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[3,67] 67. Καρσουληίου δὲ καὶ Πάνσα τὰ στενὰ νυκτὸς διαδραμόντων,
ἅμα δ' ἡμέρᾳ μόνοις τοῖς Ἀρείοις καὶ πέντε ἄλλαις τάξεσιν ἐς τὴν
χειροποίητον ὁδὸν ἐσβαλόντων, ἔτι καθαρευουσαν πολεμίων,
καὶ τὸ ἕλος ἑκατέρωθεν ὂν περισκεπτομένων, ὅ τε δόναξ
διακινούμενος ὑπωπτεύετο, καὶ ἀσπὶς ἤδη που καὶ κράνος
ἐξέλαμπε, καὶ ἡ στρατηγὶς Ἀντωνίου τάξις αὐτοῖς αἰφνίδιον
ἐπεφαίνετο ἐκ τοῦ μετώπου. Οἱ δ' Ἄρειοι περιειλημμένοι τε
πάντοθεν καὶ οὐδαμόσε διαδραμεῖν ἔχοντες ἐκέλευον τοὺς
νεήλυδας εἰ παραγένοιντο, μὴ συνεφάπτεσθαι σφίσι τῶν
πόνων, ὡς μὴ συνταράξειαν αὑτοὺς ὑπὸ ἀπειρίας, τῇ
στρατηγίδι δὲ Ἀντωνίου τὴν Καίσαρος στρατηγίδα ἀντέταξαν·
αὐτοὶ δὲ ἐς δύο διαιρεθέντες ἐνέβαινον ἐς ἑκάτερον ἕλος, καὶ
αὐτοῖς ἐπεστάτουν τῇ μὲν ὁ Πάνσας, τῇ δὲ ὁ Καρσουλήιος. Δύο
δὲ τῶν ἑλῶν ὄντων δύο ἦσαν οἱ πόλεμοι, τῇ διόδῳ εἰργόμενοι
μὴ γινώσκειν τὰ ἀλλήλων· καὶ κατὰ τὴν δίοδον αὐτὴν αἱ
στρατηγίδες πόλεμον ἄλλον ἐφ' ἑαυτῶν ἐπολέμουν. Γνώμη δὲ
ἦν τοῖς μὲν Ἀντωνίου τοὺς Ἀρείους ἀμύνασθαι τῆς αὐτομολίας
οἷα προδότας σφῶν γενομένους, τοῖς δ' Ἀρείοις ἐκείνους τῆς
ὑπεροψίας τῶν ἐν Βρεντεσίῳ διεφθαρμένων. Συνειδότες τε
ἀλλήλοις τὸ κράτιστον ὡς εἴη τῆς ἑκατέρου στρατιᾶς, ἤλπιζον ἐν
τῷδε τῷ ἔργῳ μόνῳ τὸν πόλεμον κρινεῖν. Καὶ τοῖς μὲν αἰδὼς ἦν
τὸ δύο τέλεσιν οὖσιν δι' ἑνὸς ἡσσᾶσθαι, τοῖς δὲ φιλοτιμία μόνοις
τῶν δύο κρατῆσαι.
| [3,67] 67. Carsuleius et Pansa traversèrent à la hâte le
défilé de nuit. Au lever du jour, avec seulement la
légion de Mars et cinq autres cohortes, ils
empruntèrent la route élevée mentionnée plus
haut, qui n'était pas encore occupée par les
ennemis, et regardèrent les marais de chaque
côté. Il y avait une agitation bizarre dans les
roseaux, puis ici et là une lueur de bouclier et de
casque, et la cohorte prétorienne d'Antoine
apparut soudainement devant eux. La légion de
Mars, entourée de tous côtés et n'ayant aucun
moyen de s'échapper, commanda aux jeunes
recrues, s'ils étaient attaqués, de ne pas participer
au combat de peur qu'ils ne causent la confusion
par leur inexpérience. Les prétoriens d'Octave
affrontèrent les prétoriens d'Antoine. Les autres
troupes se divisèrent en deux parties et
avancèrent dans le marais de chaque côté, l'une
commandée par Pansa et l'autre par Carsuleius.
Ainsi il y eut deux batailles dans deux marais, et
une partie ne pouvait voir l'autre en raison de
l'élévation de la route, alors que le long de la route
elle-même les cohortes prétoriennes se battaient
pour leur propre compte. Les Antoniens étaient
déterminés à punir les Martiens pour leur abandon
comme des traîtres. Les Martiens étaient
également déterminés à punir les Antoniens
d'avoir pardonné le meurtre de leurs camarades à
Brundusium. Sachant qu'ils étaient l'un et l'autre la
fleur de leur armée, ils espéraient décider du sort
de la guerre entière par cet unique combat. Un
côté était poussé par la honte de voir ses deux
légions battues par une seule; l'autre par
l'ambition de voir son unique légion en battre deux.
| [3,68] 68. Οὕτω μὲν ἀλλήλοις ἐπῄεσαν διωργισμένοι τε καὶ
φιλοτιμούμενοι, σφίσι μᾶλλον ἢ τοῖς στρατηγοῖς οἰκεῖον
ἡγούμενοι τόδε ἔργον· ὑπὸ δὲ ἐμπειρίας οὔτε ἠλάλαξαν ὡς οὐκ
ἐκπλήξοντες ἀλλήλους, οὔτε ἐν τῷ πόνῳ τις αὐτῶν ἀφῆκε
φωνὴν οὔτε νικῶν οὔτε ἡσσώμενος. Περιόδους δὲ οὐκ ἔχοντες
οὔτε δρόμους ὡς ἐν ἕλεσι καὶ τάφροις, ἀραρότως συνίσταντο,
καὶ οὐδέτεροι τοὺς ἑτέρους ὤσασθαι δυνάμενοι τοῖς ξίφεσιν ὡς
ἐν πάλῃ συνεπλέκοντο. Πληγή τε οὐδεμία ἦν ἀργός, ἀλλὰ
τραύματα καὶ φόνοι καὶ στόνοι μόνον ἀντὶ βοῆς· ὅ τε πίπτων
εὐθὺς ὑπεξεφέρετο, καὶ ἄλλος ἀντικαθίστατο. Παραινέσεων δὲ ἢ
ἐπικελεύσεων οὐκ ἐδέοντο, δι' ἐμπειρίαν ἕκαστος ἑαυτοῦ
στρατηγῶν. Ὅτε δὲ καὶ κάμοιεν, ὥσπερ ἐν τοῖς γυμνικοῖς ἐς
ἀναπνοὴν ὀλίγον ἀλλήλων διίσταντο καὶ αὖθις συνεπλέκοντο.
Θάμβος τε ἦν τοῖς νεήλυσιν ἐπελθοῦσι, τοιάδε ἔργα σὺν εὐταξίᾳ
καὶ σιωπῇ γιγνόμενα ἐφορῶσι.
| [3,68] 68. Ainsi ils se battaient poussés par l'animosité et
l'ambition considérant leur propre intérêt plus que
celui de leurs généraux. Étant des vétérans ils ne
poussèrent aucune clameur, puisqu'ils ne
pouvaient pas espérer se faire peur, et lors de la
bataille ils n'y eut aucun bruit ni chez les
vainqueurs ni chez les vaincus. Comme il n'y avait
pas moyen ni de manoeuvrer ni de charger au
milieu des marais et des fossés, ils se massèrent
solidement, et comme l'un ne pouvait déloger
l'autre, ils combattirent à l'épée comme dans un
combat d'athlètes. Aucun coup ne manquait son
but. Il y avait des blessures et des morts mais
sans aucun cri, uniquement des gémissements; et
quand quelqu'un tombait il était immédiatement
emmené et d'autres prenaient sa place. Ils
n'avaient besoin ni de reproches ni
d'encouragement, puisque l'expérience faisait de
chacun son propre général. Quand ils furent
submergés par la fatigue, ils se séparèrent les uns
des autres un bref instant, comme dans les jeux
gymniques, et ensuite reprirent encore le combat.
La stupéfaction s'empara des nouvelles recrues
qui se trouvaient là, en regardant ces exploits faits
avec une telle précision et dans un tel silence.
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