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[1,113] 113. Τοῦ δ' ἐπιόντος οἱ στρατηγοὶ Ῥωμαίων μᾶλλόν τι θαρρήσαντες
ἐπῄεσαν ταῖς πόλεσι ταῖς ὑπὸ Σερτωρίῳ σὺν καταφρονήσει καὶ πολλὰ
αὐτοῦ περιέσπων καὶ ἑτέροις ἐπέβαινον, ἐπαιρόμενοι τοῖς
ἀπαντωμένοις. Οὐ μέντοι μεγάλῃ γε μάχῃ συνηνέχθησαν, ἀλλ' αὖθις - - -,
μέχρι τοῦ ἑξῆς ἔτους αὐτοὶ μὲν αὖθις ἐπῄεσαν σὺν πλέονι μᾶλλον
καταφρονήσει, ὁ δὲ Σερτώριος βλάπτοντος ἤδη θεοῦ τὸν μὲν ἐπὶ τοῖς
πράγμασι πόνον ἑκὼν μεθίει, τὰ πολλὰ δ' ἦν ἐπὶ τρυφῆς, γυναιξὶ καὶ
κώμοις καὶ πότοις σχολάζων. Ὅθεν ἡττᾶτο συνεχῶς. Καὶ γεγένητο
ὀργήν τε ἄκρος δι' ὑπονοίας ποικίλας καὶ ὠμότατος ἐς κόλασιν καὶ
ὑπόπτης ἐς ἅπαντας, ὥστε καὶ Περπένναν, τὸν ἐκ τῆς Αἰμιλίου στάσεως
ἑκόντα πρὸς αὐτὸν ἐλθόντα μετὰ πολλοῦ στρατοῦ, δεῖσαι περὶ ἑαυτοῦ
καὶ προεπιβουλεῦσαι μετὰ ἀνδρῶν δέκα. Ὡς δὲ καὶ τῶνδέ τινες τῶν
ἀνδρῶν ἐνδειχθέντες οἱ μὲν ἐκολάσθησαν, οἱ δ' ἀπέφυγον, ὁ
Περπέννας παρὰ δόξαν λαθὼν ἔτι μᾶλλον ἐπὶ τὸ ἔργον ἠπείγετο καὶ
οὐδαμοῦ τὸν Σερτώριον μεθιέντα τοὺς δορυφόρους ἐπὶ ἑστίασιν ἐκάλει,
μεθύσας δ' αὐτόν τε καὶ τὴν περιεστῶσαν τὸν ἀνδρῶνα φυλακὴν
ἔκτεινεν ἀπὸ τῆς διαίτης.
| [1,113] 113. L'année d'après, les généraux romains, devenus plus
entreprenants, attaquèrent les villes de Sertorius avec plus de
confiance : ils en détournèrent un grand nombre de lui, ils en
envahirent d'autres, encouragés par leurs succès. Il n'y eut point
néanmoins de grande bataille ; ce fut à nouveau une guerre
d'escarmouches jusqu'à l'année suivante qu'ils retournèrent à la
charge avec encore plus de mépris pour les troupes de Sertorius. Le
génie de celui-ci commençait à l'abandonner. Il abandonnait lui-même
le soin des affaires. Il se livrait au luxe, aux femmes, à la mollesse, à la
boisson. Il fut donc continuellement battu. Il en devint très colère, en
proie à de nombreux soupçons, très cruel dans les châtiments, si
ombrageux envers tout le monde, que même Perpenna, qui avait fait
partie du soulèvement de Lépidus Emilius et qui était venu
volontairement le joindre avec des forces nombreuses, commença à
craindre pour lui-même, et se mit en mesure avec dix complices pour
le prévenir. Quelques-uns d'entre eux laissèrent transpirer le complot.
Les uns furent mis à mort, les autres prirent la fuite. Perpenna ayant eu
le bonheur de n'être point décelé, en accéléra davantage l'exécution
de son projet. Comme Sertorius n'était jamais sans être entouré de
gardes, il l'invita à manger chez lui : il l'enivra, ainsi que ceux de ses
gardes qui l'avaient accompagné, et le fit égorger au sortir du repas.
| [1,114] 114. Καὶ ὁ στρατὸς εὐθὺς ἐπὶ τὸν Περπένναν ἀνίστατο σὺν θορύβῳ τε
πολλῷ καὶ μετ' ὀργῆς, ἐς εὔνοιαν αὐτίκα τοῦ Σερτωρίου μεταβαλόντες
ἀπὸ τοῦ μίσους, ὥσπερ ἅπαντες ἐπὶ τοῖς ἀποθανοῦσι τὴν μὲν ὀργὴν
μεθιᾶσιν, οὐκ ἐμποδὼν ἔτι τοῦ λυποῦντος ὄντος, ἐς δὲ τὴν ἀρετὴν
αὐτῶν μετ' ἐλέου καὶ μνήμης ἐπανίασι. Τότε δὲ καὶ τὰ παρόντα σφίσιν
ἐκλογιζόμενοι, Περπέννα μὲν ὡς ἰδιώτου κατεφρόνουν, τὴν δ' ἀρετὴν
Σερτωρίου μόνην ἂν σφίσιν ἡγούμενοι γενέσθαι σωτήριον, χαλεπῶς ἐς
τὸν Περπένναν διετίθεντο αὐτοί τε καὶ οἱ βάρβαροι σὺν αὐτοῖς, μάλιστα
δὲ τούτων Λυσιτανοί, ὅσῳ καὶ μάλιστα αὐτοῖς ὁ Σερτώριος ἐχρῆτο.
Ὡς δὲ καὶ τῶν διαθηκῶν ἀνοιχθεισῶν τῶν Σερτωρίου ὁ Περπέννας
αὐταῖς ἐνεγέγραπτο ἐπὶ τῷ κλήρῳ, μᾶλλόν τι πάντας ὀργὴ καὶ μῖσος ἐς
τὸν Περπένναν ἐσῄει, ὡς οὐκ ἐς ἄρχοντα μόνον ἢ στρατηγόν, ἀλλὰ καὶ
ἐς φίλον καὶ εὐεργέτην τοσόνδε μύσος ἐργασάμενον. Καὶ οὐκ ἂν οὐδὲ
χειρῶν ἀπέσχοντο, εἰ μὴ περιθέων αὐτοὺς ὁ Περπέννας τοὺς μὲν
δώροις ὑπηγάγετο, τοὺς δ' ὑποσχέσεσι, τοὺς δ' ἀπειλαῖς ἐξεφόβησε,
τοὺς δὲ καὶ διεχρήσατο ἐς κατάπληξιν ἑτέρων. Ἐπί τε τὰ πλήθη
παρερχόμενος ἐδημαγώγει καὶ τοὺς δεσμώτας αὐτῶν ἐξέλυεν, οὓς ὁ
Σερτώριος κατέδησεν, καὶ τοῖς Ἴβηρσι τὰ ὅμηρα ἀπέλυεν. Οἷς
ὑπαχθέντες ὑπήκουον μὲν ὡς στρατηγῷ ῷτὸ γὰρ δὴ μετὰ Σερτώριον
εἶχεν ἀξίωμἀ, οὐ μέντοι χωρὶς δυσμενείας οὐδὲ τότε ἐγίγνοντο· καὶ γὰρ
ὠμότατος αὐτίκα ἐς κολάσεις θαρρήσας ἐφαίνετο καὶ τῶν ἐκ Ῥώμης
αὐτῷ συμφυγόντων ἐπιφανῶν ἔκτεινε τρεῖς καὶ τὸν ἀδελφιδοῦν ἑαυτοῦ.
| [1,114] 114. Aussitôt l'armée fit éclater, à grand bruit, son indignation contre
Perpenna. L'affection envers Sertorius prit sur-le-champ la place de la
haine. On voit, en effet, toujours que les ressentiments s'éteignent à la
mort de celui qui en était l'objet ; lorsque l'animosité a perdu son
aliment, le souvenir de la vertu excite la commisération. En songeant à
leur situation présente, en méprisant Perpenna, parce qu'il n'était qu'un
simple particulier, et en réfléchissant que c'était dans les seuls talents
militaires de Sertorius que reposait l'espérance du salut commun, les
Romains et les barbares avaient contre Perpenna une égale animosité,
et principalement les Lusitaniens, dont Sertorius affectionnait
singulièrement les services. Lorsque, après l'ouverture de son
testament, on vit que Perpenna était institué son héritier,
l'emportement et la haine universelle éclatèrent contre lui avec encore
plus d'impétuosité ; car ce n'était pas seulement son chef, son
commandant, qu'il avait assassiné, mais c'était encore son ami et son
bienfaiteur. Ils en seraient venus aux voies de fait, si Perpenna, les
passant en revue tour à tour, ne se fût rattaché les uns par des
libéralités, les autres par des promesses, et s'il n'en eût imposé à
d'autres en les menaçant, si même il n'en eût égorgé quelques-uns
pour épouvanter les autres. Il assembla les peuples dans les cités et il
les harangua ; il rendit la liberté à ceux de leurs concitoyens que
Sertorius avait fait mettre en prison ; il renvoya aux Ibères leurs
otages. Cette conduite lui concilia les esprits, de manière qu'on lui
prêta obéissance comme au successeur de Sertorius, dont il
remplissait les fonctions ; mais ce n'était pas sans conserver contre lui
une animosité personnelle. Il n'eut pas plus tôt repris un peu de
courage, qu'il se jeta dans les cruautés. Il fit donner la mort à trois
Romains de marque qui l'avaient accompagné dans sa fuite. Il
n'épargna pas son propre neveu.
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