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[3,83] XII. 83. Ἀλλὰ Κικέρωνα μὲν ἥ τε βουλὴ τῆς φιλαρχίας ἐγέλασε,
καὶ οἱ συγγενεῖς μάλιστα τῶν σφαγέων ἐνέστησαν, δεδιότες μὴ
αὐτοὺς ὁ Καῖσαρ τίσαιτο ὑπατεύων· ὑπερθέσεων δὲ ἐπὶ τῇ
χειροτονίᾳ γιγνομένων ἐννόμων κατὰ ποικίλας αἰτίας, ὁ
Ἀντώνιος ἐν τῷ τέως τὰς Ἄλπεις ὑπερέβαλε, Κουλλεῶνα πείσας
τὸν ἐκ Λεπίδου φύλακα αὐτῶν, ἐπί τε ποταμὸν ἦλθεν, ἔνθα
ἐστρατοπεδευμένος ἦν ὁ Λέπιδος, καὶ οὔτε χάρακα περιεβάλετο
οὔτε τάφρον ὡς δὴ φίλῳ παραστρατοπεδεύων. Διαπομπαὶ δὲ
ἦσαν ἐς ἀλλήλους πυκναί, Ἀντωνίου μὲν ὑπομιμνήσκοντος
φιλίας τε καὶ χαρίτων ποικίλων, καὶ διδάσκοντος, ὅτι μεθ' αὑτὸν
ὅμοια πείσονται καθ' ἕνα πάντες, οἳ τῆς Καίσαρος ἐγένοντο
φιλίας, Λεπίδου δὲ τὴν μὲν βουλὴν δεδιότος πολεμεῖν αὐτῷ
κελεύουσαν, ὑπισχνουμένου δ' ὅμως οὐ πολεμήσειν ἑκόντος. Ὁ
δὲ στρατὸς ὁ τοῦ Λεπίδου τό τε ἀξίωμα αἰδούμενοι τὸ Ἀντωνίου
καὶ τῶν διαπομπῶν αἰσθανόμενοι καὶ τὴν ἀφέλειαν αὐτοῦ τῆς
στρατοπεδείας ἀγάμενοι, ἐπεμίγνυντο τοῖς Ἀντωνίου
λανθάνοντες, εἶτα φανερῶς οἷα πολίταις τε καὶ συστρατιώταις
γενομένοις, τῶν τε χιλιάρχων κωλυόντων ὑπερεώρων καὶ τὸν
ποταμὸν ἐς εὐμάρειαν τῆς ἐπιμιξίας ναυσὶν ἐγεφύρουν· τό τε
καλούμενον δέκατον τέλος, ἐξεναγημένον ὑπὸ Ἀντωνίου πάλαι,
τὰ ἔνδον αὐτῷ παρεσκεύαζεν.
| [3,83] 83. Le sénat se moqua de l'ambition de Cicéron,
et les parents des meurtriers s'opposèrent
particulièrement à lui, craignant qu'Octave, comme
consul, ne fasse punir les meurtriers, mais pour
diverses raisons l'élection fut reportée à plus tard
par des objections légales. En attendant, Antoine
passa les Alpes avec la permission de Culleo, qui
avait été posté là par Lépidus pour les garder, et
avança jusqu'au fleuve où Lépide avait son camp;
mais il négligea de s'entourer d'une palissade et
d'un fossé, comme s'il campait à côté d'un ami.
Les messagers allaient les uns chez les autres
constamment. Antoine rappela à Lépide leur
amitié et leurs bonne relations, précisant qu'après
lui, tous ceux qui avaient profité de l'amitié de
César souffriraient les uns après les autres le
même destin. Lépide craignait le sénat, qui lui
avait donné l'ordre de faire la guerre à Antoine,
mais il promit néanmoins de ne pas la faire
volontairement. L'armée de Lépide, ayant du
respect pour la dignité d'Antoine, voyant les
messagers allant d'un camp à l'autre, et
impressionnés par la simplicité du camp d'Antoine,
se mêlèrent avec ses hommes, d'abord
secrètement, puis ouvertement, comme avec des
concitoyens et des compagnons de combat; ils
négligeaient les ordres des tribuns, qui leur
interdisaient de le faire; et afin de faciliter leurs
rapports ils firent un pont des bateaux à travers le
fleuve. La dixième légion, qui avait été à l'origine
enrôlée par Antoine, faisait de la réclame pour lui à
l'intérieur du camp de Lépide.
| [3,84] 84. Ὧν αἰσθανόμενος Λατερήσιος, τῶν τις ἐκ τῆς βουλῆς
ἐπιφανῶν, προηγόρευε τῷ Λεπίδῳ καὶ ἀπιστοῦντα ἐκέλευε τὴν
στρατιὰν ἐς πολλὰ διελόντα ἐκπέμψαι κατὰ δή τινας χρείας, ἐς
ἐπίδειξιν ἢ τῆς προδοσίας ἢ τῆς πίστεως. Καὶ ὁ Λέπιδος ἐς τρία
διελών, ἐκέλευε νυκτὸς ἐξορμᾶν ἐς φρουρὰν ταμιείων
πλησιαζόντων. Οἱ δὲ ἀμφὶ τὴν ἐσχάτην φυλακήν, ὡς ἐς τὴν
ἔξοδον ὁπλισάμενοι, τὰ ἐρυμνὰ τοῦ στρατοπέδου κατέλαβον
καὶ τὰς πύλας ἀνεῴγνυον Ἀντωνίῳ. Ὁ δ' ἐπὶ τὴν Λεπίδου
σκηνὴν ἵετο δρόμῳ, τοῦ στρατοῦ παντὸς ἤδη τοῦ Λεπίδου
παραπέμποντος αὐτὸν καὶ τὸν Λέπιδον αἰτοῦντος εἰρήνην τε καὶ
ἔλεον ἐς ἀτυχοῦντας πολίτας. Ὁ μὲν δὴ Λέπιδος, ὡς εἶχεν, ἐκ
τῆς εὐνῆς ἄζωστος ἐς αὐτοὺς ἐξέθορε καὶ ὑπισχνεῖτο ποιήσειν
καὶ τὸν Ἀντώνιον ἠσπάζετο καὶ ἐξελογεῖτο τῆς ἀνάγκης. Οἱ δὲ
αὐτὸν καὶ προσπεσεῖν Ἀντωνίῳ νομίζουσιν, ἄπρακτον μὲν ὄντα
καὶ ἄτολμον, οὐ μὴν ἅπασι τοῖς συγγραφεῦσι πιστὸν οὐδ' ἐμοὶ
πιθανόν· οὐ γάρ πώ τι αὐτῷ πολέμιον ἐς τὸν Ἀντώνιον
ἐπέπρακτο, δέους ἄξιον. Οὕτω μὲν ὁ Ἀντώνιος ἐς μέγα
δυνάμεως αὖθις ἐπῆρτο, καὶ τοῖς ἐχθροῖς ἦν ἐπιφοβώτατος·
στρατὸν γὰρ εἶχεν, ὅν τε ἐξανέστησε Μουτίνης καὶ σὺν αὐτῷ
λαμπρότατον ἱππικόν, τρία τε αὐτῷ τέλη κατὰ τὴν ὁδὸν
προσγεγένητο τὰ Οὐεντιδίου, καὶ Λέπιδος αὐτῷ σύμμαχος
ἐγίγνετο ἑπτὰ ἔχων ὁπλιτικὰ τέλη καὶ πολὺν ὅμιλον ἄλλον καὶ
παρασκευὴν ἀξιόλογον. Καὶ τοῖσδε ὁ μὲν Λέπιδος ἐπωνομάζετο
ἔτι, ὁ δὲ Ἀντώνιος ἅπαντα διῴκει.
| [3,84] 84. Quand Lateresius, un des membres distingués
du sénat, s'aperçut de cela, il en avertit Lépide.
Comme ce dernier était incrédule, Lateresius lui
conseilla de diviser son armée en plusieurs parties
et de les envoyer à quelques services visibles
pour s'assurer si elles aient été fidèles ou non. Et
Lépide les divisa en trois, et leur commanda de
sortir de nuit pour protéger quelques convois qui
approchaient. A la dernière garde les soldats
s'armèrent comme pour la marche, s'emparèrent
des défenses du camp et ouvrirent les portes à
Antoine. Il vint en courant à la tente de Lépide,
escorté alors par toute l'armée de celui-ci et
demanda la paix et la compassion de Lépide pour
les malheureux citoyens. Lépide sauta de son lit,
comme il était, la ceinture déliée et leur promit de
faire tout ce qu'ils demandaient, embrassa
Antoine, et plaida la nécessité. Certains disent
qu'il tomba réellement à genoux devant Antoine,
car c'était un homme hésitant et timide. Mais tous
les auteurs ne croient pas à cette version des faits
et moi non plus, parce qu'il n'avait rien fait jusqu'ici
d'hostile à Antoine qui puisse lui faire peur. Alors
Antoine devint encore plus puissant et plus
redoutable à ses ennemis; il prit l'armée avec
laquelle il avait abandonné le siège de Mutina, y
compris sa magnifique cavalerie; Ventidius le
rejoignit sur la route avec trois légions, et il avait
comme allié Lépide avec sept légions d'infanterie
et un grand nombre de troupes et des
équipements en proportion. Lépide avait en
théorie le commandement de ces dernières, mais
Antoine dirigeait tout.
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