[1,121] 121. Καὶ τάδε Κράσσος ἓξ μησὶν ἐργασάμενος ἀμφήριστος ἐκ τοῦδε
αὐτίκα μάλα τῇ δόξῃ τῇ Πομπηίου γίνεται. Καὶ τὸν στρατὸν οὐ μεθίει,
διότι μηδὲ Πομπήιος. Ἐς δὲ ὑπατείαν ἄμφω παρήγγελλον, ὁ μὲν
ἐστρατηγηκὼς κατὰ τὸν νόμον Σύλλα, ὁ δὲ Πομπήιος οὔτε
στρατηγήσας οὔτε ταμιεύσας ἔτος τε ἔχων τέταρτον ἐπὶ τοῖς τριάκοντα·
τοῖς δὲ δημάρχοις ὑπέσχητο πολλὰ τῆς ἀρχῆς ἐς τὸ ἀρχαῖον ἐπανάξειν.
Αἱρεθέντες δὲ ὕπατοι οὐδ' ὣς μεθίεσαν τὸν στρατόν, ἔχοντες ἀγχοῦ τῆς
πόλεως, ἑκάτερος πρόφασιν τήνδε ποιούμενος, Πομπήιος μὲν ἐς τὸν
Ἰβηρικὸν θρίαμβον περιμένειν ἐπανιόντα Μέτελλον, ὁ δὲ Κράσσος, ὡς
Πομπήιον δέον προδιαλῦσαι.
Καὶ ὁ δῆμος, ἑτέραν ἀρχὴν στάσεως ὁρῶν καὶ φοβούμενος δύο
στρατοὺς περικαθημένους, ἐδέοντο τῶν ὑπάτων ἐν ἀγορᾷ
προκαθημένων συναλλαγῆναι πρὸς ἀλλήλους. Καὶ τὰ μὲν πρῶτα
ἑκάτερος ἀπεκρούετο· ὡς δὲ καὶ θεόληπτοί τινες προύλεγον πολλὰ καὶ
δεινά, εἰ μὴ συναλλαγεῖεν οἱ ὕπατοι, ὁ δῆμος αὖθις αὐτοὺς μετ' οἰμωγῆς
παρεκάλει πάνυ ταπεινῶς, ἔτι τῶν Σύλλα καὶ Μαρίου κακῶν
ἀναφέροντες. Καὶ ὁ Κράσσος πρότερος ἐνδοὺς ἀπὸ τοῦ θρόνου
κατέβαινε καὶ ἐς τὸν Πομπήιον ἐχώρει, τὴν χεῖρα προτείνων ἐπὶ
διαλλαγαῖς· ὁ δ' ὑπανίστατο καὶ προσέτρεχε. Καὶ δεξιωσαμένων
ἀλλήλους εὐφημίαι τε ἦσαν ἐς αὐτοὺς ποικίλαι, καὶ οὐ πρὶν ὁ δῆμος
ἀπέστη τῆς ἐκκλησίας ἢ προγράψαι τοὺς ὑπάτους τὰς ἀφέσεις τῶν
στρατοπέδων. Οὕτω μὲν δὴ δόξασα καὶ ἥδε μεγάλη στάσις ἔσεσθαι
κατελύετο εὐσταθῶς· καὶ ἔτος ἦν τῷδε τῷ μέρει τῶν ἐμφυλίων ἀμφὶ τὰ
ἑξήκοντα μάλιστ' ἀπὸ τῆς ἀναιρέσεως Τιβερίου Γράκχου.
| [1,121] 121. En terminant ainsi cette guerre dans l'espace de six mois,
Crassus se trouva élevé tout d'un coup au même niveau de gloire que
Pompée. Il ne licencia point son armée, parce que Pompée ne licencia
pas la sienne. Ils se mirent sur les rangs l'un et l'autre pour le consulat.
Crassus avait passé par la préture, ainsi que l'exigeait la loi de Sylla,
tandis que Pompée n'avait été ni préteur, ni questeur. Il n'était âgé que
de trente-quatre ans. Il promit aux tribuns qu'il leur rendrait beaucoup
de leur ancienne autorité. Élus consuls l'un et l'autre, ils ne
congédièrent point pour cela leur armée qu'ils avaient aux portes de
Rome. Chacun avait son prétexte. Pompée disait qu'il attendait le
retour de Métellus, pour la cérémonie du triomphe de la guerre d'Ibérie.
Crassus prétendait que Pompée devait licencier le premier. Le peuple
vit dans cette conduite des deux consuls un commencement de
sédition. Il craignit la présence de deux armées auprès de la ville. Il
supplia les consuls, pendant qu'ils présidaient dans le Forum, de se
rapprocher et de s'entendre. Chacun, de son côté, refusa d'abord.
Mais les augures ayant pronostiqué de nombreuses calamités si les
consuls ne se réconciliaient pas, le peuple réitéra ses supplications
avec une grande humilité, en leur rappelant le souvenir des maux
causés par les divisions de Marius et de Sylla. Crassus, touché le
premier, descendit de son siège consulaire, s'approcha de Pompée, et
lui tendit la main en signe de bonne intelligence. Pompée se leva alors,
et vint au-devant de Crassus. Ils se touchèrent dans la main. On les
combla tous les deux d'éloges, et la séance des comices ne fut levée
qu'après que chacun eut donné, de son côté, l'ordre de licencier son
armée. C'est ainsi que fut conjuré, dans le calme, un nouvel orage qui
paraissait près d'éclater. Cette partie des guerres civiles, à compter de
la mort de Tibérius Gracchus, embrasse une période de soixante années.
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