HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APPIEN d'Alexandrie, Histoire romaine - Les guerres civiles, livre I

Chapitre 69-70

  Chapitre 69-70

[1,69] 69. Μάριος δ' ἐπεὶ τῆς ἀγορᾶς τῆς ἔκ τε θαλάσσης καὶ ἄνωθεν ἀπὸ τοῦ ποταμοῦ φερομένης κατέσχεν, ἐπὶ τὰς ἀγχοῦ τῆς Ῥώμης πόλεις διετρόχαζεν, ἔνθα σῖτος ἦν τοῖς Ῥωμαίοις προσεσωρευμένος. Ἄφνω δὲ τοῖς φρουροῦσιν αὐτὸν ἐπιπίπτων εἷλε μὲν Ἄντιον καὶ Ἀρικίαν καὶ Λανούβιον καὶ ἄλλας πόλεις, ἔστιν καὶ προδιδόντων τινῶν· ὡς δὲ καὶ τῆς κατὰ γῆν ἐκράτησεν ἀγορᾶς, εὐθαρσῶς ἐβάδιζεν ἐπὶ τὴν Ῥώμην αὐτίκα διὰ τῆς ὁδοῦ τῆς καλουμένης Ἀππίας, πρίν τινα αὐτοῖς ἀγορὰν ἄλλην ἑτέρωθεν ἀχθῆναι. Τοῦ δ' ἄστεος ἑκατὸν σταδίους αὐτός τε καὶ Κίννας καὶ οἱ στρατηγοῦντες αὐτοῖς Κάρβων τε καὶ Σερτώριος ἀποσχόντες ἐστρατοπέδευσαν, Ὀκταουίου καὶ Κράσσου καὶ Μετέλλου περὶ τὸ ὄρος τὸ Ἀλβανὸν αὐτοῖς ἀντικαθημένων καὶ τὸ μέλλον ἔσεσθαι περιβλεπομένων, ἀρετῇ μὲν ἔτι καὶ πλήθει νομιζομένων εἶναι κρειττόνων, ὀκνούντων δ' ὑπὲρ ὅλης ὀξέως κινδυνεῦσαι τῆς πατρίδος διὰ μάχης μιᾶς. Ὡς δὲ περιπέμψας Κίννας περὶ τὸ ἄστυ κήρυκας ἐδίδου τοῖς ἐς αὐτὸν αὐτομολοῦσι θεράπουσιν ἐλευθερίαν, κατὰ πλῆθος ηὐτομόλουν αὐτίκα· καὶ βουλὴ ταραττομένη καὶ πολλὰ καὶ δεινά, εἰ βραδύνειεν σιτοδεία, παρὰ τοῦ δήμου προσδοκῶσα μετέπιπτε τῇ γνώμῃ καὶ πρέσβεις περὶ διαλύσεων ἐς τὸν Κίνναν ἔπεμπον. δὲ αὐτοὺς ἤρετο, πότερον ὡς πρὸς ὕπατον ἔλθοιεν πρὸς ἰδιώτην. Ἀπορησάντων δ' ἐκείνων καὶ ἐς τὸ ἄστυ ἐπανελθόντων, πολλοὶ καὶ τῶν ἐλευθέρων ἤδη κατὰ πλῆθος πρὸς τὸν Κίνναν ἐξεπήδων, οἱ μὲν περὶ τῷ λιμῷ δεδιότες, οἱ δὲ πρὸ πολλοῦ τὰ ἐκείνων αἱρούμενοι καὶ τὴν ῥοπὴν τῶν γιγνομένων περιμένοντες. [1,69] 69. Marius, après avoir coupé les vivres, tant venant de la mer que du nord, par le fleuve, attaqua les villes voisines de Rome, où elle avait ses magasins. Il se jeta incontinent sur les garnisons affectées à la protection des provisions, et il se rendit maître d'Antium, d'Aricie, de Lanuvium, et de quelques autres, parmi lesquelles il y en eut qui lui furent livrées par trahison. Aussitôt qu'il eut aussi coupé les vivres du côté du continent, il marcha hardiment contre Rome par la voie Appienne, avant qu'elle eût le temps d'en recevoir de nul autre côté. Cinna et lui, avec leurs généraux, Carbon et Sertorius, campèrent à cent stades de la ville. Octavius, Crassus et Métellus avaient pris poste face à eux, sur le mont Albain, où ils attendaient les événements ultérieurs, se flattant d'être encore supérieurs par le nombre et par le courage, mais répugnant à agir à la hâte et à faire dépendre le sort entier de la patrie du résultat d'une seule bataille. Cependant Cinna envoya des hérauts autour de la ville, pour promettre la liberté aux esclaves qui viendraient d'eux-mêmes se joindre à lui. Cette proclamation lui en attira sur-le-champ un grand nombre. Le sénat effrayé, redoutant d'ailleurs les fureurs du peuple, si la pénurie des subsistances se prolongeait davantage, renonça à ses projets de résistance, et envoya des députés à Cinna pour négocier. Cinna leur demanda s'ils venaient vers lui comme vers un consul, ou comme vers un homme privé. Ne sachant que répondre, les députés s'en retournèrent vers la ville. Dans cet intervalle, une foule de citoyens sortirent de Rome et passèrent en masse du côté de Cinna, les uns par la crainte de la famine, les autres par l'impulsion d'une affection antérieure pour son parti, et qui n'attendait qu'une occasion pour se déclarer.
[1,70] 70. Κίννας δ' ἤδη καταφρονητικῶς τῷ τειχει ἐπλησίαζε καὶ ἀποσχὼν ὅσον βέλους ὁρμὴν ἐστρατοπέδευεν, ἀπορούντων ἔτι καὶ δεδιότων καὶ ὀκνούντων ἐπιχειρεῖν αὐτῷ τῶν ἀμφὶ τὸν Ὀκτάουιον διὰ τὰς αὐτομολίας τε καὶ διαπρεσβεύσεις. δὲ βουλὴ πάνυ μὲν ἀποροῦσα καὶ δεινὸν ἡγουμένη Λεύκιον Μερόλαν, τὸν ἱερέα τοῦ Διός, ὑπατεύοντα ἀντὶ τοῦ Κίννα καὶ οὐδὲν ἐς τὴν ἀρχὴν ἁμαρτόντα ἀφελέσθαι, ἄκουσα δ' ὅμως ὑπὸ τῶν συμφορῶν αὖθις ἐς τὸν Κίνναν τοὺς πρέσβεις ἔπεμπεν ὡς πρὸς ὕπατον. Οὐδέν τε χρηστὸν ἔτι προσδοκῶντες τοῦτο μόνον ᾖτουν, ἐπομόσαι σφίσι τὸν Κίνναν φόνον οὐκ ἐργάσεσθαι. δὲ ὀμόσαι μὲν οὐκ ἠξίωσεν, ὑπέσχετο δὲ καὶ ὧδε ἑκὼν οὐδενὶ σφαγῆς αἴτιος ἔσεσθαι. Ὀκτάουιον δ' ἤδη περιοδεύσαντα καὶ κατ' ἄλλας πύλας ἐς τὴν πόλιν ἐσελθόντα ἐκέλευεν ἐκστῆναι τοῦ μέσου, μή τι καὶ ἄκοντος αὑτοῦ πάθοι. μὲν δὴ ταῦτ' ἐπὶ βήματος ὑψηλοῦ, καθάπερ ὕπατος, τοῖς πρέσβεσιν ἄνωθεν ἀπεκρίνατο· Μάριος δ' αὐτῷ παρεστὼς παρὰ τὸν θρόνον ἡσύχαζε μέν, ἐδήλου δὲ τῇ δριμύτητι τοῦ προσώπου, πόσον ἐργάσεται φόνον. Δεξαμένης δὲ ταῦτα τῆς βουλῆς καὶ καλούσης ἐσελθεῖν Κίνναν τε καὶ Μάριον νᾖσθοντο γὰρ δὴ Μαρίου μὲν εἶναι τὰ ἔργα τάδε πάντα, Κίνναν δ' αὐτοῖς ἐπιγράφεσθαἰ, σὺν εἰρωνείᾳ σφόδρα Μάριος ἐπιμειδιῶν εἶπεν οὐκ εἶναι φυγάσιν εἰσόδους. Καὶ εὐθὺς οἱ δήμαρχοι τὴν φυγὴν αὐτῷ τε καὶ ὅσοι ἄλλοι κατὰ Σύλλαν ὕπατον ἐξελήλαντο, ἐψηφίσαντο λελύσθαι. [1,70] 70. Alors Cinna s'approcha des murailles d'un air de mépris, et lorsqu'il n'en fut qu'à la distance d'un trait de flèche, il forma son camp, pendant que les troupes qui étaient sous les ordres d'Octavius flottaient entre l'incertitude, la crainte, et la répugnance de rien entreprendre, après avoir vu la défection des transfuges et les échanges de délégations. Cependant le sénat était dans un très grand embarras. Il trouvait très dur de dépouiller du consulat Lucius Mérula, le grand prêtre de Jupiter, qui avait remplacé Cinna pour le consulat, et qui n'avait encouru aucun reproche durant sa magistrature. Mais, épouvanté d'ailleurs par les maux qui le menaçaient, il envoya une nouvelle députation à Cinna, chargée de reconnaître son titre de consul ; et, sans s'attendre à aucune condition avantageuse, il se contenta d'exiger de Cinna le serment qu'il n'y aurait point de sang répandu. Cinna refusa le serment qu'on lui demandait ; mais il promit seulement qu'il ne serait volontairement la cause de la mort de personne. Il envoya ordre en même temps à Octavius, qui avait fait un détour pour entrer dans la ville par d'autres portes, de s'éloigner, de peur que, contre son intention, quelque malheur ne lui arrivât. Telle fut la réponse que fit Cinna aux députés du sénat, du haut d'une tribune élevée, à la manière d'un consul ; mais Marius, qui était auprès de son siège, et qui gardait un profond silence, laissait lire dans la férocité de son visage qu'il ferait répandre beaucoup de sang. Le sénat, satisfait de la parole de Cinna, lui ouvrit les portes de Rome, ainsi qu'à Marius (car on sentait bien que tout ce qui se passait était l'oeuvre de ce dernier, et que Cinna ne faisait que prêter son nom). Mais Marius, souriant avec une très remarquable ironie, observa qu'il n'était pas permis à des bannis d'entrer dans la ville ; et sur-le-champ les tribuns du peuple révoquèrent la condamnation à l'exil prononcée contre lui, et contre tous ceux qui avaient subi le même sort sous le consulat de Sylla.


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Dernière mise à jour : 13/04/2006