage.
§ 5. Tous les corps sont ainsi déterminés par leur fonction ; car ceux qui peuvent
accomplir comme il faut leur fonction propre, sont véritablement chacun ce qu'ils
doivent être. Ainsi, l' oeil quand il voit, est vraiment oeil ; mais celui qui ne peut pas
voir n'est oeil que par homonymie, comme le serait un oeil mort, ou un oeil de pierre.
De même encore, une scie de pierre n'est pas une scie, si ce n'est comme l'est une
simple image de scie.
§ 6. C'est bien encore ainsi qu'est la chair ; mais sa destination est moins évidente que
celle de la langue, par exemple. II en est de même aussi du feu. Mais physiquement,
sa fonction est moins évidente encore que celle de la chair.
§ 7. On en peut dire autant pour les parties des plantes, et aussi pour les objets
inanimés, comme l'airain et l'argent ; car toutes ces choses ont une puissance
quelconque, soit pour agir, soit pour souffrir, comme la chair et le nerf ; mais leurs
raisons d'être ne sont pas parfaitement distinctes.
§ 8. Aussi, n'est-il pas facile de discerner quand la fonction existe et quand elle
n'existe pas, à moins qu'elle ne soit tout à fait détruite, et qu'il ne reste que les formes
seules, comme ces cadavres déjà anciens qui deviennent tout à coup de la cendre,
quand on veut les toucher dans leurs tombeaux. C'est ainsi que les fruits, quand ils
sont très vieux, ne sont fruits (390b) que par la mine, et ne le sont plus quand on les
goûte, de même que ces vaines représentations qui sont faits avec du lait coagulé.
§ 9. Il se peut donc que les parties homogènes se forment par la chaleur, par le froid,
et par les mouvements de tous deux, et qu'elles soient solidifiées, soit par le chaud,
soit par le froid ; je veux parler des corps à parties homogènes, telles que la chair, l'os,
les poils, les nerfs et tous les corps de cette espèce.
§ 10. Tous diffèrent en effet entre eux par les différences qu'on a dites antérieurement
: l'extension, la traction, la friabilité, la dureté, la mollesse, et toutes les autres qualités
analogues ; et ils se forment par le mélange du froid et du chaud, et par les
mouvements qui en résultent.
§ 11. Mais les corps à parties non homogènes, quoique composés de ces éléments, ne
paraissent pas présenter entre eux de ces différences, comme la tête, la main, le pied.
Mais de même que la cause qui fait naître le cuivre et l'argent, c'est le froid et la
chaleur, et le mouvement qu'ils produisent, et que ce n'est plus ce simple mouvement
qui produit des choses telles que la scie, la burette, le coffre ; de même, d'un côté c'est
l'art qui agit ; et de l'autre, c'est la nature, ou telle autre cause.
§ 12. Maintenant que nous savons d'une manière générale ce que sont tous les corps à
parties homogènes, il faut rechercher ce que sont chacun d'eux particulièrement,
comme le sang, la chair, le sperme, et tous les autres corps analogues ; car c'est ainsi
que nous saurons, pour chacun d'eux, quelle est sa destination et quelle est sa nature,
soit que nous en connaissions la matière, ou seulement la définition ; et surtout, si
nous savons tout à la fois les causes de la génération et de la destruction pour les
corps, et le principe d'où leur vient le mouvement.
§ 13. Ceci étant éclairci, il faudra étudier également les corps à parties non
homogènes ; et enfin les êtres qui en sont composés, tels que l'homme, la plante, et
tous les êtres de même ordre.
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