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[1,109] 109. Ὁ δὲ ἐς τὰ Ἄλπεια ὄρη μετὰ φρονήματος ἀνῄει, οὐ κατὰ τὴν
Ἀννίβου μεγαλουργίαν, ἑτέραν δ' ἐχάρασσεν ἀμφὶ ταῖς πηγαῖς τοῦ τε
Ῥοδανοῦ καὶ Ἠριδανοῦ, οἳ ἀνίσχουσι μὲν ἐκ τῶν Ἀλπείων ὀρῶν οὐ
μακρὰν ἀπ' ἀλλήλων, ῥεῖ δ' ὁ μὲν διὰ Κελτῶν τῶν ὑπὲρ Ἄλπεις εἰς τὴν
Τυρρηνικὴν θάλασσαν, ὁ δὲ ἔνδοθεν τῶν Ἀλπείων ἐπὶ τὸν Ἰόνιον,
Πάδος ἀντὶ Ἠριδανοῦ μετονομασθείς. Ἀφικομένου δ' ἐς Ἰβηρίαν αὐτίκα ὁ
Σερτώριος τέλος ὅλον, ἐπὶ χορτολογίαν ἐξιόν, αὐτοῖς ὑποζυγίοις καὶ
θεράπουσι συνέκοψε καὶ Λαύρωνα πόλιν ἐφορῶντος αὐτοῦ Πομπηίου
διήρπασε καὶ κατέσκαψεν. Ἐκ δὲ τῆς πολιορκίας γυνή τις ἐνυβρίζοντος
αὐτῇ τοῦ λαβόντος παρὰ φύσιν τοῖς δακτύλοις ἐξέτεμε τὰς ὄψεις· καὶ ὁ
Σερτώριος τοῦ πάθους πυθόμενος τὴν σπεῖραν ὅλην, ἀγέρωχον ἐς τὰ
τοιαῦτ' εἶναι νομιζομένην, καίπερ οὖσαν Ῥωμαϊκὴν κατέκανε.
| [1,109] 109. Pompée prit courageusement le chemin des Alpes. Il ne suivit
point la route frayée par le célèbre Hannibal : il s'en ouvrit une
nouvelle, du côté des sources du Rhône et de l'Éridan, qui les ont en
effet au milieu des Alpes, non loin l'une de l'autre. Le premier de ces
fleuves arrose la Gaule transalpine, et va se jeter dans la mer
Tyrrhénienne ; l'autre se dirige, par l'intérieur des Alpes, vers la mer
Ionienne, après avoir changé de nom, et s'appelant le Pô au lieu de
l'Éridan. À peine Pompée fut arrivé en Ibérie, que Sertorius tombant
sur une de ses légions qui allait au fourrage, l'écrasa en entier ainsi
que les bêtes et les esclaves qui l'accompagnaient. Puis il livra au
pillage la ville de Lauron, sous les yeux mêmes de Pompée, et la
renversa de fond en comble. Au sac de cette ville, une femme arracha
les yeux à un soldat qui l'avait faite prisonnière, et qui, contre l'ordre
naturel, employait la violence pour abuser d'elle. Sertorius, instruit de
cet événement, fit égorger en entier la cohorte à laquelle appartenait
ce soldat, quoiqu'elle fût composée de Romains, parce qu'on disait que
cette atroce impudicité était familière à cette cohorte. L'hiver étant
survenu, les deux armées se séparèrent.
| [1,110] 110. Καὶ τότε μὲν χειμῶνος ἐπιόντος διέστησαν, ἀρχομένου δ' ἦρος
ἐπῄεσαν ἀλλήλοις, Μέτελλος μὲν καὶ Πομπήιος ἀπὸ τῶν Πυρηναίων
ὀρῶν, ἔνθα διεχείμαζον, Σερτώριος δὲ καὶ Περπέννας ἐκ Λυσιτανίας.
Καὶ συμβάλλουσιν ἀλλήλοις περὶ πόλιν, ᾗ ὄνομα Σούκρων. Κτύπου δ'
ἐν αἰθρίᾳ φοβεροῦ καὶ ἀστραπῶν παραλόγων γενομένων, τάδε μὲν ὡς
ἐμπειροπόλεμοι διέφερον ἀκαταπλήκτως, πολὺν δ' ἀλλήλων φόνον
ἐξειργάζοντο, μέχρι Μέτελλος μὲν Περπένναν ἐτρέψατο καὶ τὸ
στρατόπεδον αὐτοῦ διήρπαζεν, ὁ δὲ Σερτώριος ἐνίκα Πομπήιον, καὶ
ἐτρώθη δόρατι ἐς τὸν μηρὸν ἐπικινδύνως ὁ Πομπήιος. Καὶ τοῦτο τέλος
ἐγένετο τῆς τότε μάχης.
Ἔλαφος δ' ἦν λευκὴ χειροήθης τῷ Σερτωρίῳ καὶ ἄνετος· ἧς ἀφανοῦς
γενομένης ὁ Σερτώριος οὐκ αἴσιον ἑαυτῷ τιθέμενος ἐβαρυθύμει τε καὶ
ἐπ' ἀργίας ἦν, καὶ ταῦτ' ἐπιτωθαζόμενος ἐς τὴν ἔλαφον ὑπὸ τῶν
πολεμίων. Ὡς δ' ὤφθη διὰ δρυμῶν δρόμῳ φερομένη, ἀνά τε ἔδραμεν ὁ
Σερτώριος καὶ εὐθύς, ὥσπερ αὐτῇ προκαταρχόμενος, ἠκροβολίσατο ἐς
τοὺς πολεμίους.
Οὐ πολὺ δὲ ὕστερον ἀγῶνα μέγαν ἠγωνίσατο περὶ Σεγοντίαν ἐκ
μεσημβρίας ἐπὶ ἄστρα. Καὶ αὐτὸς μὲν ἱππομαχῶν ἐκράτει τοῦ Πομπηίου
καὶ ἔκτεινεν ἐς ἑξακισχιλίους ἀποβαλὼν ἐς ἡμίσεας· Μέτελλος δὲ καὶ
τότε Περπέννα περὶ πεντακισχιλίους διέφθειρε. Καὶ ὁ Σερτώριος μετὰ
τὴν μάχην τῆς ἐπιούσης ἡμέρας πολλοὺς βαρβάρους προσλαβὼν
ἐπέδραμεν ἀδοκήτως τῷ Μετέλλου στρατοπέδῳ περὶ δείλην ἑσπέραν
ὡς ἀποταφρεύσων αὐτὸ σὺν τόλμῃ, Πομπηίου δ' ἐπιδραμόντος
ἐπαύσατο τῆς καταφρονήσεως.
| [1,110] 110. Dès le retour du printemps, elles se cherchèrent de nouveau.
Pompée et Métellus descendirent des Pyrénées, où ils avaient passé
leurs quartiers d'hiver. Sertorius et Perpenna vinrent de la Lusitanie à
leur rencontre. Ils se trouvèrent en présence dans le voisinage d'une
ville appelée Sucron. Des coups de tonnerre effrayants eurent beau se
faire entendre par un temps serein, des éclairs eurent beau luire contre
toute attente, ces deux chefs avaient trop d'expérience pour s'en
laisser imposer par cet accident ; ils se tuèrent l'un à l'autre beaucoup
de monde. Métellus culbuta Perpenna et dévasta son camp. De son
côté, Sertorius battit Pompée, qui fut dans l'action dangereusement
blessé à la cuisse. Tel fut le résultat de cette bataille. Sertorius avait
une biche blanche apprivoisée, et qu'il laissait vaguer à son gré. Un
certain jour cette biche ne reparut pas. Sertorius prit cela pour un
mauvais augure. Il en eut de l'inquiétude. Il se tint dans l'inaction,
quoique l'ennemi se permît contre lui de mauvaises plaisanteries au
sujet de cette biche. Aussitôt qu'il l'eut aperçue le long des halliers, qui
revenait, il se mit lui-même sur pied sur-le-champ ; et comme s'il lui
consacrait des prémices, il recommença de harceler son ennemi. À
peu de temps de là, il livra une grande bataille dans les environs de
Ségontia. On se battit depuis midi jusqu'à la nuit ; et Sertorius, à la tête
de sa cavalerie, défit Pompée, à qui il tua environ six mille hommes,
avec perte de la moitié de ce nombre. Métellus en tua environ cinq
mille à Perpenna dans la même action. Le lendemain de cette bataille,
Sertorius, ayant reçu un nombreux renfort de barbares, marcha vers le
soir contre le camp de Métellus, qu'il croyait surprendre et forcer en
l'attaquant avec audace. Mais Pompée, s'étant mis à ses trousses,
l'empêcha de rien entreprendre. Après ces opérations, qui remplirent
cette campagne, ils regagnèrent, chacun de son côté, leurs quartiers d'hiver.
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