[5,13] Ὁ δὲ Καῖσαρ ταῖς πόλεσιν ἐξελογεῖτο τὴν ἀνάγκην, καὶ ἐδόκουν οὐδ' ὣς
ἀρκέσειν. Οὐδ' ἤρκουν, ἀλλὰ ὁ στρατὸς καὶ τοῖς γείτοσιν ἐπέβαινε σὺν
ὕβρει, πλέονά τε τῶν διδομένων σφίσι περισπώμενοι καὶ τὸ ἄμεινον
ἐκλεγόμενοι. Οὐδὲ ἐπιπλήσσοντος αὐτοῖς καὶ δωρουμένου πολλὰ ἄλλα τοῦ
Καίσαρος ἐπαύοντο, ἐπεὶ καὶ τῶν ἀρχόντων, ὡς δεομένων σφῶν ἐς τὸ ἐγκρατὲς
τῆς ἀρχῆς, κατεφρόνουν. Καὶ γὰρ αὐτοῖς ἡ πενταετία παρώδευε, καὶ τὸ
ἀσφαλὲς ἡ χρεία συνῆγεν ἀμφοτέροις παρ' ἀλλήλων, τοῖς μὲν ἡγεμόσιν ἐς τὴν
ἀρχὴν παρὰ τοῦ στρατοῦ, τῷ στρατῷ δὲ ἐς τὴν ἐπικράτησιν ὧν ἔλαβον, ἡ τῶν
δεδωκότων ἀρχὴ παραμένουσα. Ὡς γὰρ αὐτῶν οὐ βεβαίως ἐπικρατήσοντες, εἰ μὴ
βεβαίως ἄρχοιεν οἱ δόντες, ὑπερεμάχουν ἀπ' εὐνοίας ἀναγκαίου. Πολλὰ δὲ καὶ
ἄλλα τοῖς ἀπορουμένοις αὐτῶν ἐδωρεῖτο, δανειζόμενος ἐκ τῶν ἱερῶν, ὁ
Καῖσαρ. Ὅθεν τὴν γνώμην ὁ στρατὸς ἐς αὐτὸν ἐπέστρεφε, καὶ πλείων ὑπήντα
χάρις ὡς γῆν ἅμα καὶ πόλεις καὶ χρήματα καὶ οἰκήματα δωρουμένῳ καὶ
καταβοωμένῳ μὲν ἐπιφθόνως ὑπὸ τῶν ἀφαιρουμένων, φέροντι δὲ τὴν ὕβριν ἐς
χάριν τοῦ στρατοῦ.
| [5,13] Octave expliqua aux villes la nécessité de la situation, mais il
comprit qu'il ne les persuaderait pas et elles ne le furent pas. Les
soldats se comportaient avec leurs voisins de façon insolente, s'emparant
de plus que ce qu'on leur avait donné et choisissant les meilleures terres
; ils ne cessaient pas même quand Octave leur faisait des reproches et
leur donnait beaucoup d'autres présents. Ils le prenaient avec mépris car
ils savaient que leurs chefs avaient besoin d'eux pour affermir leur
pouvoir : en effet les cinq années déterminées pour le triumvirat
arrivaient à leur fin, et l'armée et les chefs avaient besoin les uns des
autres pour leur mutuelle sécurité. Les chefs dépendaient des soldats pour
garder leur pouvoir, alors que, pour garder ce qu'ils avaient reçus, les
soldats dépendaient de la pérennité du gouvernement de ceux qui leur
avaient donné ces biens. Ils comprenaient qu'ils ne pourraient garder
leurs acquis que si leurs donateurs gardaient un pouvoir fort, et c'est
pourquoi c'est par nécessité qu'ils combattaient pour eux pour leur
bien-être. Octave fit beaucoup d'autres cadeaux aux soldats indigents,
empruntant pour ce faire aux temples : c'est pourquoi l'armée avait
beaucoup d'affection pour lui. Et c'est vers lui qu'allaient les plus
grandes louanges : il avait donné de la terre, des villes, de l'argent, et
des maisons, mais c'est contre lui aussi qu'allaient les doléances des
gens dépouillés. Mais ce mépris, il le supportait pour contenter l'armée.
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