[5,43] « Ἐγὼ τὸν πρὸς σὲ πόλεμον ἠράμην, οὐχ ἵνα σε καθελὼν διαδέξωμαι τὴν
ἡγεμονίαν, ἀλλ' ἵνα τὴν ἀριστοκρατίαν ἀναλάβω τῇ πατρίδι, λελυμένην ὑπὸ
τῆς τῶν τριῶν ἀρχῆς, ὡς οὐδ' ἂν αὐτὸς ἀι τείποις· καὶ γὰρ ὅτε συνίστασθε
αὐτήν, ὁμολογοῦντες εἶναι παράνομον, ὡς ἀναγκαίαν καὶ πρόσκαιρον ἐτίθεσθε,
Κασσίου καὶ Βρούτου περιόντων ἔτι καὶ ὑμῶν ἐκείνοις οὐ δυναμένων
συναλλαγῆναι. Ἀποθανόντων δὲ ἐκείνων, οἳ τὸ τῆς στάσεως κεφάλαιον ἦσαν,
καὶ τῶν ὑπολοίπων εἴ τινα λείψανα ἔστιν, οὐ τῇ πολιτείᾳ πολεμούντων, ἀλλὰ
ὑμᾶς δεδιότων, ἐπὶ δὲ τούτῳ καὶ τῆς πενταετίας παριούσης, ἀνακῦψαι τὰς
ἀρχὰς ἐπὶ τὰ πάτρια ἠξίουν, οὐ προτιμῶν οὐδὲ τὸν ἀδελφὸν τῆς πατρίδος,
ἀλλ' ἐλπίζων μὲν ἐπανελθόντα πείσειν ἑκόντα, ἐπειγόμενος δὲ ἐπὶ τῆς ἐμῆς
ἀρχῆς γενέσθαι. Καὶ εἰ κατῆρξας σύ, μόνος ἂν καὶ τὴν δόξαν εἶχες. Ἐπεὶ δὲ
δή σε οὐκ ἔπειθον, ᾤμην ἐλθὼν ἐπὶ Ῥώμην καὶ ἀναγκάσαι, πολίτης τε ὢν καὶ
γνώριμος καὶ ὕπατος. Αἱ μὲν αἰτίαι, δι' ἃς ἐπολέμησα, αὗται μόναι, καὶ
οὔτε ὁ ἀδελφὸς οὔτε Μάνιος οὔτε Φουλβία, οὔτε ἡ κληρουχία τῶν ἐν Φιλίπποις
πεπολεμηκότων οὔτε ἔλεος τῶν γεωργῶν τὰ κλήματα ἀφαιρουμένων, ἐπεὶ κἀγὼ
τοῖς τοῦ ἀδελφοῦ τέλεσιν οἰκιστὰς ἔδωκα, οἱ τὰ τῶν γεωργῶν ἀφαιρούμενοι
τοῖς στρατευσαμένοις διένεμον. Ἀλλά με σὺ τήνδε τὴν διαβολὴν αὐτοῖς
διέβαλλες, τὴν αἰτίαν τοῦ πολέμου μεταφέρων ἐπὶ τὴν κληρουχίαν ἀπὸ σαυτοῦ,
καὶ τῷδε μάλιστα αὐτοὺς ἑλὼν ἐμοῦ κεκράτηκας· ἀνεπείσθησαν γὰρ πολεμεῖσθαί
τε ὑπ' ἐμοῦ καὶ ἀμύνεσθαί με ἀδικοῦντα. Τεχνάζειν μὲν δή σε ἔδει
πολεμοῦντα· νικήσαντα δέ, εἰ μὲν ἐχθρὸς εἶ τῆς πατρίδος, κἀμὲ ἡγεῖσθαι
πολέμιον, ἃ ἔδοξα συνοίσειν αὐτῇ, βουληθέντα μέν, οὐ δυνηθέντα δὲ διὰ λιμόν.
| [5,43] « Je n'ai pas entrepris cette guerre contre toi, pour prendre ta
place si je l'emportais, mais pour rendre au pays le gouvernement
patricien qui a été renversé par le triumvirat, ce que toi-même tu ne peux
nier. Quand vous avez créé le triumvirat, vous avez reconnu qu'il n'était
pas conforme à la loi, mais que vous l'avez établi comme une chose
nécessaire et provisoire parce que Cassius et Brutus étaient encore
vivants et que vous ne pouviez pas vous réconcilier avec eux. Quand ceux
qui étaient la tête des factieux furent morts, et le reste, s'il y en
avait, ne portait pas les armes contre l'état, mais parce qu'ils vous
craignaient, et d'ailleurs comme la limite des cinq ans approchait, j'ai
exigé que les magistratures soient rétablies selon la coutume de nos
pères, préférant mon pays à mon frère, mais espérant le persuader
d'approuver à son retour et je voulais y arriver durant mon consulat. Si
tu avais fait cette réforme tu en aurais récolté seul la gloire. Comme je
n'ai pu te persuader, j'ai pensé marcher sur la ville et employer la
force, comme citoyen, noble, et consul. Voilà les raisons de la guerre que
j'ai faite et ce sont les seules ; ce n'est ni mon frère, ni Manius, ni
Fulvia, ni les colonies pour ceux qui ont combattu à Philippes, ni la
pitié pour les paysans privés de leurs biens, puisque c'est moi-même qui
ai nommé les chefs des colonies pour les légions de mon frère qui ont
privé les paysans de leurs biens et les ont distribuées aux les soldats.
Pourtant tu m'as accusé devant les soldats, prétendant que la cause de ta
guerre était la distribution des terres, et c'est surtout de cette façon
que tu les a fait passer de ton côté et que tu m'as supplanté, parce que
on les a persuadés que je faisais la guerre contre eux, et qu'ils se
défendaient contre mon injustice. Tu as certainement dû user de
cet artifice dans la guerre que tu as faite. Maintenant que tu as gagné,
si tu es l'ennemi du pays, tu dois me considérer aussi comme ton ennemi,
puisque tout ce que j'ai souhaité faire, je pensais le faire dans
l'intérêt de l'État, mais j'ai été empêché de l'accomplir à cause de la famine.
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