[5,12] II. Καὶ τὰ μὲν περὶ Ἀντώνιον ἦν τοιάδε· Καίσαρι δὲ ἐς τὴν Ῥώμην
ἐπανιόντι ἥ τε νόσος αὖθις ἤκμαζεν ἐν Βρεντεσίῳ μάλιστα ἐπικινδύνως, καὶ
φήμη διήνεγκεν αὐτὸν καὶ τεθνάναι. Ῥαΐσας δ' ἐσῆλθεν ἐς τὴν πόλιν καὶ τοῖς
Ἀντωνίου τὰ γράμματα ἐδείκνυε τὰ Ἀντωνίου. Οἱ δὲ Καληνόν τε προσέτασσον
ἀποδοῦναι τὰ δύο τέλη τῷ Καίσαρι καὶ ἐς Λιβύην ἐπέστελλον Σεξστίῳ Λιβύης
καὶ αὐτὸν Καίσαρι ἀποστῆναι. Καὶ οἱ μὲν οὕτως ἐποίουν, ὁ δὲ Καῖσαρ οὐδὲν
ἀνήκεστον ἁμαρτεῖν δόξαντι Λεπίδῳ Λιβύην ἀντὶ τῶν προτέρων ἐθνῶν ἐνήλλασσε
καὶ τὰ λοιπὰ τῶν ἐπὶ ταῖς προγραφαῖς δεδημευμένων διεπίπρασκε. Καταλέγοντι
δ' αὐτῷ τὸν στρατὸν ἐς τὰς ἀποικίας καὶ τὴν γῆν ἐπινέμοντι δυσεργὲς ἦν. Οἵ
τε γὰρ στρατιῶται τὰς πόλεις ᾔτουν, αἳ αὐτοῖς ἀριστίνδην ἦσαν ἐπειλεγμέναι
πρὸ τοῦ πολέμου, καὶ αἱ πόλεις ἠξίουν τὴν Ἰταλίαν ἅπασαν ἐπινείμασθαι τὸ
ἔργον ἢ ἐν ἀλλήλαις διαλαχεῖν τῆς τε γῆς τὴν τιμὴν τοὺς δωρουμένους ᾔτουν,
καὶ ἀργύριον οὐκ ἦν, ἀλλὰ συνιόντες ἀνὰ μέρος ἐς τὴν Ῥώμην οἵ τε νέοι καὶ
γέροντες ἢ αἱ γυναῖκες ἅμα τοῖς παιδίοις, ἐς τὴν ἀγορὰν ἢ τὰ ἱερά,
ἐθρήνουν, οὐδὲν μὲν ἀδικῆσαι λέγοντες, Ἰταλιῶται δὲ ὄντες ἀνίστασθαι γῆς
τε καὶ ἑστίας οἷα δορίληπτοι. Ἐφ' οἷς οἱ Ῥωμαῖοι συνήχθοντο καὶ
ἐπεδάκρυον, καὶ μάλιστα, ὅτε ἐνθυμηθεῖεν οὐχ ὑπὲρ τῆς πόλεως, ἀλλ' ἐπὶ
σφίσιν αὐτοῖς καὶ τῇ μεταβολῇ τῆς πολιτείας τόν τε πόλεμον γεγονότα καὶ τὰ
ἐπινίκια διδόμενα καὶ τὰς ἀποικίας συνισταμένας τοῦ μηδ' αὖθις ἀνακῦψαι
τὴν δημοκρατίαν, παρῳκισμένων τοῖς ἄρχουσι μισθοφόρων ἑτοίμων, ἐς ὅ τι
χρῄζοιεν.
| [5,12] II. Tel était la situation d'Antoine. Alors qu'Octave se rendait à
Rome, il tomba gravement malade à Brindisi, et le bruit courut qu'il était
mort. A son rétablissement il rentra en ville et montra aux amis d'Antoine
les lettres qu'Antoine avait écrites. Les Antoniens ordonnèrent à Calenus
de donner à Octave les deux légions, et écrivirent à Sextius en Afrique de
remettre cette province à Antoine. C'est ce que firent les amis d'Antoine
et comme il s'avéra que Lepidus n'était coupable d'aucun méfait, Octave
lui donna l'Afrique en échange de ses anciennes provinces. Il fit vendre
également le reste des propriétés confisquées au moment des proscriptions.
Mais quand il s'agit d'installer les soldats dans des colonies et de
diviser la terre, il eut beaucoup de soucis. Les soldats exigeaient les
villes qu'on leur avaient promises avant la guerre comme prix de leur
bravoure. Les villes, elles, exigeaient que l'ensemble de l'Italie partage
le fardeau, ou que les villes soient tirées au sort, et que ceux qui
donneraient des terres devaient être payés pour la valeur de celles-ci ;
mais il n'y avait plus d'argent. Ils vinrent à Rome en foules, jeunes et
vieux, femmes et enfants, au forum et dans les temples, poussant des
lamentations, disant qu'ils n'avaient fait aucun mal, eux les Italiens,
pour être expulsés de leurs terres et leurs habitations, comme des vaincus
de guerre. Les Romains pleuraient et ils pleuraient avec eux, surtout
quand ils s'aperçurent que la guerre avait été faite, et les récompenses
de la victoire données, non pour le bien de l'État, mais contre eux-mêmes
et pour un changement de forme de gouvernement ; que les colonies étaient
installées pour que la démocratie ne puisse jamais redresser la tête, -
les colonies composées de mercenaires installés par les chefs pour être
prêts à tout moment à faire ce qu'on leur demandait.
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